« Et merde ! » voici les mots qui me viennent à l'esprit quand mes yeux se posent sur Jill. Suis-je un fantôme ? Non. Mais je devrais l’être. Et elle, elle ne devrait pas être là. À moins que ce soit moi qui ne devrais pas être présente. Sa présence complique les choses, je n'ai pas d'autres endroits où aller pour le moment. Je viens à peine d'arriver ici, j'étais auparavant dans le vaisseau d'un contrebandier qui m'a exfiltré de Tatooine. Heureusement que j'ai des contacts qui peuvent toujours me servir. Cette mission était une catastrophe, j'avais raison avec mon mauvais pressentiment. Nous n'avons pas réussi à récolter d'informations, j'ai failli rentrer dans un conflit qui m'aurait posé bien des problèmes, foutu Mandalorien qui avait une dent contre la nouvelle génération. Espèce de con ... et l'une des membres de mon commando n'a pas pu s'en sortir. Enfin, elle est toujours en vie, c'est un bon point. Mais pour le moment je n'ai pas d'idées de comment la faire sortir du pétrin dans laquelle elle s'est mise. Je m'en veux. J'ai cette impression d’être responsable, peut-être que si je n'avais pas eu ce problème avec ce type j'aurais réussi à voler à son secours ... Peut-être. Il faudra que j'en parle à Ray à mon retour à la base, histoire que nous la sortions de là. Pas facile de faire avec un nouveau commando composé de membres que l'on connaît à peine. En plus de ça, nous sommes peu. Trop peu. Notre nombre idéal est six, enfin je crois, parce que dans mon souvenir nous étions six et ça se passait très bien. Mais je ne peux pas projeter mes anciens compagnons d'armes sur les nouveaux. Il faut que j'apprenne à faire avec. Ce n'est pas avec cette mission que l'on regagnera la confiance de nos supérieurs, qu'ils nous donneront d'autres objectifs. Il faut que nous arrivions à nous coordonner, à connaître d'avance les gestes des autres, il faut que nous arrivions à être une version bis de l'ancien groupe. Sienna n'est pas non plus en état de se battre, ce qui fait qu'il ne reste plus que Ray et moi. Vraiment trop peu. J'espère qu'au moins il a réussi sa mission de sauvetage ...

Je suis incapable de le savoir étant enfermée comme tout le monde dans ce système solaire. À peine débarquée que voilà qu'une sorte de bouclier s'est formé, nous bloquant tous à l'intérieur. Je suis bien contente que nous soyons passés avant, car sinon, là, je suis sure que je ne m'en serais pas sortie comme l'ont démontré tous ces vaisseaux qui l'ont percuté. Je n'ai pas assez d'informations pour me faire une réelle opinion sur pourquoi cette protection s'est activée, mais je peux déjà me dire que ça doit forcément avoir un lien avec ce qui se passe en ce moment. Corellia qui invite tous les groupes à venir pour parler. Et ce dôme qui se forme. Ça ne peut être une coïncidence ! J'espère que cela ne présage rien de mauvais. Il y a donc des résistants – peut-être que Ray est dans le lot ? – mais aussi des Jedi. Deux camps auxquels j'appartiens. Lequel rejoindre en ces temps troubles ? Je ne sais pas. Il faut que je me pose, que je réfléchisse, que je vois qui est là et surtout où je peux être le plus utile. En parlant de me poser, je suis à l'abri dans le logement d'un couple Mandalorien, amis de mon clan. Peu de personnes savent que je suis toujours en vie et cela me convient parfaitement, moins de gens le savent, plus je serais en sécurité et plus de temps je pourrais agir dans l'ombre. Et cela gardera basse la probabilité de recroiser le commando Rage. J'ai réussi à les contacter discrètement et ils ont accepté de m'héberger le temps que tout ça se tasse. À la base, j'étais censée être là de manière transitoire, mais il semblerait que je vais devoir rester plus longtemps que prévu ...

