Le fracas des gravats non loin, soulevés par la tempête de sable qui approchait rappelait une sonate perdue, venue d’un autre temps et berçait le souffle rauque d’Elyah. Ses yeux s’obscurcirent un instant mais la réalité rattrapa la mandalorienne lorsqu’une frêle main serra la sienne, une de celles qui réchauffe et vous ancre dans le présent sans détour. Mère et fille se tenaient face au levant, observant, comme de coutume, le jour qui se levait, baignant de son aura doucereuse leur terre. Il était tôt et, bientôt, elles furent rejointes par celui qui donnerait sa vie en échange de leur salut. Il n’y avait d’endroit plus singulier où elle se sente chez elle, rayonnant entre ses deux parents, ceux qui ont toujours mis un point d’honneur à l’élever comme leur égal, comme la femme fière qu’elle deviendrait un jour. Les sévices de leur peuple hantaient la moindre parcelle de leur corps et, même cette cicatrice barrant le visage de son père n’empêchait l’innocente de le penser le plus qu’il soit. Les mots n’avaient besoin d’être prononcés entre eux, les regards parlaient à chaque sans détour. Le silence chassait les effusions de tendresse, le respect mutuel empruntait le chemin des sentiments.

Silencieuse, le sourire accroché aux lèvres, le glas de l’arme tomba tel un couperet. Le sang perla et le vagabond n’eut que peu de répit quant à sa basse besogne. Tentant d’extirper quelques brèves paroles à l’un de son clan, Mackenzie n’avait guère hésité. L’air sifflait, chanson tonitruante à ses oreilles tandis qu’il se redressa, empoignant ses bras, son arme roula à terre. Elle était désormais au sol, sans solution que de cracher au visage ce vermisseau qui barrait sa route. Son genou chercha le contact physique et tapa dans la chair proéminente de son entrejambe alors qu’elle revenait dans la course. L’homme empoigna sa claire chevelure la forçant à le regarder et, voyant l’opportunité d’assener le coup qui ferait jouir son ego personnel, il approcha sa tête de la sienne, leur souffle à quelques centimètres se transforma en un viol de son intimité, à déposer sa bouche poisseuse sur la sienne inestimable. Pourtant, ébétée et embêtée, Mackenzie se figea et lorsqu’un mandalorien héla son prénom « Mackenzie ! », le fugitif se permit une pointe d’humour qui scellait sa mort. « Mack, j’ai envie… ». Elle sortit de sa torpeur mais il partait déjà vers d’autres cimes. Alors que ces deux yeux hantaient son esprit, elle empoigna son arme et se mit en route, laissant sa troupe derrière.

Ses pas la conduisirent vers un bar malfamé de Corellia où ils étaient venus à trois mandaloriens pour affaire et où quelques carcasses rouillées se délectaient des formes peu avantageuses des créatures féminines présentes. La vipère eut vite fait de détecter le goujat qui, étonnamment, n’était guère à couvert. La réputation des mandaloriens n’est plus à faire, ce minable aurait dû finir caché dans les jupes de l’une de ces affriolantes. Pourtant, il tendit une choppe en sa direction, son sourire dévoilant des dents éclatantes. Il lui tapait déjà sur le système et si elle n’était partisane des esclandres, elle lui ferait ravaler son dentier. La fureur montait en elle à chaque regard qu’il lui jetait et lorsqu’elle s’approcha, elle prit un malin plaisir à écraser le verre qu’il lui tendait sur sa main hâlée. « Mackenzie c’est ça ? Je te manquais trop ou comment ça se passe ? » furent les seuls mots qu’il réussit à prononcer de la soirée tandis qu’elle fuyait son regard.

Leurs rencontres se multiplièrent et, peu à peu, il devint sérieux, lui offrant sa confiance alors qu’elle baissait sa garde. Résistant, ils traquaient la même bête. Ce n’est pas tant cet encas qui fit plier la belle mais les paroles de cet homme. Ses gestes durs se révélaient doux à son encontre, ses mots tranchants sonnaient avaient une teinte mielleuse lorsqu’il s’adressait à elle et ne parlons pas de cette carrure dont elle ne parvint à détacher les yeux. Il est cet élément qui manquait à sa vie pour la rendre complète. Son époux, celui pour qui Mackenzie a tout renié et s’est engagée, il est parvenu à dompter le loup pour le rendre agneau, il est parvenu à la faire aimer. La bestiale ouvrit les yeux sur ses convictions, sur ce qu’elle s’offrait comme destin. On se souviendrait d’elle comme d’une inconnue car ses actes n’auraient aucune incidence. Il ne lui força la main mais elle le devança et décida de rejoindre son commando, ouvrant les yeux sur bien des choses voilés dans son cercle autrefois fermé. Elle n’avait point tout le mérite, il y avait de quoi rivaliser avec son talent.

Leur duo résonnait au fin de fond de la galaxie tout comme leurs railleries légendaires. Indomptables et changeants, ils formaient ce tout que rien ne divise. L’arme en main, le cœur battant, l’adrénaline vissée au sang n’avaient raison de leur tempérament. La peur, vestige du passé bannie de leur vocabulaire en faisaient de redoutables ennemis du destin. Pourtant, les choses vont et viennent sans forcément se ressembler. Corellia à nouveau, non loin de l’endroit qui scella leur rencontre, une mission anodine les avait rassemblés en ce lieu. Ils étaient néanmoins attendus, tombant dans un piège bien ficelé, une rancœur portée aux deux. Il fut torturé mais sa bouche restait scellée et elle restait là, attachée face à lui, sans pouvoir intervenir à part délier sa langue. Il l’a libéré pour mieux le châtier. Il s’est battu comme le noble qu’il était, pourfendeur et altier mais sa fougue auparavant abattue l’a rattrapée et c’est le corps baigné de sang qu’il s’est effondré, lorsqu’ils se mirent à trois pour l’achever. Ses bras eurent le temps de chercher celle qu’il aimait et c’est contre elle qu’il poussa son dernier soupir. Ils détachèrent ses liens, malheureux qu’ils étaient tandis que les larmes roulaient sur ses joues. Ils pensaient la briser, ils venaient de déchainer sa rage. Ses yeux quittèrent la dépouille, sa main s’empara d’une arme à terre et aucun ne peut aujourd’hui piper mot puisque si l’un a encore la vie sauve, c’est sans sa langue et sans yeux qu’il marche. Ces membres du premier ordre n’étaient plus et leurs actions alluma le feu aux poudres qui battent dans les veines de Mackenzie. Car Mack n’a qu’une envie, réduire la vermine en poussière. S’il a été facile de remplacer son coéquipier, elle n’estime toujours pas qu’il soit à sa hauteur, non celle de la belle mais celle de son aimé. Néanmoins, il parvient à tempérer son chagrin car ils se sont lancés dans un jeu des plus exquis, l’un de ceux dont on ne revient jamais indemne, à tâter du méchant en un seul coup, à celui qui marquera le plus de points.