Il y avait des gens comme cela, dont Diarmuid refusait de voir le visage. Il n'avait pas le choix pourtant, son job était aussi de les regarder, alors il devait le faire. Regarder Dashel, les yeux sombres du jeune homme, la manière dont il portait la vie sur ses épaules, un peu roublard, un peu secret, des souffrances peut-être, rien dans le mouvement des yeux ou le pli de ses lèvres cependant. De quoi faire un bon soldat? Diarmuid devinait sans peine que l'homme savait déjà se battre, donner des coups, en recevoir.
Avait-il déjà tué cependant? Le général ne possédait pas la réponse, pas encore. Apprendre aux jeunes à gérer ce qu'ils avaient été dans leur vie passée, ce qu'ils avaient fait, ce qu'ils n'avaient pas fait, pour ne pas se retrouver torturé par cela alors qu'ils devaient vivre autrement désormais, cela aussi était son rôle.
De temps en temps....
Avait-il été un meurtrier, ou bien en deviendrait-il un? Diarmuid ne se leurrait pas, il manipulait certain parmi les plus naïfs parfois mais savaient ce qu'ils restaient, tous : des assassins. La mort entraînait la mort, une loi du Talion maléfique, éternelle, bien plus qu'une simple guerre....

Dashel aurait du s'entraîner avec les autres, le reste de son escadron notamment. Il était capitaine, il aidait aux routines, à l'élaboration des programmes d'entraînement. Il les suivait aussi, avec les autres soldats, on attendait cela de quelqu'un comme lui, et en cela, l'homme répondait à leurs attentes. Sauf qu'il y avait le feu dans ses yeux, et le feu il le portait au coeur aussi, on pouvait mourir de choses comme ça, on pouvait faire des erreurs...
Se fichant bien d'avoir l'air trop sévère, injuste, le Général vint trouver Dashel au milieu de son escadron, l'arrachant à eux ainsi que le ferait un père beaucoup trop autoritaire d'un enfant avec ses camarades.

”Venez avec moi.”

Il se souvenait du plus jeune à ses tout débuts dans la résistance, il se souvenait de chaque rapport de missions rédigés d'abord par certain de ses supérieurs, puis par le gamin lui-même. Et cela était comme une ombre douloureuse qui croissait petit à petit, asphyxiante pour quiconque savait regarder. Il était doué, Dashel, il apprenait vite, il comprenait surtout, mais il portait au visage, ce visage que Diarmuid ne pouvait regarder sans animosité, la marque des exaltés et des martyrs. Sa cause était héroïque, son combat aussi, de fait cela exigeait des sacrifices. La Résistance ne pouvait accepter des sacrifices, encore moins des tributs de chair et de sang.

”Entraînement spécial, juste vous et moi, jeune homme. Vos réactions sur le long terme diront s'il s'agit là d'une punition ou d'un simple échange amical.... “

Et Dashel connaissait les règles, car depuis le début Diarmuid lui portait un intérêt tout particulier, essayant de canaliser l'impétuosité du jeune homme pour ne pas qu'il se détruise lui-même. Parfois, le Général avait l'impression d'échouer....
Et puis il se revoyait lui-même bien sûr, parfois plus jeune, parfois plus vieux un peu, ou tout simplement au même âge. C'était ça qui l'effrayait le plus....

Pourquoi? Parce que Dashel était à son image à lui: enflammé, farouche, impétueux, meneur d'hommes surtout. Quand on dirigeait des hommes et des femmes, cela était pour les envoyer à la mort. Avant qu'une catastrophe de plus, une catastrophe de trop n'arrive, Diarmuid devait inculquer à son cadet la notion de ce qu'était la résistance pour quelqu'un de plus mature que lui, quelqu'un ayant tout perdu quand Dashel possédait encore bien des choses -et Diarmuid lui souhaitait de les posséder encore longtemps-. Pouvait-on s'imaginer dans un état d'esprit pareil? Diar ne le savait pas, il se contentait d'espérer, la survie de Dashel était lié à cet espoir, sur le long terme....

”Tes dernières missions, Dashel...” A présent qu'il ne restait qu'eux sur la petite piste d'entraînement où l'on pouvait tout aussi bien faire un simple jogging que s'entraîner à la lutte, le général tutoyait l'autre homme. Face à ses soldats, il lui accordait le vouvoiement respectueux d'un gradé à un autre, là qu'il n'y avait plus d'autre regard, il le tutoyait ainsi qu'un professeur inquiet pouvait le faire pour l'élève qu'il souhaitait aider.

”Tu en demandes trop à tes hommes, tu les pousses au bout de leurs limites et ils t'obéissent parce que tu sais les galvaniser. Attention à ne pas franchir le point de non-retour, mon garçon, tu es précieux pour la résistance, toi et chacun de tes soldats. Être précieux, pour nous, cela veut dire que nous avons besoin de vous vivants, pas de simple chair à canon.... “

Il se força à sourire. Un peu...

”Je ne veux plus avoir devant moi le gamin inconscient que j'ai fait rentrer ici, tu es devenu meilleur, ne retournes pas en arrière....”

Des conseils de vieux con, songea le général avec amertume. Parce qu'il était difficile, tellement difficile de comprendre comment faire la différence, sauver une situation ou l'empirer tout au contraire. Pouvait venir un jour où le sacrifice se révélerait nécessaire, mais il faudrait en cela une situation précise dans ses tenants et ses aboutissants, pas de simples missions.
Mais il y avait le poids d'autre chose aussi, d'une promesse : retourner sur le terrain. Diarmuid lui en avait fait serment, au gamin, un jour ils seraient sur une mission ensemble, malgré tous les vieux démons du général, et ce serait alors à Dashel de le guider, devenu un bien meilleur résistant, un bien meilleur chef, que Diarmuid ne l'avait jamais été....