Jill, élément imprévu. Je suis tout aussi étonnée qu'elle de la voir ici, bon ok, peut-être un peu moins parce que contrairement à elle, moi je ne suis plus censée exister. D'un côté je suis bien entendue contente de la voir, mais d'un autre côté beaucoup moins ... sa présence est gênante, en soi je suis ravie de la voir mais Jill peut poser un danger pour moi, une phrase qui s'échappe et ma présence peut la mettre tout aussi en danger. Je m'en voudrais toute ma vie s'il lui arrivait quelque chose par ma faute. Je n'ai pas répondu à son interrogation tellement sous le choc de l'étonnement de la voir ici. À peine a-t-elle prononcé mon prénom que me voilà avec une attaque câlin sur les bras. Je ne réagis pas immédiatement, mettant quelques – longues – secondes avant de refermer mes bras autour d'elle, esquissant un faible sourire. Je suis contente de la voir, contente qu'elle semble aller bien, contente de l'entendre et de pouvoir la serrer dans mes bras. Et pourtant, au lieu d'un mot gentil, d'une réponse affectueuse ou rassurante, j'entends une phrase s'échapper de ma bouche, phrase qui représente bien mon étonnement mais qui est loin d’être des plus subtiles ... « Qu'est-ce que tu fiches ici ? »

Moi qui suis quelqu'un de plutôt émotive, pour le coup mes émotions arrivent à retardement. Je ne sais pas si je dois être contente de retrouver Jill, ce n'était pas prévu, ce n'était pas quelque chose que je souhaitais, ça pourrait nous porter préjudice. Enfin si, j'ai plusieurs fois souhaité la revoir, mais pas là, pas maintenant, pas dans ces circonstances. D'un autre côté, je suis contente de la voir. Elle a l'air d'aller mieux. Est-ce une larme qui vient de tomber de ses yeux ? Je le sens, je crois. Pas besoin d’être doué d'un pouvoir d'empathie pour s’apercevoir que mon amie est bouleversée. D'un geste, j'arrache un mouchoir d'une boîte et le lui tend. Depuis ma chaise je l'observe, lui rend son sourire par un petit, compatissante. Ce n'est pas tous les jours que l'on retrouve un proche qui est censé être mort. Je l'écoute qui me répond, bien évidemment elle est coincée comme nous tous ici. La question met retourné, je hausse les épaules « Même chose que pour tout le monde, je n'avais pas prévu de m'éterniser, mais vu que je suis bloquée ... » pas la peine d'aller dans les détails, elle n'a pas besoin d'en savoir plus. Mon sourire s’élargit un peu lorsque je l'entends me dire qu'elle espère que je veux bien lui donner de mes nouvelles. Je peux bien lui donner quelques infos sans grande importance, c'est la moindre des choses. Je hoche légèrement la tête « Je ne te promets rien, mais tu peux toujours demander. Je verrais si je te réponds ou pas. Je suppose que tu as des questions ... » mes sourcils se froncent quand je l'entends me dire que ça ne pourra pas lui attirer plus d'ennuis qu'elle en a déjà. « Comment ça ? » Voilà la question que je lui pose du tac au tac, représentant au mot près ce que je pense. Quels sont donc ses problèmes ? Est-ce grave ? Sans doute. Comment a-t-elle fait pour s'en attirer ? Il est si facile d’être dans le pétrin dans cette fichue galaxie. Mes doigts se sont crispés sur mon verre rempli en partie de jus, en attendant qu'elle me réponde je le porte à mes lèvres pour en boire un peu.

« Le reste du clan va bien ? » ça serait mentir que de dire que depuis tout ce temps je ne me suis pas inquiétée de la situation de mon clan « Et toi, comment vas-tu ? » voilà l'une des questions les plus importantes pour le moment. La question me sera probablement retournée et j'y répondrais. Vu qu'elle s'est attiré des ennuis, je suis en droit de me poser des questions sur sa santé. Et en plus de ça, est-ce que ça peut se répercuter sur moi ? Je crois que si je le peux, je l'aiderais, sans aucune promesse derrière ... parce que être sensé être morte et faire partie de la Résistance limite forcément le champ d'action. Je me demande quelles aventures elle a bien avoir après tout ce temps. Je me souviens de notre rencontre, près du feu de camp de notre clan, juste après la destruction du Nouvel Ordre et la perte de mon maître. La plaie était récente et vive. Elle a été patiente, elle n'a pas cherché à insister quand j'ai refusé de parler de certains sujets, je lui en suis reconnaissante. À l'époque j'allais très mal, puis il y a eu la Résistance qui m'a donné un nouveau but dans la vie, jusqu'à la perte quasi complète de mon commando. La plaie s'était rouverte et je n'ai pu le supporter. J'en suffoquais intérieurement, j'avais mal et j'allais mal. J'étais perdue et si je n'étais pas partie, je crois que ça aurait entraîné ma mort. Je regrette à moitié mon départ, j'aurais du m'y prendre autrement, en parler, être clair sur a décision "Je pars, ne cherchez pas à me retenir". C'est ça qui m'a empêché de le dire, j'avais peur que l'on me retienne, pas de force mais avec les mots. Si Masha m'avait dit de rester, je crois que je l'aurais fait. Aujourd'hui, je suis de retour au sein de la Résistance, cherchant à me rendre utile et à regagner la confiance de mes collègues. Chose peu aisée dans les deux cas, ma dernière mission n'a rien eu de fructueux et en plus, j'ai une des membres de mon commando qui a été enlevé et qui sers à présent d'esclave. Je m'en veux. Je me dis que peut-être j'aurais pu faire quelque chose ...

