Je reposais mon verre vide sur le comptoir, et le serveur le remplit de nouveau. Le lieu était bondé, comme bien souvent par les temps qui courent. Les gens ont besoin de se vider la tête, de se remplir le cœur, l’estomac et les veines de produits pouvant leur faire oublier leur quotidien. À peine pouvait-on respirer l'air que l’on sentait la sueur et l'alcool.
Cela faisait un moment que je n’avais pas remis les pieds dans une cantina. Puet importe réellement celle que l’on visite, elles se ressemblent plus ou moins toutes. Rien ne changeait vraiment jamais, toujours les mêmes habitués, toujours les mêmes qui roulent sous la table avant l’heure de fermeture, toujours le même type de mauvais perdants… en soit, toujours le même style d’âmes.

Rien ce soir ne viendrait troubler ma sérénité en totale opposition avec l’ambiance générale. Je vidais de nouveau mon verre en soupirant, un léger rictus au bord des lèvres. Après tout, c’était bien pour cela que j’étais venue et loin de moi l’idée d’aller me trémousser sur la piste de danse. Danser ce n’est pas vraiment mon truc…  avec quelques litres de boissons etd e mélanges en tout genre dans le sang je ne dis pas que je ne pourrais pas esquisser deux ou trois pas pour relâcher la pression, mais c’est tout. Et c’est bien suffisant.

Bien que l'endroit débordant de monde et la musique festive soit à un niveau sonore assez élevé pour réveiller un sourd, je trouvais la soirée plate et sans vraiment de saveur. Était-ce mon quotidien empli d’adrénaline qui rendait mes soirées si ternes ?  Le gout de mon dernier verre se faisait encore ressentir sur mon palais, et, même si je savais très bien tenir l'alcool, je me disais qu’il fallait peut-être ralentir un peu la cadence. Finir accroupis la tête dans les toilettes à même pas minuit n'était pas mon objectif, jamais. Je jouais du bout des doigts avec la lamelle de citron se trouvant auparavant sur le rebord de mon verre, lorgnant les personnes alentours. J’étais en train de me demander si je n’allais finalement pas regagner mon petit cocon lorsque mon regard allait et venait avant de se fixer sur une silhouette que je ne connaissais que trop bien. Un sourire se dessina presque instantanément sur mon visage. Je décidais donc de quitter ma table et ma solitude pour me glisser jusque dans le dos de l'homme dont le rire se reconnaissait entre mille.
Laissant mes doigts glisser le long de ses épaules je me lançais d'une voix enjouée :

« Et bien, je ne sais pas si on peut parler de destin, mais en tout le cas le hasard me mène une nouvelle fois à ta rencontre Sheed ! »

Le laissant se retourner, mon sourire ne me quittait pas tandis que je penchais légèrement la tête sur le côté.

« Je suis ravie de te voir, la soirée devient enfin intéressante ! Ça fait un moment maintenant non ? »

M’installant à ses côtés sans chercher à savoir si ma présence allait l’incommoder ou non, je fis signe à l’une des serveuses de nous rapporter une bouteille. Je ne savais plus exactement depuis quand je n’avais revu Seven mais en détaillant le visage de l’homme, il me semblait que c’était hier. Mes yeux passaient en revus chaque centimètres du physique du jeune quarantenaire.

« Tu n’as pas vraiment changé, quelques petits cheveux blancs en plus peut-être… »

Cela faisait déjà plusieurs mois que ma route n’avait pas croisée celle de Seven, chose qui n’arrivait jamais avant que je ne reprenne le chemin de la Milice. Je me souviens encore de notre première rencontre lors de ma première  Classique de la Moisson de Vinta. Je ne me rappelle pas l’avoir vu avant la course. Peut-être était-il déjà en loge présidentielle à ce moment-là. En tous les cas c’est au terme d’une course effrénée et riche en rebondissements que nos chemins vinrent à se croiser pour la première fois, à son initiative. C’était ma première plus grosse victoire depuis que je m’étais lancée dans les courses de modules et je dois dire que remporter la Course de Phoebos m’emplissait de fierté. Malgré la fatigue l’euphorie me dominait et c’est lors de la fête organisée par les Grans de Pixelito que Sheed vint établir le contact. Je ne sais pas si c’était l’abus de bière de la Moisson, ma victoire qui me grisait ou juste le fait qu’il me paraissait fort sympathique et charmant, mais le feeling est tout de suite bien passé entre nous.

Nous nous revîmes plusieurs fois, très régulièrement après ça, il fut le premier à croire en moi et à mon potentiel dans le milieu de la course. Il m’offrit même de me sponsoriser ainsi que de pallier à certaines dépenses parfois excessives du milieu. C’était du gagnant-gagnant, il me permettait de pouvoir concourir en toute sérénité, je lui rapportais assez de fric pour qu’il ait toujours envie de me soutenir. Nous avons finis par nouer de vrais liens et il faisait partis du cercle très fermé de ceux en qui je pouvais réellement avoir confiance. Je pense même, sans trop vouloir m’avancer, que la réciproque est de mise.

C’était un véritable plaisir d’entendre de nouveau le son de sa voix et de voir son regard pétiller de nouveau. Je glissais ma main dans son dos l’enlaçant avant de m’installer à ses côtés. L’homme avec lui s’était presque immédiatement éclipsé.

« Crois-moi, même si tu m’as manqué je n’en suis pas au point de te traquer à travers la galaxie ! »

M’installant donc à ses côtés et attendant que la bouteille ne nous soit servie, je jetais donc ma veste sur la banquette à nos côtés.

« Roh, tu m’en veux de ne pas t’avoir dit oui ?  Fallait me sortir le gros caillou et peut-être que j’aurai examiné de plus près ta proposition ! » Lui dis-je un léger rire aux lèvres.

La serveuse revint avec la bouteille et les verres avant de repartir vaquer à ses occupations. Passant sa main dans ses cheveux il prit plutôt bien ma remarque sur ses cheveux blanc, ce qui ne me surprenait pas pour un sous. Je passais ma main dans ses cheveux à mon tour en souriant

« Oui, ça donne l’illusion que tu es mature maintenant… Même si j’émets quelques réserves sur la véracité de cette information. »

Ses compliments ne firent qu’élargir mon sourire, il servit les verres et m’en tendis un pour que nous puissions trinquer à nos retrouvailles.

« Je suis ici pour me détendre un peu, me vider la tête… »

Je tournais la tête vers la foule ne revoyant pas l’homme avec qui il discutait lorsque je les ai interrompus.

« Quelque chose me dit que tu n’es pas seulement là pour les plaisir des papilles et des yeux Seven. Me trompe-je ? Rassure-moi… Je n’ai pas mis fin à un de tes juteux biseness ? »

Trinquant avec lui droit dans les yeux je descendis mon verre cul sex.

« Bon alors… si tu me racontais un petit peu ce que deviens mon mentor préféré ? »

Nous resservant un nouveau verre je me rappelais pourquoi j’aimais tant passer des moments avec lui. C’était simple, léger, sincère et surtout, toujours bienveillant. Il n’y avait jamais eu un mot plus haut que l’autre malgré nos tempéraments. Je dois bien admettre que nous avions d’ailleurs une très bonne entente sur l’oreiller ce qui nous permettait surement d’être aussi serein et détendus en dehors.