Notre histoire commence en l'an 5, sur une planète isolée en bordure extérieure du nom de Rattatak. Ses habitants, les Rattataki, étaient depuis toujours réputés pour leur barbarie, leurs arènes et la division de leur peuple en nombreux clans sur la surface de leur planète.

L'histoire des Rattaki est un peu complexe : c'est un peuple primitif qui a toujours dû se débrouiller avec le peu des ressources que leur offre leur planète. Ils sont matérialistes, belliqueux, et reconnaissables par leur teint crayeux allant du blanc au gris clair, leurs tatouages ethniques et leur crâne lisse et nu.
L'un de ces clans portait le nom de Saqat, et était connu pour ses bons guerriers, mais surtout pour la particularité génétique qui touchait les membres de cette grande famille et qui dérogeait à la règle citée plus haut. En effet, ce clan était alors le seul connu pour avoir des "cheveux". Un détail, certes, mais un point très important pour cette espèce de nature intolérante.
C'est à cette époque et dans ce clan jugé "différent" par ses pairs que naquit Tyneria, notre héroïne.

Une histoire qui commence dans le sang, et par la mort de sa génitrice. Mauvais système médical, mauvais climat, mauvais état d'esprit général. Dans ce monde, seuls les plus forts avaient le droit de vie, et toute créature étant jugée trop faible devait disparaître, pour le bien de la race. Seul son père, un Rattataki du nom de Rube, pleura la mort de sa femme.

Tyneria grandit donc dans un environnement sombre, et côtoya la Mort très jeune. Son père, comme de nombreux autres résidents, agissait en tant que Gladiateur pour l'honneur de la tribu. C'était là un grand honneur et une priorité pour beaucoup.
Éduquée comme les autres enfants du clan, Tyneria suivit une éducation barbare, primitive, dans le but de devenir à son tour la main armée de Saqat.

Les années passèrent et notre histoire prit un tournant en l'An 16. C'est à cette période-là que son père tomba dans l'arène. Oh, il ne périt pas lors d'un combat,non. La triche était monnaie courante dans leurs traditions et il fut donc abattu sournoisement, dans les sous-sols du monument, après une victoire grandiose. Tyneria fut témoin de son assassina et en resta traumatisé. Dans l'action, elle crut remarquer le signe de la République sur l'épaule d'un des assassins.

À partir de ce moment-là, elle devint solitaire, asocial, rongée par le chagrin et la haine. Elle entra à son tour dans l'arène et y vit un bon moyen de se vider l'esprit, de se soulager. Très rapidement, elle se fit une bonne réputation, gagnant tous ses combats et perfectionnant toujours plus son style jusqu'à faire partie de l'élite des gladiateurs.

Cette puissance engendra de nombreuses jalousies, et le peuple Saqat finit par subir le contrecoup de tant de talent et fut décimé un soir par ses clans rivaux, unis momentanément dans la barbarie.
Seule survivante de sa patrie, Tyneria s'isola plus encore dans le monde de l'arène jusqu'à ce qu'elle se fasse remarquer par un chevalier du côté obscur qui l'endoctrina dans sa cause. Depuis, elle suit le cursus d'entrainement des Siths, sa sensibilité à la force étant déjà prononcée par des gènes ancestraux, puisque des rumeurs auraient dit qu'elle était de la lignée d'Asajj Ventress, elle-même Chevalier Jedi Noir et assistante du comte Dooku.

Premier combat.

L'heure a sonné.

Dans ta poitrine, ton cœur tambourine, fou, à t'en faire mal. Tu trépignes, tu t'impatience et ça se ressent. Une main se pose sur ton épaule, elle se veut rassurante. Nerveuse, tu te retournes vers celui qui vient de briser ta zone de solitude. Ce visage, tu le connais. C'est celui de ton chef, le chef de ta tribu, le guerrier le plus fort chez les Saqat. Son regard te transperce. T'encourage-t-il ? Tu ressens plutôt tout cela comme un "honore nous" silencieux. Tu sais que la Mort est derrière la porte, mais l'honneur s'y trouve aussi.

L'immense barrière qui te séparait de l'arène s'élève et la lumière des Soleils t'envahit, t'aveugle. Tu grimaces mais gardes la tête haute et t'avances alors jusqu'au cœur de la carrière. Le sable est chaud, l'air est lourd. À l'opposé, ton adversaire vient à ta rencontre. Tu le défies du regard, cet inconnu qui te ressemble tant. Il a les yeux de ton père, et ça te chagrine. Mais tu sais que ça ne sera pas long. Ça ne doit pas l'être.


Dixième combat.

Le sang macule ta peau blanche, encore et encore. Tes cris de rage résonnent en coeur avec ceux de la foule, surexcitée. Tes coups ne sont plus ceux d'un novice, non. Tu sais ce que tu fais désormais, tu sais ou frapper. L'angoisse des premiers combats n'est plus, elle a laissé place à une rage de vivre. Le plaisir des victoires, l'assurance, la fierté ? Tu ne sais pas d'où vient ce sentiment, mais tu te sens un peu plus en paix avec toi-même à chaque coup que tu portes.

