Les paupières se relèvent, les pupilles vagabondent timidement sur ces tâches difformes qui s’agglutinent. Des voix, des murmures résonnent contre les murs, agressent ces petites oreilles, résonnent dans cette caboche encore vierge de toutes pensées. Les premiers instants d’un petit être, d’une petite fille qui ignore encore le destin rugueux qui se dessine sous ses pieds. Liberté effleurée avant de porter les lourdes chaînes du rang d’esclave, d’accomplir les basses besognes d’un homme horrible, violent. Les coups, les insultes pleuvent, alors que l’esprit rêve d’un avenir meilleur face aux soleils de l’horizon aride de Tatooine. Une adolescence contraignante, brisée par la brusque disparition du seul et unique repère, de la génitrice aimante et de ses bras réconfortants. L’agneau devient loup, ronge ses chaînes, hurle sa hargne, sa haine, mais aucune aide ne se présente. La colère grandit, la rancœur face à ces êtres dépourvus de volonté, de courage. Le temps passe, les années continuent de couler, l’épiderme garde les stigmates de cette impétuosité de jeunesse, alors qu’un espoir se dessine. Un vieil homme, solitaire qui dépense la totalité de sa bourse pour acquérir la bête, lui apprendre les rudiments de la vie, de la chasse. Affranchie de sa prison, une nouvelle vie se présente, nomade, voyageant de ville en ville, de planètes en planètes, à acquérir toujours plus de connaissances. Un héritage transmit peu à peu, ne rien devoir à personne, se débrouiller seule, ne pas hésiter à user de la violence, à pactiser avec la faucheuse pour parvenir à ses fins, survivre. L’homme redevient poussière, la solitude brutale pousse la petite fille devenue femme à se retrancher sur elle-même, à montrer les crocs lorsqu’un intrus se permet des familiarités, à devenir une chasseuse de prime.