Depuis que le dôme était apparu et avait emprisonné le système Corellien, Dashel avait plus de temps pour lui qu’il n’en avait jamais eu depuis son intégration dans la résistance. Avant l’arrivé des troupes de la rébellion dans ce secteur, le capitaine été régulièrement envoyé en mission ou participait aux séances d’entraînement avec différents escadron. Il faut dire que voler aux côtés des Rogues ou combattre avec les Steels ne pouvait que le faire progresser. Toujours était il que maintenant, si ses entrainements se poursuivaient normalement, les propositions de missions étaient moins fréquentes. Il s’agissait surtout de se faire discret après les événements passés et de faire en sorte que leurs garnisons restent ravitaillées. Le capitaine revenait d’ailleurs de sa dernière mission en ce sens. A part cela, la résistance passait une grande partie de son temps à débattre de leur ligne de conduite. La dernière réunion avait fait naitre deux clans dans la résistance. Les uns pensaient qu’il fallait agir tandis que les autres prônaient la patience et le self contrôle. Pour l’heure, Dashel avait choisi la deuxième option. Il avait une piste pour en apprendre potentiellement plus sur le Premier Ordre. Ce n’était pas grand chose mais c’était mieux que de trainer encore une jour de plus dans une cantina.

Le V-wing volait à vive allure en direction des planètes jumelles Talus et Tralus. Il serait bientôt à destination. Le vaisseau était en pilotage automatique. Il devrait bientôt reprendre les commandes mais pour l’heure, il vérifiait les informations qu’il avait en sa possession. Dans une main, il tenait un datapad sur lequel il faisait défiler des images et des textes. Tout ce dont il avait besoin pour retrouver sa cible était contenu la dedans. Son nom : Dune. Il s’agissait d’une humaine. Sa planète d’origine ? Dashel n’en avait aucune idée. A vrai dire ses origines ne l’intéressaient pas tant que ça. Par contre il savait un peu plus de chose sur sa profession. C’était une chasseuse de primes. Le résistant avait travaillé avec elle dans le passé. En tant que contrebandier, il lui avait permis de transporter ses primes à travers la galaxie. Il avait été son taxi en quelque sorte. Et il avait toujours été bien payé. Enfin, tout du mois quand elle ne lui faussait pas compagnie avant d’arriver à destination. Elle lui devait surement une course ou deux. Mais ce n’était pas la raison pour laquelle il la recherchait. Cette époque était résolue.

La raison pour laquelle il était à sa recherche était pour les informations qu’elles pouvaient détenir. Il en avait eu vent dans une cantina de Corellia alors qu’il était en permission. Il était entré dans le bar, avait commandé une bière comme à son habitude et avait écouté les conversations entre les clients présents. Il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour entendre le nom de la chasseuse de prime. Cela lui avait rappelé de simples souvenirs de leurs anciennes rencontres. Tout du moins jusqu’à ce qu’il entende qu’elle récemment avait effectué des contrats pour le nouvel ordre. A partir de ce moment là, elle n’était plus qu’à l’origine d’une vague mélancolie mais surtout l’espoir de pouvoir partir en mission pour la retrouver et l’interroger. Dashel avait questionné les clients de la cantina et avait récupéré un avis de recherche la concernant. Elle était par chance coincée sur le système elle aussi. Il ne lui fallait pas longtemps pour avoir la certitude qu’il pourrait la trouver sur Quaestar, théâtre de la pègre de Corellia. Une fois son dossier construit, sa mission fut approuvée et il s’en alla immédiatement pour les planètes soeurs.

L’astroport de Quaestuur était facile d’accès. Surtout pour un ancien contrebandier qui avait gardé ses contacts et connaissait encore les voies de navigation non officielles. Il se posa donc sans difficulté et fit ce qui était le plus évident à faire pour retrouver la trace de sa cible : il se rendit à la cantine la plus immonde et moins respectable de la ville. Heureusement son accoutrement le faisait plus ou moins passer inaperçu. Dans sa tenue de contrebandier et non de résistant, de plus nombreuses portes pourraient s’ouvrir. Le bar regorgeait de bandits en tout genre et évidement c’était exactement ce qu’il recherchait. Ce genre de clientèle pouvait être très bavarde une fois quelques verres ingurgités ou quelques crédits embauchés.

