Le choc de son corps contre le sol est rude, si bien qu’il coupe le souffle, fait craquer ses os. Une quinte de toux plus tard, Rehan tente de se redresser sur ses coudes, les yeux encore bandés. “Lyswen ? Lyswen !!” Tâtonnant autour d’elle pour repérer l’environnement, elle sent de la terre, peut-être de la boue ? Autour d’elle, elle peut entendre le bruissement des feuilles, la nature s’agiter. Le souffle retrouvé s’accélère, comme si l’ancienne mercenaire se battait pour sa vie. Une main se libère de l’exploration pour venir arracher son bandeau, ses yeux percés par la lumière du jour lui font mal et elle grogne. Le peu de tissu qu’elle a sur elle ne l’aidera pas, mais au moins ses affaires ont été jetées avec elle. “Lyswen ??” crie-t-elle encore à tue-tête. On lui avait promis de lui rendre la jeune femme saine et sauve, hors de question qu’elle se soit faite rouler.

Après quelques instants, Rehan tente de se redresser tandis que ses yeux s’habituent petit à petit au soleil, avant d’enfin apercevoir une cascade de cheveux roux un peu plus loin. “Lys !” s’écrie l’ancienne mercenaire, se précipitant vers elle. A première vue, elle n’est pas blessée, simplement sonnée mais cela suffit à serrer le cœur de Rehan qui la prend contre elle pour dégager son visage de ses cheveux roux. Après un examen, elle peut enfin se libérer d’un poids en constatant qu’elle n’a rien, en tout cas de visible. Pour ce qui lui a été fait subir, c’est une autre histoire…

Se saisissant des affaires qui lui avaient été jetées avec elle, Rehan cherche désespérément quelque chose qui la fasse sortir d’ici, au moins pour rejoindre un centre de soin, peut-être que Lyswen avait un problème ? Un simple scan suffirait à rassurer sa protectrice. Parmi ses affaires, on trouve des vêtements déchirés, un datapad cassé et des clés d’un vaisseau qu’elle ne pouvait même pas faire venir ici en pilote automatique. Mais le holo en plein milieu ?

Maintenant, ça lui revient. Ce n’est pas n’importe quel holo : c’est celui que lui a laissé le mercenaire qu’elle a rencontré sur Tatooine. Après un instant d’hésitation, il est clair qu’elle n’a pas vraiment plus d’options : elle ignore sur quelle planète elle est et si elle pourra trouver de la civilisation rapidement. Son seul échappatoire est d’appeler quelqu’un, mais hors de question de mettre quelqu’un en danger : un mercenaire ne craignait rien et si elle devait le rembourser pour quelques crédits, elle trouverait bien un moyen de s’arranger Rehan tente d’établir une communication, de joindre Ikaar. “Come on stupid thing, you gotta work now…” Et après quelques tentatives, le transmetteur se connecte enfin pour envoyer la liaison vers le Wellerman.

Ongoing communication.

“Hey, it’s…” Merde, elle lui a donné quoi comme nom déjà ? “... It’s Re. I’m in real trouble… I will send you my coordinates. I really need… I need someone. Someone needs medical care and… I don’t know where I am.” C’était une bouteille à la mer, peut-être même l’avait-il déjà oubliée mais c’est la seule option qu’elle voit.

Le temps paraît s’étirer à l’infini lorsqu’elle attend que la connexion soit effective, elle répète son message plusieurs fois dans l’espoir qu’on finisse par discerner ses mots. D’une main elle essaye de secouer le communicateur, un peu comme si le violenter finirait par le faire parler, et de l’autre elle garde Lyswen serrée contre elle pour essayer de la protéger, de faire rempart de son corps. Rehan ignore sur quelle planète elle a atterrit et encore moins le genre de faune ou d’habitants dans les alentours. Elle ne pouvait que se préparer au pire.

Soudain la voix d’Ikaar s’élève enfin du transmetteur, enfin une chance de s’en sortir. “Oh thank the Stars…” soupira-t-elle, amenant le communicateur à son front comme pour le remercier avant de le fixer longuement. “Kashyyyk ? Fuck.” Rehan se rendait rarement sur cette planète, d’une part car elle parle très mal le shyriiwook et d’autre part parce qu’elle y abhorre les créatures vivant dans la forêt. Mais les Terres d’Ombres ? Elles étaient vraiment mal tombées. “Shit, you’re right, we need to get out quickly.”

Essayant de rassembler un plan cohérent dans son esprit, Rehan cligne plusieurs fois des yeux comme si elle balayait les différents scénarios devant elle. D’abord, s’assurer que transporter Lyswen ne comportait aucun danger. “I need a medical scan, not for me, for my…” Ma quoi ? Ce n’est ni sa fille, ni sa sœur. En réalité, ce n’est même pas son apprentie. Alors quoi, comment qualifier ce lien entre elles ? “...my protégée.” C’est ça, qu’elle est. Sa protégée. Cela fait maintenant deux ans que Rehan à sa vie entre parenthèses et a endossé ce rôle.

