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fighting is like picking up a dance routine (tuiren)

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FIGHTING IS LIKE PICKING UP A DANCE ROUTINE
Elle n'était pas soldat. Ne le serait jamais et n'avait aucune intention de le devenir. C'était une infirmière, et si d'autres auraient aimé gravir les échelons, elle, elle n'avait jamais eu le goût du pouvoir. Ni des trop grandes responsabilités. Et tant bien même qu'elle ait la vie d'hommes et de femmes entre les mains, elle ne jouait pas aux dieux et ne décidait pas de la retirer comme les militaires le faisaient. Comme la résistance le faisait. Comme le premier ordre le faisait. Et c'était pour cela qu'elle se contentait d'être infirmière : le terrain impliquait forcément cette dimension noire et malsaine qu'elle préférait fuir. Sauf qu'elle avait donné sa parole, et que sur le terrain elle irait. Qu'elle le veuille ou non. Angharad avait conscience de ce que cela impliquait. Des dangers qu'elle allait encourir mais sa vision était bien trop éloignée de la réalité. Tuiren connaissait les horreurs de la guerre d'Angharad ne faisait qu'imaginer. Il savait qu'elle n'aurait aucune chance une fois sur Naboo si livrée à elle-même. Il savait et avait raison. Mais Angharad ne le voyait pas. Tout ce qu'elle voyait, c'était son attitude. Il ne le faisait peut-être pas -ou plus- exprès, mais sa manière d'être était -aux yeux de l'infirmière- dure et irrespectueuse. Poussée, le poignet volontairement tordu, il répond équitablement à l'affront qu'elle venait de lui faire. Au semblant de gifle qu'elle avait voulu lui donner et que dans son esprit il méritait amplement.

Elle écoute.

Silencieuse, elle se terre dans un mutisme provoqué autant par l'agacement, que par l'appréhension et, enfin, le sentiment qu'entre eux c'est peine perdue. Il ne comprend pas. Elle ne comprend pas. Et le fossé qu'ils avaient à peine franchi plus tôt se creuse plus encore. Il la menace, s'impose par sa taille et sa carrure. Pendant quelques secondes elle veut reculer d'un pas et remettre entre eux de la distance, peu rassurée, mais se l'interdit. Pourtant l'expression sur son visage trahit son angoisse, elle voudrait se faire petite mais ne peut pas. Piégée. Tuiren lui attrape le bras et elle tire dessus dans l'espoir de se défaire de sa poigne mais à nouveau, il ne sert à rien de se débattre. Quoi qu'elle fasse, il aura toujours le dessus. S'en suit une prise qu'elle reconnaît mais dont elle ne se souvient pas du nom : il lui tord le bras et, comme ça, l'empêche de faire tout autre mouvement. Mais il sert, fort, peut être trop puisqu'un gémissement plaintif s'échappe d'entre ses lèvres dans un murmure alors que ses sourcils s'arquent sous la douleur.

Elle ne dit toujours rien et reste immobile.

Angharad attend qu'il la libère, la gorge serrée. Si elle le déteste ? Peut-être. Le terme est un peu fort mais il est clair qu'elle ne le porte pas dans son coeur. Des images du premier ordre lui reviennent en tête, celles d'entrainements de nouvelles recrues, de Kyber aussi. Et à cet instant Tuiren ne vaut pour elle pas mieux que ces ordures. Amer, dur, mauvais. Il se cache derrière son grade pour se permettre un comportement qu'elle juge déplacé. Lorsqu'il la libère, ce n'est qu'après l'avoir sermonnée. Et c'est dénué de toute délicatesse. Angharad se demande alors s'il connait ce mot, ce concept, et elle ne se fait pas prier pour mettre de la distance entre eux sur le tapis n'osant même plus croiser son regard. Vexée. Blessée. Énervée. Si ça ne tenait qu'à elle, elle prendrait ses affaires et irait voir ailleurs mais ce n'est pas le cas. Elle ravale sa fierté, ses principes, ses valeurs aussi et reste plantée là. Le regard rivé sur le sol, la même expression sur le visage que lorsque ses supérieurs du premier ordre la réprimandaient tout aussi violemment. Ses doigts massent encore son poignet douloureux tandis qu'elle continue de l'écouter d'une oreille, distraite par la rancoeur. Les conseils du résistant sonnent comme des reproches, des moqueries presque mais elle parvient à ignorer son ton pour se contrer sur le fond. Puis vient une énième punition, "une série entière d'échauffement à refaire". Elle s'empêche de protester, ou de soupirer, et s'éloigne en marchant vers l'endroit où ils s'étaient échauffés.

Elle courre, ne s'excusera pas. Elle saute, se contentera d'obéir. Elle fait des pompes, comme un bon soldat. Elle répète, ajoute des séries. Mais n'en oublie aucune, les connaissant déjà par coeur. Mémoire de médecin, vestiges de l'éducation universitaire qu'elle avait eu la chance de recevoir. Si elle lui jette un regard ? Non. Angharad l'ignore et se contente d'exécuter. C'était ce qu'il voulait, un vulgaire pantin à qui l'on fait faire ce que l'on veut parce qu'on en a le droit, dixit quelques écussons supplémentaires sur une veste en coton. Les pauses, elle ne les prend que lorsqu'elle a une pointe sur le côté. Et l'infirmière se conforme à l'exercice tel un robot.

