if only we know the way

Le vaisseau trembla légèrement, comme s’il entrait dans une zone de perturbation. Feren observait les allées et venues agitées devant la porte de la cale des passagers, ne pouvant s’empêcher de froncer les sourcils, avec cette petite lumière rouge qui se mettait à clignoter dans sa tête. Comme si l’instinct lui disait que quelque chose clochait. Depuis qu’ils avaient quitté l’hyperespace, les membres de l’équipage du cargo léger n’arrêtaient pas de tourner dans le vaisseau, en jetant quelques invectives qui n’avaient pas de sens pour un novice du pilotage. Et pourtant, le zabrak était un habitué de ce genre de voyages, et jamais, quand ça se passait bien, il n’avait observé une scène de la sorte. Quand ça se passait bien… là était tout le problème, semblait-il. Ne supportant pas de rester dans la moindre ignorance, il songea à se lever pour obtenir des informations sur leur situation, de gré ou de force. Mais avant même que le Sith quitta la salle, quelques mots se perdirent jusqu’à la cale : « On a perdu le moteur principal ! » Pardon ?! De surprise ou de perplexité, ses paupières se plissèrent jusqu’à ne laisser apparaître de ses yeux que deux billes orangées, tandis qu’il observa un à un chacun des autres passagers.

Un membre de l’équipage ne tarda finalement pas à apparaître dans l’encadrement de la porte. « Nous arrivons sur Kashyyyk, mais nous allons peut-être avoir quelques… difficultés pour nous poser. Accrochez-vous. » Quelques difficultés ? Feren ronchonna mais le gars était déjà parti pour pouvoir demander quoi que ce soit de plus. Un tremblement supplémentaire secoua la carcasse du vaisseau et la sensation très nette d’une amorce de chute coupa toute envie de se lever au Darth qui fit comme les autres : il s’accrocha. En se demandant si ces instants n’étaient pas probablement les derniers. Non, c’était hors de question. La carlingue serait solide. Le pilote saurait les poser, il savait ce qu’il faisait. Mais même tout l’optimisme de Feren n’était pas convaincu par cette pensée. Le vaisseau sembla heurter quelque chose, et si le zabrak n’avaient pas les doigts résolument serrés ou si son harnais avait été défaillant, il aurait sûrement été projeté sur la passagère juste en face de lui. D’autres chocs les frappèrent, et soudain, un autre plus fort encore les percuta en un énorme fracas qui sembla durer, durer, sans s’arrêter, si bien que d’un coup, les milliers de pensées qui se bousculaient dans la tête de Feren s’évanouirent pour laisser place au néant. A l’obscurité.

Quand le zabrak reprit brusquement conscience en sursautant, il fut totalement déboussolé. Et pour cause : tout son corps, encore accroché par on ne savait quel miracle, était invariablement attiré par la gravité, comme si le vaisseau penchait en avant. Ou ce qui restait du vaisseau. Il reprit lentement possession de ses muscles endoloris et plus encore de ses esprits. Son premier réflexe fut de bouger doucement ses mains pour pouvoir vérifier qu’il était encore en un seul morceau. L’armure avait sans doutes aidé à ce que ce soit le cas. Qu’est-ce qu’il foutait là, nom d’un Jedi ? Il jeta un coup d’œil circulaire à la cale tout en se déharnachant : ça ne ressemblait plus des masses à ce qu’il avait vu juste avant de fermer les yeux. L’endroit était uniquement éclairé par une faible lueur qui avait survécu tandis que de temps à autre, quelques étincelles crépitantes s’ajoutaient à l’éclairage. Des éléments du plafond ou du sol avaient été comme arrachés et on ne voyait plus, à certains endroits, que le squelette métallique du vaisseau, dont une poutre qui s’était partiellement écrasée dans la cale, retenue encore à un seul point d’ancrage. Certains sièges s’étaient même décrochés et des quelques passagers, Feren en aperçut quelques corps étendus un peu plus bas. « Y a quelqu’un ? Vivant, de préférence. », souffla-t-il d’une voix rauque en s’extrayant tant bien que mal pour s’accrocher à quelque chose qu’il espérait de solide et stable.

