Par le passé, dans la seule et unique rencontre qu'ils avaient pu avoir, Jill Atin prouva un esprit vif capable de comprendre et d'analyser les situations. Pour cette raison peut-être, Gal'aad l'épargna, choisissant de respecter l'intelligence que la jeune fille possédait.
A présent, il souhaitait faire appel à cet esprit qu'il connaissait d'elle, y plaçant toute sa confiance. En quelques phrases, la mandalorienne parvint ainsi à répondre à ses questions, ne trébuchant pas, donnant des informations aussi pauvres que désirées. Elle ne pouvait faire plus quand cela était déjà beaucoup...
Jill craignait les pouvoirs du Ren, ainsi parlèrent ses mots, mais d'une manière différente des Siths cependant. Il acquiesça, ne savait pas comment lui-même pouvait se placer sur l'échelle de l'esprit par rapport à ce guerrier mystérieux. Certain prenaient un malin plaisir après tout à le considérer bête, idiot, et Gal'aad connaissait encore trop peu du mensonge pour douter. En cela, son style de combat pouvait parfois se révéler anarchique et bipolaire tout à la fois, selon le regard d'autrui posé sur lui.
Une bête féroce tout autant qu'un guerrier d'honneur. Jill l'avait vu avec ce même honneur, l'avait dessiné comme tel, monstre peut-être, mais non dénué de certaines qualités. D'une certaine manière, l'artiste récoltait ainsi ce qu'elle avait semé, Gal'aad se conduisant ainsi qu'elle l'avait souhaité tout autant que définit.

Une question le fit se figer soudain. Il prêta peu d'attention au tutoiement, celui-ci possédait assez de naturel pour que rien ne se cache derrière. Ce qui n'était pas naturel pour Gal'aad, cependant, c'était de demander.
Thrace le faisait bien sûr, hors justement cette jeune fille demandait de la même manière que la chiss: sans attendre de réponse, sans attendre de récompense pour cela. Une chose étrange et pure que Gal'aad ne pouvait nommer, que d'autres appelaient sincérité.

”Je....ne sais pas.”

Les éclairs auraient pu être pires, cela ne l'empêchait pas de les sentir encore en lui un peu. La part d'enfant qu'il possédait encore (qu'il possédait trop) voulait se recroqueviller et pleurer assez pour que tout disparaisse. Gal'aad n'écoutait jamais cet enfant, ses larmes n'étaient pas de tristesse quand elles coulaient, ses larmes étaient incontrôlées.

A nouveau, Jill le surprit en faisant ce qu'aurait pu faire Thrace, c'est à dire en faisant la bonne action : ne pas chercher à le consoler, lui donner simplement l'une des choses qu'il se savait apprécier.
A manger.
A manger sucré....

Il y eut un instant, un long instant de silence. Et puis Gal'aad commença à lever sa prothèse, la douleur semblait vouloir s'y loger, l'électricité adorait les différentes parties métalliques qui composaient son bras de toute évidence. Mais le bras bougeait encore, c'était le principal, envoyant des signaux de douleurs dans son épaule puis son corps entier.
La douleur, il ,ne restait que cela.

”Merci.... “

Depuis toujours, le sucre le réconfortait. Il ne savait pas s'il avait réellement été à sa place aujourd'hui, venu ici par hasard, à affronter un sith lorsque peut-être son Ordre possédait d'autres velléités les concernant...

”J'aimerai que tu témoignes, oui, mais je ne sais pas qui pourrait accepter ce témoignage encore ou si ce danger serait pris au sérieux. Inutile de te mettre en danger davantage. Pour le moment...”

Énigmatique, le Chevalier semblait l’être toujours autant : Lui même ne savait pas comment il se sentait. Alors Jill ne pouvait pas parler à sa place. A défaut de pouvoir faire quoi que ce soit à ce sujet, elle lui avait donné un croissant et il l’avait accepté sans plus de cérémonies. Il la remerciait, et la Mandalorienne en était contente. Elle était au moins soulagée. Pas qu’elle en eut besoin, des remerciements, mais cette proximité l’aidait à se sentir bien.
Elle avait beau être une Mandalorienne, guerrière intraitable selon bien des légendes, Jill se nourrissait de ce genre de contacts. Des petits gestes, des attentions qui ne dissimulaient pas d’intérêts personnels ni jeux de manipulation. Des gestes d’affection aussi, qu’elle ne s’imaginait pas du tout réclamer au Chevalier. Il l’avait déjà protégée plus tôt et elle en était reconnaissante.

“C’est normal.”