Elle revient finalement le voir mais ne change pas son comportement. Elle se tait, le visage impassible qui ne laisse transparaître par moment que sa fatigue. Las. Angharad espère que plus vite elle s'exécutera, plus vite cela sera terminé, sans se rendre compte qu'elle devra supporter ces séances tous les jours jusqu'à la mission. La rancoeur ne s'atténue pas. À trop la secouer il avait finit par la braquer complètement. Terminés les sourires et les légèretés, elle met sa personnalité à la trappe car elle n'a pas sa place ici. Il devait certainement en être satisfait pense-t-elle. Elle, non. Mais elle n'a pas le temps d'être triste, ni le droit. Les mouvements s'enchaînent, les reproches aussi. Toujours les reproches. C'est fatigant à la longue et elle remercie le ciel lorsqu'il ordonne une pause pour boire. Tout chez elle devait crier à l'épuisement, mais elle n'avait pas osé le demander, s'attendant à un refus. Angharad s'approche de la fontaine d'eau et y prend quelques gorgées avant de s'assoir, ou plutôt de se laisser tomber, sur le banc. Le regard tourné vers les autres soldats qui répètent les mouvements et échangent les coups de manière si fluide qu'elle se surprend à les comparer à des danseurs. Elle les observe longuement, ignorant encore et toujours Tuiren, trouvant dans l'ignorance un refuge.




 
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Sans la quitter du regard pour être certain qu’elle ne se dérobe pas à l’exercice imposé, le résistant réfléchit à la tournure de la situation. Côté contact humain c’est un fiasco complet, mais rien de très important à ce niveau. Ce n’était pas le dessein qu’il s’est fixé. Les gentils mots qu’il aurait pu lui dire sont passés à la trappe, en faveur d’un traitement plus implacable. Il ne fait pas tellement de souci pour la vision qu’elle a de lui. Il n’est pas là pour faire copain copain et elle s’en remettra vite. Il se doute juste que le diner tombe à l’eau. C’est dommage mais l’important c’est qu’elle soit prête le jour de la mission et qu’elle survive. Cette dernière il émet des réserves, le temps limité disponible ne sera pas suffisant pour faire d’elle une combattante habile. Puisque le temps est compté, il faut passer à la vitesse supérieure. C’est pour cela qu’il ne laisse rien passer. Et s’il semble jouer les durs, c’est parce qu’il a vu qu’elle ne se débrouillerait jamais d’elle-même. Trop gentille. Il n’a certes pas conversé des masses avec elle, mais il n’a pas manqué de voir quel style de personne c’est. Pas tellement le style de caractère qui l’impressionne, lui habitué aux femmes moins douces et sans doute indépendantes.

Néanmoins il n’est pas juste critique à son égard, et dans son silence remarque sa volonté. Que cela soit parce qu’elle a compris ou parce qu’elle exécute simplement ce qu’il lui dit, elle fait les exercices demandés. Enfin sans se plaindre, sans faire la moindre remarque. Elle se fond dans la masse. Il semble même que ca marche trop bien, et il se doit de la stopper pour qu’elle pense à s’hydrater.

Quand il la laisse enfin se reposer, il note qu’elle a le regard fuyant.

Il se laisse tomber à ses côtés.

«La mission ne sera pas facile, j’espère que vous en êtes consciente, même les meilleurs risquent de ne pas revenir, et vous vous êtes loin d’être entrainée. »

----

Semaine suivante

Elle a choisi de continuer à s’entrainer, malgré les mots durs. Ils sont destinés à bien lui faire rentrer dans la tête dans quoi elle s’embarque et à vérifier qu’elle a bien conscience du challenge qui l’attend.

Certain désormais qu’elle veut continuer, il continue à la malmener sans laisser de répit. Des fois il se fend d’un commentaire encourageant quand elle le mérite mais cela reste casuel et jamais vraiment de facon amicale. Tout juste des « corrects ». Il ne veut pas lui donner l’impression qu’elle se débrouille bien pour ne pas qu’elle s’endorme. Il sait néanmoins qu’elle fait de l’excellent travail quand on considère qu’au début elle ne savait rien, et elle est attentive à ses indications.

Il se dit que finalement y’a une chance qu’elle revienne.

Ce matin il toque à sa porte aux aurores, comme il l’a fait les autres jours. Excepté l’un réservé à une mission avec les steels, dont il n’a pas tellement envie de parler. Un soldat est mort ce jour-là. Alors la mission qui aurait pu être fêtée gagne cette dimension regrettable, où finalement le résultat est entaché par la perte d’un coéquipier. Il sait celui mort important aux yeux de ses camarades.

Angharad finit par le rejoindre, le regard encore bouffi. Il se fend d’un simple salut et lui indique de la suivre. Comme le reste du temps ils commenceront par l’échauffement. Mais ce jour-ci, le commandant réserve une surprise à l’infirmière. Il la laisser exécuter les exercices tout en se dépensant de son côté. Ce jour-là en revanche il ne rajoute pas d’entrainement supplémentaire et d’un geste lui somme de le rejoindre.