- Dune ? Vous voulez parler de cette humaine insupportable qui traine dans les parages ? Lui déclara un Chiss un peu trop alcoolisé.

- Si vous la retrouvez, rappelez lui qu’elle me doit une cargaison de Tauntaun. Déclara un Mandalorien après avoir encaissé un sacré pot de vin.

- Au dernière nouvelle, on m’a dit qu’elle était dans le système de Naboo. Déclara un Mon calamari qui n’avait plus les idées très claires…

- Dune ? Ça me dit quelque chose… Une humaine ? Brune ? A peu près cette taille ? Un jolie minois ? Cela correspondait à la description donnée par le Duro. Elle est partie avec un groupe d’homme derrière. Ça avait l’air d’être plutôt agité.

C’était enfin une information qu’il pouvait vérifier. Sans attendre, il se dirigea vers la sortie de derrière, ne prêtant pas attention au Duro qui l’insultait encore pour ne pas avoir payé cette information. Dans la ruelle sombre, à l’abris des regards, les sons qui venaient aux oreilles de Dashel ne pouvait pas le tromper même s’il ne voyait encore l’origine de la bagarre. Accélérant le pas, il se dépêcha de rejoindre Dune. Elle était sa mission, et si pour avoir ses informations, il devait l’aider, alors il le ferait. Aussi peut être se sentirait elle redevable et lui livrerait ce qu’il désirait sans qu’elle ne demande de contrepartie.

Elle avait bossé pour le Premier Ordre, cela était vrai. Elle, son mentor aussi, son mentor qui s'arrangeait pour qu'elle ne le quitte pas, soit au moins en sécurité dans son ombre à lui. Bosser pour des ordures, pourquoi pas? C'était un salaire comme un autre et, honnêtement, dans la galaxie, tout le monde tuait tout le monde uniforme ou non.
Et puis quelqu'un au Premier Ordre avait décidé d'être un peu plus salaud que les autres, de les éliminer tout simplement. Tout ça pour pas les payer, faut dire qu'il leur devait un max...Total, Julen, son mentor, était tombé dans un piège, on avait sans doute brûlé son cadavre dans une fosse quelconque, et Dune s'était enfuie avec une prime ridicule sur sa tête. Ridicule peut-être, mais qui poussait quand même de temps en temps des gens à vouloir la buter. Vivante, elle intéressait pas grand monde....

Ca l'empêchait pas de bosser encore pour certaines personnes du PO de temps en temps, mais cela était plus rare. Ils profitaient d'elle, la payaient mais l'escroquaient sur le montant. Elle avait perdu de sa valeur, la chasseuse... Heureusement, d'autres contrats venaient, ça et le vol à la tire de temps en temps. Survivre et puis basta, hein?
Parfois, on essayait de lui faire la leçon sur l'amour propre, l'honneur, la rédemption. C'était des mots pour des livres et des histoires, pas pour la vraie vie alors Dune continuait à se battre contre les autres bien sûr, mais aussi contre elle-même, son corps défaillant, son handicap. On savait pas ça d'elle, ça se voyait pas, ça se soignait pas surtout. Elle était condamnée à rester ainsi jusqu'à ce qu'un autre truc l'emporte, parfois Dune était en paix avec cette idée, parfois elle se contentait d'être triste, jalouse des autres, des gens normaux. Dans l'ensemble, elle restait ce secret, cette chose incompréhensible pour tous et cela était mieux ainsi....
Une chose la caractérisait cependant, une chose que tous lui reconnaissaient: Dune n'avait jamais de regrets. Elle se poussait au delà de tout, de ses limites à elle autant que celles des cautres pour la supporter. Généralement, quand on faisait ça, on vivait pas vieux, mais une sorte de chance protégeait la chasseuse de primes. Ca, et puis certaines de ses rencontres, car des gens veillaient sur elle malgré tout.

Aujourd'hui, coincée dans ce bouge qui en valait bien un autre, on l'avait traîné dehors sans doute pour lui casser quelques dents. Une vieille rancune apparemment, des gens à qui elle avait fait du tort un jour, sauf que Dune ne se rappelait pas d'eux. Le corps à corps n'était pas son fort, elle ne bougeait pas comme les autres, ne pourrait jamais faire comme les autres en fait. Parfois, cela surprenait assez pour la faire gagner, car Dune en devenait impossible à prédire, mais parfois la fatigue lui alourdissait chacun de ses membres, la vouant à être rouée de coup. C'était déjà arrivé, ça arriverait encore.
Pour le moment, pendant que deux brutes la retenaient le plus possible, elle tentait de donner des coups à une troisième. Elle n'avait que ses pieds de libre mais ne frappait pas avec, préférant le genou. L'os du genou était l'un des plus solides du corps humain, avec le pieds, elle aurait été trop fragile.....
Le quatrième homme, lui, se tenait un peu plus loin, à sortir divers instruments contondants d'une mallette.

