Suite à ses questions, Echo se tait et écoute Hayden lui répondre, utilisant son cerveau pour analyser tout ce qui lui parvient. C’est inespéré. C’est inespéré, mais en même temps une telle joie, qu’elle ne sait pas réellement ce qu’elle doit ressentir. Fronçant légèrement les sourcils, elle ne peut s’empêcher d’être dérangée par un bruit qui revient, une frappe sourde qui bourdonne dans ses oreilles. Observant les alentours, elle tente de chercher l’origine de ce bruit, quand la réalisation l’atteint de plein fouet. Ce n’est pas quelque chose qui émet ce bruit. C’est elle. C’est son cœur qui bat violemment dans sa poitrine, qui pompe le sang à une vitesse folle, qui résonne jusqu’à ses tempes. C’est son cœur qui est dans une course effrénée, et Echo le sait : elle est terriblement perdue. Son masque est sa force, car il lui permet de garder un visage neutre et froid en toutes circonstances, alors même qu’elle sent ses genoux trembler et ses mains qui se serrent. C’est tant d’émotions en si peu de temps, tant qu’elle retrouve et qu’elle a peur de perdre aussitôt. Pendant des années, elle n’a eu que Tamsin à ses côtés, ne sachant pas où étaient les autres, ne sachant même pas s’ils étaient en vie. C’était à la fois terrifiant et apaisant, une seule vie dont il fallait se soucier, plus des dizaines, mais juste une. Evidemment, elle s’est attachée aux Résistants, a pris soin d’eux également, mais c’est différent, la même menace ne pèse pas sur eux.

Les paroles d’Hayden ont le mérite de la ramener parmi la réalité, d’autant plus quand il mentionne IK-025 et ses origines pour le moins particulières. Echo reconnaît immédiatement l’histoire, histoire qu’elle a elle-même vécu alors qu’elle n’était qu’une jeune padawan. « Maître Aqinos… maître Aqinos et ses Irons Knights. Je m’en rappelle, oui. » Retrouvant des habitudes qu’elle pensait perdues, des habitudes qui datent de l’Ancien Ordre, de l’Ancien Temple, Echo s’incline devant IK-025. « Mon maître, T’ra Saa, s’entendait très bien avec maître Aqinos. Elle a évidemment regretté la décision du Conseil, mais ils avaient des difficultés avec ce qu’ils ne comprenaient pas. Peut-être que ce n’est pas un mal au final… cela vous épargné de l’Ordre 66. » Ses mots sont viciés alors qu’elle les prononce, alors que ordre 66 roule sur sa langue. Tant de douleur, tant de colère, tant de tristesse. Sentant ses émotions repartirent violemment, tout comme son cœur, Echo laisse les jeunes padawans et chevaliers passer avant elle face à Maître Tao. Néanmoins, son tour arrive bien vite et c’est avec une boule dans la gorge qu’elle se retrouve face au Neti.

Il se penche vers elle, laisse une de ses mains effleurer sa joue. « Ta tristesse est puissante mon enfant, tout comme ta douleur. » Echo ferme les yeux, inspire profondément, et laisse peu à peu ses sens s’ouvrir à nouveau à la Force. Elle la sent, qui pulse en tout un chacun, elle la sent, qui l’entoure et la guide. « Tu te caches derrière un masque, mais je la sens en toi. Cette colère impropre aux Jedi. » « Il est difficile de ne pas ressentir de colère après toutes ces années, maître Tao. » Et Echo sait, elle sait qu’elle ne peut plus se cacher derrière son masque, elle sait qu’elle ne peut plus faire semblant, qu’elle ne peut pas faire croire que tout va bien. Pas face à maître Chak Tao, pas face à ses capacités télépathiques. Alors elle laisse son esprit s’ouvrir entièrement, elle laisse chacun de ses souvenirs couler dans ses pensées, elle laisse le Neti observer chaque pas de sa vie. « On t’a tout arraché, Echo Vijaya, et pourtant, tu es toujours là. Tu as beau croire le contraire, tu n’as jamais perdu espoir. Tu as continué de guider les âmes vers la Force, et continué de protéger ceux qui en avaient besoin. Crois en toi Echo, car tu le mérites. Crois en toi, car tous ceux qui t’entourent ont confiance en toi. Tu n’es pas humaine, et ta vie est loin d’être terminée. Chez moi, tu serais encore considérée comme une jeune enfant. Tu as encore beaucoup à apprendre, alors ne désespère pas. » Sa main caresse une dernière fois sa joue, avant de s’éloigner, et Echo ouvre les yeux. Elle sent que des larmes ont coulé, sent les sillons qu’elles ont tracées sur ses joues. Il est toujours aussi douloureux de revivre chacun de ses souvenirs, toujours aussi douloureux de se rappeler de ses pertes et de ceux qui ne reviendront pas. « Merci maître Tao. » Et lorsqu’elle va rejoindre ses compagnons, c’est un léger sourire qui orne ses lèvres. Elle se sent apaisée comme elle ne s’était pas sentie depuis longtemps.