« Mayday ! Mayday ! Besoin d’une équipe de secours sur Kiffex aux coordonnées jointes ! Je répète Mayday ! Mayday ! Je suis en train de me crash… »

Le trou noir, j’ouvrais péniblement les yeux en tentant de me redresser sur mon siège. Ma tête me faisait atrocement souffrir, passant ma main sur mon front j’essuyais le sang qui avait coulé pendant mon absence. D’ailleurs combien de temps avait-elle duré ? Je regardais autours de moi mais je ne pouvais absolument pas voir le ciel de là où je me trouvais. J’avais dû me crasher au fond de la jungle, il faisait chaud, humide et sombre. Je m’étonnais pourtant de n’entendre aucun bruit à l’extérieur du cockpit du vaisseau, si j’étais réellement tombée dans la jungle ne devrais-je pas entendre les sons de la faune environnante ? Je glissais ma main le long de ma cuisse afin d’atteindre le bouton pour éjecter ma ceinture mais celui-ci demeure bloqué malgré mes démonstrations de force, ou lutôt mon pathétique acharnement. Poussant un soupir d’exaspération je me décide alors à attraper mon couteau accroché à une des pochettes de mon pantalon afin de sectionner la bande de tissu qui me retenait captive de mon propre siège. M’extirpant avec difficulté je déambulait dans les couloirs endommagés de mon vaisseau, titubante, finissant par arriver à la lourde porte de chargement, j’activais le levier pour forcer l’ouverture de cette dernière avec grande difficulté, me rendant compte que ma jambe droite et mon bras droit avait salement morflé dans ma chute. La porte s’ouvrit enfin, me permettant de respirer un air un peu plus pur, je m’effondrais au sol, laissant tomber lourdement mon dos contre la carcasse fumante de ce qu’il restait de mon vaisseau. Ma tête était lourde, me faisant souffrir et troublant ma vue, le sang continuait de glisser lentement le long de ma tempe. Fermant les yeux un instant je tâchais de me remémorer ce qui avait bien pus m’arriver pour me retrouver dans pareille situation.

« Hey Hangana, encore de sortie aujourd’hui ? »

« Que veux-tu Lewis, le talent n’attends pas ! »

Un sourire narquois sur les lèvres, je me dirigeais vers le hangar sept où se trouvait non pas mon vaisseau mais un d’emprunt, une navette piquée à un marchand sur Jakku, le miens étant en quelque sorte, en révision. Je m’installais confortablement  l’intérieur, on m’avait confié une mission simple, aller sur Kinyen récupérer quelques documents et rentrer pour les rapporter au plus vite. L’aller s’était déroulé sans accroc majeur et récupérer la paperasse n’a pas été la mission la plus difficile en soit. Je  savais juste que ces papiers avaient une importance modérée aux yeux de la Résistance et que s’ils tombaient entre de mauvaises mains, cela poserait quelques problématiques.

Je dépassais à peine Thyferra que les problèmes débutèrent, me reposant un peu trop vite je n’avais pas vu venir le vaisseau d’un contrebandier qui, pour une raison que je n’ai pas encore éclaircie, connaissait la nature de ma venue en bordure intérieure. Il me prit alors en chasse, prenant biens oin d’abimer le plus possible le tas de ferraille qui me servait de vaisseau. Arrivant à proximité de l’orbite de Kiffex et salement touchée aux réacteurs, je décidais de me poser tant que je le pouvais encore en envoyant un dernier message aux potentiels secours qui pourraient se trouver non loin de ma position. Les sirènes hurlaient, les voyants clignotaient et la fumée noire et épaisse m’empêchait de voir clairement où j’allais me poser.  Je cris mes derniers mots d’espoir avant le choc, terrible, violent, assomant.

Je rouvris les yeux regardant autours de moi, visiblement il faisait encore jour, mais pour combien de temps ? Un bruissement de feuille à ma gauche me fit frémir, glissant ma main le long de ma jambe pour attraper mon Bryar je me tenais prête à tirer à vue.

