« Tu t'es déjà demandé pourquoi tu existais ? Pour quelle raison on t'avait mis sur cette terre ? Moi je cherche encore la réponse. Peut-être que je ne la trouverai jamais. Ou peut-être… peut-être qu'elle n'est pas figée. Une raison mouvante, insaisissable, quelque chose qu'on explique pas, qu'il faut vivre jusqu'au bout. »

L'animal dodelinait de la tête, continuant d'afficher ce sourire étrange qui découvrait toujours ses dents. Il avait l'air fou, complètement fou. Il se mit à rire, un rire nerveux. Son pelage si doux devenait hirsute et ses beaux yeux bleus aciers se faisaient cruels. Il continuait de rire comme une hyène en s'écartant lentement d'Azra pour la laisser dans sa douleur.

♫ Les loups sommeillent au creux des sylves
Les chauves-souris dansent dans la brise
Mais un être soucieux reste alerte
Craignant les faits des goules, harpies et spectres ♪

La voix était si douce, le murmure d'une berceuse rassurante. La voix d'une mère pour son enfant en pleure dans l'obscurité nocturne. Pourtant les paroles ne l'étaient pas. Elles étaient la promesse de plus de souffrance encore, la présence d'un cauchemar qui ne faisait que commencer, qui n'avait pas de sens. Le rire se faisait lointain et pourtant omniprésent. L’œil dardait les ténèbres de son regard, il voyait tout.

♪ Garde les yeux fermés, chère poupée
Reste sans bouger, sans pleurer, s'il te plaît
Car le sorceleur hardi
L'or pour seul ami
Te tranchera
Fera de toi
Son repas de la nuit
De la nuit... ♫

L’œil hypnotique s'était figé sur Azra. Sans paupière, il ne pouvait cligner. Il n'était qu'un orbe brûlant dans la noirceur des songes. Des mains ensanglantées, sortant de son propre sang, vinrent saisir la brune par les bras. Les doigts poisseux se refermaient sur tout ce qui leur était possible d'attraper. Dans l'iris flamboyant se mouvait une silhouette humaine, féminine.

- A ton tour de les rejoindre, dit une voix qui résonna.

Elle se tenait devant Azra, un sourire mesquin pendu au bord des lèvres. Rage trois faisait face à elle, son fusil sniper pointé sur la résistante.

Aslog se dessinait devant Azra. Une silhouette flamboyante, brûlante même. Elle avait l'air d'une furie, le regard cruel et un sourire… un sourire qui dévoilait une gueule affamée. Le fusil sniper était toujours pointé sur elle, prêt à tirer sous le doigt de sa maîtresse. Le canon s'était rapproché du visage d'Azra le temps qu'elle parvienne à saisir son arme.

- Il est temps de rejoindre ton unité, dit-elle d'une voix calme et profonde.

Au loin, les éclats violents de la guerre. Les cris des soldats dans la souffrance. Pourtant… Pourtant elles étaient seules, se faisant face à face dans un duel mortel.

- Tu n'as pas réussi à les sauver, tu dois mourir, ordonna-t-elle avec mépris. Ou alors tu porteras la honte et le déshonneur jusqu'à ce que la mort daigne enfin venir te prendre.

Mourir, tu dois mourir…

Aslog restait indifférente à la souffrance de la résistante, elle n'attendait que l'occasion d'en finir. Ce n'était qu'une cible parmi les autres. Elle l'avait déjà eu à la jambe, elle pouvait recommencer et tout prendrait fin pour de bon. Ce n'était qu'un mauvais moment à passer, juste quelques secondes et elle aurait enfin la paix pour laquelle elle se battait.

- Quand le corps est encore chaud on peut le pleurer, une fois qu'il est froid le chagrin est vite oublié.

Rejoins-les, vite. Rejoins-les ou ils viendront te hanter.

Un tic tac flottait dans l'air, ça et l'odeur de la terre, du fer et du sang.

Sweet dreams are made of this. Azra & Aslog.

A mesure que son adversaire s'avançait, Azra discernait de mieux en mieux ses traits. Elle pouvait même distinguer son regard, un regard flamboyant et assoiffé de sang. Lorsqu'Azra réussit enfin à attraper son arme, elle se rendit compte que le canon du sniper était presque assez proche pour la toucher. Elle déglutit tandis que la sniper lui affirma que l'heure était arrivée. Elle devait rejoindre son unité mais la capitaine secoua une nouvelle fois négativement la tête.

- N.. Non ! Je peux pas mourir. Pas maintenant. Pas comme ça.

Est-ce que Azra avait peur ? Oui. Peur de mourir. Elle se pensait prête à mourir en s'engageant ainsi dans l'armée mais sa lâcheté l'avait rattrapé. Elle tenait toujours d'une main tremblante son blaster mais en voyant le sourire carnassier de son adversaire, Azra baissa son arme d'un air résigné. Résigné à se battre, résignée joué les héros. La jeune femme avait complètement oubliée sa jambe, elle ne pensait qu'à une chose à présent : Sa vie. Elle ne voulait pas mourir, elle avait beaucoup trop peur et on pouvait sentir dans sa voix une pointe d'hystérie mêlée à de la terreur.

- N.. Non.. Ne me tuez pas. Pas moi. Ne me tuez pas. S'il vous plait..

La capitaine Odai était brisée, détruite et réduite à implorer pour sa vie. La peur avait pris le dessus et elle préférait vivre que de rejoindre ses compagnons. Elle ne pouvait pas supporter l'idée de mourir ici et maintenant, non. Elle ne pensait plus à rien, elle voulait juste sauver sa peau.

(c) proserpina

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