«On va manger un morceau. »

C’est un changement car le reste du temps il exige d’elle des entrainements plus longs avant de lui donner quartier libre pour enfin aller se nourrir. Ensemble ils se rendent à la tente où est installé le réfectoire, à cette heure-ci remplie de monde. Normalement quand il la laisse enfin filer, il n’y plus âme qui vive. Ce matin donc ils se mêlent à la foule, et font la queue pour récupérer un solide déjeuner. Tuiren se sert un café fort comme à son habitude et un repas copieux, et lorgne sur le plateau qu’elle se sert.

«C’est tout ce tu manges ? »

Il laisse échapper un regard presque moqueur, pas méchant en revanche. Puis il la précède au milieu des tables, où il trouve des sièges vides. Il s’installe face à elle, et commence à manger. Durant quelques minutes silencieuses simplement troublées par le brouhaha du réfectoire, ils ne se disent rien et se contentent de manger. De en temps le résistant regarde la recrue. Tout en réfléchissant à ce que lui a dit la générale à son sujet. Il a également une pensée pour sa sœur et ce terrible explosif dans la tête. Savoir qu’elle fera sans doute cette mission avec cette gêne supplémentaire est un poids dans son esprit.

Il sort de ses pensées confuses et désagréables, puis se reconcentre sur la jeune femme.

« Aujourd’hui tu t’entraineras au tir, » lui lâche-t-il.

Comme ca entre les tartines et la confiture, y’a de quoi se demander s’il sait comment faire une conversation. Il utilise délibérément le tu pour bien montrer la différence avec les moments d’entrainement. Au milieu du reste, ils ne sont plus sommés de respecter la distance. Le résistant semble-t-il, se délecte de jouer avec le chaud et le froid. De semer dans l’esprit de cette fille un confus sentiment à son sujet. Il le fait néanmoins sans trop y réfléchir, et garde en ligne de mire l’entrainement qu’il a promis. Le reste viendra ensuite.
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FIGHTING IS LIKE PICKING UP A DANCE ROUTINE
Son alarme sonne, elle s'éveille. Mais ce n'est que son bras nu qu'elle dévoile de sous les draps pour éteindre le réveil, las. Fatiguée. Elle voudrait avoir le luxe de pouvoir se retourner, rouler sous les draps, se rendormir et n'en sortir que d'ici quelques heures mais Tuiren l'avait prévenue : les aurores signeraient le début des hostilités. Alors Angharad s'étire et s'octroie quelques minutes de répit, les yeux rivés vers le plafond au dessus d'elle. Elle repense aux photos du pilote, à celles qu'elle n'aurait pas du voir. Le retrouver dans quelques minutes prend une toute nouvelle dimension et elle soupire, le coeur serré. Pourtant, elle trouve la force de se lever enfin, de se préparer. Sous la douche, elle laisse l'eau dessiner le contour de ses bleus et égratignures résultats d'un entrainement sévère et intense mais elle les ignore. Habituée. Sa peau n'avait jamais été autant marquée que maintenant, mais elle savait que c'était pour son propre bien. Elle avait mis du temps à le comprend mais en saisissait maintenant la nécessité. Alors, encore un peu endormie, elle s'était préparée tandis que son collègue dormait encore. Elle le regarde respirer sous sa couverture et l'envie un peu avant de sursauter, prise de court par trois petits coups. C'est Tuiren. Pas besoin de vérifier pour le savoir, un rituel s'était installé. Elle sortie de ses quartiers et le retrouva dehors, les yeux encore un peu clos et répondit à son "salut" par un sourire et un "bonjour" rien de plus. C'était déjà beaucoup, étant donné qu'elle n'était pas du matin et qu'il était... lui. Leurs débuts avaient été difficiles et continuaient de l'être dans un sens, mais bien moins qu'il y a quelques jours. Il avait fallu qu'il la bouscule pour qu'elle accepte de voir ce qu'il s'entêtait à lui montrer. Et depuis, elle se pliait aux ordres sans râler, ou sans le prendre trop à la légère. Puis sans un mot de plus, ils se dirigent vers la zone d'entraînement.

C'était toujours pareil.