« Qui est là ? Sortez donc de derrière ces feuillages et osez vous montrer si vous n’êtes pas lâche ! »

Mon arme pointée vers l’origine du bruit, je tachais de tout faire pour ne pas que les douleurs de mon bras n’affectent ma visée. J’étais en position de faiblesse, clairement, mais il ne fallait pas que je le laisse clairement voir à quelqu’un, si jamais il s’agissait bien d’une personne dans les fourrées.

L’air était lourd, pesant, humide et respirer était pour moi une tâche difficile étant donné mon état de santé  et de fatigue général. J’avais du mal à garder les yeux ouverts, cette mésaventure m’épuisant d’avantage que je ne voulais bien l’admettre, mais je me devais de rester éveillée, il y avait quelque chose ou quelqu’un dans ces broussailles. Mon arme tendue, le bras tremblant, je joignais ma seconde main pour supporter la première, j’avais parlé fort et espérais m’être faite comprendre. Un calme plat régnait alors, plus aucun bruit, aucun mouvement, comme si le temps s’était suspendu, muré dans un silence de plomb. Les secondes me paraissaient durer une éternité, mon souffle était saccadé, je peinais à masquer les distorsions de mon visage face à la douleur qui me ravageait le corps.

Soudain quatre silhouettes sombres et massives sortirent de leur cachette feuillue pour me faire face et m’entourer, prise d’un sursaut je braquais mon arme sur celui qui se trouvait le plus près de moi. Il s’agissait de quatre hommes aux visages pour le moins inhospitaliers et avec un sourire à vous donner froid dans le dos. Je me rappelais alors que la planète Kiffex était plus une planète-prison qu’autre chose, recensant les criminels les plus dangereux et les plus instables de la galaxie. Autant dire qu’en prenant conscience de ma situation une sueur froide me parcouru la nuque de toute sa longueur. L’homme continua sa progression vers moi, nullement impressionné par l’arme que je pointais vers lui et d’un coup sec me la fit tomber à terre. Je serrais les dents étouffant un cri de surprise et de douleur, je relevais les yeux, pour planter mon regard noir dans le sien, il continuait de sourire avec arrogance.

« Bah alors princesse, on a fait une mauvaise chute ? T’en fais pas, mes potes et moi on va prendre bien soin de toi, c’est qu’on en voit pas tous les jours des petit brins de gonzesse dans ton genre. »

« Juste un conseil ne m’approche pas, ce serait dommage d’aplatir encore plus ta sale tronche, ta mère pourrait plus te reconnaitre. »

L’homme m’attrapa par le col de ma veste et me souleva du sol d’une main, je tentais, vainement, de me défaire de son emprise, cherchant par tous les moyens à atteindre mon couteau dans ma poche. Il y jeta un rapide coup d’œil avant de s’en saisir et de le faire miroiter sous mes yeux, où pouvaient désormais se lire toute mon inquiétude.

« Oh voyons, tu crois vraiment qu’un vulgaire cure-dent te sera d’une quelconque utilité ici ? » Il se mit à rire et lança mon couteau qui alla se planter dans le sol à quelques mètres de là. Il fit un signe de tête à ses amis qui se rapprochèrent alors. « Tu vois, je suis pas du genre égoïste, je partage, mes potes seront ravis de faire ta connaissance. »

Je voyais le regard des trois autres hommes glisser sur moi d’une manière qui ne m’inspirait que le dégout. Alors que le visage répugnant de l’homme qui me tenait se rapprochait dangereusement du miens que je tentais de reculer autant que possible, une voix s’éleva faisant faire volte-face aux trois autres comparses. Celui qui semblait être donc le meneur du groupe et qui continuait de me maintenir fermement, baissa la tête en souriant.

