Clic - Clic - Clic - Clic - Clic -
...Un cliquetis répétitif, il s'accélérait. Une drôle de sensation le parcourut. Il faisait soudainement froid,... la poussière... cette odeur de renfermé. Un grincement métallique assourdissant l'extirpa de sa torpeur, allongé sur un sol d'acier gelé. Ses yeux ne perçurent rien sinon le noir complet.
"Qu'est-ce que..." se demanda-t-il légèrement paniqué. Cet endroit, quelque chose de familier flottait dans l'air. Un sentiment de déjà vu, mais rien ne permettait de l'identifier... Brusquement la sol se mit à osciller. Déséquilibré, il tomba sur le sol, à genoux. Son front dégoulinait de sueur malgré la fraîcheur ambiante. Il recula dans un coin, à quatre patte, lorsque un bruit sourd retentit de nouveau. Son corps était comme tiré vers le haut... Un fracas de chaînes et de poulies, le sol se mit à chuter, de plus en plus rapidement, comme un élévateur dans une mine. L'ascenseur se balançait de plus en plus violemment, c'est alors qu'il se souvint. Cet endroit. Cette atmosphère. Ce tout. Il était dedans. Depuis toujours.
"Non... non... non ! C'est pas possible !" s'écria-t-il. Il réalisait enfin. Ce cauchemar, il l'avait vécu tant de fois. Cette sensation d'être emprisonné, de monter, de descendre inlassablement. Wes se leva, s'appuyant contre les murs. "C'est pas possible ! C'est pas possible ! Il n'est pas là ! Il n'a plus aucune emprise sur moi !" s'affolait-il. Ses yeux s’accommodaient peu à peu, cherchant le moindre indice de "sa présence".
"Où es-tu ?! SNOKE !" se mit-il à hurler, tandis que son écho lui répondait. Sa voix s'éloignait petit à petit, tandis qu'un rire éclata.
"Snoke ?! Depuis tout ce temps, tu penses que c'est Snoke qui fait ça ?! Que l'on est dans l'une de ses illusions ?!" Le Chevalier se retourna, cherchant l'origine de cette voix familière, trop familière.
"ON EST OU ALORS ?!" s'énerva-t-il. Un bref ricanement retentit de nouveau.
"Où ?! Dans ta tête bien sûr ! Tu ne te souviens pas de moi ?" L'ascenseur s'arrêta violemment, propulsant Wes contre le plafond, avant de la faire atterrir devant une porte entrouverte.
"Toi... moi... cette porte... la seule issue... avant c'est moi qui était de l'autre côté de celle-ci. Tu me remets, ça y est ?" Le renard se retrouva pétrifié. Ses membres tremblaient, sa respiration se fit chaotique.
"Tu pensais m'avoir refoulé pour de bon ? Surprise ! Je suis toujours là !" Il recula de quelques pas, pendant le porte s'ouvrait peu à peu. Bientôt une silhouette se dessina dans l'ombre, une forme qui s'avançait vers lui, perçant le voile obscur. Ce visage. Un miroir.
Ses yeux se rouvrit, entre ses bras, avachi contre la table. Il s'était assoupi quelques instants, son front était en sueur, son rythme cardiaque rapide. Ce cauchemar... il n'eut guère le temps d'y prêter attention. Devant lui se dressait une figure qui fit voler en éclat sa peur précédente. Comme un réchaud pour son cœur, ce-dernier se calmit. Ces cheveux, ces yeux, ces lèvres, ces... Elle. Juste elle. Le sujet de ses rêves, le sujet de ses pensées, le maestro de son palpitant. Leur regard se croisaient. La jeune femme n'arborait pas le même qu'à l'accoutumé. Tendre. Trop tendre. Dire qu'il n'avait jamais vu de tendresse dans ses pupilles seraient certainement faux, mais pas celle-ci. Muet, il ne pouvait que l'admirer, comme d'habitude, et cela malgré les doutes l'envahissant depuis la réunion d'il y a quelques minutes. La Commandante s'effondre finalement. Le titre s'envole, le blason disparaît, pour ne laisser place qu'à une jeune femme désemparée. Elle prononça son nom à l’émergence de larmes aux coins de ses yeux. Il comprit alors. Pas besoin pour lui d'entendre la suite, il la devina sans peine. Néanmoins, la voir ainsi ne lui permit pas de répondre quoique ce soit avant de l'avoir entendu. Première fois qu'il vit les larmes de la demoiselle. Première fois qu'elle se montra si fragile... Première fois qu'elle vint s'excuser.
