Elle lui demande pardon pour son comportement dangereux, qu’elle met sur le compte d’avoir passé les derniers temps à fuir le danger. Ce n’est pas évident d’être constamment traqué, de vivre en sursautant à chaque visage qui vous regarde. On devient parano. Surtout quand on est seul. La traque est un état que Tuiren connait bien, surtout depuis que sa tête a été mise à prix. Les jedis quant à eux ont été la cible d’attaques violentes, et les derniers survivants ont dû vivre cachés. Certains ont choisi de joindre la résistance. Le reste a du se terrer dans la galaxie en espérant ne pas être découverts.

« Je comprends ce n’est pas évident de vivre caché. »

Il hoche la tête pour lui faire comprendre qu’elle n’a plus rien à craindre désormais. Avec la résistance et les jedis qui sont de retour, elle n’aura plus à se méfier de tout le monde. Quant à être en vigilance constante, c’est plus facile quand on est plusieurs à le faire. Puis il lui indique de le suivre pour lui filer un coup de main.

« Quand j’étais étudiant, j’ai eu des cours de navigation sur Coruscant. C’est là que j’ai rencontré Wes Janson. C’est lui qui m’a appris à piloter et qui m’a convaincu de rentrer dans la résistance. »

Il ne précise pas qui est Wes, c’est un nom plutôt connu dans la galaxie et un ami de Luke. Ils ont combattu ensemble sur Hoth, avant que le pilote ne quitte l’escadron pour devenir un jedi. Quant à Wes il est tout simplement l’un des meilleurs pilotes, à la retraite certes maintenant, mais qui en son temps fut l’un des piliers des Rogues. La jedi aura forcément entendu parler de lui.

« On va dire que je n’étais pas très concerné à l’époque mais il a su m’expliquer en quoi consistait leur combat. »

Il réfléchit un coup.

« A l’époque je ne me rendais pas forcément compte des implications, mais j’ai tout de même suivi. »

Quand il est entré dans la résistance, il n’en foutait pas une rame. Il aura fallu qu’on lui secoue les puces pour qu’il se réveille et qu’il se rende compte du pourquoi il était là. C’est cette commandant au caractère en fer forgé qui l’a convoqué un jour et lui a dit de cesser de faire n’importe quoi. Cela a fini par lui mettre du plomb dans la cervelle. Depuis les choses ont bien changé. Il a changé.

D’un geste de la main, il désigne des caisses dans un coin. Celles-ci leur sont parvenues il y a quelques heures, il faut maintenant vérifier que la marchandise est correcte, et il faut également répartir le matériel ensuite. Pour cela il sort son datapad.

« On vérifie que tout est bon, et ensuite on va livrer ca. »

Il hoche la tête.

« Désolé ce n’est pas le travail le plus passionnant, ce n’est peut-être pas ce que vouliez faire. On va tenter de se dépêcher, comme ca je vous laisserai repartir. »

Normalement il effectue le travail avec des plateformes anti-gravité mais cette fois-ci il s’en passera. La jedi se révèle plus qu’utile. Les caisses volent autour d’eux. Elles semblent dotées d’une vie propre, se pressent devant lui, dansent dans le vide, élégamment. Le résistant regarde d’abord. Il semble fasciné un court moment, lui qui a déjà vu des démonstrations de la force, de jedis qui ont fait partie de la résistance, et qui lui ont montré. Puis il se remet au travail. Rapidement il examine le contenu de chaque caisse. Le note sur son datapad.

Sa question le laisse un moment silencieux. Comment est-ce la vie dans la résistance. Ce n’est pas une question évidente pour lui. Depuis le temps qu’il traine dans leurs rangs. Comment décrire ce dont il fait partie ?

Mais il réfléchit et ébauche une réponse.

« Je dirais que ce n’est pas évident de vivre dans la résistance. »

Ca commence plutôt mal, mais le commandant n’est pas un homme qui ment. Surtout pas pour embellir la situation. Il sait ce qu’il vit. Il sait ce qu’elle y trouvera.

« Nous vivons sur de faibles ressources. Il faut savoir partager. Se contenter de peu. Je sais que les jedis ne sont pas mieux lotis que nous et qu’il est parmi leurs règles de ne posséder que peu. Ici tu ne seras pas dépaysée. »

Il hoche la tête en se permettant de passer au tutoiement. Il ne connait pas tellement son passé, ne peut pas tellement savoir ce qu’elle a vécu aux côtés du reste des jedis. La vie sur le temple de Yavin par exemple. Vivaient-ils comme les jedis qui en leur temps servirent la république ? Sur ce point le résistant n’est plus calé.