Ce fut alors qu'un cinquième larron décida de rejoindre la fête. Ah, elle connaissait cette tignasse là, à lui aussi elle devait de l'argent... Moins qu'à d'autres cependant, car Dashel avait souvent été d'un grand secours à Dune, sans poser de questions, sans l'embêter, juste à faire le boulot qu'elle lui demandait. Le payer était un remerciement implicite, l'escroquer sur des courses plus minimes était un jeu et, d'une certaine manière, une marque d'amitié.

”Hé, ça fait longtemps.... Ah attention, le monsieur derrière toi va te balancer un marteau dessus. Tu penses pouvoir m'aider ou tu fais juste que passer?”

Oui, afin d'éviter tout quiproquo et situations gênantes, la jeune femme préférait demander avant, dès fois que Dashel se sente pas trop d'humeur héroïque. Après tout, on pouvait jamais prévoir....

Comme à chaque fois, la fatigue la prenait d'un coup, et avec cette fatigue venait la solitude. Parce qu'il n'y avait pas de bras amis pour la serrer un peu, la réconforter, parce que Dune ne savait pas où poser ses errances, restait en sursis, restait un sursis. La jeune femme avait les poignet endolori, du mal à bouger, ne le montrait pas pourtant. Une vie avec un handicap, une vie entière, une vie pas finie à porter quelque chose en nous, quelque chose d'invisible mais qui nous rendait différent des autres. Bouger, un supplice parfois, un supplice souvent. Sauf que personne savait, que Dune ne disait rien, faisait juste des efforts, beaucoup d'efforts.
Beaucoup trop.
Ne pas être normale mais paraître normale... Dans sa poitrine, son coeur cognait fort, elle essayait de bouger un peu ses doigts, ses poignets, tout en écoutant Dashel. Dashel qui la prévenait d'une prime sur sa tête.... Trop épuisée pour rire -et les cernes sous ses yeux se voyaient, par contre- Dune se contenta de sourire un peu. Oui, elle savait, elle avait déjà échappé pas mal de fois à la mort, au Premier Ordre aussi. Parfois, elle se demandait encore comment elle avait réussi, ne trouvait pas de réponse...
Le fait que le montant de la prime n'augmente pas malgré ses frasques la rassurait un peu. Elle ne craignait pas également que Dashel se fasse un peu de crédits sur son dos, l'homme avait des principes. Contrairement à elle....

Elle le laissa lui toucher l'épaule, ses pensées peinaient à se connecter à ses gestes, cela passerait. Prendre un verre serait pas de refus, quelque chose d'abominablement sucré peut-être histoire de retrouver de l'énergie, et de quoi grignoter en même temps. Depuis combien de temps la jeune femme n'avait-elle pas eu un vrai repas complet, tiens? Non, Dune préférait ne pas y penser, ça vous plombait le moral ce genre d'introspection et elle n'avait pas besoin de se sentir faible encore plus.
Peut-être bien que la chasseuse avait eu peur il y a quelques instants, ça non plus elle ne le montrait pas.

Ce fut alors que Dashel devint son ennemi. Sans prévenir -en même temps, qui prévenait les autres de ce genre d'action? -, il menotta la jeune femme dans le dos. Le corps de Dune s'arqua dans une révolte douloureuse, alors même que son centre de gravité semblait comme disparaître. Elle vacillait, prise au dépourvu, menaçait de tomber mais ne voulait pas tomber.
Quelques mèches de cheveux lui balayèrent le visage, couvrant son regard un peu et les lueurs féroces qui y dansaient à présent. L'enfoiré....