Le Renard restait assis, observant Gamora avec des yeux acceptant le pardon, mais pas son visage. Ses traits se battaient entre peine et résignation. Si proche et pourtant si loin. Il ferma les yeux une seconde à peine, suffisant pour qu'il renverse cette table, cette chaise, comble le fossé entre eux. Pas besoin de voir pour l'atteindre. Ses bras s'enroulèrent autours de la jeune femme. Il la serra contre lui, murmurant à ses oreilles l'acceptation, lui répétant que tout ceci ne comptait pas pour lui, qu'il n'y avait qu'elle et seulement elle... Ses lèvres vinrent toucher les siennes, comme pour la rassurer. Le toucher de ses lèvres, l'odeur de ses cheveux, la douceur de ses mains...
Puis il rouvrit les yeux. Toujours là. Assis à cette chaise, à cette table, devant Gamora. Une larme coula le long de sa joue. Il l'avait voulu si fort. Si facile pourtant. Il eut cette projection, celle d'un rideau de barreaux tombait du plafond pour se planter dans le sol, entre eux, les séparant à nouveau. Le jeune homme secoua la tête, faisant disparaître cette larme au passage. Il se leva, pour lui faire face. Intérieurement, un rude duel avait lieu.
"Gamora...". Il prononça son nom avec tendresse, d'une voix tremblante. Il fit un pas vers elle. Puis un second. Encore un. Jusqu'à arrivé à quelques centimètres. Hésitant, il tendit sa main lésée vers la joue de la jeune femme, passant doucement ses doigts pour venir cueillir une larme bourgeonnant à la fleur de ses yeux.
"Il est normal d'avoir peur. Tu ne savais pas comment agir... je comprends parfaitement... moi aussi j'aurai eu peur..." dit-il sur un ton se voulant rassurant. Il ramena sa main contre son corps, fit un pas en arrière, tourna les talons en direction de la table avant de lâcher.
"Oui,... j'aurai eu peur... je me serai senti perdu, désemparé, j'aurai perdu pied,... y a pas à dire, c'est normal." Il souriait, il s'y efforçait. Pourtant, des larmes commencèrent à naître de ses pupilles, ruisselant sur son visage. Il se retourna alors, affichant ce visage piégé entre deux masques.
"Mais... je n'aurai pas enfoncé la personne que j'aime. Je ne l'aurai pas envoyé sur le bûcher... j'aurai essayé de comprendre avant de... avant de... avant de..." Il ne put terminer sa phrase tant sa voix était secoué par les émotions. Au lieu de cela, il reprit sa respiration, inspirant grandement pour retenir les secousses de son corps.
"L'espace d'un instant, j'ai eu l'espoir que ce qu'on ressentait l'un pour l'autre ne serait dépendant du blason sous lequel nous nous trouvions. Que tu m'aurais aimé, même sans le Premier Ordre" Ses émotions étaient palpables.
"J'peux comprendre que tu aies eu peur... j'peux comprendre beaucoup de chose... trop même. Mais que tu aies pensées que je m'opposais à lui sans raison ?! Me traiter comme... comme un inconnu, comme un... dissident... c'est ça le mot ? Avant de me ranger dans un tiroir, tu aurais pu au moins me demander des explications." Il s'éloigna encore un peu plus, se dirigeant vers le mur. Il posa sa tête contre ce-dernier.
"Je t'aime Gamora... Putain, je t'aime... Tu le sais ça ?! Dans mes mots, dans mes actions... devant toi... devant tes hommes... devant une assemblée entière je continuerai de t'aimer. Devant la galaxie entière je continuerai de la clamer" Sa tête heurta doucement le mur devant lui à plusieurs reprises, avant qu'il ne fasse volte-face, les yeux rougit par ses larmes.
"Dis-moi que tout ça... tu ne le pensais pas vraiment... dis-le moi Gamora..." termina-t-il presque en l'implorant.