La journée avait plutôt bien commencée. Dashel était partie avec ses hommes, leur séance d’entrainement allait bientôt débuter. C’était quelque chose de nouveau pour lui. Il s’était de nombreuses fois entrainé avec eux, mais très peu en tant que leur capitaine. Si il  ne fixait pas les objectifs de leurs sessions hebdomadaires, il était à présent amené à diriger l’entrainement de son escadron et ses hommes l’écoutaient. Il en avait d’abord eu peur. Il s’était rapidement entendu avec ses compagnons. Son ascension dans la hiérarchie l’avait tout d’abord éloigné de ses frères d’arme. Mais grâce à son caractère et sa façon d’agir, ils avaient rapidement dépassé cette étape pour redevenir leur camarades malgré le fait qu’ils soient suivre ses ordres. Selon sa philosophie, plus on été proche de ses hommes et plus un respect mutuel et la réussite des missions à venir pouvaient en survenir.

L’escadron Ghost avait débuté son entrainement. Mais il fut intérromut lors de la venue du Général Uw. Ils se mirent au garde à vous comme un seul homme quand il entra dans la salle d’entrainement qui leur était allouée. Sans un mot ni un regard pour les hommes présent, il marcha d’un pas décidé, à une allure maitrisée vers Dashel. Il se stoppa net devant le jeune homme qui était encore au garde à vous.

- Venez avec moi. Dit il sans équivoque.

Il ne servait à rien que le jeune capitaine acquiesce. Ce n’était pas une question et il n’était pas possible qu’il puisse refuser. Le général en avait parfaitement conscience. Sans un mot de plus, il reparti par où il était arrivé, Dashel sur ses talons. Quand il sortit lui aussi de la salle, il entendit ses hommes se détendre et chuchoter. Ils devaient se demander ce pourquoi leur capitaine avait été réquisitionné par un général venu le chercher en personne. Ils n’eurent pas le temps de se poser la question bien longtemps : la voix de leur instructeur se fit entendre jusqu’à lui, leur ordonnant de continuer leur séance. Que pouvait bien lui vouloir Diarmuid ? Il espérait qu’il n’aurait pas de problème avec ses supérieur. Qu’aurait il pensé et fait si jamais il était déjà rétrogradé ?

- Entraînement spécial, juste vous et moi, jeune homme. Intervint son supérieur sans lui laisser le temps de trop réfléchir. Vos réactions sur le long terme diront s'il s'agit là d'une punition ou d'un simple échange amical....

Ouf… Ses inquiétudes étaient infondées. En revanche, cela n’annonçait rien de bon pour la suite. Son premier examen avec le général n’avait pas été de tout repos. Cétait grâce à lui qu’il était entré dans la résistance. Durant plusieurs année, il s’était fait remarqué grâce à la contrebande qu’il faisait en faveur des villages détruit par le premier ordre. Il lui été d’ailleurs arrivé de rentrer en confrontations avec leur stormtroopers. Malgré quelques primes qu’ils avaient déposés à son nom, il avait toujours réussi à s’en sortir. Cela avait attiré l’attention de la résistance et le général l’avait accepté au sein de leur rébellion. Mais il avait par la suite personnellement évalué les compétences du jeune homme. Il en gardait un souvenir douloureux et quelque peu humiliant. Il avait très mal pris sa défaite, et il espérait encre pouvoir prendre sa revanche. Mais peu importe le nombre de fois où il s’entraînait avec lui, cela finissait toujours de la même façon. Dashel ne comptait plus les bleus et les conseils qu’il lui avait infligé. A quoi tout cela pouvait bien rimer ? Pourquoi portait il autant d’attention au capitaine ? Cela rendait nerveux le jeune homme qui n’avait rien demandé à son ainé. Il hésita à lui fausser compagnie. La dernière fois qu’il l’avait fait, cela avait très mal fini pour lui comme pour son crâne. Et puis cela était trop tard. Ils venaient de pénétrer dans une petite salle d’entrainement et son professeur s’était arrêté en face de lui.

- Tes dernières missions, Dashel... Le général recommençait à le tutoyer. Pourquoi avait il droit à cette marque de familiarité ? Sans réellement savoir pour quelles raisons, cela l’agaçait. Tu en demandes trop à tes hommes, tu les pousses au bout de leurs limites et ils t'obéissent parce que tu sais les galvaniser. Etait ce une mauvaise chose ? Du point de vue de Dashel, cela avait tout l’air d’un compliment. Il doutait que ça en soit un venant de Diarmuid. Attention à ne pas franchir le point de non-retour, mon garçon, tu es précieux pour la résistance, toi et chacun de tes soldats. Être précieux, pour nous, cela veut dire que nous avons besoin de vous vivants, pas de simple chair à canon....

Le général était loin d’avoir tort. Dashel n’avait pas encore bien intégré que devenir capitaine n’était pas qu’une question de diriger et donner des ordres mais surtout de tenir la vie de ses hommes entre ses mains. A partir du moment où il avait été promu, son escadron comptait sur lui pour être un de ses meneurs. En contrepartie, il devait certes s’assurer de la réussite de la mission mais aussi de la survie de son équipe. Et c’était un point qu’il avait tendance à ignorer. Heureusement pour lui, bien qu’il ne le voyait pas forcement de la sorte, le Général Uw espérait pouvoir l’aider à sa façon.

Toute sa vie durant, le jeune homme n’avait eu qu’un seul but : survire. Il avait appris à ne compter que sur lui même. Lorsqu’il travaillait en équipe, il avait eu l’habitude d’être trahi mais aussi de trahir ses collègues. Il avait finalement embrassé la cause de la résistance et avait changé. Sa survie n’était plus la seule qui importait, il luttait pour sa liberté mais aussi pour celle de la galaxie. Depuis qu’il était capitaine, il avait l’impression de ne plus avoir le droit à l’erreur. Il prenait donc beaucoup de risque pour les mener à bien et cela avait des répercussions sur ses hommes. Ils n’osaient rien lui dire, mais à ce rythme, il perdrait ses camarades et peut être même plus : sa vie. Il lui fallait apprendre la valeur de la vie de ces hommes. Seul le général semblait pouvoir le lui enseigner.

