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Meetra & Devon

Cela faisait deux ans environ qu’il avait quitté les Ombres de Snoke, un tournoi avait été organise afin de remplacer un Ren qui avait péri dans des circonstances qui lui étaient inconnues. Se battre avec ses frères et sœurs d’armes avait été difficile, une espèce de déchirement intérieur. Mais il avait été formé pour ce jour, pendant la majeure partie de sa vie. Devon donna donc tout ce qu’il avait dans les duels afin de l’emporter. Et il réussit, avec bien de la difficulté certes, mais il avait gagné. C’était une vraie satisfaction personnelle de se dire que sa formation avait portée ses fruits et qu’il avait pu atteindre son objectif. Cependant, il ne pourrait plus revoir les autres Ombres, Kayla également, c’était la règle, il se devait de la respecter. Il jugeait que c’était un sacrifice acceptable pour devenir un Ren, c’était l’accomplissement de tout un entrainement. Le jeune homme s’était plutôt bien intégré parmi ses nouveaux compagnons d’armes, sans trop d’anicroche. De tout de façon, aucun d’entre eux n’avait aucun intérêt à mal s'entendre. Ils devaient coopérer que ce soit en mission ou à l’entrainement, il était donc contre-productif que des conflits éclatent.

Bien que certains aient des personnalités hautes en couleur, il fallait donc apprendre à faire avec pour avancer. Devon accomplissait les missions qu'on lui donnait que ce soit en solo ou en équipe : récupération d’artefacts, assassinats de personnalités de la Résistance ou de la Nouvelle République, traque de Jedi, etc… Ses objectifs étaient variés, ce n’était jamais monotone, ce qui lui permettait de ne jamais s’ennuyer. Puis de tout de façon, il n’était pas du genre à s’opposer aux ordres, il faisait ce qu'on lui disait de faire, point barre. En parlant de mission, il venait d’en terminer une dans le secteur. Une petite cellule de résistants semblait s’être implantée profondément et les forces locales n’arrivaient pas à s’en dépêtrer. Peut-être que d’autres personnes, en dehors d’un Ren, auraient pu s’en occuper, mais il se pourrait que le Suprême Leader, en envoyant un de ses bras armés, souhaitait  marquer les esprits afin qu’une nouvelle cellule ne se réimplante pas avant un bon moment. Devon avait mis la main sur les soi-disant résistants avec l’appui des forces de l’ordre, ces vauriens avaient perpétrés plusieurs attentats ces dernières semaines.

Ils ne s’étaient pas laissé attraper si facilement, mais finalement ils avaient réussi à faire quelques prisonniers. Le chevalier prit le temps de les interroger en sondant leur esprit à l’aide de la Force, certains lui donnèrent du fil à retordre, mais il réussit finalement à les faire craquer. Ils n’avaient pas de lien avec la branche principale de la Résistance, c’était des indépendants qui avaient souhaités lancer leur propre mouvement. Après avoir fais le tour des informations intéressantes qu’ils détenaient, Devon les élimina, il n’avait aucune raison de les maintenir en vie et ils auraient finis par être exécuté de tout de façon. Pourquoi attendre ? Il n’enchaînait pas avec une autre mission pour le moment et il avait donc un peu de temps libre avant de rentrer sur Borosk.  Il savait déjà ce qu’il allait faire de ce temps : traîner dans les bars et pourquoi pas rencontrer une jolie fille avec qui passer le reste de la soirée. Il se concentra pour dissimuler sa présence dans la Force, il le faisait à chacune de ses sorties, bien que ces dernières étaient irrégulières, les Ren ayant très peu de temps libre.

Le jeune homme s’aventura dans un bar, il n’était pas forcément bondé, mais il y avait pas mal de clients qui étaient attablés ou qui étaient en train de jouer aux cartes.  Il savait ce qu’il recherchait, Devon lança un regard circulaire dans la pièce avant de trouver ce qu’il recherchait. Une jeune femme était seule et était accoudée au bar, elle était belle et semblait avoir passé commande. C’était parfait, il eut un drôle de pressentiment en la regardant, mais il n’arrivait pas à dire de quoi il s’agissait. Il en apprendrait peut-être davantage en l’abordant. Tout naturellement, il s’avança pour aller se poster à sa gauche en interloquant le barman. « -Vous pouvez me mettre la même chose et ajouter la consommation de la demoiselle sur ma note également. » Il se tourna vers la concernée pour saluer en lui tendant sa main, son visage s'illuminant d'un sourire charmeur : «  Moi, c’est Corran et vous êtes ? »