Elle se rappelait des enchaînements, et s'exécuta alors sans qu'il n'ait à les lui rappeler. Tandis que lui, restait un peu plus loin. Ils s'étaient vu tous les jours, excepté un pendant lequel elle avait dû s'entraîner seule. Et le temps avait fait son travail, faisant doucement disparaître la rancoeur qu'elle avait pu éprouver pour lui après leur premier entraînement. Angharad n'était pas rancunière après tout, et avait finit par silencieusement lui pardonner. Lentement, elle commençait à voir au-delà des mots bruts et des regards perçants. Lentement, elle finissait pas l'accepter tel qu'il était et les photos qu'elle avait vu la nuit précédente n'avaient fait qu'amplifier cela. Elle commençait à peine à le comprendre, lui et le chemin de ses pensées marquées par des années de combat contre un ennemi trop grand. Alors qu'elle s'arrête enfin, le souffle court, prête à entendre ce qu'il lui avait réservé, il la surprend. «On va manger un morceau. » Et elle ne s'y attendait pas, si bien qu'elle en fronce des sourcils mais ne va pas s'en plaindre. "Allez." lui répond-t-elle, toujours ce sourire doux sur ses lèvres. Visiblement contente qu'il avance leur pause déjeuner de quelques heures, bien que sur ses gardes. Un peu. C'était la première fois que leur entraînement déviait, et son estomac grogna discrètement chassant sa méfiance pour ne laisser place qu'à la hâte. Elle mourrait de faim. La tente servant de réfectoire se dresse devant eux et ils s'y engouffrent. Elle le suit comme son ombre et les regards qui s'étaient étonnés plusieurs jours auparavant ne sont plus tournés vers eux : on avait bien remarqué que le leader des Rogues et la nouvelle infirmière s'entraînaient ensemble. Un duo qui en avait surpris beaucoup mais qui avec le temps était devenu monnaie courante. «C’est tout ce tu manges ? » il la tire de ses pensées alors qu'elle attrape machinalement une pomme, son plateau pourtant déjà bien rempli. Leurs regards se croisent puis elle observe leurs plateaux. "C'est déjà beaucoup pour moi." répond-elle, puis elle lui sourit, amusée, "Enfin c'est vrai que comparé au tien, on ne joue pas dans la même catégorie." Mais pour sa défense, elle devait faire la moitié de son gabarit. Attentive, Angharad avait remarqué qu'il l'avait tutoyé et s'était permis de faire de même. Elle ne savait jamais sur quel pied danser avec lui, parfois proche, parfois distant. La seule chose qui ne changeait pas, c'était sa dureté. Mais pour le reste, elle n'osait jamais le tutoyer en premier et se contentait de suivre ses pas à la manière de danseurs. S'il tournait à gauche, alors elle le suivait. Si il la tutoyait, alors elle en faisait de même. Sans l'attendre, elle s'installa à une table encore vide et ne commença à manger que lorsqu'il en fit de même, par pure politesse.

Le reste se déroule en silence, comme toujours. Si elle s'était habituée à sa présence et à ses mots peu tendres, persistait entre eux un certain flottement. Une atmosphère sous laquelle elle restait perplexe, perdue aussi, ne sachant ce qu'elle pouvait ou non faire. Comme par exemple, engager la conversation. Alors Angharad se content de déjeuner en silence, vidant son bol de céréales en balayant la tente du regard. Pensive. Le vent soulève parfois la toile de la tente et elle peut voir la base s'éveiller brusquement, les soldats et pilotes déjà en uniforme vacant à leurs occupations ou se dirigeant vers le réfectoire. Les voir ainsi vêtus lui rappellent encore une fois les images de la veille alors ses pensées se tournent fatalement vers Tuiren, sans qu'elle ne le regarde. Absorbée par le spectacle se déroulant sous ses yeux. Elle repense à son sourire naïf, presque idiot, puis aux mots douloureux écrits à côté de la photo. Puis à l'image froide, plus récente. Un fossé frappant, si bien qu'elle finit par enfin tourner les yeux vers lui.

Il la regarde.

Elle lui sourit.

Il a l'air fatigué, c'est peut-être la première fois qu'elle le remarque. Est-ce pour cette raison qu'ils déjeunent plus tôt ? Elle sait qu'il revient de mission, et c'est aussi peut-être aussi pour ça. Mais elle n'ose pas le lui demander et se contente de détourner ses yeux pour les poser sur ce qu'il lui reste à manger. Une pomme, quelques fruits et un verre de lait bleu. « Aujourd’hui tu t’entraineras au tir. » L'infirmière relève la tête, pensant ne pas avoir bien entendu un "Hm ?" se fraye un chemin entre ses lèvres alors qu'elle croque dans sa pomme puis les paroles lui reviennent d'un coup. "D'accord." répond-elle docilement en hochant doucement la tête. De toute façon, qu'elle le soit ou non ne change pas grand chose : elle n'a pas son mot à dire. Mais elle profite de ce moment entre eux pour s'exprimer un peu plus. Bientôt ils retourneraient sur la zone d'entrainement et elle devrait l'appeler Commandant et le vouvoyer. Un jeu qui l'agaçait, mais auquel elle se prêtait. "J'ai quelques bases." explique-t-elle, avant de prendre une gorgée de lait bleu. "Mais juste des bases. Je sais où se trouve la sécurité et la désactiver. Et je sais tirer." dit-elle ensuite, sans sentir la fine ligne de lait qui s'est installée au dessus de ses lèvres. Alors elle continue, insouciante. "Mais ça s'arrête là malheureusement." elle sourit, un air de déception sur son visage et continue à manger, finissant avant Tuiren. Ce n'est que lorsqu'elle s'essuie qu'elle se rend compte de l'air stupide qu'elle avait du avoir tout ce temps et sourit dans le vide, autant gênée qu'amusée. Le résistant termine enfin et ils se dirigent vers un coin de la zone d'entrainement éloigné qu'elle n'avait pas vraiment remarqué jusqu'ici, il est désert à cette heure avancée ce qui la réjouit inconsciemment : personne ne la verrait manquer cible sur cible. Elle attrapa son blaster, qu'il l'avait obligée à porter tout le temps ce qu'elle ne faisait pas par elle-même auparavant. Ça l'encombrait, qu'elle disait. Mais c'était un ordre et elle l'appliquait en "bonne recrue".