Mais il avait du mal à écouter son mentor. Il refusait de se l’avouer, et jamais il n’aurait le courage s’en parler face à face avec l’homme. Il le respectait profondément. Il était une des rares personnes à s’être intéressé à lui et à vouloir l’aider. Pour quelles raisons ? Il l’ignorait. Quoi qu’il en soit, la relation qui s’était établie entre les deux résistants était particulière pour Dashel. Il n’avait jamais connu de figure paternelle. Sa mère était décédée très tôt. Il n’avait jamais accepté la moindre autorité. Il se faisait violence pour accepter celle de ses supérieur mais avec le général, c’était différent… Il ne pouvait s’empêcher de se demander à quoi aurait pu ressembler la relation qu’il aurait pu avoir avec son père.

- Je ne veux plus avoir devant moi le gamin inconscient que j'ai fait rentrer ici, tu es devenu meilleur, ne retournes pas en arrière....

Qu’aurait pu répondre le jeune homme ? S’il avait été encore un contrebandier, il aurait ri d’un tel commentaire, répliquant sèchement. Dans le pire des cas, il aurait été le premier à frapper son interlocuteur. Mais avec Diarmuid, il ne pouvait se permettre un tel comportement. Il était un des plus hauts gradés de la résistance. Et surtout, il savait qu’il frappait plus fort que lui…

- Mes hommes me font confiances. Ils savent qu’avec moi ils pourront réussir leur mission. Je ne vois pas où est le mal à prendre des risques quand la mission est menée à bien. Et s’il avait tord ? L’idée que le général puisse être dans le vrai était présente dans son esprit. Alors pourquoi cherchait il à avoir le dernier mot ? Il essaya de se persuader qu’il avait raison. Il avait achevé ses missions après tout… C’était leur objectif et ils n’en avaient pas d’autre. Seule la réussite importait. N’avez vous jamais perdu de soldat pendant votre carrière ? Vous savez que c’est inévitable.

Peut être allait il trop loin ? Il avait entendu des histoires sur le général. Il avait été sur le terrain bien avant lui. Aujourd’hui il était en charge de la formation et du recrutement mais ça n’avait pas toujours été le cas. Pourquoi cherchait il à être insolent en sa présence ? Malgré les apparences, il regrettait ses paroles. Dans un coin de sa tête, il savait qu’il avait mal agit. Le général voulait lui apporter son aide et il le savait. Il aurait été plus simple de lui en être reconnaissant, et il le méritait. Cela aussi, il lui arrivé d’y penser. Il ne se souvenait pas le lui avoir déjà dit. Il accepterait la réprimande de son supérieur. Et pourtant, il continuerait de jouer la forte tête.

- Mais je crois que vous n’êtes pas ici pour me faire un discours sur ce que je devrais faire. Ce n’est pas le lieu pour cela. Commençons si vous êtes prêt.

Dashel faisait toujours face à son capitane. Il était en tenu d’entrainement et il était dans une salle s’entrainement. Peut être que prendre quelque coup serait la meilleur façon de se faire pardonner sans le dire clairement à son mentor.

”J'ai perdu des soldats, c'est la seule et unique raison pour laquelle je te parle ainsi.”

Quelque chose passa dans les yeux bleus du général, comme une horde de fantômes, le gris de la mort -car la mort n'était jamais que noire ou blanche-, le fantôme de ses décisions. Il y avait le poids sur ses épaules aussi, bien que l'homme soit toujours droit, la posture martiale, comme inébranlable. Inébranlable, il ne l'était pas. Un golem, un simple golem aux pieds d'argile, et Diarmuid ne pouvait plus redevenir ce simple homme qu'un jour peut-être il avait été. Les retours en arrière, cela n'existait pas, jamais....

”Ces soldats étaient mes hommes, mes amis. Tu sais ce que cela est que de travailler en commando, de répartir des groupes. De savoir qu'un groupe risquera plus, bien plus qu'un autre.... Peux-tu les regarder en face, ces hommes et ces femmes, soutenir leur regard parce que tu comprends ce qu'ils signifient?”

Il parlait sans colère, peut-être qu'il parlait aussi parce que cela lui faisait du bien. L'intérêt de Diarmuid pour Dashel était sincère, il n'avait pas à le prouver, à le dire par des mots, savait que l'autre comprenait.

”Que pour certains d'entre eux, tu as donné une valeur à leur vie, une valeur sacrifiable.... “

On devait en passer par là parfois, cela était nécessaire, l'homme ne le niait pas. Mais il ne devait toujours en être ainsi, jamais, car alors quelle différence entre le Premier Ordre et la Résistance? Les frontières étaient déjà par trop floues pour le général, lui qui restait un fils de l'Empire, lui dont le nom avait été celui d'un ennemi de la rébellion....
Personne dans la galaxie ne pleurait pour eux tous qui tombaient, alors cela était leur rôle aussi, rester capable de larmes, mais comment le faire comprendre sans qu'il n'y ait une mort de plus, une mort de trop?
Que les hommes et les femmes brisés ne soient pas les seuls à pleurer.

”Mourir d'amour et de liberté, oui. Mourir par bêtise, par statistiques, jamais.... Ton rôle n'est pas de choisir qui de tes hommes vivra et mourra, qui reviendra mais de donner un but à leurs vies. Que chacun de leur nom porte une vie et une histoire, Dashel.... Je n'ai pas fait cela.”

Non, il ne l'avait pas fait, pas même pour sa propre femme. Un jour viendrait la rédemption pour Diarmuid, quand pour le moment seule restait la nuit....

”Je suis ici pour t'apprendre et te guider, c'est mon rôle. D'autres ont fait les erreurs avant toi, les ont fait à ta place, profite de cela pour ne pas détruire tout ce que tu peux être.”

Et, sans sommation, Diarmuid attaqua le jeune homme. Ses mouvements étaient rapides, souples, quelque chose dans l'homme semblait être taillé pour le corps à corps et le combat, une brutalité non sans finesse, et quand Dashel frappait Diarmuid savait encaisser les coups, simplement.

- J'ai perdu des soldats, c'est la seule et unique raison pour laquelle je te parle ainsi.