« Il vaut mieux que le Premier Ordre apprenne le plus tard possible que je suis toujours en vie. » Je ne pense pas que le Premier Ordre me cherche encore, après tout, je suis censée être morte pour eux, mais il vaut mieux pour ma survie que je continue le plus longtemps possible à jouer les fantômes tout en recommençant à faire des missions pour la Résistance. Deux choses difficiles à concilier, qui tôt ou tard devra bien s’arrêter. Heureusement sur Tatooine j'ai eu de la chance. Depuis mon retour d'exil je n'ai pas eu l'occasion de faire grand-chose et rester bloquer ici, je me connais, va mettre à mal ma patience. Moi qui avais un train-train tranquille sur la jolie planète où je m'étais installée, voilà que l'envie d'action et d'adrénaline me revient peu à peu. À une époque, c'était comme une drogue pour moi. Diarmuid dit qu'une personne malade peut mettre en danger son équipe, je pense que c'est plus une personne accro aux sensations fortes qui peut faire prendre des risques à ses coéquipiers. J'ai changé depuis tout ce temps, j'ai mûri après avoir vu presque tous mes amis mourir ce jour-là et prendre du recul, me retirer de la Résistance et retrouver le calme intérieur que j'avais perdu depuis la chute du Nouvel Ordre, en plus de me faire du bien, m'a apporté beaucoup de choses qui seront plus en sachant que je suis à présent chef du commando Suicide. Ou plutôt cochef vu que je le dirige avec Sienna. Mes plans sont loin d’être parfait, mais je pense savoir mieux me maîtriser que mon amie ou que Ray. Un plus pour le commando qu'une personne prenne le temps de réfléchir avant de passer à l'action.

Mes sourcils se froncent un peu plus lorsque j'entends Jill me dire qu'elle a eu des problèmes avec des Siths, mes doigts se serrent sur mon verre. On peut lire mon mécontentement sur mon visage. C'est une très mauvaise chose qu'elle se soit frottée à eux, même si elle s'en est sortie et qu'elle a réussi à en battre un. Je ne suis pas un Sith, mais je me doute que ce genre d'individu a la rancune tenace. C'était stupide d'aller chercher des ennuis auprès d'eux. Mais je ne connais pas toute l'histoire, je ne sais pas si sa découverte est due au hasard ou si elle les a vraiment cherché. Je laisse plusieurs longues secondes passer dans le silence avant de me décider à reprendre la parole tout en plantant mon regard dans le sien. Un regard sévère qui veut lui faire comprendre l'ampleur de la merde dans laquelle elle s'est mise si elle ne l'a pas déjà compris. « Jill … comment ça se fait que tu te sois retrouvée dans une telle situation ? Les Siths … il y en avait lors de la chute du Nouvel Ordre … Jill ... » je pousse un soupir, pinçant l’arête de mon nez « Je ne sais pas qui tu as affronté, mais crois-moi, un Sith n'oublie pas ce genre de choses. Ils côtoient le côté obscur, alors crois-tu vraiment qu'il va te laisser tranquille après que tu l'aies vaincu ? » de mon point de vue, c'est surtout le calme avant la tempête, le Sith n'a pas forcément comme priorité pour le moment de la retrouver, mais tôt ou tard il finira par la retrouver « Comment l'as-tu battu ? » sur ce point ma curiosité a été touché. A-t-elle une sensibilité à la Force ? Des aptitudes particulières qui ont pu l'aider ? Toute information est bonne car je compte bien un jour retrouver celui qui a tué mon maître. Dans un monde parfait, les Siths n'existeraient plus. J'ai bien conscience que leur présence sert à l'équilibre de la Force, mais je ne peux m’empêcher de ne pas accepter leur présence et de vouloir les voir morts.