Il lui demande de lui montrer ce qu'elle sait déjà faire. Lentement, elle désactive la sécurité. Peu habituée à le faire, elle en eut presque du mal mais y parvint sans encombre. Ce serait certainement trop lent pour le champ de bataille mais elle restait optimiste et se disait que cela était déjà bien pour une débutante. Nombreux étaient ceux oubliant d'enlever la sécurité dans le feu de l'action. Puis elle se positionna plus ou moins maladroitement face aux cibles, les pieds trop proches l'un de l'autre, les bras trop bas par rapport à son regard et tira. Sans toucher la moindre cible, évidemment. Un soupire lui échappa, déçue. Et son bras tenant le blaster tomba le long de son corps alors qu'elle se tournait vers Tuiren, la gêne se lisant facilement dans son regard. "Je peux mieux faire." lui précisa-t-elle. Et c'était le but de l'entrainement, de toute façon.


 
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Le vacarme du réfectoire semble s’estomper quand on s’y habitue, quand à vivre dans le grondement des voix on ne distingue plus la quiétude. Le résistant s’en contente, s’enveloppe dans un espace où lui seul se trouve. Il s’isole en mangeant et réfléchit déjà à ce qu’il fera ensuite. L’esprit enlisé dans la toile de ses réflexions, il en sort et s’intéresse à elle,  remarque qu’elle a calée son regard dans le sien. Un moment il s’y laisse glisser, remarquant la limpidité de l’iris. Le frémissement des commissures des lèvres qui forment un sourire. Il s’y délecte le temps d’un souffle, et la vision de la beauté d’une femme s’insinue dans son esprit. Le rebord laiteux trop chou, ou trop ridicule sans doute, qu’il ignore en revanche, comme un insensible de l’existence, qui ne s’extasie point devant cette fille qui mange salement. Il en voit des dégoûtants tout le temps, des gars qui engloutissent leur repas comme des porcs parce que la faute à pas de temps et à pas de manières. Elles également. La délicatesse c’est surfait, le gras qui dégouline sur la joue c’est un extra qui se mêle au camouflage. Ca semble la gêner, c’est mignon mais ca n’éveille rien chez le résistant qui se déplace dans un monde différent où tout cela n’a rien d’important, où limite il lui mettrait une claque dans la gueule pour qu’elle cesse cette ingénuité, et qui casse instantanément la femme qu’il regardait auparavant. Est-elle enfant ou idiote ? Résistante à la guimauve et au monde miné que l’on envoie sur le champ de la bataille, dans les bras de la mort. Cette funeste réflexion le ferait quasiment taper sa tête contre la table. De sa connerie de l’entrainer sur le chemin de la tombe.

Mais c’est le chemin qu’elle choisit, et lui est loin d’être la conscience. De tous les hommes et femmes qu’il a envoyés au front et qui ne sont jamais revenus, il a décidé d’ignorer les sentiments mais se rappelle des traits, écorchant à chaque fois cette humanité qui maintenant lui fait défaut, mais néanmoins laissant chaque homme dans un recoin de son esprit. Il citerait chacun sans hésiter. Et à la fois il s’éloigne de leur mémoire.

La dernière miette est engloutie, il mâche encore un morceau tandis qu’il se lève déjà. Comme sa collègue il dépose vaisselle et plateau, et sort de la tente. Le temps de rejoindre un coin reculé du camp, et le vouvoiement est de retour. Un ennui dans le cas de la recrue, la normalité pour le résistant. Il s’exécute comme on l’exige, micro-société qui de dehors peut paraitre répugnante mais qui suit un code. Sans cela c’est la voie vers la débauche et n’importe quel gars peut faire ce dont il a envie.

Blaster dans ses mains ensuite, et voilà un nouveau challenge. Tout semble médiocre, de la facon dont elle tient son corps à l’exactitude qu’elle montre à un résistant qui se transforme le temps d’une poignée d’heures en instructeur.

Il commence directement par éloigner la main pendante le long de son corps, avec ce canon sans sécurité qui vise les pieds de la femme.

« On évite de se tirer dessus, » constate-t-il d’une voix égale.

Tout reste à construire.

Le résistant réduit la distance et se retrouve près d’elle. Ce contact trop physique de ces derniers temps devient trop banal, ses bras se voient forcés d’entourer le corps frêle et lui écarter les jambes. L’équilibre retrouvé il saisit les mains. Les flanque face à elle.

« Maintenez vos coudes verrouillés, bras tendus et tête droite, le regard vers la cible, votre poids réparti sur vos pieds, et ne vous crispez pas. »

Il colle ses mains autour du flingue.

« La main tient la crosse, celle-ci en soutien. »

Il laisse là ses mains, et remontent les siennes le long de ses bras. Elles se fixent sur ses épaules qu’elles redressent.