La voix du général ne trahissait pas une émotion particulière. Pourtant il le savait, Dashel avait touché un point sensible. Le général avait perdu bien plus que des soldats. Il avait perdu des amis et une femme. Le jeune capitaine avait été inutilement méchant. Il avait dit ce qu’il ne pensait pas au général et avait regretté immédiatement ses paroles. Car il admirait l’homme qui lui faisait face. Il avait traversé de nombreuses épreuves. Surement  plus que Dashel et pourtant il se comportait comme un gamin immature et indiscipliné. Il pouvait être borné… Il lui aurait suffi d’accepter ses torts et de demander pardon. Mais il ne pouvait s’y résoudre. Surement parce qu’il ne pouvait accepter les paroles de Diarmuid. Cela aurait montré qu’il était dans le faux et ce n’était pas le genre de chose qu’il acceptait facilement.

- Ces soldats étaient mes hommes, mes amis. Tu sais ce que cela est que de travailler en commando, de répartir des groupes. De savoir qu'un groupe risquera plus, bien plus qu'un autre.... Peux-tu les regarder en face, ces hommes et ces femmes, soutenir leur regard parce que tu comprends ce qu'ils signifient ? Que pour certains d'entre eux, tu as donné une valeur à leur vie, une valeur sacrifiable...

- Je sais ce que cela signifie. Je suis avec eux sur le terrain. Je prends les mêmes risques qu’eux.

Il marqua une pause. Réfléchissant à l’argumentation qu’il allait devoir utiliser. Il était avec ses hommes sur le terrain. Il ne les avait jamais abandonnés. Si il prenait des risques c’était pour la réussite de la mission. Il prenait les risques avec ses hommes. Si ils devaient être en premières lignes, alors il y allait avec eux. Qu’y avait-il de mal à cela ?

- Jamais je n’abandonnerais mes hommes.  Je me bats à leur côté. Mais parfois, il faut faire ce que personne d’autre ne ferait. Et ils sont prêts à le faire, même si cela implique d’y laisser la vie. Pour la liberté.

Tout en continuant ses justifications, il doutait de la véracité de ses propos. Il fallait parfois prendre des risques. C’était sûr. Selon lui il n’avait pas le choix s’ils voulaient gagner cette guerre. Mais pouvait-il en demander autant à ses hommes. Ils avaient confiances en lui. Il avait réussi à les inspirer. Cela ne lui donner pas le droit de disposer de leur vie aussi facilement. A quoi bon gagner la liberté de la galaxie si à la fin, il ne pourrait en profiter avec ses compagnons ? L’idée s’implantait petit à petit dans les méandres de son esprit. Le Général avait un fort impact sur le jeune homme. Il parvenait à le faire douter et à lui ouvrir les yeux. Si la démarche était hasardeuse et longue, petit à petit, Dashel s’ouvrait à de nouvelles possibilités. Mais Diarmuid savait que cela ne suffisait pas encore. Il pratiquait le Lorrdien depuis des années.

- Mourir d'amour et de liberté, oui. Mourir par bêtise, par statistiques, jamais.... Ton rôle n'est pas de choisir qui de tes hommes vivra et mourra, qui reviendra mais de donner un but à leurs vies. Que chacun de leur nom porte une vie et une histoire, Dashel.... Je n'ai pas fait cela.

Cette fois le jeune résistant réussi à retenir sa langue. Il n’était absolument pas nécessaire d’en rajouter. A quoi bon dire à son supérieur que s’il en avait été incapable, il n’avait pas de conseil à lui donner à ce sujet ? Dashel sentait le poids de la rancœur et du regret peser sur les épaules de son mentor. Il supporter un fardeau suffisamment douloureux pour qu’un jeune homme perdu et impertinent en rajoute.

- Je suis ici pour t'apprendre et te guider, c'est mon rôle. D'autres ont fait les erreurs avant toi, les ont fait à ta place, profite de cela pour ne pas détruire tout ce que tu peux être.

Dashel, voulu répondre. Il avait l’intention d’être un peu plus compatissant. Il avait vécu la perte d’être cher lui aussi. Au fond de lui il voulait compatir à la douleur du général. Mais il ne lui laissa pas l’occasion de prononcer un seul mot. L’homme se jeta sur lui. Il avait beau le connaitre et avoir souvent pratiqué les arts martiaux avec lui, le général était d’un tout autre niveau. Il parait habilement les coups du jeune homme et surtout, les attaques qu’il plaçait étaient précises et rapide. C’était comme se retrouver face à une tempête. On pouvait résister un temps, mais finalement, on se retrouvait submergé. Le jeune homme fit son maximum pour lutter et résister. De temps en temps, le vent faiblissait et il parvenait à toucher son adversaire. Ce n’était que des pichenettes comparé à l’impact des chocs du général. Finalement, le jeune homme improvisa. Il pourrait peut-être surprendre le combattant. Il se courba et enchaina plusieurs attaques. Il utilisait points, ouverts ou fermés. Puis ses jambes, frappant du genou ou du pied. Chaque parcelle de son corps devenait une arme. Et pourtant, cela ne fut qu’une brise douce contrairement à l’enchainement qui suivit. Sans avoir le temps de comprendre, le général faucha Dashel qui se retrouva sur le dos, le souffle coupé.

- Cela ressemble plus à une punition qu’autre chose… Gémit il en se redressant lentement pour reprendre son souffle.

”La liberté, Dashel, ce n'est pas ton égo, ton honneur ou ton orgueil.....”

Ce n'était pas la gloire non plus, Diarmuid avait eu la gloire, en portait encore les chaînes. Et le coeur du jeune homme face à lui, son coeur était celui d'un jeune prince, d'un jeune lion. Le capitaine ne possédait aucune mauvaise intention, seulement des désirs capable de le mener à sa perte si personne ne veillait sur lui. Un dur travail, veiller sur autrui, on ne pouvait le faire parmi les champs de batailles, alors Diarmuid savait que c'était là son rôle, dans les couloirs de la Résistance.
Il attendait beaucoup de Dashel, beaucoup trop peut-être, le savait. Dashel réussirait cependant, Diar ne doutait pas de lui. Plus qu'un héros, il saurait être un homme bon. Un chemin difficile, le pire de tous peut-être, celui sans gloire, sans amour, sans récompense...
Le vrai chemin de la Résistance, car il leur fallait porter leurs coeurs en eux plutôt que le jeter à tous vents dans des batailles sans buts ni sens.