Avait-elle simplement répondu. Elle jetait un oeil suspicieux vers la direction dans laquelle était parti Ralkorb. Il avait disparu, et il était peut-être même déjà loin. Ce n’était pas une mauvaise chose du tout : c’était une tension en moins dans ses épaules douloureuses. L’inconfort de ses blessures était accentué par l’anxiété qui l’avait saisie.
Les propos de Gal’aad, hélas, ne permettaient pas à Jill de beaucoup aider leur cause. Elle sortait de nulle part, et il était effectivement difficile de croire sur paroles une Mandalorienne qui n’appréciait même pas le régime du Premier Ordre. On la soupçonnerait probablement de tendre un piège ou de vouloir les distraire, ou bien plus largement de mentir pour se faire mousser. Ou bien on la prendrait pour une paranoïaque, alors même que le Premier Ordre excellait dans ce domaine là.

“Je connais quelqu’un de bien placé qui me prendra au sérieux.”

Affirma donc Jill, pleine d’aplomb. Oh, non, elle n’allait certainement pas aller dans le détail au sujet de sa relation avec le capitaine du Precursor, mais elle pouvait au moins en dévoiler l’essentiel : Il y avait une personne au sein du Premier Ordre qui la croirait sur parole lorsqu’elle lui raconterait toutes ses péripéties.

“Le Capitaine Thrace, je la connais bien, elle me fait confiance. Je peux facilement la joindre.”

Enfin, aussi facilement que le permettait son emploi. Communiquer par holocom, c’était une chose, mais ces informations là ne seraient délivrées qu’en personne. Il lui faudrait poser un rendez-vous… Et ça n’était absolument pas un problème pour Jill. Peut-être même que le chevalier connaissait la Chiss, ce qui serait surement à leur avantage. La Mandalorienne ne s’étendit pas trop là dessus pour l’instant, préférant demander une chose qui concernait directement Gal’aad :

“Il y a moyen que je garde contact avec toi ? Comme ça, s’il se passe quelque chose ou si j’ai du nouveau, je peux tenir tout le monde informé.”

Bien sur, comme elle proposait son aide au Premier Ordre, elle n’hésiterait pas à la proposer à la Résistance et à toutes les factions qui pouvaient lutter contre une propagation de Siths dans la galaxie.

”Le problème ne sera pas de te prendre au sérieux, ton armure ets une preuve suffisante de même que tes souvenirs, cependant il y a la politique aussi, des décisions idiotes que certains rêvent de prendre, et puis des jeux de pouvoirs...”

En tant que Ren, en tant que chevalier, Gal'aad savait détester les siths. En soi, cela était idiot, le jeune homme n'avait rien d'un jedi et, de fait, ne possédait aucune doctrine à opposer aux seigneurs obscurs. L'homme que, par mimétisme avec Kylo Ren, il était sensé admirer, avait fait parti de cet ordre, pourtant gal'aad s'y refusait. Il ne savait même pas quelle vision du monde lui-même possédait exactement pour trouver en lui cette haine animale, au fond peut-être cela venait-il de son bras, d'un jedi à moitié fou qui face à lui, avait failli succomber à l'obscur. Le contraire d'un jedi n'était pas un Ren mais bien un Sith, et contre Hayden, Gal'aad avait du payer un prix élevé, ne survivant presque que par miracle.

L'homme eut soudain un reniflement d'enfant alors que Jill parlait d'autres contacts au PO. Il ne pouvait pas lui écraser son poing sur la tête puisque après tout, elle lui avait donné un croissant et ses précédentes actions avaient quand même visé à protéger la jeune fille, autant rester logique, mais l'envie s'en fit assez soudaine et présente.
Parce que Gal'aad n'était pas partageur, mais possessif et protecteur tout à la fois. Un homme avait remonté la piste de Jill déjà, un guerrier mystérieux, sans pitié, peut-être chercherait-il encore une vengeance? En ce cas il pouvait vouloir s'attaquer aux proches de la mandalorienne, et la Chiss en faisait partie.

”Mitth'rac'elani ...”

