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beyond good and evil, part 1 (nev-ora)

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Between good and evil
is there a limit ?
Décidément.... Elle préférait presque Feren lorsqu'il tenait un sabre laser sous sa gorge que lorsqu'il riait à gorge déployée.

« Oui, pour tous les Jedi morts que j’ai eu l’occasion de croiser… et de tuer. » Elle lâche une exclamation étouffée. Petit bruit d'animal terrifié, et expression peinte par l'horreur de la révélation. Bien entendu il était un Sith, alors elle se doutait que ce n'était pas dans ses habitudes de faire ami-ami avec les Jedi ni de leur offrir des tours gratuits dans son vaisseau, mais...De là à imaginer qu'il ait participé à ce qu'il s'était passé sur Yavin IV.... Elle à un mouvement de recul, perdant à nouveau le peu de couleurs qu'elle avait. Devant elle se trouvait l'un des assassins de ses frères et sœurs... « Et pour mes parents aussi, accessoirement. Enfin, c’était avant que… c’était il y a longtemps. » Elle est trop terrifiée pour que cet autre élément perturbateur la fasse réagir, oui, trop plongée dans ses scénarios imaginaires et sanglants. Dans la colère, qui fait bouillir son sang, toutes ces émotions contre lesquelles elle luttait constamment et qui ne demandaient qu’à sortir.

Elle ne devait pas oublier, jamais, ce qu'était celui qui lui faisait face.
Sith.

Le chemin est bien évidemment silencieux. Silence de mort, que la Padawan n’aurait brisé pour rien au monde, tout à son ruminement. Et ses pensées noires, trop noires pour un aspirant Jedi. Elle n’était pas censée imaginer Feren, enchaîné, forcé de répondre à toutes ses questions une bonne fois pour toute, forcé de confesser les crimes qu’il avait commis, ceux qui la concernait du moins… Elle n’était pas une héroïne. La vengeance était plus Sith que Jedi. Et pourtant il avivait en elle des pulsions qui n’avaient leur place que sous l’effet d’une bombe psychique.

« Je n’avais pas de cage à Jedi de compagnie sous la main. Et puis, je ne supporte pas quand il traine des trucs au milieu des couloirs. » Elle lui lance un regard sombre, dénué d’humour, et réagit au tac au tac au sarcasme du Sith –si c’en était bien un : « Pas à Jedi. »» Padawan. Loin d’être Jedi. Elle le garde pour elle, mais elle préférait encore mourir que d’être à nouveau enfermée comme un animal. Et elle n’était peut-être pas plus qu’un truc à ses yeux, mais dans ce cas le Sith n’aurait pas dû avoir besoin d’elle sur Naboo ! Non, les subtilités de l’humour n’avaient jamais été son fort.

Elle le suit avec beaucoup moins d’enthousiasme et d’empressement de quitter Tattooine et courir vers sa mort qu’il n’en montrait… Ils entrent finalement dans le vaisseau encore plus rutilant de l’intérieur. Nev-Ora était mal à l’aise, comme toujours dans des environnements trop éloignés de ce dans quoi elle avait grandi. La vie au Temple était elle aussi très simple, sans luxe superficiel. Elle croise ses bras sur son ventre sans daigner donner au zabrak la satisfaction de paraître impressionnée. Les mâles accordaient toujours bien trop d’importance à leurs engins, quelle que soit leur taille.

« Montre-lui sa chambre pour qu’elle puisse s’installer. Ensuite, décollage immédiat. » Elle observe avec méfiance le zabrak murmurer des paroles supplémentaires, inaudibles, au droïde, avant de suivre diligemment son guide, sans un mot.

Elle tend l’oreille pour vérifier qu’il entre bien dans la pièce devant laquelle il s’était arrêté. Enfin, la tension s’allège très légèrement. Elle pouvait respirer, et ce sans risquer de se faire étrangler par la Force. « Nova, si vous voulez bien me suivre, je vais vous montrer votre chambre. » Elle emboîte avec scepticisme le pas au droïde dont la couleur mat lui rappelait, ironiquement, celle de la poignée de son sabre laser. Richi et elle étaient clairement les deux choses les moins extravagantes qui se trouvaient actuellement sur le vaisseau de Feren.
Mais c’était elle, l’unique erreur.

Elle regarde distraitement la chambre qu’il lui présente. Un peu plus surprise encore, qu’un tel luxe lui soit accordé. En même temps Feren n’était pas le genre d’individu qui se contentait de moins que la perfection.

