N'essaie pas ! Fais-le, ou ne le fais pas !

Ils avaient tellement et tellement insisté que Mara n’avait pu refuser leur invitation. Son esprit avait beau être ailleurs, elle suivait le mouvement du groupe et souriait aux blagues vaseuses du jeune lieutenant à ses côtés. Banai en avait fait du chemin depuis qu’il était arrivé sur ce vaisseau – elle avait assisté à sa montée en grade et à sa prise d’assurance tout en se faisant sa propre opinion sur le soldat. Cinq ans, déjà. Le temps passait à une allure folle. Et dernièrement, elle n’avait pas réalisé tout ce qu’elle perdait. Son commandant lui avait communiqué un rapport préliminaire sur l’attaque ayant eu lieu sur Yavin IV, sachant qu’elle avait des connexions avec certains des Jedis y résidant. Ce soir-là, Mara avait pleuré pour la première fois de sa vie. Un torrent qui semblait ne jamais vouloir s’arrêter, un mal qui lui enserrait la poitrine et lui donnait l’impression de suffoquer. De se noyer dans une tristesse impossible à épancher. De ce qu’elle savait, il n’y avait eu aucun survivant, et même si certains corps avaient disparu – notamment celui de Luke Skywalker – il était présomptueux que de songer qu’ils aient pu s’enfuir. Indemnes, en tout cas.

Banai était l’un des rares à suffisamment la connaître pour deviner derrière son masque le désespoir qui la rongeait. C’était en connaissance de cause qu’il l’avait poussée à prendre une permission avec eux. Sortir, ça peut pas vous faire de mal, Cap’. Et force était d’admettre qu’il avait raison sur ce point. Retourner déverser sa tristesse dans sa cabine ne lui serait d’aucune espèce d’utilité. Mieux valait essayer de penser à autre chose, même pendant une nuit. Même pendant quelques heures. Ils étaient descendus sur Nar Shaddaa pour s’enivrer, parier, et peut-être même se dégoter une bonne occupation. Le fait que ce groupe ne soit composé que d’hommes aurait sûrement dû déranger Mara, mais à force de vivre avec eux, elle les considérait davantage comme des frères bruyants. Banai avait sûrement la plus grande gueule du lot, d’ailleurs. Il ne cessait de fanfaronner à propos de sa demande en mariage de la semaine dernière. Il avait fini par lui offrir un verre, à sa danseuse, et maintenant il ne se voyait plus sans elle. La lueur de mes nuits, qu’il disait avec un amour mièvre. M’est d’avis qu’elle fait pas que de la lumière, la nuit, qu’avait aussitôt répliqué un autre soldat avant de se prendre une bourrade amicale.

Bercée par leurs discussions dynamiques et joyeuses, Mara laissa son esprit divaguer, se perdre dans l’océan tumultueux d’une soirée entre amis. Amis. Cette pensée lui fit l’effet d’un coup de couteau dans l’abdomen ; elle grimaça, fronçant des sourcils et sans même qu’elle ne le remarque, Banai fut près d’elle.

« Ça va, Cap’ ? » Son air inquiet était sincère. Elle aurait pu lui dire la vérité, qu’elle ne se sentait pas prête à prétendre aller bien, qu’elle allait retourner au vaisseau, mais… Il fallait qu’elle se sorte de ce tourbillon infernal de pleurs et de désespoir. Qu’importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse. « Rien qu’un peu d’alcool ne puisse arranger, Banai. Je vous rejoins avec la première tournée. »

Cette première phrase, elle la sortait souvent lorsque son état laissait à désirer et qu’il y avait un bar non loin. En règle générale, cela lui permettait d’éviter les questions trop poussées et, de temps à autre, son interlocuteur s’empressait de lui payer un verre. Dans l’espoir qu’elle finisse suffisamment soûle pour lui tomber dans les bras, mais ça ne sera pas le cas ce soir – de toute façon, ça ne l’avait jamais été. Elle détestait se faire accoster par des inconnus qui n’étaient finalement attirés que par son physique. Au moins l’uniforme qu’elle portait ce soir en découragerait plus d’un. Peu convaincu par sa remarque, Banai décida toutefois de la laisser s’éloigner en direction du comptoir, retournant à ses conversations avec un sourire jovial. C’est en pivotant sur ses talons après lui avoir adressé un dernier regard que Mara se figea brusquement. Elle papillonna des yeux, une fois, puis deux, incertaine de ce qu’elle voyait. L’air surprit qui se peignit sur le visage de l’autre l’aida à réaliser qu’elle ne se trompait pas. Louvoyant entre les clients, elle rejoignit rapidement la silhouette familière et, sans parvenir à se contrôler, l’attrapa fermement par le bras pour s’assurer qu’il était réel.

