Retourner à une vie normale. Rehan essaye de se persuader, désespérément, qu’il s’agit de la meilleure solution. Bon nombre de personnes seraient prêtes à dire le contraire, qu’il faut affronter la chose, mettre des mots dessus mais elle n’y arrive pas. Lyswen n’a pas décroché un mot : la gosse mange dans sa chambre à peine arrivée et oublie de prendre sa boisson chaude avant d’aller dormir. Ce n’est pas le premier épisode traumatique qu’elle vit, mais c’est sans doute le plus violent et humiliant. Pas de cadeau, ni pour la rouquine, ni pour Rehan. Les deux privées de leurs vêtements par peur qu’elles y cachent quelque chose, des heures d’interrogatoires : ces années à se cacher ne les avaient pas préparées à l’éventualité que quelqu’un ne les découvre. Enfin si, mais cette éventualité se réduisait au simple fait de devoir se battre pour s’en sortir. Elles s’étaient faites prendre au dépourvu, sans possibilité de se défendre, et leur seul moyen de s’échapper avait été de courber l’échine, ce que ni l’une ni l’autre ne supportait faire.

Largées au milieu de nulle part, avec comme seule aide un type que Rehan n’avait rencontré qu’une fois. Bon, avec qui elle avait couché. Une fois. Elle reparle rarement à ses coups d’un soir, mais la force des choses l'avait poussée à demander à quelqu’un de neutre de venir la récupérer. Ne laisser aucune chance à son kidnappeur d’avoir la mainmise sur quelqu’un d’autre de proche. Mais à peine arrivées sur Corellia, Lyswen s’était murée dans le silence et Rehan tentait de se secouer, sans succès.

Perdue, sans repère… Et peu de gens à qui en parler. Son exil était venu avec son lot de solitude. Peu de gens échappent à la règle, mais le principal reste Exvind. Exvind qui, elle en a l’impression, a toujours été là. Exvind qui ne la jugerait pas, qui grimperait dans son vaisseau et filerait sur Corellia sans demander son reste. Rares étaient les fois où Rehan appelait à l’aide, de toute façon.

Rehan se décide à contacter son ami. Elle avait instauré un code avec lui pour savoir s’il s’agissait d’une urgence : dans un sens, s’en était une. D’ailleurs, avait-il remarqué son absence ? Il était une des rares personnes à la savoir vivante. “Exvind ?” demande-t-elle d’un ton incertain à son holocom. “Ex... J’ai vraiment besoin que tu me répondes…” Elle a juste besoin de se laisser être vulnérable et de se sentir soutenue. Juste une fois. “Si tu as ce message… Je t’en prie, viens.” Je t’en prie.