« Feren t'as murmuré quoi ? » Elle demande brusquement. Maintenant qu’ils étaient seuls, elle ne lui laisserait pas de répit tant qu’elle n’aurait pas de réponses. « Je suis désolé Nova, mais j'ai pour ordres de ne pas- » « Il t'as ordonné de ne pas me répéter ses mots ? » « Non... » « Alors t'as rien à craindre. S’il te plaît ? » Le droïde hésite juste un peu avant de craquer. « Je n'ai pas le droit de vous parler d'Aava. » « Aava...? Tu veux dire, Aavryn ? » « Oui, Dame Aavryn. La plus canon de toutes les dames qui aient c... marché au côté du maître ! » Nev-Ora ouvre la bouche, surprise, par le choix de mots, la tournure inattendue de la phrase. Le droide commence lui à s'agiter dans tous les sens, en réalisant qu'il avait désobéit à des ordres directs de son maître et en avait révélé trop, trop peu pour Nev-Ora, et pourtant déjà beaucoup trop selon Feren. « Calmes toi, tu vas faire surchauffer tes circuits. » Et surtout, son affolement était contagieux, son cœur et sa respiration commençaient à s'affoler à nouveau. « Qu'est-c'que t'allais dire, avant marché ? » « Le... Le Maître va s'impatienter ! Navré Miss Nova mais je suis dans l’obligation de partir pour m’occuper du décollage ! » Et le droïde s’esquive aussi vite qu'un droïde de sa classe pouvait le faire hors de la vue de la Padawan... Elle avait de plus en plus le sentiment que ce que Feren lui cachait était quelque chose d’énorme. Elle devait s’assurer que ce n’était rien qui mette en danger Aavryn. Ou fasse partie d’un plan plus grand...

Quoi qu’il en soit c’était suspicieux.
Dès que le droïde disparaît hors de la chambre, frustrée, Nev-Ora arrache brusquement les draps à la literie. Elle n’arriverait jamais à dormir sur un lit aussi spacieux ni un matelas d’aussi bonne qualité de toute manière. Elle n’aurait qu’à les remettre avant de partir pour que Richi ne rapporte pas qu’elle avait utilisé le sol comme couchette.
Elle compte jusqu'à quinze. Colle son oreille contre la porte. Plus cinq. L'entrebâille pour jeter un coup d'œil au couloir désert. La voie était libre. Elle rejoint rapidement la porte métallique derrière laquelle elle avait vu Feren disparaître en premier... Bingo. Sa chambre.
Mais… elle ne s'attendait pas du tout à ça ! Oh, le luxe répugnant, les draps soyeux, rien d’étonnant. Mais le nombre de plantes vertes qui la décorent ? Ce n’était certainement pas le genre de décorations qu’elle aurait imaginé pour Feren –plutôt des bocaux remplis d’antiquités, de sang et de parties de corps détachées… Aussi caricatural cela soit-il. Pas qu’il partage sa passion de la nature…
Non. Elle ne se laisserait pas douter après ce qu’il lui avait dit plus tôt !

Le brusque mouvement du vaisseau qui quitte le sol lui donne le fouet qu’il lui manquait pour commencer ses fouilles. Nev-Ora attrape le pad posé sur la table de nuit. Elle ne prend pas le temps de fouiller minutieusement, même si elle aurait sûrement pu apprendre bien des faits intéressants, sur le trafic de Feren, sur les Siths même. Mais seule Aavryn comptait. Seules ces holophotos, ou autres document secrets que le Sith avait tenté de garder pour lui. Et enfin, après quelques minutes, elle le trouve, ce fameux dossier... Pour mieux déchanter. Aava coquine.

« Quoi ?! » Le fragile objet lui échappe des mains, sous le coup de la surprise. C'est seulement par un réflexe Jedi de dernière seconde qu'elle le rattrape, avant qu'il ne se fracasse sur le sol du vaisseau. Toute tremblante Nev-Ora le repose là où elle l'avait trouvé. Et s'agenouille devant en fixant, sans en revenir, le titre du dossier. Étais-ce une farce de mauvais goût ? Feren se serait douté qu'elle irait fouiller, et aurait changé le titre ?
Non. Il n'aurait pas pu savoir, parce que se glisser dans la chambre d’un Sith et fouiller dans ses affaires avant même que le vaisseau ait décollé était infiniment trop courageux pour elle.