D’ailleurs, elle avait échoué dans cette mission, sinon elles ne seraient pas démunies en pleines Terres d’Ombres avec une Lyswen inconsciente et à qui on a fait subir je ne sais quoi. Rehan ose espérer que son ancien employeur savait tenir une promesse, aussi imprévisible pouvait-il se montrer. Malgré l’analyse visuelle rapide, Rehan ne peut pas être sûre que la gamine est sortie d’affaire. “I don’t know, maybe she hit her head ? She isn’t conscious…We were thrown from a ship, maybe she fell badly…” dit-elle, essayant de se convaincre qu’il ne s’agit que de leur atterrissage brutal qui est responsable de cette situation. Secouant la rouquine, elle implore encore une fois : “Come on, Lys…”

Les minutes ressemblent à des heures quand finalement elle reçoit une mise à jour sur la position d’Ikaar : il est vrai que quelques instants auparavant, elle a vu un vaisseau passer mais elle avait été incapable d’y voir suffisamment de détails pour y reconnaître le Wellerman. “You’re here ?” demande-t-elle avec une pointe d’incrédulité dans la voix. Il était vraiment venu. Quoi qu’il avait été en train de faire, il était ici, en pleines Terres d’Ombres pour venir l’aider. Leur nuit ensemble à elle seule ne pouvait pas justifier une terre prise de risque pour une inconnue. Après quelques instants, la silhouette bourrue de l’homme se découpe enfin des infinités de verdure autour d’eux et Rehan se déleste du communicateur pour lui faire un signe de la main. “Over here !” Juste le temps qu’il la repère, puis la main retombe sur la joue de Lyswen. Alors que le mandalorien est enfin à portée, le poids dans sa poitrine laisse place à du soulagement. Mais pas le temps de s'épancher en remerciements et autres explications, la priorité était ailleurs :  “I just need to know if there is head damage, if she needs to be carried with precautions…You said you had a scan ?” Elle hoche la tête pour lui faire signe qu’il peut y aller. “Are you friends close-by ? I don’t speak shyriiwook. No, I mean, I have the basics. I can say “uma “ and “muawa”. ” Son shyriiwook se restreint à oui et non, c’est dire combien elle avait eu à faire à des wookies par le passé. “Muaarga !” tente-t-elle, le mot paix. C’est à peu près tout. “I know you have your prices, i’ll pay you, I will, I just… I don’t have anything here.” Et il peut le constater rien qu’en les regardant : elles sont démunies.  

Bien qu’elle comprend parfaitement l’urgence de la situation et la nécessité de s’extraire immédiatement de celle-ci, Rehan ne veut pas prendre de risque en ce qui concerne Lyswen. La présence d’Ikaar auprès d’elle la rassure, elle l’a vu se battre et sait qu’il pourra prendre en charge le danger si jamais il venait à eux. Le mandalorien s’agenouille devant les deux jeunes femmes et observe la scène, essayant de rassembler le peu d’éléments que Rehan lui a mis à disposition et de faire correspondre les pièces de ce puzzle bordélique. “I don’t know, isn’t it like a one button thing ? How hard can it be ?” Ne jamais se fier à un droïde. Rehan ne portait pas dans son coeur ces machines facilement corruptibles et bien souvent trop sûres de leur supériorité : il ne s’agissait, après tout, que de tas de ferrailles. Le scan paraît être en ordre, Lyswen ayant été secouée et sonnée mais pas aussi gravement que cela pouvait paraître. “Alright, that’s good. Lead the way.” Elle préfère le mandalorien les mains vides, au cas où un obstacle se mettrait sur le chemin, il était après tout bien plus équipé qu’elle et au moins, il avait pu manger convenablement ces derniers jours, ce qui n’était pas le cas des deux femmes.

Rougissant à peine lorsqu’il mentionne son accent, l’ancienne mercenaire secoue la tête, mobilisant toute sa force restante pour porter Lyswen sur une épaule, incapable de la porter avec ses deux bras. “I didn’t knew they spoke basic. I never met one who did, but I believe you. At least, I won’t make any diplomatic shit.” Si les wookies étaient leur seul espoir de survie, il fallait bien qu’elle se montre un minimum respectueuse. “So, Wookie lover, huh ?” ricane-t-elle, se sentait déjà plus légère à l’idée d’être accompagnée, ce qui était une première pour l’ancienne mercenaire qui préférait travailler seule.