Avec tout ce chaos, on n’y voyait presque rien. Et puis, ce plancher qui penchait dangereusement n’aidait absolument pas à se mouvoir. Le zabrak se pencha vers un corps, y porta ses doigts à la gorge en quête d’un pouls, même faible. Rien. Il ne prit pas la peine de s’apitoyer pour quelqu’un qu'il ne connaissait même pas, c’était déjà assez étonnant qu’il prenne la peine de vérifier s’il ne restait pas d’autres survivants. Mais Kashyyyk était une planète considérée comme dangereuse, et c’était même sans compter ses habitants poilus, alors être plusieurs gaillards dégourdis augmentait sensiblement les chances de survie. Et puis les moins dégourdis pouvaient toujours faire office de proies faciles pour occuper les potentiels prédateurs du coin. Quelle idée d’avoir pris un vaisseau qui faisait une escale par-là, d’ailleurs, alors que la destination du Sith était un système proche de Korriban, après avoir quitté Nar Shaddaa. Il songea brièvement à son droïde qui avait, par sécurité, emprunté un autre itinéraire que lui, plus direct, avec le trésor du Hutt. Une chance de s’être montré aussi prudent, pour le coup. Le zabrak trouva une prise pour se hisser vers la passagère qu’il avait eue en face de lui. En s’approchant, il remarqua qu’elle était encore vivante. Sans doutes encore bien sonnée, mais en vie. « Ça va, tu peux marcher ? Il faut qu’on sorte d’ici. » Le plus vite serait le mieux, Feren ignorait totalement où ils avaient atterri et si ça se trouvait, le vaisseau risquait de se casser la figure d’un moment à l’autre en chutant encore plus bas. Quelle poisse, ce voyage.

Garder l’équilibre dans ce bazar était déjà presque un exploit, et ce fut sans compter sur cette sensation que chaque mouvement qu’il opérait tendait à faire tanguer le vaisseau. C’était une sensation si légère, si peu précise, que Feren se demanda si ce n’étaient pas simplement ses sens encore déboussolés qui lui jouaient un vilain tour. La jeune femme réussissait à parler avec plus ou moins de fluidité, mais sembla aussi remarquer la même chose, sans pour autant que le Sith puisse déterminer s’ils étaient véritablement dans le vrai. Il la suivit sans ajouter un mot, pour déboucher dans le couloir du cargo. L’obscurité, le dépaysement et l’état général inquiétant du vaisseau l’empêchèrent de savoir quelle était vraiment la voie à prendre, il ne se souvenait même plus si la rampe d’accès se trouvait à droite ou à gauche. Et comment savoir si, une fois qu’ils auraient atteint cette rampe, ils réussiraient à l’ouvrir ? Le moindre système électronique devait être foutu, alors bonne chance pour activer les vérins. Pour le coup, il se contenta de suivre la jeune femme, qui n’avait pas l’air plus assurée que lui cependant.

Le zabrak, malgré la sensation de plus en plus nette que la stabilité même de la carcasse du vaisseau n’était pas assurée, était étrangement soulagé de sentir la présence et le poids de son arme à sa ceinture. Une arme qui paraissait totalement dérisoire face à la possibilité que le cargo se remette à chuter et le fait qu’ils se feraient alors complètement écrasés par les tôles qui tenaient encore faiblement au-dessus d’eux. D’ailleurs, il fut heureux de constater que le chemin qu’il empruntait les menaient vers le haut, enfin, vu la pente qu’il fallait grimper, au moins, il y avait peut-être plus de chance de trouver une sortie que s’ils étaient allés vers la partie de vaisseau qui avait rencontré le sol, ou quoi que ce soit qui s’en approchait. Là en bas, ça devait être passablement… broyé. Et si le vaisseau n’avait rien rencontré qui ressemblait à un sol, alors c’était qu’il y avait du vide en-dessous d’eux. Une perspective assez peu réjouissante, il fallait l’avouer. Sur le chemin, un passage ouvert menait vers le cockpit, l’étroit couloir y menant étant complètement sens dessus-dessous. Toutefois, il perçait de la lumière à travers les vitres probablement brisées. C’était peut-être une autre chance de sortie. S’ils avaient encore le moindre reste de chance.

Feren grimaça : ce n’était pas le moment de jouer aux pessimistes, il fallait garder la tête froide, dans la mesure du possible. Chacun de ses muscles lui faisait mal, le zabrak avait probablement des blessures qu’il ne verrait qu’une fois face à son reflet, mais ce n’était pas le moment de s’en soucier. L’instinct de survie le guidait vers cette conviction profonde de sortir rapidement d’ici. Après, quoi ? Que feraient-ils ? Un problème après l’autre. C’était comme ça qu’on parvenait à avancer. La rampe apparut enfin comme un miracle raté. Elle était enfoncée par endroits, et pourtant ce n’étaient pas de petites feuilles de métal. Le zabrak se cala comme il put afin d’y regarder de plus près, et c’était franchement la misère. Ils avaient dû heurter plusieurs choses avant d’échouer ici, de manière totalement précaire. Il poussa le métal de la main pour voir s’il y avait du jeu. « C’est tellement bien défoncé que ça n’a pas envie de se décrocher, on dirait. », ronchonna-t-il. Ça bougeait légèrement, trop pour autant que ce soit vraiment salvateur. Le zabrak trouva deux prises encore solides au plafond. « C’est sûrement une mauvaise idée… », dit-il plus pour lui-même que pour la jeune femme. Une mauvaise idée qu’il allait tout de même tester. La manière forte du zabrak : quand quelque chose n’allait pas, il suffisait de lui taper dessus. Un dicton de piètre qualité qui ne s’était pas toujours vérifié.