Je ne peux empêcher un petit rire passer la barrière de mes lèvres. Pas moqueur, juste sur le choc de ce que vient de m'annoncer Jill. Elle, chef. Woh ! Je ne m'y attendais pas. Voilà qu'il va falloir que j'obéisse à plus jeune que moi. A-t-elle les épaules ? Je ne la connais pas assez pour en juger, si le clan l'a choisi comme leader c'est que selon eux elle est digne de nous diriger. Je bois une gorgée de jus de fruits « Eh bien ça, c'est de l'info ! Félicitation ! Ça te fait quoi de l’être ? pas trop la grosse tête ? les chevilles vont bien ? » dis-je un sourire aux lèvres. Je passe un doigt sur le bord de mon verre alors qu'elle me répond, les mots qu'elle a dit précédemment me reviennent sans peine à l'esprit. « Au fait Jill, ton altercation, c'était avant ou après d’être devenue chef ? » dis-je en remontant mes yeux vers les siens. Rabat-joie ? Peut-être. Mais je me qualifierais plutôt comme soucieuse de la réalité. J'ai déjà vécu bon nombre d'expériences – alors que je suis encore jeune – pour ne pas oublier ce genre de faits qui sont loin d’être des détails. J'espère sincèrement que notre clan n'est pas mis en péril. Je me fais passer pour morte pour leur éviter des ennuis, alors si ça se découvre que je ne suis pas décédée et que le ou les Siths qu'a mis en rogne mon amie ont décidé de s'en prendre aux nôtres, ça ne rajoutera qu'un peu plus de problèmes sur eux. Nous sommes forts mais pas invincibles !

Je hoche la tête, plaçant une mèche derrière l'une de mes oreilles. En sachant à présent qu'elle est ma chef je me dis que je peux bien lui faire quelques confidences, c'est la moindre des choses. Elle a le droit de savoir. « Je vais bien, merci. Tôt ou tard ça finira bien par ce savoir et comme je te l'ai dit, il vaut mieux que le Premier Ordre le sache le plus tard possible. Surtout que depuis quelques mois déjà, je suis de retour dans la Résistance. Bien sur ça doit rester entre nous. Même notre clan ne doit pas le savoir. Après la destruction de mon commando, après mettre rétablie, je suis partie, j'ai tout plaqué. Tu peux me juger, je m'en fous. » ça ne serait pas la première de toute façon « J'ai décidé de ne pas revenir sur Mandalore et de ne pas reprendre contact avec notre clan pour leur sécurité. Et je dois avouer que si je n'avais pas fait ta rencontre aujourd'hui, ça aurait continué. Je préférais que tu n'en parles pas, en tout cas, pas tant que ça ne sera pas rendu public, soit espérons-le dans très longtemps. » Passer pour morte me donne un avantage sur notre ennemi, avantage qu'il vaut mieux garder le plus possible.

Un sourire amusé fleurit sur le coin de mes lèvres, le Sith a dû prendre un coup à son ego. Je suis du même avis que Jill, il ne doit pas être le plus malin. Pourquoi un autre Sith aurait voulu s'en prendre à elle ? Sans doute pour effacer les traces de leur présence vu que l'événement s'est passé avant qu'ils atterrissent sur l'Holonet. Je ne suis pas friande de l'Holonet même s'il arrive que l'on y trouve des choses intéressantes, telle que la révélation à la galaxie de l'existence des Siths. Mes traits se détendent en l'entendant parler, mais mon regard reste dur, un Sith reste un Sith, soit un utilisateur du coté obscur et il ne fait pas bon de croiser le chemin de l'un d'entre eux, et encore plus si on le bat dans un combat. Je souhaite à Jill de n'avoir jamais à recroiser cet individu car il est peu probable que la chance lui sourit une seconde fois. Vu comment elle l'a battu, il doit être en colère d'avoir été si facilement vaincu. Enfin … je théorise surtout ! Je ne peux faire autrement même si hélas, j'en ai déjà croisé. Dans la globalité ils se ressemblent et pourtant, ils sont tous différents, comme nous autres les Jedi qui n'avons pas les mêmes raisons de suivre la voie que nous suivons. Je sais par exemple qu'il est difficile de résister au côté obscur, j'ai peut-être du même y faire un court séjour après la chute du Nouvel Ordre ou bien encore, après la destruction de mon commando. Il est si facile de se laisser aller à ces sentiments négatifs qui amènent si facilement à sombrer du mauvais côté de la Force, même si je me dis que savoir utiliser les deux côtés de la Force ne doit pas être un mal mais surtout un avantage. Je pense que ça pourrait un équilibre juste même si probablement difficile à maintenir, il faudrait que j'en parle avec Écho. « Tu as de la chance Jill et je suis contente que tu t'en sois sortie indemne. Connais-tu leurs prénoms ? Leurs noms ? » Ça aussi il faudrait que j'en parle avec Écho, peut-être que cela pourrait aider dans notre lutte contre eux.