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Même s’il n’était pas en mission, il ne pouvait se permettre de lâcher prise complètement. Lors de son rare temps libre, Devon se laissait aller à la débauche et à la luxure. Cependant, à cause de l’éducation qu’il avait reçue, il y avait des espèces de verrous fixés à son code de conduite, qui l’empêchait d’être complètement libéré. Cela faisait que ses sens restaient toujours en alerte, même dans ce genre d’endroit qui paraissait plutôt tranquille. Il ne savait pas sur quoi il pouvait tomber. De plus, il ne divulguait jamais sa véritable identité, du moins pensait-il ne l’avoir jamais fais. Question de principe. Il ne savait pas à qui il pouvait avoir à faire, ça pouvait être un informateur de la Nouvelle République ou de la Résistance. Il ignorait si leurs services de renseignement possédaient un dossier sur les chevaliers de Ren et s’ils connaissaient chacun de leurs membres. Mais de tout de façon, il fallait qu’il reste prudent, même si ses « activités extérieures » semblaient être tolérées, sinon on le lui aurait reproché depuis le temps, il ne devait pas fauter lors de ses sorties, si tel était le cas, cela lui causerait des soucis.

Il essayait tout de même d’être crédible en prenant toujours la même fausse identité, celle de Corran, il lui avait même imaginé un métier et toute une vie si on le questionnait en profondeur. Il ne souhaitait pas se faire piéger parce qu’il aurait oublié de travailler son personnage. Cela serait fort gênant et compromettant s’il croisait une personne rencontré il y a plusieurs mois, que sa tête ne lui revenait pas et qu’il se présentait sous une autre identité. Autant dire que ça apporterait tout de suite de la suspicion sur sa personne. Non, il restait cohérent lors de ses sorties, il fallait qu’il fasse attention. La réponse de la jeune femme le décevait quelque peu, on refusait rarement un verre comme ça. Tout ce qui était gratuit était bon à prendre, du moins c’est ce que certains pensaient. Peut-être qu’elle n’acceptait jamais de verre d'un inconnu, par peur que ce dernier y ait glissé quelconque drogue ou substance nocive dedans. Elle avait peut-être raison dans un sens, il y avait des tordus qui étaient du genre à adopter cette technique. « Bon très bien… Mais j’ose espérer que vous me laisserez vous payer le deuxième verre. »

L’étrange sensation ne l’avait pas quitté depuis qu’il avait posé les yeux sur elle, qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Devon n’avait jamais rien ressenti de tel, il espérait qu’il allait pouvoir tirer tout cela au clair en faisant sa connaissance, car c’était vraiment bizarre.  Elle se présenta sous le doux nom de Val, c’était joli, ça ressemblait plus à un diminutif, mais après tout il avait déjà un prénom. « C’est un plaisir de faire votre connaissance, Val. » Si elle souhaitait mettre fin à leur conversation, elle l’aurait fais d’entrée de jeu et n’aurait pas pris la peine de lui répondre en se présentant. La dénommée Val vint à remarquer qu’elle ne l’avait jamais remarqué dans les parages et lui demanda donc s’il était juste de passage ou s’il venait de s’installer sur Eriadu. Elle semblait bien curieuse, mais c’était plutôt bon signe, à ses yeux, cela le laissait espérer qu’il avait peut-être une chance. Il allait avoir besoin d’user de son talent d’acteur pour qu’elle croit en son personnage, son histoire était plutôt bien ficelée, ça devrait passer comme une annonce sur l’Holonet. « Finement observé ! En effet, mon activité m’a mené sur Eriadu. Je n’ai eu l’occasion de m’y rendre qu’une ou deux fois par le passé, mon travail ne m’a jamais laissé le temps pour découvrir les bars locaux, du coup ce soir, c’était l’occasion ou jamais. »termina t’il en haussant les épaules.