Sa tête finit par rouler sur le sol et annonce la fin du massacre.
Tu halètes, comme toujours, car tu t'es donné à fond. Ton regard se porte sur le corps qui vient de s'écrouler à tes pieds. Qui était- il ? Tu n'en sais rien. Tu aurais pu te poser la question, autrefois, mais aujourd'hui ça te paraît abstrait. Tout le monde meurt tôt ou tard, de toute façon. Autant choisir la façon dont nous voulons partir.

Tu lèves alors ton bras, victorieuse, et pousses un hurlement bestial.C'est ce que tu es, dès que tu rentres dans cette arène. Une bête comme ceux des légendes de ton peuple, une machine à tuer.


Seizième combat.

Ces sentiments, ce sont ta routine désormais. Le nouveau chef de la tribu vient te saluer, fier et reconnaissant. Tu ne sais même plus comment le précédent est mort. Et tu t'en fiche. A vrai dire, plus rien ne t'importe. Ta vie c'est l'arène, juste l'arène. Ce qui se passe en dehors de ça te semble surfait, illusoire.

La porte se lève et tu t'élances vers le champ de bataille, parfaitement à l'aise. Tu te sens chez toi, ici, au centre de l'action, acclamé par des hordes de barbares.

Mais soudain, tu te figes. Ton adversaire s'avance, peu sur d'elle. Ses mains agrippent faiblement une lance trop lourde pour elle et ses jambes tremblent et s'entrechoquent.
Quel âge a cet enfant ? Tu déchantes, elle te rappelle toi, avant. Tu frémis, tandis que ton esprit te renvoi des images que tu aurais voulu oublier.

Tu revois ton père, comme au premier jour de ta vie. Tu te remémores ses départs pour l'arène et ses réussites. Tu te souviens de son assassinat, lâche, dans les sous-sols du chaudron, le plus grand théâtre des horreurs de ta planète. Oh, tu te souviens de ce visage, de ce symbole qui apparaît partout dans la galaxie : celui de la République. Et les cris de douleur, calfeutrés par l'épaisseur des murs.


Mais quel âge avait cet enfant ?


Dix-neuvième combat.


Tu reviens victorieuse, encore, mais ton âme ne chante pas. Frémissante, tu retournes t'asseoir dans les gradins et bloques ta tête entre tes mains sanguinolentes. Ces images, pourquoi te hantent-elles ? Elles reviennent, encore. Encore. Comme des dagues qui s'enfoncent dans ton être. Une blessure qui ne se referme pas. Pourquoi ?

Des bruits de pas te font reprendre conscience de l'endroit où tu te trouves. Devant toi, un de tes semblables se fige et soupire avant de prendre la parole. Tu le connais, tu l'as déjà vu plusieurs fois dans les gradins. Mais ce qu'il te dit, ça, tu ne l'as jamais entendu.

Et tu ne voulais jamais l'entendre.


De rage, tu fais voler sa tête, citôt ses explications terminées.


Trente-deuxième combat.

Tu n'es plus. Ta tribu n'est plus, ta famille n'est plus. Monstre de l'arène, ta réputation est la seule chose qui te laisse entendre que tu es encore en vie. Les tu encore, d'ailleurs ? Tu as pourtant laissé la Mort t'approcher, à plusieurs reprises. Mais pourtant, ton âme s'accroche férocement à ton corps. Increvable machine de guerre sans but. Invaincue déchue.

Les combats te paraissent trop faciles, amères comme tes journées. Une fois de plus, tu te débarrasses de tes trois adversaires sans mal et salues ton public. Et c'est à ce moment-là, que tu croises son regard.

Ça n'a duré qu'une seconde, rien qu'un instant. Mais cet instant semble t'avoir électrisé. Vêtu de noir, il te fixe un instant avant de quitter l'estrade. Jusque-là inerte, tu le regardes s'éloigner avant d'être prise d'un violent maux de tête. Tu luttes, mais finalement t'écroules sous la fatigue de ta journée et la douleur qui t'accable.

Quand tes yeux se rouvrent, tu ne vois rien. La cécité absolue. Mais une voix t'appelle, te parle. Incapable de bouger le moindre muscle, les nerfs usés, tu décides de finalement rester seule avec cette voix inconnue, dans ce noir complet. Une situation qui, contre toute attente, t'apaise.

Les mots se répètent, s'ancrent dans ton crâne, pour ne plus être qu'un murmure harmonieux qui continue encore et encore, jusqu'à te posséder entièrement. Ces mots, tu commences à les marmonner contre ton gré. Ils t'absorbent, te fascinent. Ils seront désormais ta loi, ton code. La voie que tu suivras à jamais.