Visiblement, lui non plus ne souhaite pas plus que moi repartir, et alors que je devrais, je ne sais pas, m'inquiéter, chercher d'ores et déjà des excuses pour expliquer mon absence à mon retour, je décide d'écarter tout cela en balayant toutes ces pensées de ma tête. Je trouverais quoi dire le moment venu. On me croit morte, et c'est suffisant pour le moment. Cin semble tenir à son concours de boissons, et ça me fait pouffer de rire. Je le vois s'asseoir à mes côtés bien que je tente de le masquer, l'air de rien, avant de voir son visage arriver au-dessus du mien, mon sourire s'élargissant alors que je tente de contrôler ma respiration.

Je tends une main pour la poser sur sa joue, forçant un peu pour l'écarter gentiment, alors qu'il me semblait pourtant si aisé de me relever juste assez pour venir... Enfin, voilà quoi. Je tourne le visage en riant silencieusement, le corps agité de petits spasmes, avant de retrouver mon sérieux en voyant son avant-bras où perle du sang. De là où je suis, ça n'a pas l'air trop grave, mais c'est un bon moyen pour me dégager de la situation épineuse où je me suis fourrée.


« Et le coup de la blessure pour que les blondes jouent le rôle des infirmières, c'est pas hyper cliché, aussi ? je demande avec un petit rire en le regardant dans les yeux. »


Posant mes mains sur ses épaules, l'air sérieux, je rassemble mes forces pour venir avancer mon visage près du sien, mon nez venant frôler le sien, mes yeux se fermant à moitié... avant que je ne vienne le coller au lit en me relevant dans un grand éclat de rire dans le même temps, me dégageant hors de sa portée avant qu'il ne puisse réagir pour venir lui saisir le bras, me penchant sur la blessure avec une concentration contrastant avec les petits sourires amusés que je lui lance.


« Hm... Ouais, nan, j'en ai aucune idée. Dommage, je vais devoir laisser faire le droïd, dis-je après un dernier regard amusé sur Cin avant d'aller activer le robot. »


Croisant les bras sur ma poitrine, appuyée sur la paroi derrière moi, je l'observe se faire soigner avec un sourire. Au final, je pense avoir trouvé ma réponse. Peu importe ce qu'il se passe ici. Peu importe. Ce sont des moments volés au temps, des moments qui resteront gravés dans ma mémoire, et que je compte bien vivre à fond. Il y a longtemps que je ne suis pas simplement sentie aussi bien.


« Le robot est à ta convenance ? Peut-être un peu moins doux que moi ? je lance, sarcastique. J'espère que ton endroit a des alcools de haut niveau, je ne compte pas jouer chez les maternelles ! ... Et qu'il aura de quoi me changer un peu, sauf si je peux garder ta veste, dis-je avec amusement en la refermant sur moi. »

Je resserrais les bords de la veste avec un petit sourire. Bien que sachant pertinemment que je n'allais la garder que temporairement, le temps de profiter de cet instant arraché au temps et à toute logique, cela me faisait plaisir d'avoir quelque chose. De posséder quelque chose. Au sein du Premier Ordre, même si l'on garde ses équipements... Techniquement, tout appartient au groupe. Et rien n'est personnel ou aussi badass qu'une veste en cuir.

Le robot ayant fini son boulot, il se recula pour se ranger, probablement à deux doigts d'une surchauffe avec notre duo de bras cassés, avant de le suivre dans la direction du poste de pilotage. Depuis toujours, j'étais fascinée par l'hyperespace, et alors que je regardais les millions d'étoiles redevenir de petits points éloignés dans la sombre galaxie, je reportais mon regard sur la verrière pour reconnaître notre destination.

Je poussais un petit grognement amusé, croisant les bras sur ma poitrine en l'observant se mettre aux commandes. Je m'adossais à la paroi derrière moi pour lâcher un petit rire à sa remarque. Je le regardais, l'air de me demander s'il était sérieux en disant cela, avant de finalement répliquer.


« Un : avec la chance qu'on a eu jusqu'à présent, on va tomber sur des ennuis plus gros que tes blagues. »


Puis, je vins m'asseoir sur le siège du copilote, bien que n'y connaissant rien, préférant à la place appuyer mes jambes sur le tableau de bord, lui frôlant la joue de l'index avant de ramener rapidement mon bras hors de sa portée.


« Et deux : je crois qu'on ne veut pas de calme. Je me trompe ? demandais-je avec un sourire taquin. »


Il n'y avait pas de doute, j'étais méconnaissable. Mais cette petite partie de moi un peu folle me plaisait malgré tout. J'avais besoin de lâcher la pression un bon coup, et puis... Et puis je repartirais. Je n'en doutais pas non plus. Simplement pour le moment, juste pour ce moment... Je pouvais me permettre de vivre une vie qui m'était interdite. Juste pour essayer. Juste pour me dire que je l'avais fait. Juste pour passer du temps avec quelqu'un qui ne me parlait pas avec la hiérarchie planant au-dessus, ou avec la haine que je recevais habituellement des civils.

Juste pour exister, même l'espace d'un instant.