Il fit tournoyer son doigt autour du sommet de son verre, avant de s’en saisir et en boire une gorgée. Sentir le whisky descendre le long de son œsophage était agréable, il n’avait pas souvent l’occasion de boire de l’alcool, mais il préférait le boire en compagnie d’une jolie demoiselle, plutôt que tout seul. « Et vous ? Je présume que vous devez habiter dans le coin, n’est-ce pas ? Comme vous avez affirmé connaître les habitués de ce bar.  »

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La vie était faite de petites victoires. Lorsqu’elles étaient cumulées, cela lui apportait une grande satisfaction. La première de la journée fut la réussite de sa mission avec l’arrestation de la cellule de résistants et leur interrogatoire. Il avait pris bien du plaisir à sonder leur esprit en quête d’information, les torturant au passage, il n’avait peut-être rien trouvé de probant, mais ça lui avait permis de trouver un exutoire à sa colère. Enfin les recherches afin de dénicher les terroristes avaient été longues, elles l’avaient tenues en haleine jusqu’à la fin. Ils avaient suivis bon nombre de pistes, certaines s’étaient avérées être fausses, ces vauriens avaient essayés d’effacer leurs traces, mais ils les avaient finalement retrouvés. Au dénouement de l’opération, Devon avait presque fini par perdre patience et il avait senti la colère monté en lui, il put extérioriser celle-ci sur les résistants prisonniers qui n’eurent pas l’ombre d’une chance lorsque son sabre laser s’abattit sur eux. Et là, il venait  de remporter une petite deuxième victoire en réussissant à payer le deuxième verre à cette femme. Du moins, c’était sa manière de voir les choses.

Pour lui, ça le laissait espérer qu’il allait pouvoir conclure. Après tout, si elle était maligne, elle devait savoir où il voulait en venir. Si elle avait été farouche, elle aurait pris la fuite ou l’aurait cassé dès le début de sa tentative. Et si ça n’était pas le cas et qu’elle était naïve, et bien…Tant pis pour elle. Il avait du coup l’impression que ça avançait bien de son côté, mais il ne souhaitait pas crier victoire trop rapidement. Il avait l’étrange impression que Val allait lui donner du fil à retordre. C’était pas plus mal, cela l’amuserait beaucoup, il ne lâcherait pas le morceau si facilement pour arriver à ses fins, le jeu n’était pas fini, il avait encore de belles paires de cartes à sortir de sa manche. Il attendait juste le bon moment pour les abattre afin de l’emporter. Maintenant que les présentations étaient faites, ils allaient pouvoir faire un peu plus connaissance, savoir ce que faisait l’autre sur Eriadu, ce qu’il réalisait comme un travail ,etc…

Val avait raison en disant que toutes les cantinas se ressemblaient, on y retrouvait très généralement les mêmes clients. Il ne pouvait être qu’être de son avis de par son expérience, que ça soit sur Eriadu, Bastion ou une autre planète, on pouvait retrouver des stéréotypes identiques. Il lui sourit et pivota sur lui-même. « Vous avez raison. La clientèle d'une cantina est peu surprenante de par sa composition. Regardez donc un peu. » Il pointa sans aucune gêne les individus tout en continuant à parler. « Alors là on a la table des ivrognes, la plupart d’entre eux feront la fermeture du bar et le barman devra les expulser en s’employant à leur foutre des coups de pied au cul. Là-bas, on a un homme en train de se disputer avec, très probablement, sa femme sur le fait qu’il passe tout son temps à picoler avec ses amis et qu’il rentre trop tard le soir. » Il recentra son regard dans les yeux de la belle jeune femme et poursuivit : « Si vous regardez par-dessus mon épaule, dans le coin sombre près de l’entrée, la personne seule assise à table. Je suis sûr que c’est un pervers qui attend de trouver une proie et qu’elle soit suffisamment ivre pour faire sa petite affaire.  »

Il se saisit de son verre pour en boire une nouvelle gorgée avant de le déposer sur le comptoir.  « Et pour finir, vous avez le petit nouveau dans le coin, l’inconnu. Le type lambda qui veut juste boire un verre bien mérité après une journée de travail, individu représenté par ma personne. » Ils continuèrent à échanger un peu. Elle était arrivée il y a quelques mois selon ses dires, elle avait envie de revenir à ses origines, changer d’air, revivre une époque lointaine. Devon ne partageait pas forcément son point de vue. Dans un premier temps, il eut l’air compréhensif : « Toutes mes plus sincères condoléances pour vos pertes, Val… » Il était assez curieux et aurait bien voulu connaître les circonstances de leur mort, mais cela viendrait peut-être naturellement au fur et à mesure de la conversation. Sur un ton plus sombre, il enchaîna : « Et est-ce que le fait de revenir sur cette planète vous a apporté un quelconque réconfort ? Parfois, à essayer de rechasser le passé, il peut vous en coûter plus de mal que de bien. De la tristesse, des regrets…de la colère.» Sans s’en rendre compte, ses doigts s’étaient fermés au dessus du comptoir pour former un poing. Il fallait qu’il se détende, il deserra ses doigts et attrapa quelques cacahuètes pour les croquer. « Enfin ça n’est que mon point de vue...Dites moi Val, si ce n’est pas trop indiscret, qu’est-ce que vous faites dans la vie ?»