Elle s'empresse de cliquer dessus... Merde de bantha !! Un mot de passe. Un foutu mot de passe qui l'empêchait d'avoir accès à ce qui la narguait, avec le surnom de celle qui était peut-être la personne qu'elle cherchait depuis plus de la moitié de sa vie....
Maudit Sith.

La jeune Padawan referme vite tous les dossiers. Ça ne servait à rien d'essayer de forcer la sécurité de l'appareil, elle risquerait d'alerter Feren, et de s'attirer d'encore plus grands ennuis...

Elle s'aventure à nouveau dans le couloir après avoir vérifié qu'elle n'avait laissé aucunes traces de son passage... Avec encore plus de questions qu'avant ce nouvel élément. L'endroit qu'elle détestait le plus, sur les vaisseaux : le cockpit. Avoir une vue panoramique sur l'immensité obscure et dangereuse qui entourait un simple cylindre métallique volant ? N'avoir qu'une fine couche de verre la protégeant de ce qui se trouvait à l'extérieur...?
Si possible, elle aurait eu l’intention de passer le reste du voyage planquée dans "sa chambre". Mais elle n'avait pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? La patience de Feren avait déjà été mise à rude épreuve. Elle ne voulait pas abuser de son "hospitalité" si l'ont pouvait dire, ou plutôt prise d'otage, en restant cloîtrée dans "sa" chambre à espérer qu'il oublie jusqu'à sa présence... et de débarquer sur Naboo en fonçant tête baissée dans une mort lente, douloureuse et colérique.

Et puis, le Sith avait encore beaucoup à lui apprendre... Soupirant elle se fraie un chemin malaisé vers l’endroit où se trouvait le zabrak. Elle entre dans le cockpit en silence avant de défaillir lorsque son regard se pose sur la vitre. Nonnonononnon. Elle se laisse tomber sur un siège et s'harnache plus vite que la lumière. C’était déjà un exploit qu’elle soit restée debout pour le décollage. « J'ai dessiné.... Le plan du quartier ou se trouvent les tablettes. » Elle se garde bien de lever les yeux vers Feren (ou vers les étoiles), ses cheveux lâchés devant son visage pour cacher ses expressions trop parlantes. Ou de lui dire que ce n'était qu'une excuse pour expliquer pourquoi elle avait mis si longtemps à les rejoindre. Nev-Ora tapote son datapad et fait apparaître holographiquement un plan dessiné à la va-vite dans, mais aussi précis que possible pour les circonstances. « Le point rouge est notre destination finale. Le vert, le point d'atterrissage. » Elle attrape commence à tracer des lignes en différentes couleurs. « Je conseillerais ce chemin. Le plus direct et rapide. Mais c'est un axe important de la ville, très fréquenté. Il a du connaître beaucoup de dégâts. Utiliser des petites rues sera plus long. Mais aussi sûrement plus sur. » Elle commence à mordiller une tresse qui tombe devant sa bouche. Puis se met à développer de façon la plus succincte possible ses connaissance de la configuration du terrain, ce à quoi ils devraient s’attendre si cette partie de la ville n’avait pas été trop endommagée par les combats… Economie de ses derniers souffles.

Dans sa voix, tremblement, empressement nerveux, appréhension. Retourner sur Naboo était du suicide. Retourner sur Naboo avec un Sith était du suicide plus-plus. Elle ne savait même pas pourquoi elle prenait la peine de faire ces efforts, alors qu’elle était condamnée. Entraînement Jedi qui la rattrapait, sûrement.
Et Sam, quelque part dans la galaxie.

Mais juste après avoir commencé, sa voix défaille. Est-ce qu’elle pouvait vraiment continuer comme ça ? Eviter la confrontation, contenir sa colère, manquer de franchise ? Oh, et puis, tant pis. Il avait déjà décidé de la tuer à la fin alors qu’avait-elle à perdre ?

