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Meetra & Devon

Il avait menti, il n’avait aucun vaisseau. Du moins il n’en avait jamais fais la demande. Mais bon, il était probable que s’il en exprime le besoin, ses supérieurs lui attribuent son appareil personnel. Cependant pour l’instant, il se débrouillait très bien comme ça, des pilotes recevaient leurs ordres et avaient pour mission de le conduire d’un point A à un point B et de l’attendre si nécessaire. Il se faisait brouter en gros, c’était pas mal d’un côté, car ça lui permettait de se reposer un peu ou de se préparer pendant les temps de trajet. De tout de façon, il n’était pas un grand pilote, il possédait les rudiments, comment éviter de se crasher, utiliser un armement embarqué et faire quelques manœuvres d’évitement. Le minimum vital. Par contre, il fallait mieux éviter qu’il aille affronter des escadrons de légende comme les Rogue, il se ferait mettre hors de combat en moins d’une minute.

S’il avait du temps libre prochainement, qu’il n’attribuait pas à ses sorties, il penserait à essayer de prendre des cours de pilotage. Il restait plus qu’à trouver quelqu’un voulant bien le faire progresser. Cela s’avérerait délicat, qui voudrait bien aider un chevalier et risquer de supporter ses colères si ça se passait mal ? Autant dire qu’il n’y aurait pas foule de volontaires. Mais bon, bref, tout ça pour dire qu’il ne connaissait pas grand-chose en pilotage et encore moins en mécanique. Du coup s’il ne pouvait  pas faire appel à un mécanicien du Premier Ordre pour l’aider, au moins connaissait-il maintenant Val qui pourra lui prêter main forte. La jeune femme semblait avoir compris où il voulait en venir. Comme s’il allait lui vendre la mèche sur ses intentions… Il se défendit donc : « Il faut bien que j’ai un moyen de vous contacter si j’ai un quelconque souci sur mon appareil, la rémunération sera très bonne, vous pouvez me croire.     » Et pas qu’un peu !

Pas de carte ? Pas très professionnel tout cela, en terme de communication ce n’était pas forcément génial. Surtout pour un indépendant qui venait de se lancer. Mais bon, il aurait été mal avisé de lui en faire la remarque ou la reproche, il aurait risqué de la mettre sur la défensive et tous ses efforts auraient été vains. Elle inscrivit un numéro sur une serviette traînant sur le comptoir, afin de pouvoir la joindre sur l’holonet. Qui sait, c’était peut-être un faux ? Il aurait peut-être pu le tester devant elle et aurait pu la tourner en dérision si elle avait voulu le duper. Mais il n’irait pas jusque là, il tenterait de lui faire confiance pour le coup. Il récupéra la serviette, la plia et la rangea précieusement dans la poche de sa veste pour ne pas la perdre.

Elle semblait désolée pour lui, il ne l’était pas. Il s’obstinait à rechasser le passé, à oublier ses souvenirs afin d’éviter de douter. C’est pour cela qu’il ne lui répondit pas sur ce sujet. Elle n’avait pas connu sa mère, elle avait subi une douleur, Devon avait perdu ses deux parents , leur situation était presque comparable, sans pour autant être identique. Elle avait eu quelqu’un à qui se raccrocher, à quoi s’était-il accroché lui ? Au Premier Ordre, le régime avait fais de lui l’homme qu’il était aujourd’hui, il lui avait tout donné, sans lui il serait mort dans les décombres de la Forteresse Kira. Le sujet fut vite balayé en absence de réponse de son côté. Val avait montré de l’ambition et tout d’un coup elle doutait, pensant qu’elle se reconvertirait peut-être d’ici-là. Devon la questionna donc : « J’avoue mal vous cerner pour le coup… C’est votre passion, n’est-ce-pas ? Alors comment se fait-il que l’idée de vous reconvertir ait déjà traversée votre esprit ?     »

