Jill avait accompli sa mission à la presque perfection. Bien qu’un peu déçue par les récompenses de sa folie récupératrice, elle avait au moins un butin. C’était mieux que rien. Et plus encore, elle avait eu le temps de créer sa petite oeuvre d’art locale, qu’elle signait habituellement d’un gizka orange.
Là, elle n’avait pas lésiné sur les couleurs et les petites piques destinées à agacer le premier ordre. Repeindre les véhicules en couleurs criardes, y ajouter des petites étoiles et des petits coeurs… Qu’y avait-il de mal ? Ca leur donnait un petit air… Fabulous ! Mais il semblait que ça ne collait pas vraiment à la charte graphique du copycat de l’Empire.

En termes d’inspirations, la Mandalorienne piochait dans les plus grandes références de son peuple : Sabine Wren était une célébrité dans l’art urbain et engagé. Elle s’opposait à l’Empire et laissait sa marque partout là où elle passait. Le cubisme Mandalorien était également l’une de ses inspirations. Elle avait vu les fresques murales de Keldabe, elle avait vu les tentures sur Concord Dawn.

Bref. Tout ça pour vandaliser culturellement les possessions du Premier Ordre ! Ca valait le coup, non ? D’ailleurs, elle avait même dessiné l’un de ses gizkas signature sur le torse du trooper assoupi au sol. Pour parfaire le travail.

Lorsqu’enfin sa camarade réapparut, c’était en sonnant l’alarme de retour au QG ! Mais un quartier général, en avaient-elles vraiment un ? Pas vraiment. Jill mit le filet contenant ses trouvailles sur son épaule et commença à courir à toutes jambes, comme sa camarade. Direction le garage où elle avait laissé son speeder. Si elles avaient suffisamment d’avance, pas de risques de se faire attraper par les troopers, si ? A moins que le signalement de Lume n’ait été donné, mais ça aurait été surprenant. La présence du Premier Ordre ici semblait minime, et la blonde avait porté un casque sur la tête.

“Bien joué ! Ils sont loin ?”

Rassurée, la mandalorienne n’en courant pas moins vite pour autant. Plus tôt elles seraient arrivées en sécurité et posées, moins elles couraient de risque de type en armure blanche immaculée.
D’ailleurs, quelques minutes les avaient enfin menées à leur objectif, et il semblait qu’aucun autre soldat n’aie décidé de les intercepter en chemin. Bonne nouvelle, surement ! Elle n’avait pas eu l’impression d’être suivie non plus.

Essoufflée, Jill pensa tout de même à regarder autour d’elle avant d’enlever son casque et poser son filet plein de bric à brac. Elle était quand même admirative de sa camarade. Elle avait du faire un sacré rodéo avec les troopers et s'en sortir sans la moindre égratignure !

“Balèze. Tu fais ça souvent, nan ? C’est dommage que t’aie pas pu leur laisser un petit mot aussi.”

Elle commençait à sortir le matériel volé, et songeait à la façon dont elle allait le modifier pour qu’il ne soit plus reconnaissable, en l’observant entre ses mains.

“T’as vu ? J’ai récupéré un nouveau tableau de bord, un filtre à énergie et des servomoteurs. J’pense que je vais mettre des ailerons sur mon speeder, pour stabiliser, et puis genre ils pourront se replier pour se faufiler et tout tu vois ?”

Débrouillarde, il ne lui restait plus qu’à dessiner les plans de ce qu’elle imaginait pour que le projet prenne vie. Avec un petit coup de pouce appréciable de Lume. Si l’humeur de Jill avait été neutre à son arrivée ici, elle était maintenant contente de leur petite aventure. Pas au point de faire ça tous les jours parce qu’elle voulait éviter une prime sur sa tête, mais une fois de temps en temps… Avec plaisir ! L’adrénaline lui avait donné le sourire.

“C’était sympa. T’as des trucs prévus d’ton coté ? Tu restes ici jusque quand ?”

Qui sait, elles pouvaient toujours se balader, boire un verre ? En vrai, mieux valait garder profil bas. Mais… Mais la mandalorienne avait prévu sa soif : Elle avait ramené ses propres bières, cachées sagement sous l’établi.

La frayeur de sa vie ! Arrivée au camp de base, aka, le garage, Jill n’avait pas du tout vu venir la bête supposément féroce qui attaquait sa camarade à coups de langue. La mandalorienne, comme n’importe quel être doué de conscience en cette galaxie, avait sursauté comme jamais en la voyant débouler.

“Ah ! - S’était-elle exclamée dans une premier temps - Vue comme ça, elle est moins impressionnante, ta bestiole !”

S’amusa la guerrière. Mais bon, elle ne doutait pas de l’efficacité des crocs de Cano, et loin de là l’idée de la provoquer ! Son propre peuple était généralement à l’aise avec les bêtes dangereuses. L’élevage de Strills pour le combat et la chasse était des plus courants, et l’une des armes les plus réputées des mandaloriens était un droïde de guerre à l’allure insectoïde, inspirée d’animaux chevauchés par les Taungs il y a bien des milliers d’années. Entre ça et la nature de chasseurs éleveurs nomades des mandos, autant dire qu’elle ne risquait pas d’être allergique au poil de chien kath. (ça aurait été facheux)

“Tu t’es bien foutue de leur gueule ! Bien fait. Ils méritent qu’on leur fasse la vie dure, ça montre aux gens du coin qu’ils sont pas intouchables.”

