Et ta main sur la mienne. C'était hier que nous nous étions rencontrés pour la première fois. Je me souviens encore de l'étincelle dans ton regarde, de mon hésitation aussi. De toi je n'avais eu que des images et te voir là, devant moi, c'était une claque de la part du réel. Dans mon ventre, je n'aurais su dire s'il s'agissait de papillons ou d'autre chose. Aujourd'hui je pourrais avouer sans me tromper qu'il s'agissait de la peur. Profonde, instinctive. Celle qui me donnait envie de te fuir, d'effacer nos conversations les plus intimes de ma mémoire. La peur de vouloir tout ça, toute cette histoire qui jusqu'alors m'avait semblé être une pure invention. Je n'avais jamais vécu que dans les fictions, le fruit de l'imagination. Tu étais là, devant moi. Fort et bienveillant. Tu connaissais déjà la plus part de mes secrets quand certains auraient rougis en les entendant. Mais pas toi, tu m'avais permis d'avoir confiance en moi, de n'avoir honte de rien. D'être fière et forte. J'étais sereine, heureuse comme jamais je ne l'avais été. J'étais libre. Tu m'as laissé ma liberté là où d'autres n'auraient jamais voulu me voir partir. Je suis toujours revenue vers toi, baignée du bonheur de te retrouver à chaque fois à mes côtés. Libre. Dans la peine et la douleur tu étais mon espoir, ma lueur.

Il n'y avait plus que la fureur au dehors. La nature violente et dévorante qui ne se souciait guère des vivants tant ils n'étaient que des étincelles dans l'éternité. De vives lueurs qui finissaient par s'éteindre aussi vite qu'elles étaient apparues. Si cruelle pourtant, elle offrait ce spectacle, un cadeau  pour montrer qu'elle acceptait la présence des mortels, pour montrer ce que la vie avait à leur offrir. Aslog observait le ciel disparu. Il n'y avait que le vent et le sable. Un chaos merveilleux qui lui arrachait un sourire autant que le sable venait lui rougir la peau. Lewan pouvait parler, elle ne l'entendait plus. Sa voix était emporté par les éléments, les mots ne faisaient plus sens. Pourquoi faire ? Son esprit ne pouvait pas voir.

Maintenant tu es parti. J'espère que tu as trouvé un monde meilleur. Je ne sais pas quand je te rejoindrai mais je sais que tu m'attendras comme tu l'as toujours fait. Ne t'inquiètes pas trop pour moi, je pense que je vais prendre mon temps et survivre encore un peu. Qui sait ce qui m'attend. Je souhaite seulement ne pas oublier ton visage maintenant que je sais que je ne le reverrais plus dans cette vie. Parce que ce voyage sera pour moi sans retour, ce sera le dernier, le plus long et le plus difficile. Je te sais déjà à l'arrivée, comme toujours.

La lame du sabre dardait l'endroit de sa lueur écarlate et pourtant Rage trois n'en avait toujours rien à faire. Jusqu'à ce que le bourdonnement s'éloigne, disparaisse à son tour. Ses cheveux noirs continuaient de danser alors que son corps restait allongé sur le sable de Borosk. Une tête casquée se retrouva au dessus d'elle. L'air était brûlant. Lentement Aslog reprenait contacte avec la réalité. Le monde était vivant et il lui rappelait avec férocité qu'elle n'avait rien à faire dehors en pleine tempête dans une zone aussi inhospitalière. La mando se releva lentement. Elle voyait à présent les stormtroopers qui avaient immobilisé le chevalier Ren qui avait toujours la rage à la gueule. Elle l'observait, penchant légèrement la tête sur le côté. Fascinant.

Il était déjà temps de retourner à la base, de laisser au désert la scène qui s'était déroulée. Un sourire s'étirait déjà sur les lèvres de la femme, teinté d'espièglerie, noyé dans ce qu'elle avait de plus énigmatique.

- Tu sais, c’est marrant cette situation, ça me rappelle une blague, dit-elle avant de pousser un rire dément qui se laissa emporter par le vent.

Tu me manques. J'ai déjà oublié la sensation de ta main sur la mienne.