- Parfaitement. Isolement. Je n’attends pas de vous des excuses, j’attends de vous que vous réalisiez la porté de vos actions. Vous servez dans l’un des commandos les plus prestigieux du Premier Ordre. Ce petit moment d’introspection vous fera le plus grand bien. Dit-elle sèchement.

Un vaisseau civil… Elle avait voulu le piquer au vif sur sa tenue à l’alcool et vu les frémissements de son visage, le but était atteint, mais Thrace ne se leurrait pas : vue la carrure de l’humain il devait bien encaisser la boisson. S’il avait été assez rond pour en tomber à l’eau, c’est qu’il s’était volontairement alcoolisé plus que de raison, en son âme et conscience. Devant des civils.
Ils étaient le Premier Ordre, ils étaient la puissance d’attaque comme de défense de la galaxie. Ce vaisseau de croisière volait sous la protection du Precursor, sous la protection du Premier Ordre.
Ce n’était pas une faute professionnelle, une erreur de soldat ayant des graves répercutions lors d’une bataille, provoquant défaite ou perte d’hommes. Ce n’était pas “grave”, pour un civil ça n’aurait été qu’une malheureuse cuite. Mais ils n’étaient pas civils et même si leur métier était rude, qu’ils traînaient tous des centaines de raisons de vouloir boire jusqu’à en oublier comment marcher, ils étaient des soldats, des guerriers. Ils devaient être fort, pas pour eux mais pour ces gens qu’ils avaient sous leur autorité et leur protection. Ils devaient être fort pour incarner un modèle de confiance, de sûreté ou de menace, selon le besoin.

Et ce n’était pas marrant. Leur rôle n’était pas marrant.
Thrace aussi avait parfois besoin de boire un verre, deux, plus… Pour oublier les morts, ceux qu’elle avait provoqué, ceux qu’elle n’avait pas su empêcher. Pour oublier qu'elle se réveillait encore parfois en proie aux souvenirs de ses blessures, si vivace qu’elle ne pouvait pas faire la différence entre souvenir et réalité, à en hurler jusqu’à ce qu’elle se rappelle que c’était fini, en sachant que ça ne serait jamais fini… C’était normal d’avoir des moments de faiblesse. Ce n’était pas acceptable de les laisser s’exprimer, en public ou dans son travail. C’était cette nuance qu’elle voulait que Mirx saisisse.

- Vous avez du potentiel Mirx, sans quoi vous ne seriez pas Inferno II. Ne le gâchez pas. Conclut-elle, avant de quitter les lieux.