Malgré la frustration qui naît d’être bloqué dans la système Corellien, Revan ne se laisse pas abattre, passant le temps comme elle peut. Pourtant, ce qui la tourmente bien davantage, autre que le fait d’avoir la sensation d’être en cage dans tout un système planétaire, c’est bel et bien les dissidences au sein du Premier Ordre qui font monter en elle colère et agacement. Patiente, pourtant, bien moins lorsque certains crachent ouvertement et fermentent des rebellions diverses. La chose la met hors d’elle et lui donne d’innombrables envies de violence, qu’elle extériorise comme elle peut. À coup d’entraînement et de méditation pour calmer ses nerfs, à défaut de pouvoir combattre quelques rebelles ou hors la loi au travers de la galaxie, par pur plaisir. Juste pour le sport. Revan est de ses êtres pour qui la violence n’est qu’une façon de faire. Une évidence. Presque un jeu. La chose fait partie d’elle depuis toujours, si bien qu’elle n’a jamais réellement eu à se poser de questions. À voir un cas de conscience. Disciplinée, formatée, pour que la compassion disparaisse. Pour ne laisser place qu’à la cruauté, qu’au côté impitoyable.

Cependant aujourd’hui, missionné pour interroger un prisonnier, Revan voit en cette occasion une possibilité de se changer les idées. La jeune femme n’étant guère encline aux plaisirs de la vie et à l’oisiveté c’est dans un travail, parfois acharné ou sanglant, qu’elle va trouver une façon d’oublier son trop-plein de questions, voir ses conflits internes. Rejoignant la navette qui l’attend, elle remarque aisément qu’il s’agit effectivement de James. Au delà qu’il soit reconnu comme étant un des meilleurs, voir le meilleur, des pilotes, la jeune Ren ne l’apprécie guère. Bien au contraire. Il a le don d’user ses nerfs et sa patience, mais au moins de se montrer distrayant. Peut être que dans le fond, elle apprécie de temps à autre ces joutes verbales, qui ne sont que provocations sur provocations. Bien sur, elle ne lui fera jamais le plaisir de reconnaître son art du pilotage, encore moins le fait qu’elle peut apprécier certains de leurs épineux échanges. L’homme a de la répartie, même s’il ne l’use pas forcément à bon escient. Non par moment, il est vrai qu’elle n’a qu’une pensée, lui faire passer l’envie de lui manquer de respect. Un coup bien placé. Mais Revan n’est pas du genre à se retenir bien longtemps, face à l’impertinence de manière générale.

Capuche rabattue en arrière, long manteau noir et vêture assortie, la jeune femme arrive enfin au niveau de James, qu’elle s’apprête à saluer sommairement. Elle ne sait guère quel sera son degré de patience aujourd’hui. Pourtant, le pilote entre directement dans le vif du sujet, entame les hostilités. « Commandant, toujours aussi agréable à ce que je vois » Dit-elle sèchement, s’immobilisant à son niveau. Les gardes l’escortant, par pur protocole plus que par réelle nécessité, font demi-tour, la laissant seule avec le commandant. Depuis qu’ils se connaissent, ils n’ont jamais pu échanger un mot qui ne soit pas agressif ou teinté de provocation. À croire que définitivement, ils sont trop opposés, ou simplement trop différents pour s’entendre. Son visage se durci lorsqu’il ose parler de son teint, mais il faut dire que le côté obscur n’aide gère à avoir la mine chaleureuse et enjouée. « Si vous me faites mettre un pied sur cette plage, je vous enterre vivant dans le sable » Dit-elle simplement, le ton neutre, placide. « Je suis là pour un déplacement bien précis, je n’ai pas le temps pour vos élans esthétiques. Mais si cela vous pose réellement un problème, tâchez de faire quelque chose pour votre visage, lui aussi me déplait » Lâche t-elle simplement, histoire de le remettre un peu à sa place avant de pénétrer dans le vaisseau, la première.
S’installant dans un des fauteuils du vaisseau, prenant garde à son sabre à sa ceinture, elle croise les jambes, prête à avoir enfin la paix, lorsque le commandant refait surface, apparemment décidé à ne lui laisser aucun répit. Arquant un sourcil face à sa première réplique, elle ne lui répond qu’avec nonchalance. « Très bien, vous n’avez qu’à vous en servir un grand verre, vous en avez grandement besoin » Lâche t-elle déjà agacée. Pourtant, l’homme renchérit et la chose la percute davantage. Se redressant d’un bout pour se camper devant lui. Elle s’approche, près, certainement trop près, l’air bien plus menaçant. « Qu’avez vous dit, Commandant ? » Alors qu’elle a parfaitement entendu. Posant une main sur son torse pour le faire reculer jusqu’à une paroi métallique du vaisseau, elle s’approche de nouveau, ne lui laisser aucune échappatoire. « Je vous conseille d’éviter de parler de ce que vous ne connaissez pas. Laisser donc mon intimité en dehors de cette conversation, si vous tenez à la votre » Dit-elle, agrippant son col, tandis qu’elle lève le genoux jusqu’à l’entrejambe du commandant, le menaçant ouvertement d’un coup bien assené. Restant là, en suspend, quelques instants, pour lui faire comprendre.