L'entraînement physique commença: Dashel avait gommé déjà énormément des mouvements appris dans les batailles de rues, pour ne garder que les plus efficaces, les adapter à un style de combat ainsi qu'il le fallait dans l'infanterie. Il y avait quelque chose de chaotique dans sa manière de bouger, mais aucun désespoir, et Diarmuid sentait avec plaisir l'adrénaline le frapper alors qu'il esquivait ou recevait les coups du plus jeune.
Le capitaine savait rétablir son équilibre avec vivacité. Il analysait les mouvements, les situations dans lesquelles Diarmuid le forçait à aller et limitait les dégâts. Bon sang, bien sûr que ce gosse était doué ! Et le général n'avait aucune colère contre lui, jamais vraiment. Il lui pardonnait, au môme, il lui pardonnait même ses effronteries, retrouvait en lui le propre garçon que lui-même avait été un jour.
Cela le rassurait, les années passaient mais Diarmuid découvrait que l'on pouvait encore rêver comme lui au même âge. Rêver, espérer, de cela aussi la Résistance avait besoin.
Il encaissait les coups, ceux-ci étaient puissants, ceux-ci étaient forts, mais ne rien en laisser paraître était aussi une technique d'intimidation.
Sur un coup de chance, rapidité pure et simple, Diarmuid mit le gamin à terre, l'aida à se relever.

”lors c'est que tu as décidé de le vivre comme une punition, gamin. Tu te bats bien, mais se battre ça ne fait pas tout, c'est vivre le plus important. Vivre, revenir, raconter, apprendre...”

Et puis, d'une voix plus cure comme une insulte envers lui-même.

”Et y retourner.”

Essouflés, ils l'étaient tous les deux. Diarmuid gardait sa foi envers Dashel, le garçon était un combattant, pas un fou furieux. L'homme plus âgé l’agrippa à la nuque de sa grande main, et lui offrit une de ces embrassades mi paternelles, mi fraternelles, comme il donnait parfois à ceux en ayant besoin.

”Personne n'est surpuissant, on finit toujours par tomber.... Dis-moi, gamin, tu l'sais que tu comptes pour nous? Toi, comme chacun de tes soldats. Parce que tu es quelqu'un de précieux, qui a beaucoup à apporter par tes rêves et tes sentiments. Il en faut du rêve, dans cette merde de galaxie.... Mais t'es pas idiot, je sais que t'as compris que j'étais pas ton ennemi, que j'veillais sur toi. J'ai gagné par chance aujourd'hui, par simple chance...”

- Alors c'est que tu as décidé de le vivre comme une punition, gamin.

Les intentions du générale n’étaient jamais parfaitement limpides aux yeux du jeune homme. Il avait évidement conscience que l’attention qu’il lui portait n’était pas de l’acharnement pur et simple. Dans son enfance, il avait vu la misère et ceux qui en profitaient. Ils avaient souvent détesté les esclavagistes et autres bourreaux qui usaient de leur pouvoir pour martyriser les plus faibles. Il sentait bien que la démarche de son ainé était toute autre. Il n’avait pas tord. Dashel l’avait cherché et selon lui il avait mérité cette correction. Il était là pour le faire progresser. Autant par ses conseils que par ses entrainements. Mais il y avait quelque chose de plus. Quelque chose que le jeune homme ne pouvait pas encore comprendre de par son manque d’expérience. Diarmuid avait vécu des événements marquants et il voulait le guider pour qu’il puisse éviter les erreurs qu’il avait lui même commis.

- Tu te bats bien, mais se battre ça ne fait pas tout, c'est vivre le plus important. Vivre, revenir, raconter, apprendre… Et y retourner.

Au moins, là dessus, les deux hommes tombaient parfaitement d’accord. La survie. Ce concept était ancré en Dashel. Il avait tout le temps lutter pour sa survie. D’abord pour vivre après que sa mère et lui aient été abandonné par son père. Il avait volé dans les rues, usant de leurs talents de Lorrdiens pour tromper et escroquer. Sa mère avait ensuite été faites esclaves et il avait du se débrouiller seule pour vivre. Tout avait été de sa faute. Il avait mis du temps à la retrouver. Et quand il l’avait enfin retrouvé, elle était déjà morte. A partir de ce moment là, il avait toujours été seul. Il avait chercher à survivre, luttant pour faire partie d’un univers qui semblait vouloir le rejeter. La contrebande avait été un échappatoire et plus tard, la résistance, sa rédemption. Sa survie seule et sa liberté n’était plus suffisante. Il luttait pour une plus grande cause, celle de la sauvegarde de la galaxie. C’était pour cette raison qu’il s’impliquait autant. C’était pour cela qu’il était devenu capitaine et qu’il espérait progresser encore. Ses ambitions pouvaient nuire à ses camarades. Il devait l’admettre. La réussite de sa mission ne devait pas couter la vie de ses hommes. Sinon à quoi bon survivre pour être le dernier debout ?

Dashel se redressa difficilement. Sa cheville était endolorie face au choc de son mentor. Le coude sur lequel il s’était réceptionné n’était pas en meilleur état. Il reprenait son souffle doucement. Le général semblait lui aussi avoir besoin de souffler un peu. Il ne s’avait pas combien de temps avait duré leur échange mais cela avait été plus intensif qu’il ne s’y était attendu. Leur combat avait reflétait la passion qui les animait tous deux. Le général avait la sagesse et l’espoir de voir grandir l’homme qu’il avait pris sous son ail pour qu’il participe à la conception du monde qu’il espérait voir un jour. Le capitaine avait la fougue et l’espoir de voir un jour meilleur. Un lendemain sous l’égide de l’égalité, le partage et la liberté.