« T'es en colère parce que j'ai abusé de ta confiance, mais tu fais pareil ! » Elle prend une grande inspiration. « Tu sais… Darth Vador, il est passé du côté obscur par amour. Par folie. ‘Fin c’est un peu la même chose hein. » Elle pose le datapad sur ses genoux et serre les lanières qui la maintenaient attachée, toujours sans regarder Feren. « Mon Maître parlait beaucoup du passé. Des Siths. Des Jedi. Tout ça. » Si elle avait eu des griffes de zabrak elle aurait transpercé le tissu dans sa poigne était forte. « Mais aussi du contrôle. Des émotions. Tout ce qui est mal.» Même si, aujourd’hui, les principes de l’Ordre étaient bien plus tolérants, différents de ceux de l’époque. Enfin, aujourd’hui, il n’y avait même plus d’Ordre… Elle ricane. « C’est du foutage de gueule. Ce sont les méchants, qui sont censés ne pas aimer. C’est pas aimer, qui devrait nous pousser à tuer et à dev’nir des monstres. » Elle tourne les yeux vers lui pendant une demi-seconde. « Mais regard’ nous !!! » Elle parle avec une voix tremblante et hachée, sans se laisser aller complètement, entre-deux états. « T’étais sur Yavin IV, quand l’Premier Ordre à attaqué le Temple ? Je veux savoir. Tu les a chassés, comme des animaux, dans toute la galaxie ?! »

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Tout en observant le ciel qui s’assombrissait à mesure qu’ils quittaient l’atmosphère de Tatooine pour pénétrer dans l’espace, le zabrak gardait un œil sur le comportement étrange de Richi. Non, vraiment, il y avait quelque chose qui clochait… anguille sous roche, disaient les humains. Qu’est-ce qu’il avait encore fait, ce stupide robot râleur ? Qu’est-ce qu’il avait DIT ? Feren se demandait d’ailleurs comment une machine pouvait désobéir sciemment à un ordre aussi clair que le sien… à moins qu’il ne fut assez futé pour y trouver une quelconque faille, et dans ce cas il avait probablement du souci à se faire. Ou alors il était vraiment, vraiment stupide et avait un problème de programmation dans son code source. Peut-être qu’une maintenance en profondeur s’avérait nécessaire. L’autre problème, enfin, si c’en était réellement un, était l’absence prolongée de la Padawan. Le Sith, en tout cas, avait plutôt compté sur le fait qu’elle les rejoindrait dans le cockpit pour donner des informations supplémentaires concernant Naboo. Ce qui leur permettrait d’établir un plan pour intervenir là-bas. Mais si elle comptait faire la morte dans sa chambre, c’était bien aussi, surtout pour les nerfs de Feren. Elle n’aurait juste pas voix au chapitre et en cas de pépins, ce serait son problème à elle.

Derrière eux, le zabrak perçut le déclic d’un harnachement qu’on serrait. Il ne tarda pas à tourner son siège en direction de la presque surprenante arrivée de Nova, haussant un sourcil narquois : alors, elle s’était perdue dans le couloir, ou quoi ? Quoique, au vu de ce qu’elle affirmait, elle s’était plutôt penchée sur les plans de l’endroit où ils débarqueraient dans plusieurs heures. Il observa l’hologramme, un air concentré sur le visage. Elle préconisait les détours, comme d’habitude, mais pouvait-on être seulement certain que ces ruelles auparavant tranquilles et délaissées l’étaient toujours avec les effets de la bombe psychique ? Il y avait sans doutes des gens qui n’avaient pu être évacués là-bas, et ces gens étaient probablement devenus plus fous que fous, des bêtes à la fois assoiffées de violence et terrorisées. Feren songea que la ville serait partiellement détruite, des bâtiments à l’état de ruine après toute la vague de violence provoquée par la bombe. Alors, entre se promener dans une grande avenue déserte mais dont les bâtiments environnants étaient probablement gorgés de regards ensanglantés, ou marcher dans des décombre quitte à se retrouver coincés, puis également entourés par des cinglés, il ne savait pas ce qu’il préférait. L’espace plus découvert… plus pratique pour combattre avec un sabre-laser pour se servir de la Force. Même si ces gens étaient encore pourvus de blaster, l’espace leur permettrait de les éviter plus aisément. Et de progresser plus vite. D’un autre côté, ils seraient effectivement plus discrets en empruntant des chemins détournés et seraient plus à même de semer d’éventuelles meutes de poursuivants.

« Ton avenue doit être désertée à l’heure qu’il est, cependant il est possible que les derniers habitants soient à l’affût du moindre mouvement à cet endroit… quand à tes ruelles préférées, qui nous dit qu’elles seront encore suffisamment en état pour nous permettre de passer ? Je crois qu’il nous faudra d’abord évaluer le terrain en arrivant pour décider. », conclut le zabrak d’une voix neutre. En passant par l’avenue, peut-être que Richi, aux commandes du vaisseau, pourrait les couvrir, mais cela serait sûrement très risqué également. Sans compter que le droïde était un froussard dans l’âme, comme Nova à vrai dire. Ces deux-là devaient bien s’entendre, en fait. A cette pensée, son regard s’assombrit à nouveau, face au mystère qu’il pensait s’être profilé durant la brève entrevue entre ces deux énergumènes.