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Pendant ses escapades, Devon avait connu bon nombre de femmes. Des relations qui ne durèrent pas plus d’un soir dans la plupart des cas. Il devait éviter de s’attacher, car il y avait un risque qu’il développe des sentiments, ce qui pourrait nuire à son devoir. En effet, son esprit serait ailleurs, pas concentré sur l’instant présent, il y avait un risque qu’il s’inquiète pour la dite personne. Il causait en connaissance de cause, il avait déjà connu cela par le passé, avec Kayla lorsqu’il était chez les Ombres. Elle avait été une source de bonheur, d’inquiétude lorsqu’elle se mettait en danger et de tristesse à la fin lorsqu’ils furent condamnés à ne jamais se revoir. La douleur qu’il avait ressenti à l’époque, il n’était pas sûr de vouloir la ressentir à nouveau un jour. C’est pour cela qu’il ne souhaitait pas avoir d’attaches, il était sûr de ne pas souffrir comme ça. La sensation qui lui parvenait en la présence de Val, il ne l’avait eu pour aucune de ses autres rencontres d’un soir. Ni même pour Kayla, ce qui voulait dire que ce n’était pas de l’amour ou un coup de cœur.

Il fallait vraiment qu’il détermine ce que cela pouvait être. En tout cas, il fut des plus surpris lorsqu’elle affirma qu’elle n’avait rien à craindre du pervers. C’était soit du courage ou de l’insouciance. Ou bien, peut-être qu’elle le connaissait et qu’il s’était complètement fourvoyé en essayant de deviner les ambitions de cet homme. Son léger sourire se décompensa lorsqu’elle lui annonça la couleur en lui révélant les goûts de l’individu. Il semblait préférer les personnes du même sexe, qui avaient à peu près son âge, toujours selon les dires de Val. Il attendait juste qu’ils aient un peu trop bu pour les attirer chez lui, ainsi il ne lui restait plus qu’à les attacher et à faire sa petite affaire. Devon avait beau être un débauché, il n’avait jamais été intéressé pour coucher avec une personne du même sexe. Il ne voulait pas expérimenter, non, ça ne l’intéressait pas du tout.

Il lança à plusieurs reprises des regards entre le pervers et Val. Qui sait elle le faisait peut-être marcher, elle se fichait peut-être bien de lui. Mais en tout cas, il ne souhaitait pas prendre le risque de mettre à l’épreuve la réputation de cet homme. Il s’y tiendrait et serait prudent. Il ne lui restait plus qu’à ralentir son lever de coude pour ne pas finir bourrer à la fin de la soirée. Il remercia la jeune femme d’un signe de tête. « Merci pour votre mise en garde, je serais prudent. Bien que s’il tente quelque chose contre moi, je pense être à même de me défendre. » Oui c’est sûr qu’il se défendrait, en utilisant ses pouvoirs s’il le faut. Cela trahirait à coup sûr son identité, mais dans ce cas de figure, il n’aurait pas le choix. Il n’était pas un grand spécialiste du combat à mains nues, il manquait encore d’entrainement, mais il y travaillait. S’il ne voulait pas utiliser son sabre, il lui restait la Force, bien que dans un état second, il doute de sa capacité à se concentrer convenablement pour l’employer.