« Lothbrok… Je te croyais occupé à des affaires bien plus importantes » Il relâcha sa prise sur ma veste me laissant tomber lourdement au sol. « Qu’est ce qui nous honore de ta présence ? Une envie de prendre l’air ? J’aurai pensé que tu allais finir encrouté sur ton siège bien au chaud… Visiblement on dirait que tu aimes prendre des risques… Dommage l’histoire retiendra principalement de toi que tu as été le Sheyf au plus court mandat… »

L’homme ainsi que ses trois acolytes se jeta alors sur celui qui venait de m’éviter de passer un sal quart d’heure. Je ne réfléchis pas vraiment et me jetais sur mon couteau un peu plus loin. Je lançais alors de manière fulgurante mon couteau qui alla se planter dans la jambe d’un des prisonniers qui mit un genou au sol en criant de douleur.

« Ahhh ! Sale garce tu vas le payer ! »

Il retira la lame de sa jambe et se releva, menaçant, avant de fondre sur moi a toute vitesse. Je luttais tant que je pouvais contre son poids qui m’écrasait et ne faisait qu’amplifier mes douleurs. Il y mettait toute sa force autant que j’y mettais le reste des miennes, tentant tant que possible d’éloigner la lame de mon visage.

On ne peut pas dire que j’étais venue me poser sur cette planète de mon plein gré ou pour jouer les touristes en manque de sensations fortes. Quitte à choisir j’aurai effectivement préféré me crasher sur Kiffu, cela aurait été plus reposant. Malheureusement pour moi, les moteurs en avaient décidé autrement et c’est bel et bien sur Kiffex que gisait la carcasse fumante de l’engin qui me transportait. J’avais eu le droit à un comité d’accueil des plus chaleureux, tous ces hommes rien que pour moi, ça avait de quoi flatter mon égo et leur touchante proposition reçue la plus belle des réponses. Le ciel soit loué il n’y avait pas qu’une bande de dangereux dégénérés mentaux sur cette fichue planète et un coup de main inattendu mais bienvenu me fut donné. Je ne connaissais pas cet homme, comment le pourrais-je ? Je n’avais jamais mis un pied sur ce gros caillou avant aujourd’hui. Et alors que j’étais en bien mauvaise posture il m’apporta son aide et sa bienveillance avant de m’aider à me relever.

« Merci… Eh bien, sympa la petite fête de bienvenue ici, vous accueillez toujours les gens dans un bain de sang ou vous avez fait une petite exception pour moi ? »

M’appuyant sur la carlingue du vaisseau en miette je réussissais à me remettre sur pieds plus ou moins rapidement. Je prenais alors le temps de l’observer, ce devait être un Kiffar, ces tatouages faciaux en était la caractéristique première. Hormis ce détail tout laissait paraître à un humain lambda. Jetant un regard mauvais à mon bras je repris alors la parole.

« Arf, ce n’est rien, j’ai dû me blesser pendant le crash, mais merci. Excusez-moi de vous demander ça mais, vous auriez quelque chose à boire ? C’est que tous ces efforts couplés à la météo du coin… Ça vous tourne un peu la tête quand même. » Je marquais une petite pause, passant mon avant-bras sur le front pour en essuyer les quelques gouttelettes qui venaient perler ici et là. « Oh pardon excusez-moi je manque à tous mes devoirs, Eäsiris Hangana et vous êtes ? Vous êtes un des Gardiens de la planète ou vous savez si je peux m’entretenir avec le Sheyf par hasard ? » Il tenta un trait d’humour qui me fit sourire. « Ahaha… Effectivement, quoi que j’espère ne pas avoir à m’écraser prochainement et ce sur n’importe quelle planète de la galaxie ! »

Je me retournais alors vers ce qui restait de la navette qui me servait de véhicule et commençais à farfouiller à l’intérieur à la recherche de mon sac à dos qui contenait encore, du moins je l’espérais, les document que j’avais récupéré précédemment. Entre quelques jurons et bruits sourds de métal se fracassant au sol je finis par retrouver le sac complètement coincé sous un amas de débris. Je ressortie alors la tête du vaisseau avant d’interpeler Lothbrok.