Feren n’eut guère l’occasion d’approfondir ces questions muettes car voilà que la petite Padawan… explosait ? Hum, le terme était un peu fort, cependant lui comme elle n’étaient pas habitués à ce qu’elle s’exprime autant d’un coup. Le zabrak haussa un sourcil à la fois glacial et passablement agacé. Il était un Sith, il passait son temps à abuser de la confiance d’autrui, et particulièrement des Jedi qui ne se doutaient pas de ce qu’il était ! Son regard s’enflammait à mesure que la jeune femme débitait ses élucubrations délirantes : où voulait-elle seulement en venir ? Que cherchait-elle ? C’était quoi ces salades sur l’amour et le côté obscur ? Le zabrak se retint de laisser tomber son visage dans sa main et se contenta de murmurer sur un ton assassin : « Je doute que les gars qui nous tomberont dessus sur Naboo seront fous d’amour. » Il songea un instant à l’étrangler à nouveau juste pour la faire taire et lui faire comprendre qu’elle devait arrêter de raconter n’importe quoi. Le pire, c’était que le Sith ne parvenait pas à trouver le moindre rapport entre chacune de ses phrases : d’un coup elle passait de la déchéance de Vador vers le côté obscur aux leçons probablement très ennuyeuses de son maître – ah ! seule information intéressante, la Padawan avait un maître. Etait-il toujours en vie et profitait-elle encore de son enseignement ou non ? Le zabrak leva les yeux au ciel et persiffla : « On dirait que tu les appliques très bien, les leçons de ton maître. C’est carrément efficace, cette histoire de contrôle des émotions. » Il finit par lâcher un petit ricanement mesquin.

Ricanement lugubre qui faillit former un rire mauvais. Alors quoi, selon elle, tous les Sith étaient des « méchants » ? Des monstres assoiffés du sang des innocents, désintéressés à souhait de tout ce qui ne concernait pas leur petit nombril ? D’accord, Feren aurait été incapable de ne serait-ce que se forcer à se trouver la moindre bonté dans son âme. Il n’en était cependant pas un monstre incapable du moindre sentiment. Il faisait simplement ce qui était nécessaire dans les situations dans lesquelles il pouvait tomber. Même s’il devait avouer également un certain plaisir à martyriser les apprentis. Et massacrer ceux dont la tête ne lui revenait pas. Mais il y avait bien pire, non ? Ce n’était pas Feren qui avait réduit toute une planète en poussière au beau milieu de l’espace, et encore moins celui qui avait bombardé Naboo de la bombe psychique.