Est-ce que c’était forcément sage ? Pas vraiment. Jill était dans la fougue de la jeunesse, et voyait le côté positif des choses. Elle ne percevait pas la portée négative de ses actes : Les troopers allaient-ils se venger sur les civils ? Aucune idée. Rien ne saurait le dire, mais elle aimait penser que les habitants d’Anachore ne se laisseraient pas faire comme ça.

“Bah ! Ton bonhomme a pas besoin de savoir ce qu’on a fait, si ? A part si tu veux lui raconter juste pour le faire rager.” Fit-elle en tirant la langue. Elle était bien du genre à faire grincer des dents ses responsables en leur affichant les mille et unes conneries accomplies dans la semaine lorsqu’ils ne surveillaient pas.

“Moi va falloir que j’bosse sur ma machine. Après... j’ramène tout mon bordel au vaisseau. J’ai quelques heures devant moi, faudrait pas que les autres m’oublient ici.”

Certainement qu’elles devraient échanger leur coordonnées si elles voulaient accomplir d’autres mauvais coups ensembles à l’avenir. C’était une sage idée. Enfin, sage, façon de parler bien sur !

La bestiole, impressionnante, était aussi plus rassurante quand elle faisait coucouche panier dans son coin. Jill était un peu plus détendue quand l’animal ne venait pas baver sur ses bottes, disons le. Elle craignait plus pour son matériel que pour sa propre vie, ceci dit.
Lume était une personnalité un peu à part ! Elle semblait s’accrocher à son titre de voleuse comme une moule à son rocher, et le revendiquait haut et fort. Comme lorsqu’elle s’était moquée des troopers en leur balançant clairement son identité. Elle avait une prime sur la tête mais ne cherchait pas spécialement à y échapper. C’était une optique de la vie que ne partageait pas la mandalorienne, mais qui devait avoir le mérite de ne jamais s’ennuyer. Live fast, die young, quelque chose comme ça ?
Son enthousiasme était amusant à voir, elle avait une sorte de fougue et on l’imaginait plus facilement raisonner comme une enfant plutôt qu’en adulte. Mais avec ce qu’elle avait vécu, était-ce étonnant ? Dans le fond, la mando s’imaginait que Lume méritait de pouvoir se comporter comme elle le faisait. Elle rattrapait le temps qu’elle avait perdu dans une cage, quelque part.

“Tu vas avoir une réputation en duracier, c’est moi qui te l’dis ! Tu sais, j’pourrais raconter des trucs sur toi dans les cantinas. Genre “Ouais, elle est sans pitié, rapide comme l’éclair, et sa bestiole a dévoré des dizaines de personnes !” et tout tu vois ?”

Bon, elle n’allait pas dire qu’elle mesurait deux mètres cinquante, et qu’elle avait combattu quarante hommes sous ses yeux sans une égratignure, mais le portrait était facile à imaginer. Créer une légende urbaine que tous craindront jusqu’au fin fond de la galaxie.

Interrompue dans ses pensées, elle paniqua une fraction de seconde mais attrapa le casque de stromtrooper qui lui était jeté à la figure par Lume. Que quoi comment ? La demande, brève et efficace, n’eut aucun problème à convaincre Jill. Elle, peindre un casque de trooper ? Avec grand plaisir !

“J’te fais ça direct.”

Un bel objet décoratif, sans aucun doute, mais ça ferait aussi un joli accessoire de tête. Elle le retourna dans un sens, puis dans l’autre, pour visualiser un peu ce qu’elle voulait en faire. En premier, elle s’empara d’un rouleau de scotch de peindre pour masquer les lentilles des yeux et les lignes noires qui traçaient une sorte de bouche sur l’armure.
Son pistolet à peinture était encore largement assez chargé pour faire ça.
Elle jeta un coup d’oeil au Vornskr, puis au casque, se décidant pour une allure flamboyante et bestiale : Inspiré par des casques retrouvés de la Guerre des Clones, elle fit d’abord une sous couche gris sombre sur l’ensemble du casque, puis rajouta un motif de tête de Vornskr en orange vif, partant du haut de la tête jusqu’en bas du menton, comme un masque représentant la bête. Vu de coté, on voyait les crocs de la bête. Experte, elle retournait le casque, appliquait quelques jets de peinture, du plus large aplat au plus fin, méthodiquement.
Quelques variations de couleurs vinrent s’ajouter pour rajouter un peu de profondeur à l’oeuvre, avec comme des yeux luisants qui donnaient vie à la bête.
Une fois contente de son oeuvre, elle le souleva devant elle. La peinture à séchage rapide avait l’avantage de pouvoir être pris en main quelques minutes à peine après application. Du coup, elle put le tourner, face vers Lume, et le lui tendre.
De toute évidence, elle avait été plongée dans l’exercice du début à la fin. C’était son truc à elle.

“Ca te plait ?”