« Hum… Excusez moi… J’aimerai récupérer mon sac mais… Il est comment dire… Coincé ?! Il est très important pour moi et je ne me vois pas le laisser ici. Je sais que je vous en ai déjà fait baver aujourd’hui  et je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse, mais là… je ne peux pas le dégager seule avec ma blessure au bras. Pourriez-vous me donner un petit coup de main ? S’il vous plait ? » Lui demandais-je implorante avec une moue désolée.

Ma préoccupation première en cet instant est de trouver un moyen de regagner Fenves le plus rapidement et de la façon la plus sécuritaire possible. Etant donné l’état déplorable de la navette qui m’avait servie de transport jusqu’ici, si je puis appeler ça un moyen de transport… Les réparations seraient soit très compliquées, soit impossibles. Il me fallait donc trouver un plan B si je devais rester plus longtemps que nécessaire dans ce fichu système. Pour cela il me fallait trouver un interlocuteur assez influent pour me laisser emprunter une navette pour une durée indéterminée. Oh bien sûr j’étais bien consciente qu’il faudrait que je montre patte blanche et je ne me rendrais pas directement sur Fenves avec cette navette. Elle serait en quelque sorte ma bouée de sauvetage, un relais jusqu’à ce que je puisse récupérer mon propre vaisseau que j’ai laissé sur Dxun. Quelque chose me dit que réussir à parlementer avec le Sheyf ne sera pas chose aisée étant donné le discours que me tenait le Gardien Lothbrok. Mais malheureusement pour lui je ne suis pas du genre à baisser les bras à la première difficulté rencontrée, j’étais plutôt du genre tenace surtout lorsque je suis en mission aussi secondaire soit elle.

Le Gardien m’aida donc à récupérer mon sac à dos coincé au fin fond de la carcasse encore fumante de la navette. Nous entendîmes alors le bruit rassurant des moteurs de ses vaisseaux. Au moins on peut dire qu’ils étaient plutôt réactifs ici, en même temps vu la population qu’ils abritent, ils se devaient de l’être. Sous ses conseils, ou ses ordres, je restais à l’intérieur du petit vaisseau, m’occupant de récupérer quelques affaires qui pourraient m’être utile pour le peu de temps qu’il me restait à moisir ici, sans pour autant remettre la main sur mon spray de bacta. Alors que je grognais en tentant de le retrouver, la voix de Loki raisonna contre les parois métalliques. Je saisi alors la main qu’il me tendit pour m’aider à m’extirper du tat de ferraille en faisant attention de ne pas trop tirer sur mon bras. Je grimaçais lorsqu’il évoqua le fait que mon moyen de transport était bel e bien hors service. Il allait falloir que je passe donc au plan B. Je poussais un profond soupir avant de lui sourire.

« Bon et bien… Ca fera une jolie décoration à mettre au centre de votre salon. »

Nous montons à bord de la navette spécialement dépêchée pour nous, je m’installais dans l’un des sièges tandis que Lothbrok me tendait une bouteille d’eau. Le remerciant j’en pris quelque gorgée qui me firent un bien fou. J’étais maintenant prête à lui servir mon habituelle soupe, une histoire que je rode depuis maintenant quelques temps et que je ressort en cas de besoin, masquant la véritable nature de mes allées et venues dans la galaxie. Prenant une grande inspiration et alors qu’il s’installait en face de moi je repris la parole.