Son regard brilla soudainement lorsqu’elle eût terminé. Ah, on y était. La question de Yavin. Un sourire carnassier naquit sur ses lèvres, donnant à son visage peint un aspect plus effrayant encore que d’habitude. En réalité, non, il n’avait pas été sur la petite lune pour découper du Jedi en petits morceaux avant de les cuire à la braise sur un agréable petit feu crépitant. Et pourtant, il avait été là, lors de la funeste nuit où le Premier Ordre avait décidé de les éliminer. Un heureux hasard dont il n’avait pas beaucoup profité, à vrai dire. « Oui, j’étais là-bas. Mais pas du tout pour cette raison, malheureusement. Appelons cela un hasard. » Il omit de préciser la jeune Padawan qui lui était tombée dessus alors qu’il observait l’attaque du Temple et qu’il avait éliminée sans état d’âme. « Au moins, j’ai pu profiter du spectacle aux premières loges, avant de m’en retourner à mes occupations. Un spectacle lamentable, cela dit. Les sbires de Ren manquent grandement d’originalité et d’imagination. » Il prenait un malin plaisir à la narguer et à la provoquer ainsi, étant même à deux doigts de lui fournir quelques détails croustillants de quelques agonies fort sympathiques à observer. En revanche, il était encore plus drôle de lui révéler un petit détail sur son existence. « Tu sais, ma bichette, je n’ai pas eu à attendre l’attaque du Temple de Yavin IV pour goûter à la chasse aux Jedi. Tout comme je n’ai pas été un Sith toute ma vie. » Le zabrak se délectait de l’expression qu’il pouvait lire sur le visage de la jeune femme. Il ajouta d’un ton doucereux : « Mais même avant d’être un Sith, je ne connaissais déjà que le côté obscur. Oh, je peux t’assurer qu’un Jedi, qu’il soit du nouvel ordre ou de l’ancien, ne vaut pas mieux qu’un vulgaire animal une fois face à la mort. »
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C’était une situation tellement étrange, tellement troublante. Elle avait l’impression de se remettre en selle, de reprendre les activités de Jedi…. A l’époque, lorsqu’en chemin vers leurs missions, Maître Tymaon leurs demandaient leurs avis, leurs plans, avant de donner le sien et parfois même de l’adapter si les Padawans avaient des idées suffisamment convaincantes… Chaque jour était un apprentissage, un pas de plus vers sonachèvement, vers la découverte d’eux-mêmes… Sauf que ce n’était pas avec son Maître, qu’elle faisait ce débriefing. Ce n’était pas sous le regard et le jugement sages d’Alikan qu’elle passait cet examen… C’était celui de Feren, un Sith. Ça n’aurait jamais dû arriver. Ça ne devrait pas être possible. Pourtant rien ne se passait jamais comme on le voulait. Ça finissait mal, ça faisait mal, c’était la vie. Et c’est pour ça qu’elle discutait d’un plan, d’une mission, avec quelqu’un d’autre qu’un des membres de l’Ordre. Que diraient-ils, s’ils la voyaient travailler main dans la main avec un Sith ?  
Elle était officieusement vraiment la pire Padawan qui ait jamais existé.
Et c’était sûrement mieux qu’elle meurt avant que Sam et les autres ne le réalisent.

Elle hoche brièvement la tête aux réflexions de Feren. « Faut pas non plus oublier qu’dès qu’on aura pénétrés l’atmosphère de Naboo, ce s’ra une course contre la montre. Contre nous même, nos pulsions... Tu crois qu’on peut survoler la zone rapidement pour faire des repérages, avant d’se poser ? » Le problème c’est que comme ça, ils risquaient de se faire autant repérer qu’ils repéreraient… Toutes leurs options étaient mauvaises, dangereuses, suicidaires. Enfin surtout pour elle. Feren étant visiblement puissant dans la Force et bien entraîné, il aurait peut-être une résistance plus forte qu’elle aux ondes psychiques. Et puis, c’était un Sith. Rien que ça, devrait le rendre moins vulnérable à la bombe… Quoique sa gorge encore sensible prouvait qu'il avait une bonne dose de violence et de fureur à revendre.

Son éclat libérateur n'est pas suffisant pour émousser les sens de Nev-Ora. Le changement dans l'atmosphère et l'humeur de Feren, brûlant et pourtant glaçant, ne réussit pas à la stopper dans son élan. Ses poils se hérissent sur ses bras et sa posture se fait d'autant plus défensive, en réaction aux ondes qu'elle reçoit, mais les mots qu'elle ne comprenait pas vraiment elle-même continuent de sortir. Elle n'avait jamais été maître de sa personne.

« Je doute que les gars qui nous tomberont dessus sur Naboo seront fous d’amour. » Il ne comprenait rien à ce qu’elle disait. Rien du tout. En même temps, Nev-Ora était fébrile, confuse, et pas forcément compréhensible. Communiquer, exprimer avec des mots ce qu’elle ressentait n’avait jamais été son point fort. Tout chez elle était brut, cristal Kyber mal taillé. Elle voulait dire beaucoup avec peu. Elle voulait savoir ce qu’était Aavryn pour lui. Une amie, une victime, une amante. Un simple pion sur l’échiquier ? Les sentiments, qu’il ressentait. Car il en avait, bien sûr. Tout n’était pas blanc ou noir. Il lui avait même parlé de ses parents plus tôt… Il était un zabrak, avant d’être Sith. Un enfant, avant d’être adulte. C’était foutrement dingue, et rageant, qu’elle ne puisse pas juste le voir comme un monstre. Si elle avait sur dès le début qui il était… « On dirait que tu les appliques très bien, les leçons de ton maître. C’est carrément efficace, cette histoire de contrôle des émotions. » Toute à son emportement, elle continue, bouillonnant de l’intérieur. Feren n’avait pas besoin de voir et savoir ça. A quel point elle était nulle, instable, inadaptée. Mais il n’avait aucun droit de critiquer son maître. Son Maître, qui avait tant vu et vécu, à la cheville duquel le zabrak n’arrivait même pas.