« Ka… Kale ? » Ses prunelles écarquillées et ses traits livides trahissaient les émotions qui se disputaient en elle. « Galen… ! » Elle inspira avec brusquerie, réalisant que depuis que ses yeux s’étaient posés sur lui elle avait retenu son souffle. « Tu es en vie… »

Peut-être que d’autres le seraient aussi. Peut-être qu’Hayden… Et malgré l’affection qu’elle portait au Chevalier, d’autres noms s’imposèrent à elle. Ses doigts se refermèrent un peu plus sur le bras de Galen.

« Camillia ? Lexi ? »

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Avant que Galen n’ait pu commencer sa réponse, Mara put lire dans son regard une détresse qui lui serra la gorge. Elle ignorait l’étendue des pertes subies par l’Ordre Jedi ce funeste jour, même si d’après les dernières suppositions, il serait probablement éteint – ou en tout cas, au bord d’une extinction certaine. Lorsque les forces de la Nouvelle République auront terminé d’examiner les lieux, les bilans officiels pourront être remis et examinés afin de déterminer précisément les chances de survie des utilisateurs de la Force. Les trois premiers mots de Kale lui firent serrer les dents sans qu’elle n’ose l’interrompre. Pourtant, une partie de Mara hurlait en silence, le suppliant de se taire et de ne pas détruire ses derniers espoirs. Elle avait tant pleuré en quelques jours qu’elle n’était pas certaine de pouvoir un jour s’arrêter réellement. Pourtant, quelques années plus tard, une fois devenue commandante, elle parviendrait à compartimentaliser ses sentiments d’une façon plus efficace… mais elle n’y était pas encore. Et entendre la vérité sortir péniblement d’entre les lèvres du Chevalier n’arrangeait pas son état. Sans relâcher sa prise sur son avant-bras, elle s’appuya contre un tabouret, s’y posa finalement en sentant ses jambes trembler. Alors c’était tout ? Hayden avait disparu, Camillia était morte et…

Aborder le sujet de Lexi fut plus douloureux encore pour Galen. Cela l’amena à parler d’Allya et Mara comprit enfin les raisons de ce désespoir qui semblait le dévorer de l’intérieur. Son épouse était morte sur Yavin IV, tous ses amis l’étaient également. Il ne lui restait plus que Myri. Sa fille et ses désirs de vengeance. Elle l’avait relâché inconsciemment pendant qu’il s’exprimait, une note soudainement plus dure et sauvage dans la voix. Ce n’était pas l’homme qu’elle connaissait qui parlait. Ce n’était pas le Jedi qui l’avait sauvée cinq ans plus tôt, qu’elle avait appris à connaître et à apprécier. C’était le mari meurtri, le père esseulé, l’ami brisé. Comment ne pas céder à la violence après une épreuve aussi éprouvante ? Seulement, si ce comportement était acceptable de la part de n’importe qui, elle avait suffisamment entendu Camillia lui en parler pour savoir que cela pouvait pousser un Jedi du mauvais Côté de la Force. Une notion toujours abstraite pour Mara : le bon et le mauvais ne se confondait pas en chacun d’entre nous ? La lumière et les ténèbres ? Les yeux secs d’avoir trop pleuré, la capitaine considéra la silhouette prostrée de son ami.

« Tu es beaucoup de choses, Galen Kale, mais pas un lâche. »

Sa voix enrouée par l’émotion peina à se faire entendre au-dessus du brouhaha de la cantina. Pour attirer son attention et le forcer à sortir de ses pensées, la jeune femme tendit le bras pour saisir son épaule. L’incitant à lui faire face, elle lui renvoya son regard. Elle souffrait, tout comme lui, d’avoir perdu l’une de ses amies les plus proches – si ce n’était la seule, la plus ancienne – de ne pas savoir ce qu’il était advenu de sa filleule et même tout simplement de cette tragédie qu’elle n’avait pas pu éviter aux Jedis. Syndrome du super-héros ou non, Mara ne pouvait s’empêcher de considérer qu’une partie, même infime, de cette attaque dévastatrice était sous la responsabilité de la Nouvelle République. Et de fait, sa responsabilité, par extension. Néanmoins, c’était surtout pour cette amitié qui la liait à Galen qu’elle tâchait de garder sa tristesse enfouie et de lui prodiguer un peu de soutien.

