Depuis qu'Omega avait rejoint la Résistance, il était devenu très important de vérifier les stocks régulièrement. Maintenant fournis par ces derniers, Gwen devait tenir un registre pour justifier de chacune des utilisations et des manques afin de gérer un petit budget. C'était un désavantage, avant ils se débrouillaient, mais il ne fallait pas oublier tous les points positifs que cette alliance comprenait. Tuiren, son frère, avait un peu plus de mal à voir le « bon » côté. Il pouvait garder un œil sur sa sœur, c'était certain. Mais il avait un peu de mal à accepter certaines variantes, comme la puce prête à exploser dans son cerveau, l'épée de Damoclès dans sa tête. Malheureusement, il fallait faire avec. Au moins, elle pouvait conserver son infirmerie, son vaisseau, ses équipiers, son chef d'équipe.

La porte de l'infirmerie tinte, et Gwen lève les yeux vers son patient. En parlant de chef d'équipe, le voilà qu'il entre dans son infirmerie, le bougre, tout feu tout flamme, un petit sourire en coin. Il a forcément une idée derrière la tête. Comment le savait-elle ? Parce qu'elle le connaissait très bien depuis le temps. Lorsqu'il lui avait sauvé la vie, elle s'était appliquée à le soigner du mieux possible et il l'avait engagée dans son équipage. La jeune femme avait tout de suite dit oui. Tout le temps où ils avaient navigué ensemble, il s'était formé un lien plutôt torride entre ces deux-là. L'infirmerie était devenu le théâtre de leurs petites entrevues. Et s'il ne venait pas pour vraiment se faire soigner, car son impulsivité n'a d'égal que son sens de la mise en danger, il venait en général pour un petit câlin. «Alors... Tu as pu le revoir ? » Se serait-elle trompée ? Gwen sourit, se redressant de son bureau et approchant de son chef d'équipe. « Tu parles de mon frère ? Oui je l'ai revu. D'ailleurs, s'il pouvait, il t'en collerait une. » Plus qu'une, s'il pouvait. Il lui foutrait même un missile dans les dents. Mais c'était plutôt compréhensible, vu sa position. Viktor s'adosse au mur, il l'a regarde, et dans son regard naît une flamme qu'elle connaît bien. « Tu sais... Mon petit entraînement d'hier me lance encore... Tu n'aurais pas... Quelque chose pour moi ? Un petit remontant ? » La gamine ricane, elle rejette la tête en arrière, mains dans les poches de sa blouse blanche. Bingo.

La brune s'approche encore un peu. Il fait une tête de plus qu'elle, mais après tout, c'est aussi ce qui est intéressant. Elle baisse ses yeux, admirant son cou, son torse à travers ses vêtements. Elle se met sur la pointe des pieds, réduisant l'écart entre leurs deux visages, puis elle hausse les épaules. « Il semblerait que je vais devoir faire un check-up complet pour Monsieur. Tu connais la table d'observation. » Pour appuyer ses propos, elle fait un petit signe de tête en direction de ladite table.

Puis, elle recule en lui laissant la place nécessaire afin de s'installer. En oubliant le jeu, il ne faut pas négliger la santé de Viktor, puisqu'il se met toujours dans de belles situations, autant vérifier qu'il n'aie pas trop fait de bêtises au passage. « Retire ton t-shirt, tout de suite. » Un peu autoritaire ? Peut-être. Mais elle aimait bien se donner ce petit côté. Et tandis qu'elle attendait qu'il lui obéisse, elle l'observe. Elle connaissait son corps par cœur. Chaque parcelle de son corps, chaque muscle sous sa peau, chaque recoin de son être. Gwen avait eu le temps de les apprendre, de se former une carte mentale des endroits qu'elle préférait, et ceux qu'il aimait en particulier.

Puis, elle fait de nouveau un pas vers lui, s'approche dangereusement pour finalement écraser ses lèvres contre celles de son supérieur. C'est cliché comme situation, non ? Mais tant pis, autant assumer son cliché jusqu'au bout. Le baiser qu'elle lui donne n 'a rien de passionnel, ni de romantique, il a simplement la rage d'un animal qui ne demande qu'à chasser, et c'est précisément la raison qui les as menés ici, à cet instant précis.