”J'aurai pu te dire quelque chose, mais je te dirai plus rien désormais”

Gronda la brune, les épaules douloureuses, mises à mal par les menottes dans son dos. Elle devait les enlever, elle DEVAIT les enlever tout de suite ! La sensation d'urgence lui déchirait la gorge : parce qu'elle ne pouvait bouger comme les autres, Dune avait toujours refusé les liens et les attaches. Bon sang, la jeune femme était incapable de faire un noeud de lacet, alors se défaire de putains de menottes?!
Il y a longtemps, une éternité ou deux -tout se comptait en éternité quand on fuyait les autres-, Ian lui avait proposé de pimenter un peu une soirée avec des menottes justement. Dune avait juste eu l'une des plus grandes crises de panique de sa vie, à l'idée de ne pouvoir délivrer son amant après ou d'elle, se casser quelque chose si attachée.
Quant aux menottes dans un autre contexte, celui du travail, la jeune femme avait réussi le miracle de ne jamais se laisser prendre.

”Tu veux pas la prime mais tu me menottes, Sephiroth...Tu sais quoi? Sitôt libre, j'te colle un bon tir de blaster entre les yeux”

Elle baissa la tête soudain, comme si cela lui demandait une énergie de trop alors qu'elle terminait un genou à terre, le souffle court, beaucoup trop court. Comme si elle s'étouffait aussi....
Et puis, sans crier garde, avec ce qui lui restait d'énergie et de fureur, Dune se propulsa d'un mouvement souple, espérant que sa tête frappe assez fort Dashel pour lui faire mal. Pour lui faire même putain de mal...

Dans ses yeux, le feu brûlait toujours, refusait de s'éteindre. Il y avait de la fierté dans le corps de la jeune femme, peu importe sa respiration erratique, peu importe les menottes, une fierté étrange, écorchée presque, celle d'une reine gitane qui se donnait elle-même couronne quand d'autres la traînait à terre.
Et les yeux sombres ne quittaient pas Dashel, elle ne regrettait rien du coup donné, malgré les mots rassurants de l'homme, malgré les efforts qu'il faisait. Dune s'en fichait assez qu'il ne réclame pas la prime ou suive un chemin plus noble, elle avait déjà été trahie beaucoup trop de fois pour pardonner à nouveau.
De l'orgueil, aurait dit Verdandi, son étrange sourire aux lèvres, oui de l'orgueil, mais quand il ne restait que cela, s'y raccrocher pouvait vous sauver la vie.

”Ma parole? Non je ne te la donne pas, je ne te donne rien!”

Siffla-t-elle, et la rage semblait cacher la tristesse, puisque tristesse est faiblesse. Dissimuler encore, dissimuler toujours, là, dans ce système oublié de tous où l'on ne pouvait plus ni entrer ni sortir. Dune ne voulait pas crever ici...
A ses poignets, les bracelets métalliques lui semblaient lourds comme un péché, elle gronda un peu plus.

”Rien justifie ce que t'as fait, absolument rien ! T'aurais pu passer un marché, déglinguer mes agresseurs en échange d'infos, là je t'aurai répondu. Je sais ce que c'est, l'honneur, j'en ai même si on aime bien me l'arracher un peu trop souvent.”

Cela était absurde, l'aurait-il croisé dans une ruelle au hasard avec cette même paire de menottes, Dune aurait simplement éclaté de rire, peut-être une remarque grivoise aux lèvres. Là, elle venait de manquer se faire torturer par des hommes ne portant aucune considération à son existence, ils l'avaient frappé -elle aussi, mais il s'agissait de légitime défense-, elle avait eu mal. Elle avait l'habitude d'avoir mal bien sûr, Dune, mais ça l'empêchait pas de continuer à détester ça. Et là, à présent que tout aurait du être fini parce qu'un coup de chance était apparu, l'humiliation continuait. Aurait-elle eu du poison que Dune se serait vengé en le crachant au monde entier. Elle n'était pas un serpent, elle était juste une femme qui passait son temps à fuir et être rejetée tout à la fois. On pouvait mourir de ça peut-être, mais on pouvait mourir de tellement de choses à la fois.....

Et sur quoi possédait-elle assez d'information pour prendre soudain une quelconque valeur? Sa gorge se serra : Dashel était un ancien contrebandier, il connaissait les codes des hors la loi tout aussi bien qu'elle si ce n’est mieux. Elle sut alors : le Premier Ordre...
Pourquoi? Dune n'en avait aucune idée, refusait de savoir. Au fond d'elle, une voix insidieuse tentait de la bercer, de la rassurer et de la consoler : trahis le, disait-elle, tu pourras le vendre, lui donner de fausses informations, le faire courir à sa perte....
Le prix à payer pour des menottes. Elle ferma les yeux cependant, Dune avait déjà trahi, il fallait cela pour survivre, elle trahirait encore, parfois sans raison, parfois avec. Tout se payait malgré tout....