«Utilisez le réticule de visée et attendez qu’il se verrouille. »

Le réticule frémit tandis qu’elle déplace le canon et détecte enfin le mouvement de la cible. Il indique de tirer et la voilà qui presse la détente, certes en dehors du mille mais endommageant quand même.

« Continuez comme ca maintenant. »

Il s’éloigne et la laisse comme elle-même reconnait, lui montrer qu’elle seule veut mieux faire.
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FIGHTING IS LIKE PICKING UP A DANCE ROUTINE
Son niveau est bien plus mauvais qu'elle ne l'avait pensé. Après tout, elle avait quitté les cours du premier ordre rapidement et n'avait assisté qu'à peu d'entre eux. L'atmosphère y était toxique, le but de la manoeuvre aussi : s'entraîner à tuer des gens ne l'enchantait pas. Pourtant, des années plus tard, elle se reprenait au jeu avec un peu plus de motivation mais toujours aussi peu de passion. Utiliser un blaster était à l'opposé de sa vocation, de ce pourquoi elle avait choisi cette voie. Mais la situation l'exigeait, alors elle se pliait aux règles une nouvelle fois et courbait l'échine en bon soldat. Tuer pour ne pas l'être. C'était triste. Angharad ne pouvait s'empêcher de voir au delà des idéaux du premier ordre pour en discerner chaque membre. Il y avait des jeunes, des amants, des personnes comme elle forcées, des fanatiques, des parents, des grands-parents, des frères, des soeurs. De tout. Et derrière les casques, derrière les grades, il y avait de vraies personnes qui risquaient leur vie pour défendre leurs convictions ou celles des autres. En tirant sur ces cibles, elle s'entraînait à arracher un père à une famille, une mère à une autre. Plus que triste, c'était affreux. Mais elle n'osait en parler à personne de peur qu'on la juge. Encore moins à Tuiren qui, elle le savait maintenant, avait beaucoup perdu à cause du premier ordre. Alors elle se taisait, ne disait rien. Mais détestait tout ce qu'il l'obligeait à faire pour son propre bien.

Elle commençait à être habituée à son regard froid et à son visage impassible. Alors quand elle lui dit qu'elle pouvait faire mieux, elle ne s'attendait pas à un sourire rassurant ou à des encouragements et n'en reçu pas. Comme prévu. Angharad ne lui en tint pas rigueur, avait compris que lors des entraînements elle passait de femme infirmière à recrue passagère. Ce qu'ils construisaient à une lenteur folle à l'extérieur était réduit à néant une fois le pied posé dans cette zone. Et le vouvoiement était de retour, une distance qu'il exigeait et qu'elle avait du mal à comprendre, encore. Un jeu qu'elle trouvait épuisant, inutile. Une perte de temps aussi. Mais là était son point de vu de civil. Elle n'avait pas conscience du fragile système qu'était l'armée. Et la distance était de rigueur. Il lui attrape le poignet et éloigne sa main portant le blaster, tandis qu'elle se rend compte de l'inconscience de son geste pourtant banal. Il le lui fait d'ailleurs remarquer, sans plus de commentaire. Angharad acquiesce d'un signe de tête, sans plus de commentaire. Depuis leur premier entrainement, elle avait cessé d'en faire et se contentait bien souvent du silence comme réponse. Ses mots durs et blessants flottaient encore dans son esprit, mais elle ne lui en tenait pas rigueur. Encore moins depuis la nuit dernière. Et ce qu'elle détestait chez lui, elle apprenait à l'accepter tout comme elle avait apprit à accepter les réactions les plus irréfléchies de Ray. Chaque homme était marqué par la guerre à sa propre façon.

Elle laisse ses bras l'entourer sans y voir plus que des repères à suivre. D'autres se seraient senties gênées, flattées, auraient peut-être même essayé de flirter avec le commandant mais elle restait de marbre. Peut-être un peu impressionnée par l'aisance qu'il avait de la faire se sentir minuscule. Mais le contact l'indiffère. Les derniers jours ils les avaient passés l'un contre l'autre à se battre parfois à même la terre. Avec ses pieds, il l'oblige à déplacer les siens tandis qu'il plaque ses mains contre les siennes qui disparaissent. « Maintenez vos coudes verrouillés, bras tendus et tête droite, le regard vers la cible, votre poids réparti sur vos pieds, et ne vous crispez pas. » Chaque recommandation est suivie d'un mouvement de sa part pour coller aux conseils. Seul le dernier point est ignoré malgré ses efforts, elle a du mal à se détendre un blaster entre ses mains et Tuiren contre son dos. L'infirmière inspire un grand coup et expire lentement dans une dernière tentative de se relaxer, en vain. Elle ne ressent aucun changement.