Le Sith se hissa donc par les deux prises et prit le plus d’élan qu’il pouvait se permettre pour donner un grand coup de pied dans le métal. Ça bougea. Un peu. Par contre, le reste du vaisseau aussi bougea un peu, dans un grand grincement qui arracha une sensation glacée à l’échine de Feren. Très, très mauvaise idée, en fait. « Ouups. » Il se figea, rongé par l’inquiétude pendant ces quelques secondes où la structure retrouva un semblant de stabilité. La manière forte était donc la meilleure manière de se suicider aussi, dans le cas présent. Bon, c’était noté. Restait une autre méthode. Mais ce serait la dernière qu’il emploierait s’ils n’avaient vraiment aucun autre moyen de se sortir de là.

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'Capacité Normale' :

Y avait-il d’autres survivants ? C’était la question de la jeune femme qui l’accompagnait dans les décombres du cargo. Pour le zabrak, maintenant qu’il avait à peu près retrouvé ses esprits, c’était le dernier de ses soucis. S’il y avait d’autres êtres vivants, ils n’avaient qu’à le faire savoir ! « J’ai vu personne d’autre. », répondit toutefois Feren en haussant les épaules. Ils ne pourraient rien faire de plus non plus pour les éventuels blessés ayant perdu conscience. Les porter ? Ils avaient déjà bien assez de mal ainsi pour s’encombrer encore plus. Non, décidément, les valeurs de l’altruisme ne seyaient guère au Darth.

Il fallait avouer que vouloir employer la force brute sur une grosse plaque de métal, blindée qui plus était, était particulièrement stupide. Et là, pour le coup, on ne pouvait plus nier que le vaisseau se trouvait dans un équilibre plus que précaire et que le moindre forçage ne les entraînerait que vers leur perte. Le zabrak eut une moue passablement agacée, face à cette fichue rampe qui refusait de s’ouvrir et leur laisser la moindre chance de vivre plus longtemps, hors de cette saleté de vaisseau. La peur qui s’était instillée en lui par son élan de survie se transformait peu à peu en une colère sourde, face à leur incapacité à se sortir de là. La jeune femme tenta néanmoins quelque chose, en bidouillant le système électronique qui était à sa portée. Feren aurait pensé que toute l’informatique du vaisseau était totalement hors service, pire, qu’il n’y aurait même pas de quoi l’alimenter à vrai dire. Malheureusement, elle non plus ne tira rien de sa tentative. Le Sith inspira profondément, tentant de garder son calme.

Le zabrak secoua la tête, refusant catégoriquement de céder au défaitisme. Non, ce n’était pas mort. Ils pouvaient faire mieux que ça, enfin ! Il n’allait tout de même pas se laisser moisir puis mourir dans cette foutue épave. « Il reste à voir du côté du cockpit, mais si c’est pour n’y trouver que du vide… » A vrai dire, il n’en avait pas terminé avec cette rampe d’accès. C’était du métal, ça se découpait aux dernières nouvelles. A quoi servait donc un sabre-laser si on ne pouvait même pas s’en servir pour sauver sa peau ? Mais il y avait cette jeune femme. Qui allait forcément poser des questions. Et l’affilier soit aux Jedi, soit au Premier Ordre, soit, et c’était pire à vrai dire, au vu de leur volonté de garder le secret de leur existence, aux Sith. Mais au point où ils en étaient, ils allaient probablement mourir et ce serait stupide de ne rien faire pour cette histoire ridicule de secret. Vu la belle bourde de Darth Millenial, franchement, ils n’étaient plus à ça près. Sa main se porta instinctivement vers la poignée double, accrochée à sa ceinture, sous son manteau. Feren tourna la tête vers la jeune femme, une lueur menaçante dans son regard de braise : « Si tu veux vivre, ne pose pas de questions. »