C'était pas facile, de garder le fil. Elle le fixe avec ses yeux tourbillonnants d'émotions et de hantises. Son point était qu'elle voulait comprendre, savoir la vérité. Ce qu'être Sith signifiait, en vrai, dans les faits. La différence avec la légende.


« Oui, j’étais là-bas. Mais pas du tout pour cette raison, malheureusement. Appelons cela un hasard. » Elle le regarde enfin, franchement, nerveuse, pleine d'appréhension. Il y était. Comment pouvait est-ce être du hasard ? Nev-Ora y croyait de moins en moins, pour à la place y voir la volonté, immense et imprévisible, de la Force. Comme une sorte d'entité supérieure, un peu comme dans les sectes qu'elle craignait tant et qui croyaient aveuglement en leur divinité. Mais elle n'était pas aveugle. La Force était aussi vraie que dangereuse. Elle se méfiait, car si c'était la Force qui avait permis que Yavin IV soit réduit en cendres.... « Au moins, j’ai pu profiter du spectacle aux premières loges, avant de m’en retourner à mes occupations. Un spectacle lamentable, cela dit. Les sbires de Ren manquent grandement d’originalité et d’imagination. »

Un spectacle ?! Elle était au-delà de horrifiée. Au-delà des mots. Au-delà de tout ce qu’il était possible de ressentir. Il avait observé. Il avait regardé les Jedi, les Padawans, les Apprentis. Des enfants, des adolescents, des hommes et des femmes, se faire massacrer puis brûler comme des vulgaires brins de pailles. Comme s’il était devant un spectacle... Et il le lui avouait, presque fièrement. Il prenait un vil plaisir à la faire souffrir et à la provoquer, comme s’il se délectait de tout le mal qu'il pouvait faire... Oh, oui.  Il se délectait et il la dégoûtait. Et elle se dégoûtait parce qu'il la terrifiait.
Elle allait être malade. Nev-Ora pince sa peau et serre les dents pour retenir la bile acide qui menaçait de sortir, pour contrôler les réactions de son corps sous l'assaut des images que Feren la forçait à imaginer.

« Tu sais, ma bichette, je n’ai pas eu à attendre l’attaque du Temple de Yavin IV pour goûter à la chasse aux Jedi. Tout comme je n’ai pas été un Sith toute ma vie. » Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Avant Yavin IV....? Avant le Nouvel Ordre ? Qui était-il ? « Mais même avant d’être un Sith, je ne connaissais déjà que le côté obscur. Oh, je peux t’assurer qu’un Jedi, qu’il soit du nouvel ordre ou de l’ancien, ne vaut pas mieux qu’un vulgaire animal une fois face à la mort. » « C’est toi l’animal ! » Sa rage résonne dans la Force avec puissance d'écho. Une larme de rage s'échappe, traîtresse. Nev-Ora se prince l'arrête du nez et se force à inspirer et expirer. A ne pas refaire cinq pas en arrière, alors qu'elle avait si bien réussi à ne pas s'effondrer après la claque de Yavin IV. « Tu crois qu'tu vaux mieux que les Jedi ? Que quiconque ? Tu crois que même si tu traîne une histoire larmoyante je vais me dire que t’es pas si horrible, que les Siths sont juste de pauvres petits enfants brisés, arrachés à leurs familles… » ...Comme Lexi... Etais-ce seulement vrais ? Tous les Siths n'étaient pas des victimes. Ou des fous d'amour. L'attrait du pouvoir était souvent plus fort que celui de la Force... Elle essayait de se forcer à ne pas réagir aux allusions de Feren. De ne pas penser qu'il était loin d'être tout noir, qu'elle le savait bien, les choses n'étaient pas si simples. Parce que son empathie la déservait plus qu'autre chose. « J'suis p'têtre qu'une Padawan minable.. la dernière personne qui aurait du survivre à l'Ordre.. Mais laisse moi t'dire ça : on est tous des animaux. On chie, on baise, on souffre, on se bouffe et on finie à l'abattoir et personne se souvient d'nous. Toi aussi, tu finiras comme ça. On paie tous pour not' misérable droit d'exister. » Elle se recule brusquement pour nouer ses bras autour de ses épaules tremblantes, secouée par la conversation. Elle ne savait même pas comment réagir. Dépassée, comme toujours.