Elle le laisse guider ses mains sur la crosse du blaster et sous son canon dans des gestes dénués de douceur. Ceux d'Angharad le restent, incapable d'imiter ceux du pilote sans que sa nature ne reprenne le dessus. La jeune femme se surprend à frissonner lorsque les mains du résistant glissent inutilement sur ses bras. Son esprit se perd un instant, jusqu'à ce qu'il brise à nouveau le silence qu'elle cultive. « Utilisez le réticule de visée et attendez qu’il se verrouille. » Lorsque c'est le cas, il lui indique de tirer et à sa plus grande surprise elle touche la cible. À l'épaule, mais c'est un début. Un sourire tend ses lèvres charnues alors qu'elle tourne la tête vers Tuiren, dans l'attente d'un commentaire qui ne tarde pas. « Continuez comme ca maintenant. ». Ses mains quittent ses épaules et elle se sent se détendre quand il s'éloigne. Comme si finalement, sa présence avait un quelconque effet. Elle profite de l'espace qu'il lui donne pour reprendre la position qu'il lui a dicté. Puis elle tire.

Rate.

Tire encore.

Loupe.

Ses mâchoires se crispent, elle ferme les yeux et inspire longuement. Mais de vieux souvenirs refont surface, la faute aux tirs de blaster alors elle les réouvre, contrariée. Expire. Tire et touche enfin une cible. Angharad réitère à de nombreuses reprises, rate sa cible parfois mais la touche dans la plus part des cas sans jamais faire de carton. Les minutes s'écoulent et se ressemblent, elle en a mal aux bras de devoir les garder tendus ainsi et contre toute attente, tire enfin à un endroit fatal. Elle devrait être heureuse, se retourner vers Tuiren et lui sourire. Ou même pour une fois prendre la parole et crier victoire mais elle reste plantée là. Surprise. Malade. Entre ses tempes tout ce qu'elle voit ce sont les stormtroopers qui eux aussi on fait carton et les cibles prennent soudain une dimension plus humaine. Malheureusement. Elle soupire, détourne le regard. "Je crois que j'ai besoin d'une pause." déclare-t-elle enfin avant d'enclencher la sécurité sur le blaster, apprenant de ses erreurs. Un faux sourire lui barre le visage, tourné vers Tuiren, tandis qu'elle se dirige vers le banc où sa gourde l'attend. Elle n'a pas vraiment soif, juste besoin de se changer les idées et respirer un coup loin de l'odeur de brûlé que laisse les tirs de blaster sur les cibles.

 
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Elle rate sa cible et finit par reculer.

Le commandant fronce les sourcils, il n’a jamais mentionné un quelconque moment destiné au relâchement. Il regarde la recrue filer. Mais cette fois-ci il ne dit rien, remarquant la différence avec la fois où elle a tout laissé tomber parce qu’elle n’avait plus de souffle. Cette fois il voit que c’est moins un caprice qu’un comportement qu’il a déjà remarqué.

D’autres, recrues remplies de motivation, ont déjà voulu le faire.

D’autres avant elle n’ont pas réussi à franchir cette limite.

Tout le monde ne peut tenir un blaster entre les mains, et encore moins s’en servir.

« Est-ce que vous avez jamais tiré sur quelqu’un ? »

Il se doute à la tête qu’elle tire que c’est loin d’être le cas, et il envisage de changer de stratégie. Il pensait travailler la technique mais se ravise.

« Venez. »

Il la mène dans la salle suivante, où il récupère dans une caisse ce qui ressemble à une paire de lunettes et un blaster étrange. Il les tend à la recrue, en lui filant un coup de main pour ajuster le tout à sa tête.

« Vous voilà équipée pour la simulation entrainement. Je monterai le niveau rapidement, si je vois que vous ne suivez pas le rythme je changerai. Tâchez de faire ce que je vous ai dit. Détendez-vous et concentrez-vous sur la cible. C’est simple il suffit de viser celle que vous verrez et vous tirez. La différence dans cette simulation sera que les cibles vous tireront dessus. Chaque fois que cela arrivera vous devrez recommencer depuis le début. »

L’exercice sera loin d’être évident. Il ne faudra pas tellement de coups pour la mettre hors d’état de nuire. Les ennemis sont entrainés et ce que veut représenter la simulation. Les stormstroopers sont de bons tireurs, et ratent rarement leur cible.

Il recule et la laisse seule, restant dans un coin  avec un moniteur pour regarder la performance de son élève. Il ne s’attend pas à un résultat spectaculaire, mais ils ont encore plusieurs jours pour s’entrainer.

La recrue reste au milieu de la salle, envoyée dans le monde simulé. D’abord c’est un simple fond noir qui l’entoure et des cibles qui virevoltent.

Il la voit hésiter. Les mouvements sont lents, la recrue manque les cibles, qui ne sont pas très rapides, mais c’est néanmoins normal. Il faut le temps de se faire au monde virtuel, et puis à l’arme. Il faut ensuite apprendre à viser quand une cible est en mouvement, comprendre la trajectoire. Tant que la cible est rapide, on peut la suivre. Quand elle accélère il faut couper sa trajectoire. Anticiper les mouvements demande de l’entrainement, et évidemment elle n’en a pas. Et quand elle échoue c’est depuis le début qu’elle doit recommencer. D’ailleurs cela ne marche pas tellement. Elle semble totalement en galère et puis peu à peu il semble que ses gestes deviennent plus fluides. Elle enchaine mieux même si elle rate encore.

Il faut un long moment pour discerner enfin un semblant d’enchainement.

Il la fait se reposer un moment.