« Merci beaucoup Monsieur Lothbrok. Je ne sais pas vraiment ce qu’il vous serait utile de savoir à mon sujet. Je suis principalement marchande, une sorte de vendeuse de brocante si vous préférez. Je suis plutôt attirée par les vieilleries, les anciens mobiliers que je pourrais restaurer et à qui je pourrai rendre leur âme, leur donner une seconde vie.  Pour beaucoup ce n’est pas bien passionant, mais vous savez, chaque biblot, chaque chaise, chaque cendrier à sa part d’histoire  vous raconter. On me dit souvent que j’ai un esprit de vieille carne dans un corps de jeune folle. J’ai fini par m’y habituer. » je marquais une pause reprenant une gorgée d’eau. « J’étais d’ailleurs en route pour Thyferra lorsque malencontreusement les moteurs de mon vaisseau ont commencé à montrer quelques défaillances… » Je pris alors mon sac qui était à mes côtés pour le poser sur mes genoux et y plonger ma main dans le fond afin d’en sortir une carte de visite. « Si jamais vous avez besoin de refaire votre déco intérieure n’hésitez pas, je saurais vous dénicher de vraies petites merveilles. »

J’étais devenue plutôt à l’aise avec cette comédie et j’espérais pouvoir réussir à convaincre Loki de ma bonne foi sur ce coup-là. S’il décelait ne serait-ce qu’une once d’hésitation de ma part, je me savais cuite.
On senti alors la navette commencer à ralentir, nous approchions de Kiffu, une planète bien plus agréable que sa consœur Kiffex.

Le vol jusqu’à la capitale de Kiffu ne m’avait pas paru durer une éternité. En même temps, les deux planètes étaient très proche l’une de l’autre et j’avais à peine eu le temps de placer ma propre version de la vérité me concernant, que nous entamions la descente afin de débarquer. Je me trouvais dans une position terriblement délicate. Je ne pouvais pas m’éterniser sur cette planète de peur de voir ma véritable identité révélée aux yeux de tous, mais il ne fallait pas non plus que je montre trop d’impatience ou bien j’éveillerai beaucoup trop tôt les soupçons sur moi. Je marchais littéralement sur des œufs et me sentais prise au piège.

« Non, rassurez-vous, je n’avais encore rien acheté, normalement j’aurai du me trouver sur Thyferra ce soir, j’ai un rendez-vous très important avec un futur collaborateur assez exigeant. » Je poussais un soupir  « Mais je crois bien que c’est râpé pour cette fois et je vais devoir en payer le prix fort, je le crains. »

Nous nous posions enfin, j’attrapais mon sac avant de marcher sur les pas du gardien et de sortir de la navette. Une très jolie jeune femme se présenta à nous, Sha’Ake, alors que je voyais mon épave de vaisseau se faire remorquer par les techniciens. Je n’eus pas le temps de remercier Loki qu’il avait déjà tourné les talons en me souhaitant une bonne installation. Une bonne installation ? Ma courte période ici ? Je comptais bien ne pas avoir besoin de cette chambre du tout et pouvoir repartir le plus rapidement possible. Je gardais en moi mes protestations et suivis sagement Sha’Ake qui m’escorta jusqu’à l’infirmerie.

Posant mon sac à côté de la chaise je m’installais sur la table d’auscultation, Un médecin ne tarda pas à arriver, me fit un petit check up de routine, désinfecta mes blessures avant d’apposer quelques pansements et surtout un bandage pour le haut de mon bras. Je serrais les dents, je n’avais jamais aimé aller chez le docteur et encore moins le voir déballer tout son matos. A peine étais-je sortie que la demoiselle au tatouage facial similaire au gardien, m’attendait derrière la porte. Elle me conduisit alors jusqu’à la chambre qui allait m’accueillir, pour, je l’espère, une très courte période. La jeune femme me laissa seule. Je posais ma veste sur le fauteuil et mon sac à ses pieds, la pièce était grande, lumineuse et la décoration épurée avait été faite avec goût. Je m’allongeais quelques instants sur le lit, fermant les yeux et sans m’en rendre réellement compte, je m’endormais. Je ne saurai dire combien de temps exactement mais Sha’Ake était entrée lorsque je rouvris les yeux. Elle tenait dans ses bras des vêtements et m’informa que le Sheyf allait pouvoir me recevoir. Je poussais alors un soupir de soulagement. Peut-être allais-je pouvoir quitter ce fichu système plus tôt que prévu en fin de compte. Loki avait réussi à trouver les bons mots pour convaincre leur Sheyf de s’entretenir avec moi, il faudra que je songe à le remercier avant mon départ.