Lui qui essayait de ne plus penser au passé, à son enfance, ses souvenirs revenaient toujours le hanter. Le plus souvent lorsqu’il dormait, il se réveillait alors en sursaut et quelque peu paniqué. La vision, qui revenait régulièrement, était celle du cadavre ensanglantée de sa mère. Quant à son père et sa sœur, ils avaient disparus et les avaient considérés comme morts, ils animaient également ses nuits parfois, bien qu’il n’avait gardé en mémoire que très peu de souvenirs les concernant. Ce qui s’était produit dans la forteresse Kira avait été très choquant pour l’enfant de l’époque et il ne l’avait donc pas oublié, jamais. Elle semblait contente de pouvoir retrouver son père, elle était mécanicienne et son métier avait l’air de lui plaire. C’était important, certains individus faisaient leur travail juste pour recevoir leur salaire à la fin du mois, d’autres le réalisaient par passion. Val semblait faire parti de cette deuxième catégorie. Devon en faisait également parti dans un certain sens, car il aimait énormément ce qu’il réalisait. « Et du coup, vous êtes basé où ? Vous avez votre propre entreprise ? Vous êtes peut-être une itinérante qui va de planète en planète pour proposer ses services ? Vous touchez à quoi ? Droïdes, motojet, landspeeders, vaisseaux spatiaux ? C’est votre père qui a transmis cette passion ou c’est venu tout seul ?»

Il était curieux, oui c’était vrai. Il avait envi d’en connaître un maximum sur elle pour percer l’énigme autour de sa personne. Enigme qui était apparue dès qu’il l’avait rencontré. Elle vint par la suite à l’interroger sur sa propre activité. Heureusement là encore, son rôle était bien ficelé, il devrait ne pas y avoir trop de soucis. « Je suis enquêteur. Enfin détective privé, c’est du pareil au même. Je réalise toutes sortes de contrat à la demande de mes clients. Cela peut aller de cumuler les preuves de l’infidélité d’un mari ou bien de retrouver des criminels recherchés et parfois d’aider à leur interpellation. Je fais ça depuis une paire d’années maintenant.  » Devon allait se montrer quelque peu indiscret en la questionnant : « Vous comptiez réellement boire ce verre seul avant que j’arrive vous tenir compagnie ou vous attendiez quelqu'un ?  »

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Devon aimait bien ce genre d’endroits, il voulait parler des bars en général, pas spécialement ce lieu en particulier. Ils étaient des lieux parfaits pour faire le type de rencontre qu’il souhaitait. Des relations sans lendemain, à quelques exceptions près. Dans certains cas de figure, si la personne valait le détour, il était prêt à remettre ça à plusieurs reprises, mais cela restait occasionnel. Il ne souhaitait pas s’attacher, c’était prendre le risque de développer des sentiments et ça il ne le voulait pas. A de rares occasions, il se désintéressait des bars pour se diriger dans les bordels, mais ça restait sporadique et ça n’était pas arrivé depuis un moment. Il n’aimait pas le concept de payer pour prendre du plaisir, non pas du tout. Mais il y était parfois forcé lorsque il n’arrivait pas à trouver de bars sympas sur les planètes où il finissait ses missions.

Par « bar sympa », il s'agissait d'un endroit où il pourrait se payer des verres à bon prix, où il ne devrait pas se battre avec les ivrognes locaux, là où ça ne sentait pas trop l’embrouille au final, et où il y avait des jolies demoiselles. Le dernier critère de sélection était l’un des plus importants, car après tout, c’était pour elles qu’il gambadait après ses missions. Devon jeta un nouveau coup d’œil aux personnes présentes dans la pièce, oui, il en était certain. Val était bien la seule femme qui valait le détour dans cette pièce, sinon il ne lui aurait probablement pas adressé la parole. Peut-être était-ce son instinct qui s’était exprimé lorsque son regard était tombé sur elle ? Non ça devait être autre chose, car il n’avait jamais ressenti ça auparavant. Elle était vraiment magnifique et avait dû faire battre bien des cœurs dans sa vie.

Passant sa mise en garde, maintenant qu’il était prévenu, il ferait attention à ses fesses, il écouta la jeune femme lui répondre. Val travaillait seule, elle venait de se lancer dans le monde du travail il y a quelques mois à peine. Cela demandait du courage de se lancer en solitaire comme ça, la plupart du temps les jeunes travailleurs préféraient intégrer de plus grosses structures, ils étaient ainsi sûrs qu’ils ne manqueraient pas d’activité et qu’ils pourraient profiter de la situation plus ou moins stable de l’entreprise. De plus elle ne s’était pas spécialisée, et avait préféré être polyvalente, peut-être justement pour accomplir le maximum de contrats possibles et pour ne se fermer aucune porte. « S’il survenait un problème sur mon vaisseau, vous pourriez m’aider du coup ? Vous n’auriez pas une carte de visite avec vos coordonnées ? Histoire que j’ai un moyen de vous contacter si ça arrivait… »