Leurs pas se ralentissent et Ikaar semble inquiété par une transmission, aussitôt sa posture change et son ton également : ils ne seront bientôt plus seuls. Se cramponnant à la gamine dans ses bras, Rehan hoche la tête : “Yeah I get it, I’ll do all the work.” Montant à bord du Wellerman, cette fois pour affaires plutôt que pour le plaisir, elle dépose délicatement Lyswen sur l’une des banquettes, la laissant entre les mains d’Ikaar. “My name is Rehan.” dit-elle avant de grimper à l’étage, au commandement de la tourelle. Essayant d’activer le système de visée, la lumière bleutée vient l’aveugler pour révéler enfin les positions ennemies autour du vaisseau. “Holy shit…” Le vaisseau décolle, cet effet de pesanteur faisant flotter le cerveau de Rehan quelques instants avant qu’elle ne s’habitue et ne reprenne pleine possession de ses moyens, pianotant sur les pavés. “I know how to shoot, handsome !” Ce qu’elle fit, saisissant une des commandes de la tourelle pour viser les créatures volant autour du vaisseau et empêchant son décollage dans les meilleures conditions. “I fucking hate this place.” Son attention est attirée par la voix du droïde qu’elle avait déjà entendu à Tatooine. Se concentrant sur l’écran, elle rétorque : “So you have things to prove ? I don’t. My ego isn’t so fragile.” Puis plus bas : “I’ll tear off that fucking head of yours to use it as a vomit bucket in the dirtiest cantina I know.”

Le sol vrombit et le cargo commence sa montée, Rehan perçoit sur le côté les coordonnées de leur prochaine destination. “Are you friends close ?” Ils pouvaient retenir les créatures, mais si elles agissaient en meute, elles pouvaient tout aussi bien faire rappliquer leurs copains aussi sec. Descendant encore quelques créatures, l’une d’entre elles s’écrase sur la surface du vaisseau, secouant l’habitacle. Plusieurs points apparaissent sur l’écran : ses craintes sont confirmées... “Ikaar, we really gotta go now…” et se rapprochent. “Now !”

Ils avaient peu de temps pour trouver une solution à leur problème qui n’irait pas en s’arrangeant compte tenu de la position dans laquelle ils se trouvaient. La dynamique qui s’était installée entre Rehan et Ikaar (et avec le droïde aussi, admettons le) reboost la confiance de l’ex mercenaire tandis qu’elle se saisit des commandes de la tourelle pour déblayer le passage. La nuée de créatures entourant le vaisseau retarde considérablement le décollage, et à plus forte raison, leur pourcentage de survie. Foutue planète. Rehan a toujours dit que Kashyyyk était de loin sa planète la plus détestée. A quoi bon mettre les pieds dans une jungle où tout peut vous tuer ? On trouve son fix d’adrénaline pour beaucoup moins dangereux que ça. Prenant une grande inspiration, la jeune femme essaye de retrouver son calme, de reprendre ses esprits et d’agir comme Valkyrie le ferait.

Comme elle le ferait, avant toute cette histoire.

Soudainement revigorée par cette pensée, électrisée par le fait de se reconnecter librement à sa véritable identité, Rehan se concentre avant de déblayer un maximum de créatures, les envoyant valser grâce à la tourelle. Elle ne compte même pas son record : c’est au droïde de s’en charger puisqu’il y tient tant. “Hey, scrap heap, what about you getting useful ? Take the back of the ship and I’ll make sure Ikaar has a peripheral vision upfront.” Ce n’est de toute façon pas une proposition.

Le vaisseau tangue et il est difficile de se tenir debout, mais Rehan a l’habitude, terrible pilote qu’elle est. Malgré tout, le vaisseau s’extirpe de la forêt, entraînant une partie de celle-ci avec elle, mais les créatures sont loin de vouloir laisser passer cet affront et filent en flèche dans leur direction. Attaquer le dessous d’un vaisseau est un moyen rapide et efficace de s’en débarrasser, alors elle redouble d’efforts pour les éloigner et rendre la voie libre. En vérité, cela amuse Rehan, elle se sent revenue trois ans en arrière. Elle se sent libre. “Do I ask you if you’re doing your job correctly ?” Elle ricane. “If it wasn’t looking good, I sure hope you would’ve known it by now.” Rehan relâche un peu sa prise sur la tourelle. “Or maybe you were speaking about me ? Because I always look good, as far as I know.” Un coup d'œil sur le scan lui permet de lâcher un petit soupir. “Well, it seems we’re clear for n…” Et alors qu’elle prononce cette phrase, un sifflement strident la fait taire, quelque chose de très particulier. “What the hell was…” Et sur le tableau de bord, un immense point rouge a fait son apparition. “... Did you hear about the legend of night-flyers ? Cause I think we have a huge problem now if it’s not a legend…”

Lancer de dés : Arrivée des renforts

Réussite : Au secours, venez nous chercher.  Nyrkhar et ses compagnons arrivent.
Echec : La légende nous court au cul.