Je comprends que le nouveau statut de Jill lui mette la pression, ce n'est pas rien d’être à la tête d'un clan, surtout à son âge. Moi aussi ça me mettrait la pression si j'étais à sa place. Je ne me suis jusqu'à présent jamais projeté en tant que chef de notre clan car cela ne m'intéresse guère, en plus, ça ne m'étonnerait pas que je leur attire un tas d'ennuis. Voilà une bonne raison pour continuer à faire la morte, éviter des problèmes aux miens. J'espère que le jour où on saura que suis encore en vie ma famille ne m'en voudra pas de ne pas être venue les voir, j'espère qu'ils comprendront que j'ai fait ça pour eux. Me battre en tant que résistante c'est en partie pour eux que je le fais, en plus d'autres raisons. Personne n'a à vivre sous leur joug, ils sont à mes yeux un second Empire, une tyrannie qui veut imposer sa vision par la force et en tuant ceux qui ne sont pas d'accord avec eux, appliquant une politique de terreur. Et nous nous devons de nous battre contre eux jusqu'à ce qu'ils tombent et ne deviennent qu'un mauvais souvenir. « C'est gentil, merci, je note. Mais pour le moment je n'ai besoin de rien. Et toi, essaye de ne pas trop t'attirer d'ennuis. » Je ne doute pas que des tensions vont se faire au fur et à mesure du temps que nous allons rester coincer ici. Il est logique que l'on ne va pas pouvoir vivre éternellement comme ça et que la nourriture et les soins vont s'amoindrir provoquant probablement de la violence. Bon sang, dans quel pétrin me suis-je mise ? Cela ne prédit rien qui vaille …

« Oui, je veux bien, merci. » Jill n'a pas changé, elle est aussi grande mangeuse que lorsque je l'ai connu. Je porte mon verre à mes lèvres et en bois le liquide, mes yeux se baladent sur la pièce, je dois avouer que la planète sur laquelle je me suis posée durant mon exil me manque et je me demande comment vont les personnes qui vivent dans le village où j'ai habité, pourtant, je ne me vois pas y retourner, je suis à présent de nouveau ancrée dans la résistance et je sens que mon addiction à l'adrénaline revient petit à petit. Il faut dire qu'avec le commando Suicide on en manque rarement. Nous ne sommes pas beaucoup et pas très homogènes ou plutôt, en harmonie pour le moment, mais c'est toujours comme ça quand un nouveau intégrait notre groupe, il fallait un temps d'adaptation. J'ai espoir que nous retrouvions notre réputation d’antan qui faisait trembler – énervée – le Premier Ordre. Et peut-être qu'un jour nous aurons l'occasion de venger la mort de nos camarades tomber lors de la bataille qui a détruit notre commando. « Au fait Jill, j'ai une question qui me traverse l'esprit, tu adhères à un groupe ou tu es toujours un électron libre ? » ce n'est que de la curiosité et aucune once d’agressivité ne se fait entendre dans ma voix, je ne l'accuse de rien. « C'est juste que depuis la dernière fois où nous nous sommes vus beaucoup de choses se sont passées, alors voilà … »

