"Reviens Aumai!" Je cours je ne veux pas voir son visage, ses émotions fausses auquelles je ne crois plus. Comment avait elle pu me faire cela? Comment ces idées avaient elle pu s'infiltrer dans son esprit si pur. Mon exemple, mon modèle, corrompu par des principes bancals et mal intentionnés. Je m'étais engouffré dans les rues bondées de la ville, bousculant sur mon passge toutes les personnes m'empéchant d'avancer. Je ne comprends pas pourquoi elle se donne la peine de vouloir s'expliquer. Elle aurait pu partir disparaître, comme nos parents sans laisser de traces. "Aumai!" Sa voix se rapproche, plus forte, plus autoritaire. Je ne veux pas l'écouter je ne veux plus l'écouter. Tout ce qu'elle veut me dire, me faire comprendre je m'en contre fiche, car de toute façon je ne comprendrais jamais. Comment peut on changer à ce point. J'arrête brusquement ma course dans une rue déserte. Je lui tourne le dos, comme si j'appréhendais de voir son visage autrefois si bienveillant à mon égard. "Va-t'en!" Je serre les dents car je sais que si je me laisse aller je vais défaillir. Je ne veux pas, je vaut mieux que ça. "Petit frère, c'est comme ça. Essaye de comprendre" Presque à me supplier. Je n'en reviens pas comment ose-elle? Je sens sa main se poser sur mon épaule. Instinctivement je la repousse, sans violence mais d'un geste assuré, pour ensuite lui faire face, le visage dur. "Comment peux tu me demander de comprendre? Ce n'est pas moi qui a tout abandonné, qui a refoulé toutes les choses en lesquelles nous croyions!" Je me retiens, je me contrôle. Un Jedi n'agit pas comme ça Aumai! Elle ne voit pas à quelle point cela m'atteint, me touche. De toute façon ses yeux sont là mais ne voient plus, sa tête est là mais ne pense plus. Je n'ai qu'une coquille vide, faible face à moi qui a céder à des idées trop faciles à accepter. Je m'efforce de la regarder dans les yeux car je sais que c'est sûrement la dernière fois que je la vois. Je mémorise tous les contours, toutes les couleurs de son visage. Son regard n'est plus le même, beaucoup plus vide qu'avant. Je me rappelle de son regard vif quand nous nous entraînions pour l'Ordre. Je me rappelle du jour où j'avais compris grâce à elle que la Force siègeait en moi et que grâce à elle je l'avait trouvée. Nous étions donc les mêmes jusqu'à présent. Qu'est ce que j'avais raté? Quel signe n'avais je pas vu? Ce fut violent et sans appel. Cette annonce plus que brutale de son changement d'allégeance. Elle n'est qu'à un pas de moi je sens son souffle sur mon visage. Je ferme les yeux, m'imaginant ma soeur, la vraie pas cette copie falcifiée qui se trouve devant moi. C'est trop dur. Je recule de quelques pas comme pour considérer cette nouvelle personne face à moi. Mais elle ne semble pas d'accord et se rapproche de moi me saisissant mes deux poignets dans ses deux mains. "Je sais que tu peux comprendre Aumai! Tu m'as toujours comprise!" Elle passe du calme à la colère. Je sens ses mains se renfermer plus fort sur mes poignets. Me secouant comme le font certaines personnes pour asseoir leur autorité. Ecoute moi Aumai! Cette fois ce n'est plus ma voix intérieur qui me parle mais celle de ma soeur. On s'était promis de ne jamais rentrer dans nos têtes respectives. "Sors de ma tête!" J'essaye de parler calmement même si je sens qu'il m'est de plus en plus difficile de rester serein face à elle. Ses mains me lâchent. Elle me regarde comme pour comprendre qu'est ce qui cloche chez moi. Mais c'est elle qui ne va pas bien, qui déraille complètement. Son visage s'adoucit alors, j'espère alors qu'elle m'est revenue. Que ma soeur, mon aînée a réapparue. Mais je ne me fais pas trop d'idée, j'éteins rapidement cette lueur d'espoir. J'ignore ce qu'ils lui ont fait. Elle s'approche alors comme pour me serrer dans ces bras. Je la repousse sans un geste, l'obligeant à rester là où elle est. "Aumai, j'ai eu tord toutes ces années, c'est eux qui ont la solution. Ce sont eux qu'il faut suivre! Petit frère tu m'as toujours suivit, on a toujours fait pareil! Pourquoi tu ne veux plus m'écouter?" Ce n'était plus vraiment elle. Celle qui m'avait élevé, qui avait fait de moi la personne que je suis aujourd'hui. Je m'efforce de ne pas lui en vouloir, de me dire qu'avec tout ce qu'on lui a mis dans le crâne ma soeur à simplement disparue. Je ne veux garder que cette image d'elle qui disparait peu à peu face à moi. "Tu n'es plus ma soeur" Mon ton est galcial, tranchant. C'est dur de lui parler comme ça. Qui aurait dit qu'on finirait comme ça. Je sens une larme rouler lentement sur ma joue. Je l'essuie d'un revers de mains. Je n'ai plus le droit de céder à la faiblesse. Ma soeur en est l'exemple parfait. Je m'en vais de cette ruelle déserte, la laissant seule. Quand je passe à son niveau je lui souffle "Adieu" je ne sais plus comment je lui ai dit cela. Mais une chose est sûr c'est qu'aucune colère n'animait mes propos.