L'étranger [Biggs/Darell]

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La violence de la réaction de Darell est encaissée dans le silence, un de ceux qui ne trompent nullement. Les mains de l’homme le repoussent, et il recule de quelques pas. Il ne rajoute rien. Il ne tente même pas de stopper la colère de l’ancien résistant. Ses mots chargés de haine sont cinglants. Darell se laisse à la haine, et aux reproches extrêmes. Ils sont désormais responsables de la mort de Lyra, leur silence l’a tuée. Il est certain qu’ils n’ont rien fait. Ils étaient loin d’être enchantés mais ils n’avaient pas de contrôle sur l’existence du reste. La colère mène Darell sur un chemin glissant. Le commandant depuis longtemps a cessé de se rendre responsable. Au tout début c’était ce qu’il avait pensé. Ils avaient échoué et il était responsable. Avec les temps cette réflexion avait doucement disparu au profit d’une autre. Ce n’était pas lui qui tuait, c’était l’ennemi qui avait appuyé sur la détente. C*était ce dans quoi il s’était réfugié, pour ne pas couler dès qu’il avait à essuyer la mort d’un homme. Ca c’était en théorie que cela marchait. Des fois et surtout lorsque ca concernait Lyra, il retombait dans de vieux démons. Il doutait de ses capacités.

Darell continue et c’est Biggs qui réagit, et les mots sont loin d’être doux, la tension grimpe encore d’un cran, et le fossé ne cesse de se creuser. Tuiren est loin de laisser son coéquipier seul, il sait que c’est un mal nécessaire. Darell s’enroule trop sur ses reproches injustes. Il a raison Biggs. Darell s’enferme dans son chagrin, utilise la haine pour se maintenir à flot. Evidemment les mots ont raison du contrôle de Darell qui se rapproche….avec l’intention de défier croit le résistant. Ce n’est pas totalement ce qui arrive, et sous le regard ébahi et horrifié du résistant Darell se frappe lui-même. Qu’est-ce qui le dérange ? Le fait que Darell ne semble plus avoir toute sa tête, ou le fait qu’il se déteste au point de se frapper. En un instant le résistant est sur lui, il l’empêche de continuer.

« Darell. »

Il est vite à ses côtés, sa main sur son épaule. Il ne l’empêche pas tout de suite de s’arrêter, devinant la douleur qui doit s’extérioriser.

Il le laisse frapper. Et puis finit par s’interposer, ses mains se resserrent sur ses bras qui cognent et il le tire en arrière.

« Ca suffit. »

Il a la voix qui tremble. Le désespoir qui secoue Darell l’envahit, les larmes qui n’ont pas coulé depuis longtemps roulent enfin le long de ses joues.

Il le tient contre lui. Il serre avec toute la tristesse qu’il éprouve.

« Ne fais pas ca. »

Il aurait voulu que Darell le frappe lui, au lieu de le voir lamentable.

Et lui il ne se sent pas mieux.

« Ne t’enfonce pas dans la douleur. »

Il fait face à Darell désormais.

« Lyra ne te déteste pas, et nous ne te mettons pas de côté, tu es notre frère Darell, et que tu le veuilles ou non, nous sommes là pour toi. C’est à toi de décider de ce que tu veux faire. Mais sache que si tu décides de rester, nous ferons tout pour t’aider. Et si tu veux partir nous ne t’en empêcherons pas. Mais nous aimions Lyra, nous avons tout fait pour elle, et ca je veux que tu le comprennes, si tu veux retrouver les tiens nous serons là. »
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l'étranger

darell, tuiren, biggs

Après l'indifférence, vient la violence. Inattendue, véritable déferlement de regrets, de haine et de larmes. La violence est dans mes propos, terriblement vrais. Terriblement sincères. C'est mon coeur qui a parlé. C'est mon âme qui a écrit ces lignes récitées. Qui viennent frapper Darell, de plein fouet. Les mots sont des armes. Et Darell décide de répondre à la violence par la violence. Oeil pour oeil, dent pout dent. Il s'avance vers moi, poings serrés et regard indéchiffrable. Je serre les poings, prêt à me défendre. Prêt à assumer les conséquences de mes actes. De mes mots. Darell est devant moi, je peux presque sentir la chaleur de son souffle. Irrégulier. Je ferme les yeux. Je ne vais pas frapper Darell. S'il veut me frapper, qu'il le fasse. Mes mains se relâchent. Frappe mon ami. Mais cela ne ramènera pas Lyra. Cela ne sèchera pas tes larmes. Cela ne guérira pas ta blessure. Mais frappe, car tu ne le comprendras pas autrement. Le coup part. Me frôle. Entame sa peau. Je suis si proche que je peux presque voir les os de ses phalanges trembler. Entendre les os de son visage subir le choc. Il tombe. De douleur. Genoux à terre, anéanti de douleur. Les larmes coulent. Les siennes. Les nôtres.