J'enregistre dans ma tête toutes les informations que me donnent Jill sur les deux Siths, pas grand-chose mais c'est toujours mieux que rien. J'ai connu pendant un bref moment un Ralkorb, mais il y en a sûrement plein dans la galaxie. L'instant passé avec lui fut agréable comme une partie de jambes en l'air peut l’être. Plus jamais revue depuis. Je l'ai connu durant mon exil, des prénoms échangés mais rien de plus. Je décide de ne plus insister et d'accepter de changer de sujet, soit, parler petit déjeuner et j'approuve totalement l'idée de faire des crêpes. Cela me semble une éternité depuis la dernière fois que j'ai cuisiné et pourtant cela fait à peine quelques mois que je suis revenue au sein de la Résistance. Je n'ai pas vraiment l'occasion de cuisiner dans la base où je suis habituellement et pourtant, j'aime ça ! Je trouve ça agréable et surtout, je ressens un sentiment de fierté lorsque le plat est bon. Oui, parce que ça peut arriver à tout le monde les rater. Je me lève, décidant de prêter main-forte à Jill même si elle ne doit pas en avoir besoin. Je me mets à chercher dans les placards en quête de pâtes à tartiner et confitures « Je préfère le sucre quand il accroche à la crêpe et que l'on ne s'en met pas partout dès la première bouchée. Tu as besoin d'aide ? » dis-je tout en déposant ce que j'ai trouvé. Je me souviens de la première fois que j'en ai fait, une véritable catastrophe, ma crêpe ne ressemblait à rien car je n'avais pas réussi à me coordonner décemment. Résultat, des trous et des morceaux beaucoup plus épais que d'autres. Bien sur, durant la fournée je réussis à m'améliorer. Il suffit d'avoir le coup de main. Par contre, avec ce genre de met, à la fin il n'en reste pas beaucoup car on les a mangé au fur et à mesure qu'elles se font.

À l'annonce des réfugiés de guerre mon regard s’embruma, je déteste la guerre même si je la fais. Parce qu'il faut parfois la faire pour avoir la paix. J'aimerais tant qu'il n'y ait pas de dommages collatéraux, pas de civils blessés, qu'une lutte entre soldats sur des fronts où il n'y a qu'eux. Hélas, je ne suis pas toute blanche dans l'histoire, durant de précédentes missions, il y en a eu des blessés, des innocents et ça, ça me hante encore aujourd'hui. Je me déteste à l'idée de tuer une personne qui n'y est pour rien. Parfois il faut savoir prendre des décisions qui vous déchirent et vous mettent des coups, des décisions dont vous vous remémorez pendant longtemps. Qui vous hanteront toute votre vie, ou au moins une bonne partie. Mes yeux se baissent sur la table. J'ai décidé de m'impliquer dans la lutte contre le Premier Ordre, mais si je le pouvais je ferais en sorte qu'il ait juste nos ennemis qui meurent. Si je le pouvais, si une opportunité s'offre à moi, j'apporterais volontiers mon aide aux civils, d'une manière plus pacifique que ce que je fais dans la Résistance. Du temps est passé dans le silence avant que je reprenne la parole « Si je pouvais … si je pouvais je ferais en sorte d'aider comme je peux … » Mais voudrait-on de l'aide d'une résistante ici ? Mon regard s'attarde quelques instants sur Jill, cherchant à prendre la décision de répondre à sa question ou non. « Ouais, je suis revenue … et j'espère que je pourrais être utile ... » je ne lui donne pas plus de détails, je ne parle pas du fait que je sois à présent à la tête d'un nouveau commando Suicide, je ne lui dis rien sur Sienna, je me contente juste de répondre à sa question vaguement à la fois consciemment et inconsciemment.

Un sourire fleurit automatiquement sur mes lèvres lorsque Jill m'annonce qu'elle a une copine. Je suis ravie pour elle ! Je ne fais pas partie de ces personnes intolérantes qui sont contre les relations avec des personnes du même sexe. En plus, je serais mal placée car je me définis comme bi, attirée par les deux sexes et qui plus est, éprouvant des sentiments pour une femme. Masha en a-t-elle pour moi ? Je n'en sais rien et je ne me vois pas lui demander. Ce serait déplacé de débarquer en lui demandant « Hey ! Tu m'aimes ? » Je sais, je m'en doute au moins, que je l'ai blessé en partant du jour au lendemain sans un mot alors qu'elle a toujours été là pendant ma convalescence. C'est qu'elle devait bien ressentir quelque chose pour être aussi attentionnée, pour être autant à mon chevet ?! « Eh bien, toutes mes félicitations ! Comment s'appelle-t-elle ? Je veux tout savoir ! » Forcément, ça a piqué ma curiosité. Pour ma part, avoir une telle relation aux vues de ma situation actuelle est selon moi une très mauvaise idée. Mais pour Jill, c'est tout autre et je suis sincèrement contente pour elle qu'elle est trouvée l'amour. Alors qu'elle vient de poser la première crêpe sur mon assiette, je saisis le sucrier et en étale dessus avant de la plier et de la mordre avec appétit et gourmandise. Qu'est-ce que c'est bon ! et c'est encore meilleur parce que c'est chaud !