Sa provocation ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde en tout cas, ou peut-être avait-elle envie de boire qui sait ? En tout cas, elle releva le défi en buvant le peu qui restait dans son verre. Le barman s’empressa de lui en resservir un autre. Devon ne croyait pas qu’elle marcherait dans son petit jeu, mais il avait eu le temps de préparer une petite anecdote, celle-ci était assez « bateau », mais elle devrait faire l’affaire. Alors ce fut une de mes premières enquêtes. La femme d’un gouverneur d’une planète de la Bordure Extérieure m’avait contacté pour accumuler les preuves de l’infidélité de son mari. Ce dernier avait un emploi du temps en Beskar et avait tenté d’effacer ses traces. J’ai dû pas mal bûcher pour trouver quelques éléments et le prendre en filature. Jusqu’à ce que je l’aperçoive dans un motel en galante compagnie. Et devinez avec qui ! Avec la sœur de son épouse en personne ! Autant dire que j’en ai eu assez pour régler son compte à ce salaud, ma cliente a dévoilé l’affaire, je lui avais conseillé la discrétion, mais elle ne m’a pas écouté. Cela a fait scandale ! Mais d’un côté, ça m’a plutôt bien servi, car c’est grâce à ce contrat que je me suis fais une réputation et que j’ai pu me lancer véritablement dans le métier. »

Une jolie histoire inventée de toutepièce. A y réfléchir, il aurait dû lui faire croire que Corran était comédien, ça aurait été plutôt crédible. Elle répondit à son interrogation et sembla lui tendre une perche. Autant dire qu’il y voyait une faille à exploiter, il allait s’y engouffrer pour l’exploiter et tenter de l’amadouer. Qui sait, peut-être était-ce le cas. Peut-être que c’était bien moi que vous attendiez… Vous croyez au destin, Val ? Vous et moi, dans ce bar, à cet instant précis. C’était peut-être écris. Une rencontre inévitable. Indéniable… » Il la fixait, dans un regard profond, presque transperçant. Il espérait marquer quelques points avec ça.  Apparemment, il n’était pas le premier à l’avoir abordé et aucun n’avait réussi à atteindre le Grâal. Quelle belle bande d’incompétents ! Devon devait réussir à se démarquer. Ils ne devaient pas vous mériter voilà tout. Bien qu’ils ont dû regretter de ne pas avoir pu profiter quelques minutes de plus de votre charmante compagnie.  Moi, j’en savoure chaque instant, vous pouvez me croire…  »  

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Meetra & Devon

Val préférait avoir un plan de secours au cas où ses affaires tournaient mal. Soit, c’était tout à fait louable. Tout individu souhaitait s’en sortir dans sa vie professionnelle et  s’épanouir dans son travail. C’est d’autant plus vrai lorsque le métier accompli était également en relation avec sa passion. C’était le cas pour elle, alors elle devrait tout faire pour persévérer son objectif, c’était le plus important. Certains lui diront d’arrêter, d’autres qu’elle n’était pas faite pour ça et qu’elle n’y arriverait jamais. Elle ne pourrait compter que sur elle-même, sur elle seule, il fallait juste qu’elle se fasse confiance. C’était le principal. Le reste, cela viendrait tout seul. La motivation, la volonté de s’en tirer, de sortir de la tête de l’eau et d’aller de l’avant. Le point de départ de tout cela, c’était la confiance en soi, c’était le plus important. Devon espérait qu’elle n’en manquerait pas si elle voulait évoluer dans la mécanique, surtout si elle souhaitait ouvrir sa propre entreprise et avoir des salariés.

Elle était la seule maîtresse de son avenir, elle ferait comme bon lui semble. Peut-être qu’elle trouvait cela plus rassurant d’avoir quelques sécurités. Ainsi, si elle se plantait dans sa voie, elle avait toujours moyen de rebondir sur un autre domaine d’activité et ne resterait pas bien longtemps sans aucun travail. Le choix de rester active, même si ce n’était pas dans un métier qui la passionnait forcément, était tout à son honneur, ça montrait un certain courage et une volonté de s’en sortir quelque soit sa situation. Val semblait  être prudent sur ce point, bien plus que lui en tout cas, car lui n’avait aucune voie de secours. Il n’en avait pas besoin, il était destiné à dévouer sa vie au Premier Ordre et cela jusqu’à sa mort. « Je vois. Vous faites preuve de prudence, c’est bien, vous avez tout à fait raison. Vous semblez bien plus sage que moi. De mon côté, je n’ai prévu aucun plan B concernant mon avenir professionnel. Advienne que pourra j’ai envie de dire.  Cela ne m’effraie pas vraiment. Si je me plante et bien je me débrouillerais, comme je l’ai toujours fais jusqu’ici.  »