Une fois la jeune femme partie, je fis l’effort d’enfiler la tenue qu’on m’avait fait porter pour le diner. A première vu, composée d’une robe bleue nuit en voile dont l’encolure était en dentelle de la même couleur avec quelques transparences et d’une paire de chaussure assortie, il s’agissait d’une tenue plutôt banale mais de très bonne manufacture et très agréable à porter. Précédée par Sha’Ake, je me rendais donc à la salle du trône où m’attendait le Sheyf, je sentais le stress grandir en moi. Il ne fallait pas que ce diner dérape où je pouvais voir mes chances de rentrer et d’apporter mes documents à la résistance réduites à néant. La grande et lourde porte s’ouvrit pour me laisser pénétrer à l’intérieur de la salle du trône. Il y avait une table de taille modeste sur laquelle s’étendaient des mets locaux aux odeurs envoutantes. La voix de Loki Lothbrok résonna dans la grande salle. Je fus dans un premier temps surprise, laissant planer un silence pendant quelques instants avant de comprendre à qui j’avais en réalité à faire. Le jeune homme n’était pas seulement gardien. Il était LE gardien… Le Sheyf, et je m’étais conduite comme une véritable imbécile lors e notre rencontre. Pas étonnant au final que j’ai réussi à obtenir un entretien avec lui… puisque nous l’avions déjà commencé à mon arrivée. Je redressais la tête, me tenant droite, mes anciennes manières d’Hosnian Prime reprenant rapidement le dessus dans ce genre de situation. Quelque part je me réjouissais d’avoir à nouveau à faire à lui. Cela signifiait qu’il ne remettait, pour le moment, pas en cause mon identité et l’histoire que je lui avais servie. La petite carte aurait-elle fait son effet ?

« Je me sens mieux oui, je vous remercie. Hélas non, je pense que cela ne présage rien de bon quant à son avenir… » Je marquais une courte pause jetant un coup d’œil aux alentours avant de remarquer le buffet gravé où trônait une épée. « Effectivement, vous avez l’air d’avoir bon goût en matière de mobilier… Ce qui est peu étonnant au final… pour un Sheyf de votre envergure... Je vous remercie de m’accorder cette entrevue.»

Je me sentais quelque peu vexée d’avoir été roulée dans la farine de la sorte sans m’en rendre compte. J’avais été si crédule. Il allait falloir que je me montre un peu plus méfiante au court de ces entretiens si je ne voulais pas voir ma tête au bout d’un pic. Je m'approchais du buffet, l'effleurant du bout des doigts en souriant.  

« Il a du vécu... Un trésor de famille peut-être ? En tout cas le bois est noble et continuera de durer dans le temps. Les gravures sont précises et finement exécutées. C'est du très beau travail. Un vraie petite merveille qui pourrait vous rapporter un sacré pactol le jour où vous vous déciderez à le vendre.»

Je me retournais vers lui, restant toute fois à bonne distance, toujours méfiante.

« Pourquoi ne pas m'avoir révélé votre identité tout de suite Monsieur Lothbrok ? Pourquoi avoir feint alors que je ne représente clairement pas une menace ? C'est humiliant. Ou peut-être est-ce pour vous vos manières d'agir couramment ?  »

Je le fixais, toujours légèrement appuyée de ma main sur le buffet. Oui, j'avais du mal à encaisser ces dissimulation et pour le moment elle me coupaient l’appétit.