When my time comes

forget the wrong that I've done

Cet interlude n’avait fait qu’aggraver le caractère enflammé de la donzelle. Il avait suffi d’une réunion, des mots échangés et ce type s’était pointé. Quelle n’avait pas été sa stupéfaction alors qu’on leur annonçait qu’un nouveau membre prenait le grade de son aimé, désormais poussière et qu’en plus, il s’agissait de son punching-ball de la veille, distraction hasardeuse trouvée dans un bar miteux et qu’elle ne pensait guère revoir. Ses pensées s’étaient embrouillées et si elle s’était montrée platonique et non vulgaire par respect pour sa commandante, il n’est moins sûr qu’entre quatre yeux, elle serait plus vindicative. L’annonce l’avait surprise, encore sous le choc de cette disparition mais s’ils n’étaient pas au complet pour livrer bataille, les choses seraient encore plus compliquées. Mackenzie ne désirait point qu’un autre membre emprunte le chemin du numéro 12 et serrait les dents à l’approche de leur rencontre. En effet, le duo qu’elle formait avec STEEL 12 brûlait la moindre de ses cellules à son souvenir mais était conséquent, bien pensé et fort. Elle n’était plus ce tout qu’ils formaient mais seulement Mackenzie, seule à nouveau. Pourtant, il fallait se montrer forte et ne point tomber face au nouveau venu. Ses confrères, Jared et Ulfric s’étaient montré moins mesurés et plus fougueux dans leurs propos, ce qu’elle cautionnait mais ne pipait mot, Lyana ayant trop d’importance en son estime, il fallait laisser une chance puisqu’elle n’avait mot à dire, fautive de la disparition de leur ex compagnon d’armes. Elle avait donc quitté la réunion sans un mot, laissant la paperasse et peut-être les règlements de compte se faire sans elle. En fait, elle n’avait point la force de jeter la pierre sur l’un ou l’autre des camps. Au lieu de cela, elle tourna les talons, retirant la chemise qu’elle portait pour ne plus sentir cette chaleur qui l’avait envahie tantôt. Ses pas résonnèrent dans le long couloir qui la conduisit à ce qui servait de cantine. Là, elle récupéra un plateau et se posa sur une table, loin des autres résistants ayant besoin d’être seule. Basculant sa tête en arrière, elle porta ses mains à son visage, se cachant les yeux. Il fallait désormais compter avec Viktor, elle ne pourrait y couper. D’un naturel enjoué, elle devenait terne et presque rasoir. Il est loin le temps où Mackenzie souriait et se laissait aller à des boutades. D’ordinaire, leur compagnon aurait été accueilli avec ses honneurs et une petite phrase bien placée pour lui signifier que s’il avait peur du danger, il pourrait rester dans son ombre, qu’elle était la guerrière ultime. Au lieu de cela, elle était dans cette pièce où les néons crépitaient et où la lumière artificielle lui donnait mal à la tête. Les voix montaient autour mais elle ne s’intéressait guère aux racontars de petits soldats cherchant à se faire un nom. Il y a longtemps qu’elle avait renoncé à s’illustrer, préférant donner sa vie pour en préserver plusieurs autres des couards, les rouges et autres vicelards de la République. Au départ peut-être avait-elle espéré devenir un nom des verts mais aujourd’hui, elle désirait ardemment qu’on oublie le sien, qu’il ne hante les lèvres de personnes même si elle savait pertinemment que beaucoup s’inquiétaient pour elle. D’ailleurs, une voix fendit l’air, une petite rousse avec qui elle aimait bien plaisanter et s’entraîner autrefois s’approcha en posant la main sur son épaule comme une mère fait avec son enfant. « Si tu as besoin, je suis là. » se contenta-t-elle de dire tandis que Mackenzie repoussait cette main en ajoutant. « J’ai besoin de personne, si j’avais voulu parler, je me serais assise ailleurs. » Peinée, elle repartit aussi vite qu’elle était venue et la brune se mordit la lèvre inférieure, il n’était temps de se faire des ennemis parmi ses alliés. Tant pis, elle s’excuserait après, la demoiselle connaissait son caractère et n’en ferait certainement pas. Elle croqua dans le morceau de pain juchant son plateau, sans grande conviction.