Quand elle y retourne le fond noir a disparu. Les cibles sont remplacées par des hologrammes qui ressemblent complètement à des humains. Le décor est différent également, il a choisi les immeubles d’une ville. La recrue va devoir trouver du cran, en espérant qu’il ne manque.
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fighting is like picking up a dance routine
C'était anxieuse qu'elle lui avait tourné le dos pour se diriger vers le banc où se trouvait sa gourde. Elle s'était attendu à ce qu'il la réprimande pour prendre une pause de son propre chef sans attendre une permission ou proposition de la part du pilote. C'était ce dont elle avait l'habitude, chaque faux pas était accueilli par des exercices physiques pour la faire rentrer dans les rangs sans broncher et rien que pour ça, elle devait finalement accumuler plus d'exercices d'échauffement que les autres recrues. Mais elle était endurante pour sa petite carrure, un avantage mince mais un avantage quand même. Angharad se baissa pour attraper la gourde, en bu quelques gorgées l'esprit ailleurs et les yeux balayant la salle. Elle pensait à ses parents, à ses patients, son frère, à Ray. Cet exercice se montrait bien plus compliqué qu'elle ne l'avait pensé et si elle commençait à réussir à plus ou moins bien viser, elle n'y prenait pas goût. C'était peut-être ça qui l'empêchait d'être bonne finalement, le fait d'y aller à reculons.

« Est-ce que vous avez jamais tiré sur quelqu’un ? »

Angharad se retourne, surprise par sa question qui n'est, pour une fois, pas un reproche ou un ordre la sommant à faire un tour de campement de plus. Mais ce qui l'étonne surtout c'est la question en elle-même, sortie de nul part. Elle croise son regard et le soutient, son visage trahissant sa surprise. La réponse serait négative, forcément. Elle n'avait jamais tué quelqu'un, ni jamais tiré sur quelqu'un. Tout ce qu'elle avait fait ces neuf dernières années, c'était soigner des corps meurtris par des bourreaux et aspirer à un futur meilleur. "Non." soupira-t-elle. Elle ne savait pas si elle devait se sentir gênée, mais elle était certaine que cette révélation ne jouerait pas en sa faveur. Pourtant, pas de commentaire ou de regard en biais. Soulagée, elle retourne vers la zone de tir mais il l'en empêche et lui indique un autre chemin. Ensemble, ils se dirigent vers une salle où il lui fait enfiler une paire de lunettes et lui donne un blaster qu'elle sait, rien qu'à son apparence, ne pas être ordinaire.

Le reste semble venir d'un autre univers.

Les explications ont beau être simples et claires, elle ne peut s'empêcher de se crisper lorsque les lunettes s'activent et bloquent complètement sa vision, affichant un tout autre paysage. Stressée, elle se tourne vers là où elle sait avoir vu en dernier Tuiren mais ne voit rien. Tant pis. Elle allait devoir se prêter au jeu. La première cible apparaît, lente, mais cela ne l'empêche pas de louper son tir. Puis son deuxième et son troisième. Dès qu'elle manque une cible, elle perd des points qu'elle voit en haut à droite de son champ de vision et quand ces derniers atteignent 0, elle recommence à partir du début. Début qu'elle apprendra doucement à connaître, entre des soupires de déceptions et de vrais grognements d'insatisfaction. Rater ses cibles et revenir au début l'agace plus qu'elle ne l'avait imaginé et le fait que les cibles ne soient que des cercles lui permet de ne pas se sentir coupable. Doucement, mais surement, elle y prend goût, se rappelant des jeux vidéos auxquels ses amis de classe jouaient sur Borosk. Ses mouvements se stabilisent, s'enchaînent, plus fluides, et lorsque la simulation décide qu'il est temps de passer au niveau supérieur elle perd ses moyens.

La pause que lui a octroyé Tuiren n'a fait que la couper dans sa lancée et quand elle remet les lunettes le fond noir disparait pour laisser place à un paysage plus réel. Les détails sont là, rendant l'expérience encore plus troublante et alors qu'elle s'habitue à peine au décor un homme déboule et lui tir dessus. Elle n'a même pas le temps de l'éviter que la simulation recommence dès le début. Il lui faut plusieurs essais avant de pouvoir enfin trouver le courage de tirer sur son assaillant. Et c'est étrange, car elle ne ressent aucune culpabilité. Elle met ça sur le compte de la simulation, que ce qu'elle fait n'est pas vrai, qu'il ne s'agit que de pixels. La simulation est bien plus dure avec le temps qui passe et chaque retour en arrière lui fait perdre un temps fou. Un retour en arrière qui l'embête de plus en plus et lui fait oublier qu'elle tire sur des hologrammes humains. Lentement, elle hésite de moins en moins lorsqu'elle doit tirer et parvient même à faire mouche jusqu'à ce que la simulation s'arrête.

Elle retire les lunettes, essoufflée.

Son regard se glisse jusqu'à Tuiren et le moniteur, ils ont l'air satisfait ce qui lui arrache un sourire. Elle a fait de son mieux, et si certains décriraient la séance de lente et répétitive, elle préfère s'accrocher au fait qu'elle ressent déjà une petite évolution dans son niveau.


 
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