A ses mots, il s’empara de son sabre, activa une lame qui illumina le petit couloir de sa lueur rouge, et l’enfonça dans le métal. Le zabrak n’imaginait pas que cela réagirait aussi bien. Il traça un passage rectangulaire avec une facilité qui l’étonna, comme s’il coupait du beurre. Qu’est-ce que c’était que ce blindage ? Une fois la découpe terminée, il retira la lame, éteignit le laser et donna un petit coup de l’autre bout du pommeau dans la plaque de métal dont les bords étaient encore incandescents. En poussant un peu, la résistance finit par céder et la plaque bougea, bascula pour finalement tomber, et dans un grand BONG ! sembla heurter quelque chose avant de chuter encore plus. Un air frais lui gifla le visage et une lumière soudaine lui vrilla les yeux, révélant alors, en dessous de ce qui fut la rampe, une branche plus épaisse qu’un tronc d’arbre. En-dessous, et Feren se pencha légèrement pour voir mieux, une jungle si épaisse qu’il ne pouvait apercevoir le sol. Uniquement, légèrement en contrebas, à deux ou trois mètres, une espèce de plateforme boisée. Le Sith s’engagea sur la branche bosselée et se retourna vers le vaisseau et la jeune femme. Le voyage ne faisait que commencer, on dirait.

Lancers de dés:

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#1 'Capacité Facile' :


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#2 'Capacité Facile' :

La découpe de la rampe fut sans doutes l’effort de trop pour le vaisseau, qui se mit à trembler alors même que Feren venait de poser le pied sur l’arbre, pour le coup beaucoup plus stable. Heureusement, la jeune femme put s’extraire de l’épave avant que celle-ci ne se mît à basculer dans le vide pour finalement disparaître dans la brume. Heureusement… ou malheureusement, pour le coup, le zabrak hésita. Car à peine hors de danger qu’évidemment, et il ne sut si c’était un trait commun à toutes ces humaines trop curieuses pour leur propre bien, elle lui fit remarquer qu’il ne s’en tirerait pas comme ça. Allons bon, alors elle ne voulait pas survivre, finalement ! Le Sith la considéra froidement en inspirant calmement. Il ne connaissait que deux types de personnes qui posaient ce genre de questions : ceux affiliés de près ou de loin aux Jedi ou à tout autre utilisateur de la Force, et les collectionneurs, archéologues du dimanche ou pilleurs. Et manifestement… non, à vrai dire, il n’aurait su dans quelle catégorie la mettre.

« En quoi ça t’intéresse ? », rétorqua-t-il, une lueur moqueuse dans le regard. « Tu comptes m’arrêter ? Ou me le voler ? » Manifestement, il aurait peut-être dû la laisser dans le vaisseau, ou alors la pousser avec ce dernier au moment où il avait sombré vers les abimes de la jungle. Feren passa devant la rescapée pour se diriger vers la plateforme de bois en contrebas. Ce n’était pas très haut, ils pourraient sauter sans le moindre danger. Ce qu’il ignorait en revanche, c’était ce qu’ils allaient trouver en continuant leur marche. Et qu’est-ce qu’ils pouvaient bien chercher, d’ailleurs. Un moyen de quitter la planète, pour sûr. Mais où ? Quelle idée de s’être écrasés sur la planète des Wookies, aussi. Assurément les êtres les plus sympathiques et accueillants de toute la galaxie, non sans raison, certes. Avant de sauter souplement vers la plateforme, il tourna la tête en direction de la jeune femme pour ajouter : « Je pourrais très bien l’avoir reçu en héritage. Mais c’est très aimable de se faire traiter de pillard juste après nous avoir sauvé la vie ; merci, vraiment, j’apprécie. »

Les sens en alerte, le zabrak observa tout autour de lui, se sentant légèrement plus en sécurité, du moins en ce qui concernait son équilibre, et pour l’instant, ils avaient l’air d’être seuls. Mais pour combien de temps ? Et qui sait, s’ils n’étaient déjà épiés par les prédateurs de Kashyyyk ? En attendant, un rapide examen s’imposait : le pire avait été vraisemblablement évité grâce aux pièces d’armure, il n’empêchait qu’il avait reçu une belle estafilade à l’arrière du crâne. Le sang séché colla à ses doigts, qu’il essuya sur son manteau. Que faire ? Bouger d’ici, suivre la voie qui semblait se dessiner à travers les arbres jusqu’à tomber sur le premier village ou le premier monstre affamé ? Ou rester ici à attendre, dans la faim et prochainement le froid qui s’abattraient une fois la nuit tombée ? Ce lieu avait l’air tellement civilisé qu’il n’osa même pas regarder s’il captait le moindre réseau holo. Mais pour contacter qui, au juste ? Où qu’ils aillent sur cette planète, ils ne seraient sans doutes jamais en sécurité. « Vu la poisse qu’on a aujourd’hui, on peut soit aller chercher les ennuis en s’enfonçant plus loin dans la forêt, soit on attend qu’ils nous tombent dessus ici. », commenta le zabrak.