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You're only human after all (Fawn Lagh)

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Le visage enfouit dans mes mains, je ne vois pas que Voren a fait demi-tour, ni qu’il tire dans le tas, seulement le sifflement du blaster puis le son étouffé d’un corps qui tombe en criant de douleur me fait relever la tête, juste par curiosité. Je m’attendais à beaucoup de choses, comme le son d’une vibrolame qui viendrait me trancher la gorge, ou le son de coups de poings contre mon corps, mais pas tellement à ce que mon assaillant pousse un hurlement et s’écroule. Mon champs de vision est coupé par Voren qui m’attrape pour me relever avec force, je n’ai pas le choix il faut que je le suive. J’essaie de déplier mes jambes sans faire de nœuds histoire de ne pas me casser la figure et lui emboîte le pas. De toute façon, vu sa poigne, je n’ai pas vraiment le choix.

Je laisse derrière moi mon blaster et le pochon vide, heureusement j’ai toujours mon précieux sac sur les épaules, la blaster était vieux et usé, et puis mon talent en tir le rendait relativement obsolète. Il me désigne quelque chose, je ne prends pas le temps de chercher précisément qu’elle est notre destination parce que Voren a lâché ma main et que je me concentre pour le suivre en slalomant dans la foule. Je devine que plus l’on se noie parmi les gens, plus il nous sera facile de nous tirer de ce mauvais pas. Enfin, du mauvais pas de Voren et de mes choix désastreux. Je le suis derrière une pile de caisses, essayant de me blotir dans un coin et me faire toute petite. Je réponds à sa question en hochant la tête, à moitié essoufflée, à moitié très paniquée. Je renifle bruyamment histoire de ne pas fondre en larmes.

Je crois que nos assaillants nous ont perdus de vue parce que personne ne vient nous tirer dessus, alors je me calme difficilement et porte mon regard sur le pauvre Voren. Il a morflé, il est tout rouge et souffle comme un bœuf. Mais il sourit. Je décide de m’occuper de lui quand j’aurais maîtrisé mes dix-huit points de côté et que mon rythme cardiaque sera repassé vers les 70 battements par minute.

Quand il me dit que ça n’aurait pas dû se passer comme ça, je me fais la réflexion qu’en même temps j’aurais été un peu inquiète s’il avait pensé l’inverse. C’est pas une vie de devoir affronter des gars chaque jour, avoir des accidents et pisser le sang à longueur de temps.

« Qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vais faire… mh… je fais mine de réfléchir puis… Je vais m’éloigner de vous et votre poisse ! »

J’adresse au jeune homme un sourire amusé après avoir proféré mon demi-mensonge. Je farfouille dans mon sac, louant le ciel que celui-ci soit toujours avec moi. Je sors une bouteille d’eau claire et la tend à Voren.

« Tenez, buvez. Vous avez l’air épuisé, vous êtes sûr que ça ira ? »

D’accord, je suis un peu inquiète, je dirais que c’est à cause de ma carrière de médecin, ou alors parce que j’aime bien ce gars qui fait comme s’il maîtrisait la situation alors qu’en fait… il a aussi peu de chance que moi.

« Je pense que je vais aller au statioport prendre une navette… Et vous ? »

Je cherche à nouveau dans mon sac afin d’en extraire mon porte-monnaie et mon holopad dans l’espoir d’avoir une requête pour un travail, mais celui-ci est vide. En le reposant, je laisse échapper mon jeu de photos aux pieds de Voren. Dans un volet, il y a ma famille d’adoption et dans l’autre, trois inconnus. Un bébé et deux adultes. Ma maman m’a toujours dit de la garder précieusement, parce qu’un jour je pourrais agrandir ma famille grâce à cette photo.

« C’est ma famille. Je souris à Voren avec tendresse, caressant du pouce l’image de mes frères. On habitait sur Sprinzen, vous connaissez ? »

Je range les images dans mon sac en rougissant, ne sachant pas si Voren irait au même endroit que moi et si je devais l’attendre ou si nos chemins se séparaient.


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Après une (très) courte réflexion, Fawn me dévoile son plan du moment : trouver refuge loin de moi. Son exclamation m'arrache un léger rire, parce qu'au fond, elle aurait bien raison de me fuir, moi et mes problèmes. Pourtant elle se contente de sourire, comme si ça n'était qu'une bonne blague, et je suis sincèrement surpris du recul avec lequel elle accepte tout ce qui lui arrive par ma faute. D'autres m'auraient dénoncé et jeté dans la gueule du loup depuis longtemps, certains en espérant même en tirer quelques crédits en plus de sauver leur peau. Fawn non, elle se contente de courir et de se cacher avec moi, malgré tous les risques que cela implique.

Elle n'est vraiment pas normale, c'est certain. Je ne peux pas m'empêcher de la sonder alors qu'elle fouille son sac. Ses traits sont fins, et elle n'a clairement pas la carrure d'une grosse brute, mais le plus étonnant, c'est que cette gentillesse incroyable et sans fin dont elle fait preuve semble même rayonner tout autour d'elle, comme une aura bienveillante. Quand elle me tend une bouteille d'eau avec un air complètement désintéressé et même inquiet, je me demande comment un ange pareil a bien pu atterrir et surtout survivre sur une planète comme celle-ci. "Oui merci, ça va aller j'ai connu pire." Je lui avoue avec un léger sourire sans développer, parce que malgré la profonde empathie avec laquelle Fawn me traite, je ne peux pas délibérément lui révéler mon statut d'espion et la véritable raison de ma présence ici. Alors j'avale deux gorgées qui me redonnent l'impression de vivre, et je lui rend sa bouteille parce que je ne veux pas abuser non plus.