« Il faut être prêt à se jeter dans le combat et faire gaffe. Ca je pense que tu sauras faire. »

Un rictus pour signaler la défense qu’elle lui a servi tout à l’heure.

« Il faut être capable de servir à tout et surtout ne pas se limiter. Plus on est polyvalent mieux ca vaut. »

Il réfléchit encore un peu.

« Et l’on perd des proches, l’on ne sait pas si l’on rentrera des combats, on doit parfois faire des choses qui ne nous correspondent pas, et on repousse ses limites. »

Il secoue la tête.

« Malgré tout nous nous serrons les coudes. Nous servons une cause et nous en sommes conscients. Les victoires valent mille défaites. Et puis à force de passer du temps ensemble des liens se créent. »

Il range son datapad dans sa poche et lui indique où poser la dernière caisse.

« Merci pour le coup de main. J’espère que je ne t’ai pas trop effrayée avec ce que je t’ai dit. Mais ca ne servirait à rien de te mentir. Ici les gens que tu côtoieras ne seront peut-être pas là demain. Mais une unique chose importe et c’est notre combat. Mais ca ne vaut pas le coup de se refermer. Il faut profiter des instants que l’on nous donne. Ces mêmes gens te soutiendront quoi qu’il se passe. Tu veux un conseil ? Donne leur ta confiance et ils te donneront la leur. Ce n’est pas difficile. »

La jedi ne semble pas transportée par les mots du résistant, une chose compréhensible étant donné qu’il lui a dépeint une situation qui n’est en rien motivante. La résistance est réduite mais elle n’est pas faible. Le chemin est encore long. Mais rien n’est écrit dans le marbre. Elle a déjà goûté à l’horreur et cela il le sait. Les jedis ont trouvé la mort sur Yavin, et ils ont ensuite décidé de se cacher. Il secoue la tête lorsqu’elle lui veut lui raconter le récit du massacre de ses coéquipiers. Il a déjà entendu cette histoire, et il ne veut pas lui infliger tout cela.

« Ne t’inquiètes donc pas, tu n’as rien à raconter. »

Il ne veut quand même pas faire revivre une telle situation.

Il sait ce qu’est la mémoire, celle qui vous maintient au fond.

« Il faut éviter de causer de ces choses-là. »

Il regarde la jedi.

« Enfin ce que je veux dire…. »

Il semble essayer de trouver un instant ses mots.

« C’est le futur qui est important. Je sais que la générale ne laissera jamais les jedis. Vous êtes de retour dans la résistance. Han Solo est mort. Il existe dans la galaxie des forces dont je ne sais rien mais que tu connais. »

Il ne sait que décider sur la Force, c’est un endroit où il ne veut aller. Il a vu ce qu’elle faisait. Ce n’est pas son crédo. Il en a vu la surface. La générale espère encore retrouver maitre Skywalker.

Il se lève et lui fait signe de le suivre. Ils marchent dans le camp, cherchant un endroit pour la jedi afin qu’elle s’installe et qu’elle rencontre du monde. Il cause à des gens qui sont dans un coin. Ceux-ci sont responsables de répartir les chambres et tout ce qui est relatif au confort. Ayah se voit donner une chambre, sans doute avec le reste des jedis. On lui donne également des vêtements, différents de sa tenue de jedi et c’est à elle de choisir si elle les veut ou non. Certains gardent encore les vêtements qui vont avec ce qu’ils sont, d’autres veulent se fondre dans la masse des résistants.

Le commandant décide ensuite de la laisser, non sans l’avoir accompagnée jusqu’à ses quartiers pour éviter qu’elle s’égare.

Une fois face à l’entrée de la sienne, il tend sa main pour serrer la sienne.

« Ravi d’avoir fait votre connaissance Ayah. Je ne sais pas si vous voulez que je vous appelle chevalier ou Maitre d’ailleurs, désolé je ne suis pas très fort en grade jedi. Je vous verrai très vite. Je suppose que vous viendrez demain au conseil de la générale. Ca sera intéressant d’avoir l’avis des jedis je suppose. »

Il la laisse seul et file. Il a encore tellement à faire et il se rend dans un autre coin où il est rejoint par un supérieur. Il lui fait un rapport. Et quand enfin il est libre il se réfugie seul dans un endroit tranquille. C’est un moment de répit dans cette tension dérangeante.