Diarmuid se rapprocha de lui et l’attrapa à la nuque. Dashel se crispa, prêt à recevoir un ultime coup. Mais il n’en fut rien. Il donna au jeune homme une ambassade amicale presque paternelle. Il n’avait jamais reçu un tel hommage et il en fut touché.

- Personne n'est surpuissant, on finit toujours par tomber.... Dis-moi, gamin, tu l'sais que tu comptes pour nous? Toi, comme chacun de tes soldats. Parce que tu es quelqu'un de précieux, qui a beaucoup à apporter par tes rêves et tes sentiments. Il en faut du rêve, dans cette merde de galaxie.... Mais t'es pas idiot, je sais que t'as compris que j'étais pas ton ennemi, que j'veillais sur toi. J'ai gagné par chance aujourd'hui, par simple chance…

- L’espoir hein ? C’est de ça dont il est question n’est ce pas ?

Quelle belle notion… Tout tournait autour de cela. Combien de discourt de la générale Organa Solo y faisaient allusion ? Il l’avait souvent écouté, admiratif de ce qu’elle pouvait représenter et de ce qu’elle suscitait chez ses hommes. Quelle chance il aurait eu s’il avait pu lui parler directement. Il avait envie de se raccrocher à cet espoir. En écoutant Diarmuid, il avait la sensation qu’il voulait lui faire prendre conscience de ce que représentait cette notion. Il se dégagea lentement de l’étreinte de son mentor.

- On ne doit pas rechercher la réussite à tout pris… Ce n’est pas une victoire si on est le seul survivant… C’est ça ?

Il parlait et les propos faisaient sens au fur et à mesure. Plus il s’exprimait et plus les mécanismes de sa pensé se mettaient en place. Sa réflexion prenait sens petit à petit.

- L’espoir. Il nous maintient en vie. Il nous donne la force de survivre pour voir ce que le monde de demain sera. Mais cet espoir de voir un monde meilleur, il est commun à moi et à mes hommes. Je n’ai pas le droit de sacrifier leurs espoirs au profit du mien ou même d’une cause plus grande…

Il le comprenait. Il ne voulait sacrifier la vie de personne. Après chaque retour de mission, il comptait lui même les pertes. Après chaque retour de mission, il faisait le rapport à ses supérieurs. Et après chaque retour de mission, il prévenait lui même les proches de ceux qui étaient tombés. Ils avaient été ses camarades, ses amis, parfois plus. Il se haïssait pour le sacrifice que ses hommes avaient fait pour lui et sa réussite.

- Comment je peux faire ? demanda-t-il, en proie à ses tourments. Je comprends ce que vous me dites… Mais comment faire pour éviter la perte de mes hommes ?

L'espoir, un grain de poussière que rien ne différenciait des autres, une goutte de sueur dans l'effort, celle de plus, celle de trop qui soudain faisait que tout comptait. Et l'espoir était aussi les ténèbres parfois... Diarmuid ne savait où était le sien, peut-être quelques part parmi les nuits éparses qu'il passait avec toutes ces femmes, à les écouter rire, à les écouter pleurer aussi, peut-être dans els amitiés douces et amères qu'on lui accordait, non il ne savait pas.

”Il est toujours question de ça, Dashel, on a tous des espoirs quels qu'ils soient, même nos ennemis. On a pas besoin de le nommer non plus, ça l'empêche pas d'exister. Je vais pas te dire qu'un jour, ça, tu le comprendras, parce que si t'en es là aujourd'hui c'est que cette leçon là, tu la connais.”

Un gamin qui avait souffert comme ça et décidait finalement de donner sa vie à une cause plus grande, voilà ce que Diarmuid sous-entendait. Que Dashel était un espoir à lui tout seul, au même titre que d'autres. Parfois, des décisions avaient le même poids que de simples actions grandiloquentes, parfois elles en possédaient peut-être même plus également...
Un jour Diarmuid retrouverait une autre forme d'espoir, parce qu'un enfant naîtrait de lui. Il ne serait pas de la femme de sa vie qu'il aimait encore, qu'il aimerait toujours, car les morts ne pouvaient renaître, mais d'une autre, d'une amie chère qui accepterait une autre forme d'amour à ses côtés. Que Diarmuid accepterait aussi. Un jour, et le général ne pouvait rien deviner de cela, il n'avait pas de dons, ne pouvait voir l'avenir comme certains se targuaient parfois. Il se raccrochait dans le noir à ce qu'il pouvait, cela était suffisant....

Devant lui, le garçon le fit sourire un peu. Aucune moquerie, simplement une fierté triste, et rien d'autre n'avait d'importance. A cet instant, Diarmuid aurait pu prendre un chemin dangereux : mentir, promettre des choses à l'autre comme il le faisait parfois aux plus naïfs de ses élèves, ceux qui étaient déjà condamnés. On pouvait être dans le bon camps, faire des choses monstrueuses quand même, ça ne changeait rien....
Mais le général décida de ne pas mentir à Dashel, le cadet avait fait ses preuves, la vérité serait dure, incompréhensible, il la méritait. Comme pour l'entraînement, ce serait au jeune capitaine de décider de faire ou non de cette vérité, une punition.

”Tu ne peux rien faire, tu n'éviteras jamais la perte de tes hommes. Tu seras trahi, Dashel, par les événements, par les morts, par tes faiblesses et tes décisions, c'est inéluctable avec la position que tu as désormais. Tu te trahiras toi-même à un moment ou à un autre, le plus important sera de décider si tu te trahiras pour sauver ou pour condamner. “

C'était parce que Diarmuid possédait cette vérité profondément ancrée en lui qu'il ne pouvait plus retourner sur le terrain. Un jour peut-être, il se pardonnerait, mais ses péchés étaient grands, beaucoup trop pour un seul homme, du moins certains le murmuraient. Les péchés d'un monstre, pas d'un homme.

”Au fond, rien de tout ça fait vraiment sens, gamin.... Si c'était le cas on aurait pas toutes ces guerres, bordel de merde non il n'y aurait pas tout ça. Quand tu sais plus où est l'espoir, cherche les vérités les plus pures, les plus idiotes, parfois ça peut aider. On peut jamais vraiment comprendre jusqu'où irons nos actes....”

