Bien loin d’être sûre d’elle, probablement portée par un soudain excès de zèle, Gwen se demande si elle a bien fait de pousser le jeu jusqu’ici. Parfois, elle s’autorise pire encore, de petites piques acerbes, pour lesquelles certains de ses subordonnés auraient déjà perdu la vie. Quelque part, s’il la gardait intacte alors qu’elle se montrait aussi impétueuse, c’est qu’il appréciait ça. Peut-être que d’avoir quelqu’un qu’il ne peut pas contrôler lui donne une forme d’amusement, d’excitation. Elle est son inconnu, sa plongée dans l’incertain. Peut-être en était lui-même perturbé. Car s’il avait démontré de nombreux talents et de formidables capacités pour des choses que Gwen était incapable de comprendre, puisqu’elle n’était pas du même genre, elle avait de nombreux points positifs, et un courage à tout épreuve. Il faut dire que lorsque l’on est régulièrement la seule survivante de catastrophes, on s’endurcit autant physiquement que mentalement. Elle n’était pas sensible à la Force, elle n’avait aucun talent inné : simplement un esprit vif et une langue bien pendue. Cela avait eu le mérite de faire reconsidérer sa position à Jude… Et pendant quelques longs instants où la Résistante avait retenu son souffle, angoissée de voir son vis-à-vis n’accorder aucun crédit à ses paroles, lui rire au nez en lui disant qu’elle s’était plantée sur toute la ligne, elle constate avec surprise qu’il… La complimente ? Quoi… Elle avait réussi ? Il ne peut pas s’empêcher de l’appeler « petite Gwen », surnom qu’elle a en horreur, mais après tout, dans la phrase, il lui reconnaissait une certaine valeur. Un petit sourire s’affiche sur le visage de la brune, mais juste un bref instant, le temps d’un battement de cil. Il n’avait plus le choix : il devait faire d’elle une alliée et de ce fait, lui accorder un soupçon de confiance. Et, enfin, depuis la première fois qu’ils se sont rencontrés, Jude se confie partiellement à elle. Sans infirmer ni confirmer les idées de Gwen, Jude admet qu’il fait partie d’un groupe qui n’a rien à voir avec la Résistance et le Premier Ordre. Ainsi, il obéit à ses propres objectifs et même s’ils ne les intéressent pas directement, ils n’hésiteraient pas à les décimer pour parvenir à leurs fins. « Des saints ? A partir du moment où tu es des leurs, ils ne peuvent pas être des saints. » Merde, il faut vraiment qu’elle apprenne à se taire… Le sujet dérive enfin sur le Régicide et sur la relation qu’entretien Jude avec lui. Elle aurait pensé, aux premiers abords, qu’ils se seraient alliés. Au lieu de cela, Gwen comprend de son discours mène à autre chose. D’une simple déduction, elle comprend le lien entre Nihilus et l’organisation de Jude. « Tu veux dire que tu l’as rencontré après la bataille de Naboo ? Tu as vu la fille, alors ? » Lorsqu’elle parle de la fille, elle parle bien évidemment de la rouquine qui est accusée d’avoir porté le poison aux lèvres du Roi de Naboo. La pilote est parfaitement au courant que cette gamine est liée de très près aux Jedi, et le rassemblement de la fête des saisons lui avait fait comprendre qu’il s’agissait de la fille de l’un d’entre eux, Hayden, avec qui elle avait été en mission pour récupérer la carte. « Je peux être en contact avec le Jedi le plus concerné par cette affaire. Je crois que la rousse est sa fille. C’est un assez bon motif pour qu’il prenne toute mes paroles au sérieux. Au fond, je ne lui mentirai même pas. » Et enfin, les mots ; l’accord ne tiendrait plus au moindre écart. « Je ne comptais pas prendre ce risque. Sinon, je ne serais pas venue désarmée. » Gwen aussi les épaules, soulagée. Il avait reconnu en elle une force assez atypique, et elle en avait fait son allié. Même si cette alliance était fragile, et difficile de par leurs différences, elle était certaine qu’elle porterait ses fruits le moment voulu. Portant enfin le verre à ses lèvres, elle le lève avant de boire, comme pour sceller son pacte. Son pacte avec le Diable.