- tu ne l'aimes pas? elle a été confectionnée par l'artisan de la famille royale...
- je ne joue plus à la poupée depuis que j'ai huit ans. consternée, presque lasse, devant ce petit joyau de porcelaine soigneusement emballé et un paternel décontenancé. l'enfant capricieuse qu'elle était avait trouvé moyen de pousser comme de la mauvaise herbe en un foyer si paisible qui était le sien. boulon défaillant d'un mécanisme pourtant bien agencé. oh, kayané, comme elle le jalousait, son frère ian de trois ans son aîné. d'une telle force qu'elle en devenait bête comme ses pieds. elle en faisait payer le prix à son pauvre père, qui se démenait tant bien que mal pour combler le vide qu'il laissait quand il partait jouer les diplomates aux quatre coins de la galaxie. quelque chose qui lui demeurait bien plus facile à gérer que sa propre vie de famille, malgré toute la bonne volonté dont il pouvait faire preuve. décalage complet, mondes parallèles. il voyait dans l'amont de présents d'une beauté sans grande prétention qu'il lui ramenait de ses séjours, une tentative d'obtenir un pardon qui n'avait à priori aucune raison d'être demandé. aucune si ce n'est celle de vanter plus que de raison les mérites de son sensitif de fils, qu'il s'est empressé de remettre entre les mains du grand skywalker une fois les portes de son académie ouverte aux padawans. et lui, comme il était fier, de compter pour la toute première fois un futur chevalier jedi dans les rangs de la lignée doherys, tant cela était en adéquation avec les valeurs de la famille qui étaient maintenant devenues sa bible. si bien que la cadette est rapidement devenue envieuse de l'admiration sans bornes qu'il ne cessait de lui vouer. elle avait connaissance des plans que ses parents avaient prévus pour elle. une voie toute tracée qu'elle n'avait aucune envie de suivre. plutôt mourir, pensait-elle alors, que de s'embourber à son tour dans les rouages sordides de la politique.

je ne te pardonnerai jamais. je ne sais même pas si je pourrais te regarder à nouveau dans les yeux. c'est le chagrin aveugle d'une mère endeuillée aux yeux brouillées de larmes qui s'est exorcisé dans un murmure, et s'est élevé au-dessus du silence de la foule tout de noir vêtue alors qu'une marche funèbre s'était engagée au nom de ceux tombés lors du trop récent massacre jedi par le premier ordre. la perte de son aîné lui avait été fatale, et on dit que depuis ce jour, elle n'avait jamais cessé de sombrer un peu plus chaque jour dans les abysses. le cœur gorgé de haine pour les responsables de la mutinerie, et à tort, pour celui qui l'a jeté en terre de danger sans qu'une seconde il n'ait pu s'imaginer qu'il y mourrait un jour. comme pour lui donner raison, il était bien le premier à en souffrir. et kayané, comme elle s'en voulait, en voyant son père en proie à une détresse aussi grande, de n'avoir su être qu'une sœur bête et envieuse et une fille pleine d'ingratitude pour tout ce qu'il s'était démené à faire pour elle. à travers le visage sans vie de son frère, elle affrontait l'injustice du sort qu'il a connu. il ne méritait pas de mourir, comme l'on massacrerait une vulgaire bête jetée en pâture. la force était avec lui, on l'avait promis à une destinée toute aussi inédite que prestigieuse. et elle qui avait le goût du risque et de l'imprévu, n'y avait vu là qu'une cruelle injurie. pauvre inconsciente, à toujours chercher ce qu'elle n'avait pas, jamais elle n'a songé un instant à ce qu'elle avait la chance de posséder. sa jalousie maladive est devenue amertume et mépris face à la stupidité de ses raisonnements. jamais plus, elle ne serait sujette à de tels caprices. d'autres priorités demeuraient désormais, force a été pour la première fois de le constater, et il était temps pour elle de faire abstraction à ses fantasmes absurdes.

- lyana je t'en prie soit raisonnable, il n'y a que là-bas qu'elle puisse être en sécurité...
- c'est ton plaisir secret, de me voir souffrir en emmenant mes enfants loin de moi, il n'y a décidément que ça qui te motive!! elle vocifère, lionne enragée face à la décision que son mari a prise sans même la consulter, complètement révoltée à l'idée que sa fille embarque dès l'aube pour coruscant. en cinq ans, les choses n'ont cessées de se dégrader. leur relation se décousait d'une telle facilité qu'on eut du mal à croire qu'il aient pu être fut un temps si solidement unis. elle l'enterrait sous le poids de la culpabilité, et il encaissait, faisant preuve d'une patience infinie. alors que bon nombre avaient à contrecœur quittés le navire, il avait trouvé la motivation, sait-on comment, de prendre la suite du souverain quelques jours après que ce dernier soit tombé sous les agissements du premier ordre, et pire encore, d'y parvenir. c'était de la folie, tous ou presque s'accordaient pour le constater. son sens du devoir et de l'honnêteté lui portait malheureusement préjudice. quitte à devoir mourir, pour rien au monde il ne l'aurait accepté en se sachant lâche d'avoir d'une quelconque manière laissé son peuple à la merci de l'ennemi. dans ses derniers jours, kayané le sentait démuni, comme s'il n'avait pas besoin d'entendre les messes basses pour savoir qu'il était proche de la fin, qu'on ne tarderait pas à le supprimer et qu'il n'était aucunement en son pouvoir d'empêcher l'inévitable. la force de ses discours ne reflétait qu'une infime partie de son être qui osait encore y croire et ne cessait alors de s'atrophier. c'était trop grave, et ça ne cessait de l'être depuis qu'elle s'était délogée de sa tour d'ivoire pour qu'il ne s'agisse que d'un simple aller-retour. elle qui avait souvent prié pour être ailleurs, était tétanisée à l'idée de quitter tout ce qu'elle a jamais connu. d'autant plus à celle, de laisser ses parents, déchirés et meurtris, promis à une mort certaine. dans deux jours, cinq ans peut-être, tout n'était qu'une question de temps. confrontée à la pensée déchirante que la guerre qui se profilait n'allait certainement pas les épargner.