”Aies assez de cran pour me retirer les menottes sans ma parole, ma journée est déjà bien trop nulle comme cela.”

Ravaler sa colère encore un peu, juste le temps de se mettre hors de danger. Hors de danger, Dune commença à le comprendre, elle ne le serait jamais sur Corellia. Dans une pitoyable tentative de fierté, la brune voulu lui tourner le dos, tout ce qu'elle réussi à faire cependant, entre fatigue et douleur, ce fut de s'évanouir.

Elle reprit conscience sur un lit au matelas défoncé, de l'eau lui dégoulinant du visage et Dune ne pu empêcher un frisson de froid. La jeune femme remonta la couverture râpeuse contre elle d'un geste boudeur, espérant se réchauffer un peu par la même occasion. Ses yeux se posèrent sur Dashel, féroces toujours. Elle ne le remercia pas d'avoir enlevé les menottes, Dune estimant que cela lui était dû...
La jeune femme ne craignait rien du fait de se retrouver en piteux état dans une chambre avec un homme, ce genre de situation n'était pas toujours synonyme de danger, tous les hommes n'étaient pas des salauds.
Elle fini par soupirer, s'étira un peu.

”Au moins, si t'utilises tes menottes maintenant ça nous donnerait de quoi nous amuser...”

Le sous-entendu n'était qu'une boutade, quelque part dans son esprit, le nom de Ian continuait à lui brûler le coeur, de la même manière qu'elle-même écorchait la mémoire du contrebandier.... Et penser à lui éveilla le fantôme d'une douleur injuste : celle que l'on inflige aux autres.
Parce que Dune savait ce que cela était d'estimer quelqu'un même quand celui-ci se conduisait comme le pire des connards, pire encore elle savait ce que c'était que de l'aimer. Dashel, cet idiot de Dashel, ce naïf de Dashel, lui montrait tout le respect qu'il avait pour elle, pour ce qu'elle était. Il lui faisait confiance pour l'aider dans ce qui était juste, les menottes n'avaient pas été une arme contre Dune mais contre le désespoir. On pouvait pardonner au désespoir....
Au Résistant, Dune semblait n'offrir que son profil, elle ne le regarda pas en face, assise contre la tête de lit, le regard sombre, mais pouvait sentir toute la brûlure de ce qu'il attendait d'elle.
Et elle savait, bien sûr qu'elle savait : si cela lui faisait autant mal, cela était parce qu'elle allait accepter et l'aider.

” Peu importe comment on se bat, au final nous mourrons tous....”

La voix était rauque, triste. Finalement Dune tourna la tête vers le jeune homme, le regarda. Elle leva la main, effleura la joue barbue, la caressa un peu. Il y avait de la peine dans ce geste, beaucoup trop malgré le sourire de la femme. Et l'affection que finalement elle lui montrait était celle d'une soeur....

”Qu'es-tu devenu, hein? Dans quoi t'as été te fourrer Dashel? La Résistance? Tu es devenue une ombre pour chasser d'autres ombres, c'est ça?”

Elle eut pitié de lui alors, secoua la tête. Et sa pitié augmenta, car elle n'avait rien pour sauver l'homme, rien pour l'aider.

”J'ai fait pas mal de contrats pour eux avant, l'Ordre. Ils payaient bien, en tout cas l'armée payait bien, mais les politiques eux, ils essayent de te rouler et ils y arrivent. C'est comme ça que tu finis avec un contrat sur ta tête.... Bon sang j'ai pas grand chose à te dire, ils méprisent des choses, ils en aiment d'autres et au final c'était pas si différent de certains contrats au nom de la République! “

Une conversation ridicule, Dune se sentait prête à bégayer, perdue. Elle aurait voulu Ian là, à ses côtés. Ian savait arranger les situations, ou les fuir sans lui lâcher la main, les sauvant tous les deux...Mais ian n'était pas là, premier problème, le second étant que quelque chose ou quelque'un avait également enlevé tout souvenir de la jeune femme au contrebandier....