C’était bien le personnage de Corran qui s’exprimait, bien que ce dernier partageait un trait de caractère commun avec Devon. Du moins, c’est comme cela qu’il l’avait imaginé. Tous les deux possédaient la même détermination à sauter tous les obstacles que la vie avait décidé de semer au cours de leur histoire. Ils parlèrent à nouveau de l’anecdote qu’il avait balancé. Celle inventée de toute pièce. Cela semblait avoir son petit effet. Du moins il n’y avait aucun signe qui démontrait qu’elle doutait de la véracité de ses propos. Le chevalier serait des plus mal placés pour faire tout un long discours où il prônerait la fidélité. Surtout lorsqu’il avait plus d’une femme mariée dans ses conquêtes. De tout de façon, il n’allait pas lui dire qu’il allait d’une femme à l’autre, depuis qu’il avait été séparé de Kayla. Elle pouvait toujours se fourrer le doigt dans l’œil si elle pensait qu’il allait lui révéler la vérité  sur ses intentions. Comme à son habitude, il allait sortir une belle histoire et mentir, c’est ce qu’il faisait de mieux.

« Je n’ai pas pris de nouvelles auprès de ma cliente après la réussite de mon contrat. Selon les médias que j’ai pu consulter, le divorce était encore en cours. Mais qui sait, comme vous dites, peut-être qu’elle aura des envies de meurtre. Ces affaires d’infidélité, ça ne tourne jamais bien en général ! »Devon tâtait le terrain, essayant de voir s’il avait ses chances ou même s’il décelait quelque chose sur quoi il pouvait travailler pour la faire vaciller. Elle semblait lui résister et ça l’intéressait d’un côté. Il n’aimait pas trop les filles faciles non plus, la séduction pour lui s’apparentait à un jeu, un divertissement. Cela lui permettait de se changer les idées et de se détendre un peu.  En tout cas, elle semblait dire qu’il n’était pas comme les autres hommes qu’elle avait pu rencontrer, qu’il avait un petit quelque chose qui le rendait unique. C’était une occasion parfaite pour lui, comme une perche qui lui était tendue et il allait s’empresser de la saisir. Il changea de stratégie pour se montrer un peu plus direct. « Je partage le même sentiment que vous, Val… Après des années à enquêter, je pense avoir bien réussi à cerner les émotions humaines. Vous allez me dire que c’est essentiel dans mon boulot afin de savoir si on nous ment, si la personne en face est stressée, si elle essaye de nous cacher quelque chose. Mais ça, je ne l’avais encore jamais ressenti. Vous ne semblez pas croire au destin, mais peut-être est-ce ce que deux personnes, amenés  à se rencontrer, ressentent lorsqu’elles se font enfin face.  Peut-être que le seul moyen de déterminer ce qui peut nous lier, d’une manière ou d’une autre, c’est de sauter le pas…    »

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Meetra & Devon

Pour les gens de la haute société, il était assez aisé de gérer la pression médiatique. Souvent ils y avaient été initiés dès leur plus jeune âge et savaient donc comment y faire face. Certains pouvaient faire des erreurs en public, qui étaient transformées en véritables scandales et apprenaient ainsi à ne plus faire les mêmes conneries. Ou bien ils se louaient les services de personnes compétentes capables de s’occuper de leur communication afin d’éviter que des informations compromettantes soient utilisées contre leurs clients. Devon se moquait bien de l’image qu’il pouvait laisser, de ce que les autres pouvaient penser de lui. Il était comme il était, la vie l’avait sculpté tel qu’il devait être. Si quelqu’un avait quelque à lui reprocher, qu’il vienne, le jeune homme lui expliquerait, à sa manière, sa façon de voir les choses. Quant au personnage de Corran, il ne partageait pas la même vision…