« Tu n’es pas un lâche, » répéta la capitaine avec un ton plus ferme. « Tu as fait ce qu’il fallait pour Myri et toi. Elle n’a plus que toi, maintenant, et au lieu de l’abandonner pour partir en quête d’une vengeance, tu es resté auprès d’elle. Tu as fait le bon choix, Galen. Tu es resté fidèle à tes préceptes, à ce qu’Allya aurait voulu. A toi-même. » Elle pinça les lèvres. « Ce n’est pas un manque de courage que de faire passer sa famille avant soi. Il en faut au contraire beaucoup plus pour quitter le champ de bataille que pour y demeurer. »

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Sourd à ses mots, le Jedi semblait trop profondément blessé par la perte de son épouse. Cette rage qu’il avait au ventre, Mara ne la devinait que trop bien ; elle brûlait d’un désir similaire au sien, celui de mettre fin aux exactions du Premier Ordre et de rendre justice aux morts. Et dans quelques années, ce besoin deviendrait si pressant qu’il en serait douloureux et impossible à ignorer – avec la perte d’Hosnian Prime, une partie de la jeune femme serait à jamais détruite. Toutefois, ce soir, elle était loin d’imaginer que l’attaque sur Yavin IV marquait le début d’une toute nouvelle guerre au sein de laquelle ils auraient tous un rôle à jouer. Devant la détresse du Chevalier, sa hargne et sa tristesse mêlées, elle cherchait un moyen de l’atteindre sans lui porter plus de préjudices. Devait-elle le laisser en paix, accepter la mort d’Allya et faire son deuil ? Devait-elle lui montrer qu’en dépit des morts, il avait encore des amis auprès de lui ? Ce fut ses dernières paroles qui figèrent Mara dans un silence pesant. Ses prunelles brillantes remontèrent finalement pour rencontrer le regard assombri de Galen.

« Et après ? Tu serais retourné auprès de Myri, pour la serrer dans tes bras ? » Elle attrapa l’une des mains du Jedi, avec une fermeté presque abrupte. « Tu l’aurais fait avec les mêmes mains ? Celles d’un meurtrier de sang-froid ? Celle d’un homme ayant perdu de vue la différence entre la justice et la vengeance ? » La rouquine le relâcha, se redressant. « Cinq ans, Kale. C’est à la fois bien assez et toujours peu, mais c’est suffisant pour que je sache quel genre d’homme tu es. » Il ne devait pas laisser sa peine le transformer, pas de cette façon. « Je ne comprends peut-être pas toutes les nuances de la... » Elle se tut brusquement, préférant ne pas prononcer le terme de Force à haute voix. « Je ne comprends peut-être pas la différence que vous semblez mettre entre ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Je ne considère pas ta témérité au combat, ou ta rage lorsque ta vie est en jeu comme quelque chose d’impropre à ce que tu es. » Un Jedi ne devait pas éprouver autant de colère, ou faire preuve d’une violence aussi débridée. « Mais je comprends le besoin de se venger et d’obtenir une justice quelconque. Et parvenir à venger les siens procure un bien fou. » Mara détourna le regard. « Un soulagement incroyable… et temporaire. Parce que la peine revient toujours, les morts le restent et rien ne peut enlever cette blessure. Jamais. » Après une brève pause, elle tourna à nouveau la tête vers lui. « Myri a besoin d’un père, pas d’un vengeur. Elle a besoin de toi, de ton soutien, de ton amour. Penses-tu qu’elle soit prête à perdre un autre parent ? Elle n’a plus que toi, Galen. » Cette fois-ci, son ton s’était radouci. Parler de Myri lui ramenait inlassablement des souvenirs de Lexi. Où était-elle ? Que lui était-il arrivé ? « Si Lexi était là, je ferais tout pour lui éviter de souffrir à nouveau. Parce que c’est ce qu’il faut faire, pour protéger les personnes que l’on aime. » Elle secoua la tête, sa voix reprenant des intonations plus fermes. Secouer un peu Kale ne lui ferait pas de mal. « Crie autant que tu veux, pleure autant que tu en as besoin. Mais ne dis jamais plus que tu aurais abandonné ta fille, ta fille Galen Kale, dans l’espoir de remettre la main sur le monstre qui a tué ta femme. Parce qu’aussi fort que tu sois, rien ne t’aurais assuré un retour triomphant. » Elle le vrilla de ses iris pâles. « Parce que c’est ça, faire preuve de lâcheté. C’est préférer risquer la mort plutôt que d’affronter d’autres obligations. Tu as peut-être perdu Allya, mais tu as encore Myri. Au travers des mois et des années qui viennent, elle aura encore plus besoin de son père. Alors prends cette soirée pour hurler ta rage s’il le faut, mais il est temps d’entamer ton deuil Galen. Tu le lui dois. Tu le dois à Myri. »

Ses paroles étaient peut-être dures, directes, néanmoins c’était ce qu’elle pensait. Kale la repousserait probablement, l’abandonnant au cœur de cette soirée pour ruminer de sombres pensées, mais elle aurait dit ce qu’elle avait sur le cœur. Prête à s’en aller s’il le lui demandait, Mara le dévisageait toutefois avec attention, guettant dans son regard une lueur moins morbide ou sauvage.