Et puis elle me retourne ma question pour savoir ce que je prévois pour la suite. "Je vais me tirer d'ici vite fait bien fait moi aussi." Je lui dévoile en haussant les sourcils, comme s'il aurait été fou que je lui annonce l'inverse. Et puis comme elle m'annonce qu'elle songe à trouver une navette, l'idée me vient de lui trouver et lui offrir au moins un voyage sûr et confortable loin d'ici. Ce serait une chouette façon de me faire un minimum pardonner pour toutes ses mésaventures. Je n'ai cependant pas le temps d'énoncer ma proposition, parce que Fawn vide à moitié son sac à mes pieds, et deux photos tombent devant moi. Elle ramasse la première et m'explique sans que je ne demande rien qu'il s'agit de sa famille. Je jette un nouveau regard attentif à la photo, mais je n'y reconnais personne. Aucune trace de Milo donc, de quoi me mettre le doute de leur lien biologique. "Non, désolé." Le fait qu'elle parle au passé ne me dit rien qui vaille, alors je n'ajoute rien, je ne demande pas de détail, parce que je ne veux surtout pas remuer sans le vouloir le couteau dans la plaie. Par précaution, je me contente de ramasser la seconde photo à mes pieds pour lui tendre en changeant de sujet. "Et ça, c'est qui ?" Je la questionne avec un intérêt innocent, comme pour établir un semblant de lien en la faisant parler d'elle, pour en apprendre un peu plus sur ma sauveuse de la journée. Je ne veux surtout pas l'oublier, parce que c'est pour des gens comme elle que je me bats tous les jours dans l'espoir de retrouver l'ordre et la paix dans la galaxie.
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Le souffle court à cause de la fuite, je récupère ma bouteille et la vide d’un long trait, manquant de m’étouffer et rendant ma respiration plus saccadée encore. Voren va aussi décoller de cette planète, ceci dit, je me demande qui, dans sa situation, serait resté ? J’espère au même moment que sa destination ne soit pas la même que moi, pas que je ne l’apprécie pas, mais j’avoue que risquer ma vie chaque jour ça ne me plaît pas trop. Et puis quoi, regardez-moi ! Je ne suis pas bâtie pour les courses effrénées. Non, non moi j’aspire à une vie calme et sereine, auprès de mes enfants et avec un métier stable. Rien de bien fou, certes, mais pas de bobos !

Je fais tomber le contenu de mon sac comme pour souligner que je ne suis pas apte à vivre ailleurs que dans un milieu sécurisé tellement mon corps est déjà un ennemi. Je me laisse tomber pour en ramasser le contenu au moment où Voren se montre assez serviable pour me donner un coup de main.

« Oh nonne vous excusez pas ! Je rougis violement, honteuse de l’avoir ennuyé avec mes histoires, c’est vraiment une petite planète inconnue, je suis désolée ! »

Je récupère la seconde photo, mais il relance la conversation. Par intérêt ou politesse ? Aucune idée. Je tourne l’image pour la regarder dans le bon sens et me perd dans la contemplation de ses visages que j’ai finis par connaître sur le bout des doigts. Un poupin dans les bras d’une femme magnifique, assise. Derrière elle, un homme à la large carrure. Je sais qui ils sont : mon sang, ma chair. Ma famille. Enfin… ma famille biologique seulement.

« Eh bien… il me semble que c’est ma mère, mais je n’en suis pas certaine… »

Je n’ose pas lui dire que j’en ai la certitude, non-seulement les faits me le confirment mais également… une sensation. Un frémissement sur ma peau quand je regarde cette photo. Je finis d’expliquer à Voren l’histoire de l’image, puisqu’elle l’intéresse : « Ma mère m’a dit que ma mère… enfin ma génitrice… » Je ne sais plus comment la nommer, oh, bien sûr je sais qu’elle est ma mère, ma vraie mère, pourtant… pourtant celle qui m’a bordée, aimée, nourri… ce n’est pas la femme à l’enfant de la photo. Je reprends toutefois en cachant mes hésitations linguistiques : « Elle a laissé cette photo avec moi à l’orphelinat ».

Je souris au jeune homme, dépitée à l’idée que je puisse me rendre misérable en racontant ma vie. Ce n’est pas le but, et de toute façon je crois que je suis chanceuse, enfin… plutôt chanceuse. La preuve, je suis là, capable de discuter avec ce type, guidée par une chance immense ou une très bonne étoile. Après tout, avec tous les ennuis que je m’attire il ne pourrait en être autrement !

« Si vous passez par-là pour vos vacances, faites-moi un signe ! Enfin… j’espère que quand vous prenez des vacances, c’est loin des ennuis ! »

En réalité, il ne restait là-bas qu’une maison probablement envahie de poussière, j’avais simplement abandonné cette ferme sans la vendre, sans jamais y retourner, comme un sanctuaire, mais un sanctuaire abandonné. Je cherchais surtout à changer de sujet, aller vers quelque chose de plus léger pour ne pas m’appesantir.

Spoiler:
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