Manière plus ou moins subtil de rester en contact s’il n’arrivait pas à définir ce qu’était cette sensation ou alors s’il avait passé du bon temps en sa compagnie et qu’il voulait remettre ça. Mais c’était encore loin d’être gagné, il était encore loin du dénouement, il lui restait tout à faire. Elle vint à partager la façon dont elle était tombée dedans, tout cela, c’était grâce à son père. Du moins, c’est lui qui l’avait initié, elle avait dû y prendre goût et s’était ensuite formé sur le tas. C’est par sa propre expérience qu’on arrivait à se forger un savoir-faire, et il n’y avait rien de tel que de mettre les mains dans la crasse pour cela. « Si votre père ne vous avait pas initié, vous n’en seriez peut-être pas là aujourd’hui. Vous en avez eu de la chance, vous avez la chance d’avoir une famille. Moi je n’ai jamais connu la mienne… »avoua t-il, la tristesse se faisant ressentir dans sa voix. Ce n’était-pas exactement vrai, il avait connu ses parents, mais très peu de temps, à tel point qu’il ne s’en rappelait presque pas aujourd’hui. Mais l’histoire de Corran pouvait posséder des similitudes à celle de Devon, tant qu’elle n’était pas complètement calquée dessus.

Non le passé était derrière lui, il n’avait pas à être triste, l’histoire était ainsi faite et il ne pouvait pas la changer. Il but cul sec ce qui restait dans son verre afin de se remettre d’aplomb et fit signe au barman pour qu’il le lui remplisse. Il ne devait pas être triste, aucune faiblesse ne devait transparaître, c’est comme cela qu’on l’avait formé. Même s’il était en mission et dans la peau d’un personnage, il ne devait pas commettre d’impair. Val aborda son futur professionnel, elle avait de beaux projets, c’est bien, ça montrait qu’elle était motivée. Il s’en amusa quelque peu : « Voilà bien d'ambition ! Mais c’est bien, vous avez raison ! Il en faut pour réussir à percer. J’essaierais de suivre votre évolution avec attention, qui sait, d’ici quelques années, des annonces de publicité de votre boîte inonderont peut-être l’holonet. »

Devon s’était montré curieux, peut-être trop, il avait vraiment voulu en apprendre le plus sur elle, d’où cet amas soudain de questions, peut-être aurait-il dû se montrer moins pressant. Mais c’était trop tard, ce qui est fait  est fait. Il s’expliqua en haussant les épaules : « C’est mon travail de poser des questions. De décortiquer des alibis, d’accumuler des preuves, d’effectuer des filatures. Désolé si j’ai pu paraître trop curieux, déformation professionnelle. Mais oui, j’adore ce que je fais, j’ai obtenu ma licence il y a trois ans maintenant et j’ai toujours la motivation des premiers jours, ce qui me plait surtout, c’est la diversité des contrats que j’accomplis et de faire affaire avec des employeurs venant de différents horizons.  » Elle lui demanda s’il n’avait pas quelques anecdotes croustillantes à lui révéler. Mince ! Il n’avait jamais été aussi loin dans la création de Corran, il fallait qu’il la fasse patienter pendant qu’il en invente, il joua avec le bord de son verre pour le faire tournoyer sur le comptoir sans pour autant en renverser le contenu.

« Et bien normalement je suis tenu au secret professionnel. Mais je pense que je pourrais vous révéler quelques belles histoires sur des dossiers clôturés, si vous finissez votre premier verre. Histoire que je ne commence pas le deuxième sans vous…  » Voilà un bon moyen de gagner du temps ! Sa question rhétorique le fit quelque peu espéré, il pensait qu’il avait subitement fais un bon en avant et qu’elle s’ouvrait à lui. Il commença à arborer un grand sourire, quand elle cassa ses espoirs en moins de cinq secondes, lui annonçant qu’elle était bien seule et qu’après quelques verres, elle comptait s’en aller. « Vous me faîtes marcher, n’est-ce pas, Val ? C’est triste de boire seul. Vous ne voulez tout de même pas me faire croire qu’une femme, comme vous, n’a pas un petit ami pour lui tenir compagnie ?    »