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J’ai le choix. Ou fuir, ou me jeter corps et âme dans la mêlée et espérer en ressortir pas trop morte. Je me relève avec peine alors que celle qui est devenue mon alliée contre son gré s’avance face au colosse. Je mesure à présent l’étendu de sa musculature, nue sous un poil abondant et légèrement ondulé. De petites cornes ornent sa tête, il a l’air tout à fait terrifiant et, pour mon plus grand malheur, pas seul. Mon analyse de son anatomie est coupée par l’entrée dans mon champ de vision d’une forme élancée et rapide qui se jette contre la chose. Je devine que c’est elle, sauf que j’ai plus peur pour elle que confiance en elle, surtout en la voyant pousser sans grand succès l’étrange être. Une nouvelle fois, elle me prouve que je devrais plutôt me mettre à l’abri que de me ronger les sangs pour elle alors que notre assaillant se mange une décharge violente qui lui arrache un gros cri.

La femme s’avance vers moi, je me prépare à filer quand elle disparaît, cachée par les corps des habitants de la Cantina. Je me rends compte qu’à mon tour je suis cernée, bien que moins de monde ne me porte attention à présent. J’ai très envie de disparaître mais il me semble bien que c’est impossible pour le moment. Je crois qu’il ne me reste plus qu’à vendre chèrement ma peau, ou alors trouver l’idée du siècle et sauver tout le monde. Actuellement, je me dis que je dois tenter le tout pour le tout, alors je lance un regard à la ronde pour voir ce qui pourrait nous aider.

[Dé de réflexion = petit échec lel
Dé de force = réussite -> inutilisable]

Malgré ma recherche frénétique je ne trouve rien qui puisse me servir à détourner les regards afin de fuir. Mes yeux se posent tantôt sur le bar, tantôt sur les musisciens qui se sont arrêtés, tantôt sur les visages qui me fixent et sur les sorties possibles, aussi. Mais rien, pas d’alarme à tirer, pas d’explosion à provoquer. En désespoir de cause, je joue des coudes et des pieds pour fendre la foule vers ma camarade d’infortune. Je provoque un grondement de colère encore plus impérieux et récolte un coup direct dans la mâchoire qui me fait tituber. Finalement, par chance ou pas, je suis poussée dans le dos vers ma destination. Je me rétablis tant bien que mal, le côté gauche de mon visage comme paralysé par l’électricité provoquée par le coup. J’utilise ma paume contre mon menton pour bouger de droite à gauche la partie mobile de mon crâne afin de vérifier que tout est en ordre. Le goût métallique du sang m’indique que je me suis ouverte la joue au passage.

Autour de moi, ou plutôt nous deux, s’est formé comme un Colysée de gens parés soit à en découdre, soit à apprécier le spectacle qui va s’ouvrir. Une main toujours posée contre ma joue qui commence à gonfler, je saisis à nouveau mon blaster en prenant une pose qui se veut féroce et assurée. D’accord, je ne suis pas née guerrière, mais enfin ce n’est pas une raison pour me sous-estimer et croire que je vais me laisser faire.

« Si vous avez des copains vous aussi, c’est le moment de les appeler. »

Je lance à ma compagne, dans l’espoir qu’elle ait une armée à disposition quelque part, histoire de nous protéger des amis du gros lourdeaux qu’elle a étalé. J’aurais terriblement aimé ne pas tomber sur cette femme et faire ma vie en paix, mais bon, ça ne sert à rien de regretter ce qui a été fait. Surtout que je n’en ai pas bien le temps. En très peu de temps, il se passe beaucoup de choses. Un type me saisit par le col, donnant le coup d’envoi à la rixe. Il me lance comme un rien plus loin, je heurte un autre type, un spectateur à en croire son cri d’indignation, et nous roulons contre le bar. Par chance, il absorbe le choc assez bien. Malgré tout, je reste sonnée un moment, secouée par le long vol plané.

Ma vue est brouillée par un voile noir épais, mais je ne sens pas de liquide poisseux contre ma nuque. J’en déduis que je suis juste clouée au sol pour un court moment, juste le temps de faire le point. Mes oreilles résonnent étrangement, comme si un carillon avait sonné trop fort, trop près de moi. Je sais que ça ne durera pas, c’est comme une petite anémie, sauf que là c’est la surprise qui me pose problème et fait battre la chamade à mon cœur. A part cela, un flot de lumière plus important me saute aux pupilles quand enfin je peux voir, ainsi qu’un courant d’air. Une porte aurait-elle été ouverte ? Est-ce que la grande femme s’est enfuie ? En me laissant derrière ?

Non, sinon il n’y aurait pas un mouvement brusque du côté de ma précédente position. J’essaie de me relever en m’appuyant sur le bar, ignorant les gémissements du type que j’écrase. Je chancelle un petit moment avant de me diriger en titubant plus ou moins vers la sortie. Je voudrais réessayer de trouver un truc pour détourner l’attention, mais tout le monde s’interrompt progressivement pour regarder dans ma direction, enfin au-delà, vers la porte d’entrée de la Cantina. Qu’est-ce que si ce passe ?

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