- Il est toujours question de ça, Dashel, on a tous des espoirs quels qu'ils soient, même nos ennemis. On a pas besoin de le nommer non plus, ça l'empêche pas d'exister. Je vais pas te dire qu'un jour, ça, tu le comprendras, parce que si t'en es là aujourd'hui c'est que cette leçon là, tu la connais.

La connaitre ? Dashel n’en était pas si sur. Il faisait confiance à son général. Il se le représentait comme un homme sage et dont les préceptes pouvaient l’aider dans ses décisions à venir. Mais il doutait avoir la même clarté de pensé que lui. Il avait foi en l’espoir. Mais de là à pouvoir prétendre qu’il avait compris ce que cela signifiait… Non. Il en était encore loin. Il ne pouvait l’avouer cependant. Il était trop fière pour faire ce pas là vers son mentor. En revanche, il pouvait demander un autre conseil. Sa question était simple et pourtant il existait tellement de réponse.

- Tu ne peux rien faire, tu n'éviteras jamais la perte de tes hommes.

Cette réponse était celle qu’il redoutait le plus. Il le savait pourtant. Personne ne pouvait éviter ce genre de chose lors d’une guerre. Dashel, en tant que capitaine aurait voulu pouvoir protéger tous ces hommes. Mais c’était tout bonnement impossible. En partant de ce principe, il régressait légèrement. Dans ce cas, si leur mort était inévitable, alors la mission primait sur la survie du groupe. Peut importe le nombre de pertes si ils réussissaient puisque, après tout, ils étaient destinés à mourir. C’était la colère qui parlait. La colère face à cette réponse qu’il connaissait et qu’il ne voulait pas accepter.

- Tu seras trahi, Dashel, par les événements, par les morts, par tes faiblesses et tes décisions, c'est inéluctable avec la position que tu as désormais. Tu te trahiras toi-même à un moment ou à un autre, le plus important sera de décider si tu te trahiras pour sauver ou pour condamner.

Les paroles du général eurent l’effet d’une douche froide pour le jeune homme. La colère se dissipa, balayée par le flot des mots de son mentor. Il redoutait d’avoir un faire un choix. Mais cela repoussait aussi l’échéance. Il avait le temps. Le temps de devenir un bon capitaine. Ou le temps de devenir un homme meilleur simplement. C’était la dessus qu’il devait se concentrer. A partir d’aujourd’hui, il se préparerait au jour où il devrait faire ce choix. Il serait prêt quand l’occasion se présentera. Il allait suivre les enseignement de Diarmuid pour ne pas faire le mauvais choix.

- Au fond, rien de tout ça fait vraiment sens, gamin... Si c'était le cas on aurait pas toutes ces guerres, bordel de merde non il n'y aurait pas tout ça. Quand tu sais plus où est l'espoir, cherche les vérités les plus pures, les plus idiotes, parfois ça peut aider. On peut jamais vraiment comprendre jusqu'où irons nos actes...

- Je suis capitaine et mes hommes comptes sur moi. Ça veut dire que je suis responsable. Au moins, ça j’en suis certain. Ça me donne un but. Je les ramènerais chez eux la prochaine fois. Merci…

C’était une promesse qu’il se faisait. Celle de ne plus négliger leur vie. A sa prochaine mission, il veillerait sur eux. Il n’était pas que le donneur d’ordre, il était aussi le garant de leur sécurité. Des plans audacieux, il savait en trouver. A présent il devait apprendre à trouver des plans qui ne les mettaient plus en danger. Prendre des risques oui, mais pas inutilement.

- Je n’ai jamais compté que sur moi même. Aujourd’hui on compte sur moi aussi. Ils m’ont confiés leur vie et ont confiances en moi. Je ne veux pas les décevoir.

Lui aussi il ne voulait pas le décevoir. Mais sa fierté l’empêchait de le lui dire. Il espérait que le général le comprenait. Il se laissa aller à sourire. Il avait encore du chemin à faire mais c’était un début. Aujourd’hui il avait affronté ses peurs et fait son premier choix : celui de la vie et de l’espoir. Il avait eu de la chance que l’homme se soit pris d’affection pour lui. Il aurait été incapable de trouver son chemin seul. Il n’avait jamais reçu aucune aide et il s’en était toujours très bien tiré. Mais aujourd’hui il se sentait perdu avec ses responsabilité et les attentes qui pesaient sur ses épaules. Diarmuid était d’une grande aide pour continuer d’avancer. Peut être qu’un jour, il aurait le courage de le lui dire.

- Et oui on ne peut jamais savoir où cela nous mènera. Regardez. J’étais un contrebandier perdu et finalement j’ai été abordé par la résistance. Vous m’avez recruté et aujourd’hui je suis capitaine. Qui aurait pu se douter que de faire de la contrebande pour un petit village attaqué par le Premier Ordre aurait pu me mener ici. Mais je vous en remercie. Merci de m’avoir soutenu. Sinon je n’aurais jamais eu l’occasion de vous battre.

Et sans prévenir, comme l’avait fait son mentor, il se jeta en avant. Mais il n’y allait pas de la même façon que précédemment. Il ne mettait plus sa rage et son acharnement dans ses mouvements. Il avait une sensation de plénitude et d’assurance. Cette discussion avait valu le coup, même si il avait hésiter à s’en échapper. Il n’avait plus de peur et d’hésitation. Il ne cherchait plus à se faire réprimander par son supérieur. Cette fois, il ne cherchait plus à se faire punir pour son arrogance.

Parfois, les mots pouvaient être des coups de poing violents, et parfois, ces coups de poings ne faisaient pas mal: ils existaient juste pour redresser, pour relever. A sa façon Diarmuid était à terre tout autant que Dashel et voilà que c'était au tour de ce gamin de le relever lui. Pris de court, le général ne pouvait qu'écouter... C'était rare qu'on le remercie, son rôle était de briser des vies après tout, de ne relier des existences qu'à la guerre de la même manière qu'on lavait le cerveau des troopers. Sauf que les remerciements du brun étaient sincères....