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Galen mit quelques minutes à reprendre la parole, les paroles de la capitaine s’entrechoquant dans son esprit. Elle n’avait pas besoin de télépathie pour savoir que son discours avait fait mouche – tout ce que Mara espérait, c’était d’être parvenue à atteindre le bon sens du Jedi à travers sa rage et son désespoir. De fait, elle laissa le silence s’étirer entre eux, lui jetant de temps à autre des regards curieux, presque inquiets. Il n’était pas le seul à souffrir, malgré tout. La fille de Kuat faisait preuve de retenue ce soir, prétendant être capable de le ramener sur le droit chemin, alors qu’elle se savait parfaitement incapable de suivre ses propres conseils. Pernicieuse, une petite voix répondait à ses inquiétudes en lui rétorquant qu’elle n’était pas une utilisatrice de la Force et qu’elle ne risquait, par conséquent, pas de s’abandonner aux ténèbres. Mais une partie de la jeune femme savait que ce n’était pas totalement vrai. Cette tentation n’était pas réservée aux Jedis, même si le risque était plus grand et la chute plus significative pour eux ; n’importe qui pouvait laisser la barre à ses démons intérieurs, jusqu’à perdre totalement le contrôle. La vengeance était une pente glissante qui avait mené bon nombre de personnes bénévolentes et loyales sur de sombres sentiers.

Finalement, Galen brisa leur quiétude toute relative, admettant qu’elle avait raison et qu’il en était plus ou moins conscient depuis le début. Qu’elle ait insisté sur son devoir auprès de Myri semblait avoir, au moins temporairement, chassé la soif de sang qui brillait dans ses prunelles d’acier. Un léger sourire souleva le coin de ses lèvres lorsqu’il vint à poser sa main sur la sienne, la remerciant – Mara acquiesça en silence à ses mots, l’observant avec attention pour déterminer s’il ne tentait pas d’apaiser ses craintes en dissimulant ses véritables pensées. Toutefois, elle dut admettre qu’à première vue, elle était parvenue à passer outre la carapace d’émotions négatives qui étouffait Galen. Sans oser prétendre lui avoir rendu l’espoir, elle lui avait rappelé ce qui comptait. L’espoir du Chevalier s’appelait Myri Allura, c’était à lui de s’en saisir et de ne plus jamais le laisser en arrière. Il refusa le verre que lui barman lui apporta, continuant sur son désir d’offrir à sa fille un futur paisible et sauf. Puis il marqua un temps d’arrêt, rajoutant une demande qui surprit Mara. Si elle considérait Galen et sa fille comme des amis, elle n’aurait jamais imaginé à ce qu’il puisse souhaiter sa présence. En soi, cela n’avait rien de surprenant, toutefois avec les récentes révélations qu’il venait de lui faire, elle était touchée par sa demande. Ils avaient tant perdu… Et même si la capitaine n’avait jamais réellement fait partie de cette grande famille qu’étaient les Jedis de Yavin IV, les premiers disciples de Luke Skylwalker en personne, elle les avait fréquentés suffisamment longtemps pour pleurer leur disparition.

« Tiens-moi au courant lorsque tu auras choisi votre nouvelle planète, » fit-elle en hochant doucement la tête. « Je viendrai. »

Il y avait d’autres choses qu’elle aurait aimé rajouter à ces deux mots, pourtant elle ne le fit pas. Autant laisser le père retourner auprès de sa fille. Lorsque son regard se posa à nouveau sur le verre d’alcool encore posé devant Galen, elle se souvint de la raison de sa présence en ces lieux. Banai pouvait venir la tirer par les oreilles à n’importe quel moment – et même si elle appréciait le lieutenant, sa désinvolture naturelle n’était pas adaptée à la situation actuelle. Autant éviter un moment gênant. Ainsi que préserver le secret du Chevalier. Elle fit un signe de la main au barman pour qu’il revienne, s’adressant à son ami le temps qu’il s’exécute.