Et le nom avait roulé de sa gorge jusqu'à sa langue dans toutes les consonnances étranges qu'il possédait. Un caprice bien sûr, un caprice d'enfant pour prouver à Jill qu'il la connaissait aussi, mais surtout qu'il la connaissait bien, savait jusqu'à parler sa langue parfois et que...et que quoi?
Que cherchait-il à prouver?
Que Thrace ne s'éloignerait jamais de lui? La solitude lui sembla vent et tempêtes soudain, le sifflement de la neige et la condamnation du froid, et lui à terre, et lui perdu, sans personne pour venir le chercher ou le relever.
Kylo Ren était parti déjà, et son absence était une morsure au coeur de Gal'aad, imaginer Thrace être détournée de lui à son tour, il ne le voulait pas.
Et puis vint une autre question dont chaque mot possédait un poids. Face à Ralkorb, Jill avait annoncé vouloir se protéger des siths, elle, les siens également, et puis un mot plus neutre : les autres, tous les autres.
Cela évoquait leurs ennemis à eux, au Premier Ordre, les quelques jedi survivants, la Résistance aussi.
Il repensa à l'holocron qu'il avait réussi à dérober, celui de Luke Skywalker dans lequel l'homme évoquait sa peur des siths. Pouvait-on lui en vouloir, lui qui avait tant souffert à leurs mains, sacrifiant jeunesse et vie. Et quelles cicatrices l'Empereur avait-il laissé sur lui véritablement? Sans doutes de celles qui ne se soignaient pas.
Un frisson parcouru Gal'aad, ce n'était pas là le signe d'une prémonition de Force, simplement son esprit à lui qui se perdait en bien des conjectures: la menace Sith ferait-elle sortir Luke Skywalker de son exil, en ce cas quelles seraient les conséquences pour eux tous?
Via Jill, il pouvait se trouver un lien pour espionner les autres au moins un peu. Cela n'était pas à prendre à la légère.... Alors Gal'aad acquiesça, lui donna la fréquence de son comlink comme elle le lui demandait.

”Les choses vont bouger, c'est une certitude, quant à ton lien avec le capitaine Thrace.... attention à ce qu'il ne ternisse pas sa réputation à elle par tes liens avec certaines enclaves mandaloriennes ou bien la Résistance.”

Les mises au point de Gal’aad, bien que décourageantes, étaient malheureusement probables. Jill craignait bien que le Premier Ordre, ou au moins ceux qui étaient au pouvoir là bas, ne tentent d’utiliser la menace Sith à leur avantage d’une façon ou d’une autre. Jouer avec le feu parce qu’il pouvait leur donner plus de puissance ou leur donner des avantages sur le court terme. Ils leur donneraient peut-être la main, et les siths leur prendraient peut-être le bras. Sans vouloir faire d’esprit sur la condition du Chevalier.
Elle comprenait bien à quel point la situation pouvait devenir compliquée. Raison de plus pour elle parler aux bonnes personnes.

Personne que connaissait le Chevalier, puisqu’il prononça son nom complet avec tous les accents Chiss qu’il comprenait. Soit il connaissait son nom par coeur par hasard, soit il la connaissait bien, et la seconde solution était celle qui lui semblait la plus probable. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Elle acquiesça, pour confirmer son identité.
A première vue, une bonne chose : Il devait lui faire confiance s’il ne retenait pas la Mandalorienne. Autrement…
Ce qu’il ajoutait sonnait comme une alerte. Un avertissement pour la Mandalorienne, qui n’avait pas intérêt à nuire au Capitaine. S’ils comptaient tous les deux la protéger, c’était une bonne chose, mais comptaient-ils le faire de la même façon ? A ce sujet là, Gal’aad semblait intimer à Jill de garder profil bas, et c’était compréhensible. On pouvait accuser Thrace de traiter avec l’ennemi, d’accorder sa confiance à une étrangère, et des tas de choses qui risquaient de mal tourner. Elle ne le prit pas comme une menace, mais comme une recommandation.

“J’y veille déjà.”

Parce qu’elle était consciente de ces enjeux depuis le jour où Thrace lui avait révélé son affiliation au Premier Ordre.
Elle avait gagné en maturité et ses relations avaient évolué avec. Thrace était trop importante pour que son rang et sa valeur au sein du Premier Ordre soient compromis. Si elle devait se cacher pour lui éviter des problèmes, elle le ferait, tout aussi désagréable que cela puisse être. Bien sur il y avait aussi l'affection qu'elle portait au Capitaine, qu'elle dissimulait derrière la gravité de la situation. Tout plutôt que lui causer du tort. Elle ne protégeait pas Thrace parce qu'elle l'estimait trop faible pour se protéger, elle la protégeait parce qu'elle comptait pour elle.

“Merci.”

Elle avait noté la fréquence du Chevalier, et bientôt plus rien ne devait les retenir ici.
Jill devait s’organiser. En apprendre plus sur Ralkorb, en apprendre plus sur les légendes obscures qui entouraient les siths, arranger une rencontre avec Thrace… Et bien évidemment, se soigner et s’entraîner, parce qu’elle n’allait pas se sauver toute seule en cas d’attaque imprévue. Inquiète, Jill l’était évidemment. Elle était même morte d’inquiétude. Choquée aussi, par ce qu’il s’était passé ici, par les éclairs, la tension. Il n’y avait qu’en restant active qu’elle pouvait s’en sortir.