La guerre, beaucoup de sacrifices dedans, mais des buts aussi et Dashel y trouvait le sien. Diarmuid ne l'en blâmait pas, il avait été ainsi lui aussi, il l'était encore, le resterait toujours. Une ironie quand il pensait aux sacrifices de son propre père pour le faire sortir de ce cercle infernal, et même après la mort de Shirakz, Diarmuid n'avait pas maudit la guerre.
A présent, voilà que le gamin devant lui prenait de l'assurance, un peu trop peut-être, et Diarmuid  ne pu s'empêcher de rire. Une erreur, il le savait bien que c'était une erreur car alors même qu'il riait, le coup de Dashel vint lui couper le souffle. Bien joué, et le brun ne s'arrêtait plus à présent, reprenait même quelques uns des mouvements que Diarmuid avait utilisé contre lui.
Une manière de lui prouver qu'il avait écouté peut-être, autant ses mots que ses gestes. Diarmuid se sentit alors empli d'une affection sauvage pour chacun des gamins de la Résistance, pour ceux qu'il formait, pour ceux qu'il ne formait pas, et pour toutes les petites mains derrière les soldats aussi. C'était violent, comme un torrent, comme une avalanche, une coulée de sentiments pour contrer toutes les coulées de boue. Et ça valait le coup....

Bientôt, le général se retrouva à terre. A un moment, il n'avait pu se protéger le visage, préférant garder sa garde sur ses flancs, aussi un hématome dans un joli dégradé de vert et de violet, commençait à fleurir en dessous de son oeil droit. Et puis il souriait. De toutes ses dents. Il continuerait d'avoir peur pour Dashel, mais le jeune homme venait de lui prouver qu'il pouvait avoir confiance malgré tout, ce qui devait arriver arriverait car ils n'étaient que des hommes, mais rien ne serait sans but pour autant.

”T'es un sacré phénomène, gamin, tes hommes sont chanceux de t'avoir, Capitaine.”

Il ne mentait pas, Diarmuid savait ce que cela était que de diriger des hommes, la bonté qu'il fallait trouver en soi pour ne pas tomber dans la tyrannie pure. Dashel avait cette bonté en lui, et l'instinct pour l'utiliser. Il deviendrait quelqu'un d'encore plus grand qu'il ne l'était déjà, un jour, le général n'en doutait pas, et cet espoir le réchauffait malgré la dérouillée que le plus jeune lui mettait.

Aïe....

”Finalement, t'as réussi à gagné, hé il était temps ! “

Et dans les coeurs les plus jeunes, chaque victoire comptait alors Diarmuid mettait un prix à celle-ci, un prix qu'il donnait avec plaisir....

De nouveau ils échangeaient coup pour coup. Le jeune homme frappait, le général bloquait et ripostait. Dashel esquivait et contrattaquait encore. Mais cette fois, il n’allait pas se laisser piéger comme ça avait été le cas plus tôt. Il avait retenu la leçon et il avait une idée pour tromper son adversaire. Il fallait qu’il utilise les mêmes botes que lui. Il commença à utiliser les même technique de combat. Il l’avait vu faire suffisamment de fois pour reproduire approximativement ses mouvements. C’était d’autant plus simple qu’il était Lorrdien. C’était un atout dans sa manche. Il était capable de reproduire les sons qu’il entendait mais aussi les mouvements qu’il voyait. Il approchait de son attaque final. Le général avait du reconnaitre ses mouvements et il les anticipait évidemment. Il allait don anticiper le suivant, et c’est ce qu’il fit. Mais il s’agissait en réalité d’une feinte. Dashel commença son geste et Diarmuid se prépara à bloquer instinctivement. Mais il changea le rythme de ses mouvements et modifia sa course. Il n’était pas un très bon combattant mais en revanche il était agile et rapide. Tout était basé la dessus. Il modifia son attaque et envoya son poing en direction du visage de son mentor. Comme il l’avait espérait, ce dernier ne s’y était pas attendu. Il prit le coup sans pouvoir y échapper et tomba à la renverse.

Dashel se tenait droit, haletant devant son général. Il avait réussi. Enfin ! Il avait décroché sa première victoire face à lui. Un large sourire barrait son visage. Il fut surpris de voir le même sourire sur son mentor. Cela le fit éclater de rire. Il ne pouvait se retenir. Une sensation de bien être s’était installé en lui et il le lui devait.

- T’es un sacré phénomène, gamin, tes hommes sont chanceux de t'avoir, Capitaine.

Dashel reprenait péniblement son souffle. calmant son euphorisme comme il le pouvait. Cela signifiait beaucoup pour lui. Il avait l’impression d’avoir franchi un cap et il le devait à Diarmuid. Il se rapprocha de l’homme qui était encore au sol et lui tendit son bras pour l’aider à se relever. Il le saisit et le redressa.

- Finalement, t'as réussi à gagner, hé il était temps !

- Oui… Mais ça fait juste une victoire contre… Combien au juste ? Je ne suis même pas sur de pouvoir les compter…

Dashel s’éloigna et alla chercher deux serviettes qui pendait contre le mur de la salle d’entrainent. Il en jeta une au général. Il avait bien transpiré. Il passa le linge sur son front et sa nuque. Il ne savait plus quoi dire. Il était simplement heureux. Il était dans une toute autre disposition que lorsqu’il était entrée dans cette pièce. Il pensait déjà à ses prochaines missions avec ses hommes et aux promesses qu’il avait fait aujourd’hui. Il allait être temps de retrouver son escadron.

- Je vous promet que je ne dirais pas à mes hommes que je vous ai battu. Dit il en souriant encore. Puis son sourire s’effaça légèrement. Il redevait sérieux. Vous m’avez fait une promesse un jour. A mon tour de vous rendre la pareille. Je vous promet qu’un jour vous viendrez avec moi sur le terrain. Non plus comme mon mentor ou autre, mais comme mon coéquipier.