Odieux personnage. Détestable, même. Revan n’a jamais pu encadrer le Commandant, qu’elle juge trop baroudeur, trop grande gueule. Il parle trop, provoque trop. L’orgueil semble bien prononcé chez lui, flattant son ego de se savoir le meilleur. Par moment, elle aimerait simplement l’étrangler d’une poigne de force, sans même bouger son siège. D’autres fois, elle pourrait presque sourire de ses réflexions. Mais aujourd’hui, elle n’a en aucun cas une certaine sympathie pour lui, bien au contraire. Elle ne sait pas si l’homme a vécu une chose particulière, le poussant à se montrer aussi moqueur et vindicatif, mais pour sur, Revan n’aime pas ça. Elle lui répond rapidement sur le même ton, bien que d’un visage relativement placide, dénué, volontairement, de toute émotion. La joute verbale prend place, le plus naturellement du monde, alors que la jeune femme n’a qu’une hâte, se soustraire au regard du commandant bien décidé à la pousser à bout. Les premières réflexions fusent, elle ne compte pas se laisser faire. Pourtant, l’homme va rapidement trop loin. À croire qu’il n’a aucune limite, qu’il est incapable de s’arrêter pour ne pas franchir une certaine barrière. Revan a beau être quelqu’un de relativement patient, ses colères sont dévastatrices. Mais ici elle le sait, alors qu’elle le tient par le col, elle ne doit pas le tuer. Pas qu’elle ne le puisse pas, puisqu’il ne demeure qu’un homme, en face d’une Chevalier de Ren d’expérience, mais bel et bien car il compte, pour le Premier Ordre. Pour ses supérieurs, aussi détestable soit James, elle ne peut juste se résoudre à l’étrangler sans une autre forme de procès.

Alors oui, la voilà qui menace la virilité de celui qui semble bien incapable de se taire. De celui qui ne peut s’empêcher de chercher la petite bête, alors que la jeune femme lui a simplement renvoyé son antipathie dans les gencives. Les mains de l’homme se posent sur les poignets de Revan, alors que son visage s’approche du sien, mais la poigne reste ferme. Il sait qu’il ne fait pas le poids. Il sait qu’il ne peut riposter sans subir le courroux bien plus violent de celle totalement rongée par le côté obscur. Elle tente de réprimer sa rage, son envie de regarder, au fond de ses yeux, toute lueur de vie s’éteindre. Revan ne tue pas dans un but sadique, qui lui procure un plaisir quelconque. La plupart du temps, elle ne fait que ça que par pur automatisme. Elle a été forgée ainsi, pour être une arme, pour tuer sans jamais questionner sa morale. Mais le commandant, elle pourrait prendre un réel plaisir à le voir s’éteindre, pour que pour de bon, il arrête de la malmener avec ses préjugés. Peut être qu’une part d’elle regretterait certaines de leurs joutes verbales, mais un soulagement sera indéniable. « J’ai bien compris que vous ne contiez pas la fermer » Lâche t-elle sans s’exclamer pourtant, simplement comme une constatation. Un rire mauvais échappe à Revan, à la nouvelle réflexion de James. « Me laisser aller hein ? Certainement pas face à vous, jamais je ne vous ferais jamais ce plaisir » Renchéri t-elle. Oh, elle ne veut offrir aucune victoire au commandant. Aucun sentiment d’avoir de puissance. Elle veut le rendre misérable, lui faire comprendre qu’entre ses doigts, il n’est rien de plus qu’une fragile existence.

Approchant elle même son visage un peu plus, laissant danser une lueur mauvaise, presque rougeâtre, dans le fond de ses prunelles, elle poursuit sans trop lui laisser le temps de renchérir à son tour. « Et que croyez-vous que je suis, hein ? Ce n’est pas parce que je ne minaude pas devant vos attitudes et votre charme que je ne suis pas humaine. Vous n’êtes qu’un personnage détestable Commandant, vous avez de la chance que le Premier Ordre ait encore besoin de vous, auquel cas vous seriez déjà mort » Léger rictus tout aussi mauvais, alors qu’il poursuit sur le même ton léger et moqueur. Alors, dans un élan de colère, la jeune femme le jette sur le côté avec violence, tandis qu’il s’écrase le dos contre le métal du vaisseau, avant de s’échouer sur le sol. Les capacités physiques de Revan étant exacerbées par la Force. « Pathétique. Dépêchez vous, je suis attendu » Lâche t-elle enfin après avoir contemplé sa légère grimace de douleur, tandis qu’elle prend de nouveau place sur son fauteuil, jambe croisée, mains jointes sur sa cuisse.