« Ce ne sera pas facile tous les jours, j’en suis consciente, mais tu as fait le bon choix Galen. Tu sais où me joindre, si tu as besoin que l’on te le rappelle. » Mara glissa de son tabouret, tapotant brièvement l’avant-bras de son interlocuteur avec un sourire. « J’ai des soldats assoiffés à babysitter, je dois te laisser. » Le barman s’avança et elle lui passa rapidement commande en lui indiquant le box dans lequel son groupe s’était installé quelques minutes plus tôt. Il lui semblait pourtant que cela faisait déjà des heures. « Prends soin de temps, et passe le bonjour à Myri. »

Que les Etoiles veillent sur toi et les tiens, Galen Kale, car les épreuves à venir ne nous épargnerons pas. Hésitant brièvement, la capitaine se pencha finalement pour étreindre son compagnon, s’écartant ensuite avec un doux sourire avant de s’éloigner. Elle se mêla rapidement à la foule pour rallier les soldats de la Nouvelle République, disparaissant du champ de vision du Jedi.

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La froide saison pointait le bout de son museau sur Naboo, et une légère brise glacée s’était levée ce soir. Soigneusement emmitouflée dans une veste en cuir marron doublée de fourrure blanche, Mara avait bravé les basses températures pour rendre visite à un vieil ami pour lui annoncer la bonne nouvelle. Lorsqu’elle avait reçu ses ordres, ainsi que les rapports et les détails concernant sa nouvelle affectation, elle s’était sentie comme une gamine le jour de son anniversaire. Émerveillée par le concept, elle attendait avec une impatience mal dissimulée le jour de son transfert. Gratifiée du grade de commandant six mois plus tôt, elle avait bénéficié d’une offre de la part de ses supérieurs qu’elle n’avait pas pu refuser. Son propre vaisseau. Un croiseur lourd, qui plus est, tout juste sorti des chantiers de Kuat ! Qu’il provienne de sa planète natale était un plus, elle connaissait toutes les techniques qui y étaient utilisées, les matériaux les plus répandus, et le savoir-faire de ses artisans. Néanmoins, elle était encore surprise par les résultats obtenus. Fleuron de l’ingénierie spatiale, le croiseur promettait de rapidement devenir incontournable sur les champs de bataille. Et… Elle aurait pu en parler pendant des heures, de toutes les caractéristiques innovantes, de la technologie de pointe dont ils s’étaient servis pour le construire, de certains prototypes mis en place.

Elle en était tellement passionnée, en vérité, que le trajet jusqu’à la demeure de Galen passa en quelques secondes. L’esprit de Mara tournait à vive allure, chaque ligne du rapport lui revenant à l’esprit et entraînant d’autres pensées enthousiastes. Tapant ses bottes sur le perron, elle signifia ensuite sa présence et, dès que la porte pivota sur ses gonds, brandit la bouteille de vin-nectar promise dans son message. Elle gardait cette dernière pour une occasion spéciale, le jus de Nepoy, de la planète éponyme, étant l’un de ses spiritueux favoris. Le Jedi l’étreignit doucement, avant de l’interroger sur la teneur de sa fameuse « bonne nouvelle. » Elle se mordit les lèvres avec un sourire amusé, luttant contre son envie de lui dévoiler la vérité.

« Tu es bien curieux ! Ma présence ne suffit pas à compenser ce mystère ? » rétorqua-t-elle avec espièglerie, pénétrant dans la demeure avec une nonchalance trahissant les habitudes de ces dernières années. « Myri n’est pas là ? »

Elle se pencha vers le salon, cherchant la silhouette de l’adolescente sans la trouver. Habituellement, la gamine ne quittait pas souvent l’endroit – pas sans l’accord de son père au moins. Comme Mara l’espérait, la température à l’intérieur était plus que supportable, et elle se débarrassa de sa veste d’un haussement d’épaules. Bien que sa tenue civile soit de fait moins formelle que ses sempiternels uniformes, la jeune femme gardait une posture et une aura qui ne laissait guère de doutes sur sa profession ; qui plus est, le holster qui ceignait sa cuisse gauche abritait un Blaster de poing qui avertissait les plus imprudents. Elle s’en défit d’ailleurs sans hésiter, se sachant parfaitement en sécurité sous le toit du Chevalier.

« Je te dirai la vérité quand on sera installé : c’est le genre de nouvelle qui va bien avec du vin-nectar. »

Pivotant sur ses talons, Mara retourna son regard au Jedi, s’amusant de ce secret qu’elle refusait de lui confier pour le moment. Toutefois, il était aisé de remarquer sa propre impatience, qui dénotait avec son sérieux coutumier. Elle était toujours plus détendue en présence de Galen – et de personnes extérieures à son cercle militaire – mais ce soir était différent. Son sourire semblait ne pas pouvoir s’en aller, et ses prunelles pâles brillaient d’un éclat plus vif.

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