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A cet instant précis, aux yeux du zabrak dont le sourire mauvais s’agrandissait horriblement vite, il n’y avait rien de plus somptueux à regarder que l’expression horrifiée de Nova, alors qu’il lui précisait qu’il avait été sur Yavin comme à un spectacle. Et le pire dans tout cela, c’était que cette pièce de la vie s’était avérée gratuite. Cela avait été un moment instructif en plus d’être agréable à regarder : sur les Jedi et leur minable nouvel Ordre, et sur le Premier Ordre. A l’époque, évidemment, il ne s’était évidemment pas trouvé là-bas pour ce genre de leçons instructives, toutefois tout était toujours utile à prendre. Si Feren devait en tout cas retenir un point positif de sa vie d’inquisiteur, c’était bien celui où on lui avait inculqué à devoir d’abord connaître son ennemi avant de se montrer à lui ou de l’attaquer.

La jeune Padawan s’emporta dans la colère que le Sith avait volontairement provoquée. Il lâcha un ricanement moqueur en constatant une fois de plus à quel point les préceptes Jedi étaient vains et illusoires. D’un claquement de langue réprobateur, le zabrak renversa la tête en arrière, contre le haut de son siège, roulant ses yeux de braise jusqu’à Nova qui était sans doutes à deux doigts d’une belle crise de nerfs. Il s’était promis qu’elle paierait sa trahison, il le lui avait promis avec une telle force… Là n’était que le commencement de ce qu’elle aurait à supporter, il s’amusait avec comme un chat avec une souris entre ses griffes avant de finalement l’achever et l’abandonner avec mépris. « Je n’ai jamais dit le contraire. », rétorqua-t-il de sa voix suave. Evidemment que tout être de la galaxie était un animal. « Mais j’ai toujours cru que les Jedi se croyaient au-dessus de cet état avec leur sacro-saint rejet des émotions. » Une nouvelle flèche empoisonnée décochée à l’intention de la jeune femme. « Cela dit, tu sais… il y a deux sortes d’animaux. D’un côté les prédateurs, de l’autre les proies. » Il la laissait statuer dans quelle catégorie elle se mettait.

Le zabrak lâcha un petit soupir presque attristé. Les Sith, de pauvres petits enfants brisés ? Qui des deux ici était vraiment brisé ? Feren avait trouvé sa voie et avançait sans regarder sans cesse en arrière en geignant de larmes pour se plaindre que c’était mieux avant. « Vous n’avez jamais rien compris aux Sith. Toi et tes prédécesseurs ne voyez que ce qui vous arrange bien et vous êtes incapables d’admettre qu’on peut être plus qu’un simple gardien de moutons si on a la Force. On s’en fiche de notre passé, on ne le traine pas comme un boulet mais on s’en brandit comme une force. On regarde pas en arrière en chouinant bêtement dès qu’une difficulté se présente. On lève la tête et on fait avec. On pleurniche pas sur la fatalité, on crée notre propre destin. » Alors oui, clairement, Feren se sentait largement en droit de se sentir supérieur à quiconque n’était pas Sith, surtout s’il s’agissait d’un Jedi.

Un signal sonore provenant de l’ordinateur de bord détourna son attention, pour constater que le calcul d’itinéraire à travers l’hyperespace était terminé. Richi tourna légèrement la tête vers son maître et celui-ci lui fit signe d’activer l’hyperpropulseur pour se rendre enfin vers le système de Naboo. Le voile noir du vide intersidéral, qui était baigné par la lueur tremblante des milliards d’étoiles qui le recouvraient se déforma et les points de lumière devinrent des traits opalescents. Il n’y avait plus qu’à attendre l’arrivée, prévue pour dans quelques heures. Le zabrak se tourna à nouveau vers la Padawan, le regard menaçant : « Maintenant, je te conseille se peser très attentivement tes mots. Tu ne voudrais tout de même pas qu’il t’arrive le moindre malheur sur Naboo pour m’avoir préalablement mis de mauvaise humeur, tout de même ? » Il esquissa un sourire mauvais en se levant, ne la lâcha pas du regard tant qu’il n’eut pas quitté le cockpit et rejoignit ses quartiers pour se préparer mentalement à Naboo. Méditer sous une douche, il n’y avait rien de tel pour se vider la tête.


PARTIE 1 TERMINÉE

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