La confrontation avec les hautes autorités n'était pas à prendre à la légère. Pourtant, Gwen ne pipait mot face à la véhémence de Moira, tout simplement car les mots d'une mère ont plus d'impact que celui d'un soldat. Personne ne pouvait retranscrire l'inquiétude et la terreur d'une mère face à la possible perte de son enfant, et il était clair que son amie n'avait pas besoin d'elle pour cela. La jeune femme se contentait seulement de la tempérer lorsqu'elle la sentait partir en vrille, il fallait éviter tout de même d'outrager l'Amiral. Cela se révélerait bien plus contre-productif. Elles n'avaient que peu à perdre dans cette histoire : plaider un coup de sang, la détresse émotionnelle était le meilleur angle d'attaque. D'autant plus que toute les communications seraient bonnes à prendre pour preuves : s'ils avaient du temps à perdre, ils pourraient même se rendre sur Yavin IV. Mais la plus grand preuve qu'elles avaient ramené était la petite fille qui se battait pour garder la vie dans l'infirmerie. Rien au monde n'était plus évident que cela. Les états de faits de Gwen et de Moira réunies suffisait à prouver leur engagement envers la Résistante. Mais elles avaient beau être des soldats, elles étaient avant tout humaine, et par extension, l'amour, l'amitié et la confiance surmontait le reste sans l'ombre d'un doute. « Je prends toutes les responsabilités, je suis celle qui a entraîné le soldat Yesmeth, sachant pertinemment qu’elle m’accompagnerait. Moira regarde sa meilleure amie. Qu’elle me suivra toujours. » Sans l'ombre d'une hésitation Gwen vint renchérir : « Je n'aurais pas hésité une seule seconde. » C'est ce genre de confiance et de dévouement sans faille qu'il fallait voir dans cette relation. C'est d'ailleurs un atout autant qu'une faiblesse, car leur attachement pouvait être retourné contre elles, mais elles pouvaient également soulever des montagnes à deux si leur cœur le leur demandait. «  Le Major Sayall m'a demandé de l'accompagner sur Yavin IV. Je suis la personne responsable du vol du vaisseau ; j'ai piloté sur tout le trajet, j'ai désactivé les traceurs et les systèmes de reconnaissance afin d'éviter l'incident si jamais nous croisions l'ennemi.  » « Vous serez toutes deux mises en détention jusqu’à ce que nous prenions une décision à votre sujet. Nous vérifierons les données fournies par le Major Sayall ainsi que celles de la navette. Par mesure de sécurité, nous ferons également vérifier le droïde. »

Le sujet était clos. Les deux jeunes femmes furent emmenées en détention sans un mot. Sur le trajet, Gwen vint saisir la main de son amie. Même enfermées, elles seraient ensemble, elles seraient plus fortes. La porte se referme derrière elles d'un air sinistre : la pièce, toute blanche semble être sortie d'un asile. Elles ont été dépouillées de tous leurs systèmes de communication. Ainsi, Moira s'était retrouvée sans son droïde, et Gwen ne pourrait plus donner signe de vie à Darell pour quelques temps. La punition en valait la peine : Aloy avait de nouveau une chance d'être sauvée. «  T'en fais pas, Grumpy ne sera pas le seul à gérer si tu veux mon avis. Une fois réveillée, Aloy fera un scandale pour te voir. Elle doit avoir ton caractère : telle mère, telle fille.  » Gwen vint s'asseoir en face de son amie et lui sourit. «  On a fait ce qu'il fallait. Et puis, ça nous a jamais dérangées d'être toute les deux dans une pièce. C'est un peu comme une pyjama party forcée.  » La pilote croisait les jambes. «  De toute façon, je crois qu'il faut se changer les idées. T'es tendue comme un string, et je crois que tu as deux ou trois trucs à me raconter.  »

Plus tard, le duo apprendrait que Aloy allait bien. Que les données concordait avec leurs témoignages, mais que malgré tout, elles écopaient d'une punition. Ce n'était rien : elles avaient fait ce qui est juste, ce n'était qu'un mauvais moment à passer, et les larmes, l'inquiétude, laisseront leur place aux sourires, aux souvenirs et aux plaisanteries quand tout sera fini. Pour le moment, elles étaient deux gamines en détention, et même la pièce sans âme retrouvait un peu de chaleur de par les rire des deux femmes.