Chaos. C'est en général ce qui reste après la violence. Quand après une bataille, le silence est tel qui en parait assourdissant. Darell est au sol, le corps secoué de sanglots incontrôlables. Je ne sais pas quoi faire, trop choqué par ce qu'il vient de se passer. Tuiren s'avance. Il a toujours été le plus rationnel des trois. Il trouvera les mots. Il s'avance. Le prend dans ses bras. Le rassure. Je m'avance vers eux. Pose ma main sur l'épaule de Darell. Sur celle de Tuiren. «
Ta douleur est la nôtre. Tes larmes sont les nôtres. Nous sommes amis. Nous sommes frères. Nous sommes un. »
Je marque une pause. A cet instant nous ne sommes qu'une personne. Qu'une seule et même souffrance. « Tuiren a raison. Notre souffrance n'est pas la tienne. Elle n'est pas comparable. Mais nous comprenons ce que tu ressens. Et nous respecterons ton choix. Mais malgré la distance. Malgré la souffrance. Malgré tes mots, nous restons unis. Tu es libre de nous fuir. De nous haïr. Mais nous resterons là. Pour toi. Pour nous. Le choix est le tient. Mais nous respecterons ton choix. N'oublie juste jamais que nous sommes là. Que nous serons là. Cela ne la ramènera pas. Mais cela pourrait t'aider à avancer. Lyra. Toi. Moi. Tuiren. Nous sommes une famille. » Je me tus un instant. Profondément ému. Nous étions une seule et même famille. Celle que l'on s'était choisi. Ma voix tremblait. Aussi décidais-je de masquer mon émotion par une vanne. On se protège comme on peur. « Tu aurais du me frapper. Tu avais déja une sale gueule avec le nez cassé, là c'est pire. Puis moi, je suis toujours beau, les filles adorent ma cicatrice. Une de plus ou une de moins n'aurait rien changé. »

BesidetheCrocodile pour May the Force
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L'Étranger
The past slam ft. Tui&Biggs



Les images lui revenaient. Lui. Tuiren. Biggs. Les autres. Ensemble, autour d'une table. Ensemble, à rire. Ensemble, à boire. Ensemble, à vivre. Trois hommes aux origines si différentes. Trois résistants ayant rejoint une même cause. Trois amis, dont le nom évoquait la connerie. Trois frères, dont la confiance n'avait aucune limite. Ils l'étaient. Pendant longtemps. Darell le premier pensait que rien ne pourrait venir entacher cette amitié. Que rien ne viendrait rompre la fraternité existante entre eux. Il y tenait peut-être presque autant qu'à Lyra. Pas un jour ne passait sans qu'ils ne se voient... sauf lorsqu'ils étaient en mission. Et même dans ces moments là, il ne manquait pas de porter un toast en leur nom.

Ils étaient sa famille.

Alors. Maintenant qu'il est si proche du sol. Maintenant qu'il sent l'herbe sous ses doigts, mouillée par ses propres larmes. Il regrette. Tout. Il regrette de ne pas avoir su empêcher Lyra de rester avec lui... mais plus encore, il regrette d'avoir rejeté la faute sur ses amis. Il aurait préféré qu'ils lui en veuillent. Qu'ils l'oublient peut-être. Qu'ils l'abandonnent comme lui avait fait. Non. Il ne le pense pas vraiment et il le réalise lorsqu'il sent l'étreinte de Tuiren... puis la main de Biggs. Jamais ils ne lui en ont voulu. Jamais. Ils parlent, comme jamais ils ne l'avaient fait avant. Autrefois, il n'y avait que rires et railleries. Pas de pleurs... ou très peu. Si la perte de leur camarades, mais jamais rien de tel. Il a beau se marteler qu'il aurait préféré être oublié... en sentant cette chaleur près de lui,... il n'en est que rassuré. Alors il se détache de cette étreinte. Lentement. Se relevant, séchant ses larmes. Là-bas, il voit les lueurs des couchettes encore éclairées. Peut-être est-elle quelque part là-bas... Alors il se retourne, les yeux rouges, les joues marquées par le sillage des larmes.

Ils étaient sa famille. Ils le sont toujours.   