En effet, pour un détective privé comme lui, l’image qu’il laissait, c’était très important. Il fallait que le client soit satisfait, afin qu’il n’hésite pas à parler de sa personne à ses connaissances et amis. Le bouche à oreille était un de ses principaux moyens de communication, la façon dont il obtenait la plupart de ses contrats. La réputation s’était très important, sans elle, il n’était rien. Il lui arrivait de trop se plonger dans la peau de son personnage, après tout, cela voulait peut-être dire qu’il était un bon comédien. Peut-être que Corran aurait pu en être un, ça aurait été encore plus crédible ! « Je suis sûr que sa famille et ses avocats la pousseront à ne rien en faire, après tout, maintenant, elle a tout à gagner en se tenant tranquille pour que la justice prenne la suite de l’affaire et rend son verdict.  »

Son approche avait été un peu plus directe que les minutes précédentes. Peut-être préférait-elle ça et qu’elle n’appréciait pas qu’on tourne autour du pot, ainsi que les sous-entendus. Devon n’aimait jamais être trop direct dans sa façon de faire, car certaines femmes, la plupart très probablement, seraient rebuter en comprenant où il voulait en venir. Non d’habitude, il préférait entrer dans la séduction le plus longtemps possible pour que sa cible soit suspendue à ses lèvres pour ensuite l’amener où il le souhaitait. Etonnement, Val ne l’envoya pas paître suite à ses mots, au contraire elle était plutôt partante pour sauter le pas. Une bonne chose, ça se déroulait bien. Il rajouta calmement : ! « Je pense que c’est la meilleure chose à faire…  » Elle se leva en première, c’était bon signe. Il régla leur consommation au barman en lui intimant qu’il pouvait garder la monnaie. Il n’avait pas envie de perdre de temps à calculer ce qu’il devait lui rendre.

Le chevalier la suivit pour sortir du bar, se laissant guider. Après tout, il ne connaissait pas très bien cette planète. Elle, elle devait connaître un hôtel ou une chambre d’hôte avec un confort satisfaisant pour qu’ils passent la nuit ensemble. Mais bon, sinon, il fallait pas non plus être diplômé pour trouver un endroit pour passer la nuit, il se débrouillerait sinon. Ils s’isolèrent dans un coin à la sortie de l’établissement, elle prit les devants en s’avançant vers lui jusqu’à à entamer le contact par le biais de leurs lèvres. Cela aurait dû être un moment délicieux, délectable. Quand Devon arrivait à l’étape du premier baiser, il se disait souvent que l’affaire était dans le sac. Mais ce ne fut pas le cas, c’était bien la première fois qu’il trouvait qu’un baiser n’était pas agréable. Le pressentiment, qui l’avait perturbé dès que ses yeux s’étaient posés sur elle à son entrée dans le bar, se fit plus fort, plus intense. C’était comme si il y avait une connexion entre leurs deux personnes. Il ressentait également un certain dégoût de leur échange, ce qui ne lui était jamais arrivé. Non quelque chose n’allait-pas. Mais quoi ? Qu’avait-elle de si spécial ? Qui était-elle ?

Devon n’avait jamais été aussi perturbé, il n’avait jamais autant douté qu’à cet instant précis. Elle fit un pas en arrière, si elle ne l’aurait pas, il en aurait été l’initiateur. Il restait dubitatif, la bouche entrouverte, confus, il ne savait que dire. Comment pouvait-il enchaîner sur ça ? Étrangement, elle semblait être dans la même position que lui. Pourquoi ? Son esprit était complètement embrouillé, Val s’excusa et tourna les talons sans qu’il n’ait le temps de réagir. Il n’aurait rien fais de tout de façon, il n’aurait pas su comment réagir. Devon resta dans cette posture, indécis, pendant deux bonnes minutes avant de reprendre doucement ses esprits. Elle était loin maintenant, il ne la rattraperait jamais, mais il aurait voulu lui poser d’autres questions. Mais il était trop tard désormais, lui qui aurait voulu passer une soirée de détente, il en ressortait confus avec un tas d’interrogations en tête.