« C'est surtout ta connerie qu'elles préfèrent, Biggs » commence-t-il avec humour. Il reprend son souffle, les yeux toujours larmoyant. « C'est vous qui auriez dû me frapper... depuis le début... vous avez pas assuré sur ce coup là les gars. » Quelque chose commence à monter en lui. Il frissonne. D'un pas lent, mais décidé, il vient poser sa main sur l'épaule de Tuiren « Tuiren... » dit-il. Son autre main vient se poser sur celle de Biggs. « Biggs... » . Tour à tour, il les regarde, droit dans les yeux, puis soudainement, il les tire vers lui. Une étreinte dans laquelle il versa une dernière larme, celle des retrouvailles, celle du pardon. « J'vous d'mande pardon les gars,... j'vous d'mande pardon... vous m'avez manqué ». Il se remémore les années qu'ils ont passés ensemble et cette étreinte, représente énormément pour lui : une victoire sur lui-même, et cela n'a pas de prix. Les trois frères de nouveau réunis. Cela non plus, n'avait pas de prix. Bientôt, il s'écarte de nouveau, tapotant leur épaule, le visage balafré du sourire qu'on lui connait tant : innocent, naïf. Il s'étire, levant les bras vers le ciel. « Vous avez pas changé, vous êtes toujours les mêmes... quoique, tu aurais bien pris une ride Tuiren... » reprend-t-il en rigolant. Pendant un instant, on aurait pu croire à des retrouvailles... mais il s'agit de bien plus.

Ils étaient sa famille. Ils le sont toujours. Et ils le seront toujours.      
code by Silver Lungs
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Dans un torrent d’émotions ils s’enlacent comme des frères. Les rancœurs s’envolent. Elles laissent la place aux larmes. Au pardon qu’ils ont longtemps espéré. L’émotion les étreint tandis qu’ils se serrent, et la douleur se mêle au soulagement. Le rire se mêle aux plaisanteries. Les larmes aux sourires. Darell lâche une pique à Biggs, une de celles qui font suffoquer de rire Tuiren, tandis que son torse se comprime au point de l’empêcher de respirer.

« Je sais pas si t’as vu ta tronche. »

Ils ont vieilli c’est sûr. Ce n’est néanmoins pas le temps qui a marqué leurs visages. C’est l’expérience qui le fait. Les pertes qui labourent la peau. La guerre qui creuse des sillons entre leurs traits. Elle a laissé des cicatrices là au coin des yeux, et en haut de la tempe, et une autre barre la joue. Et celle sous l’œil qui l’a presque rendu borgne. Tout ceci n’est que fumée comparée aux cicatrices qui démontent son cœur, et soudain viennent de se refaire.

Il regarde ses potes. Darell, l’ingénieur, le cerveau de la bande, celui qui semble savoir faire quelque chose de ses dix doigts. Biggs, le charmeur, qui semble pouvoir mettre un sourire sur chaque visage. Et lui enfin qui sait juste piloter, et pourtant mène désormais les meilleurs pilotes, parti de rien, le cassos devenu commandant.

« C’est nous qui te demandons pardon. »

A eux trois ils peuvent conquérir la galaxie.

« Tu nous as manqués. »

Il sait qu’il reste encore un long chemin à parcourir. Il s’accroche à cet espoir, comme il se raccroche au reste. Il sait que d’autres questions viendront. Plus tard se dit-il. Ce soir il s’interdit de rajouter quoi que ce soit. Et ce n’est pas même pas son cerveau qui lui dit de s’arrêter. C’est son cœur qui étouffe ses mots. Ses pensées s’envolent comme si rien de tout cela n’existait. Il songe à Lyra, en espérant qu’où elle soit, elle puisse les voir, et afficher un sourire sur son visage. Il revoit ses traits s’illuminer, tandis que ces derniers temps c’était plus son corps sans vie qui le hantait.

« On est devenu des Rogues. »

Ce mot tellement simple entre ses lèvres a une toute autre ampleur. Ce n’est pas seulement un escadron qui combattit en son temps l’Empire. Ils sont tous fils, élèves, amis de Rogues. Ce n’est pas seulement un escadron qui sème la terreur chez les ennemis. C’est leur famille et eux ses successeurs. Dignes. Espère-t-il.

« On a reformé l’escadron Rogue Darell. »

La fierté sans bornes se mêle à l’invitation.

Rejoins-nous, disent ses yeux. Pas comme pilote certes, mais sans doute comme ingénieur.

Peut-être que Darell ne voudra pas, mais Tuiren voudrait l’inclure, au moins dans l’espoir de pouvoir se confronter à l’ennemi.

Mais il ne dit rien, laissant Darell décider de ce qu'il fera ensuite. Pour l’instant il songe juste à profiter de l’instant présent, et ce sera autour d’une bonne bouteille qu’ils feront ca ce soir. Ils boiront à eux et à leur vieille amitié recollée. Ils laisseront de côté ce qu’ils sont devenus.

Peut-être que demain tout ceci s’écroulera.

En attendant l’alcool coule à flots.
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