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A que coucou [Adriel]

Diarmuid Uw
Diarmuid Uw
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Diarmuid savait comment on le considérait : un grand homme un rien austère, un rien séduisant, et aux yeux bleus. Son charme, le général en avait joué de longues années auprès des femmes pour oublier celle qu'il n'enlacerait plus jamais. Des nuits de ci de là, des nuits sans lendemain quand le lendemain n'appartenait qu'au devoir.
Aujourd'hui il avait vieillit un peu mais restait conscient de ce qu'il dégageait quand bien même son lit restait froid. Diarmuid occupait sa vie autrement, vieillir c'était aussi cela.
Aujourd'hui, il avait rendez-vous sur Chandrila même par des gens capable d'être encore assez sensibles à sa cause : éduquer les plus jeunes, ne pas refaire les erreurs du passé.
On lui avait promis de l'argent, des crédits. Cela paraissait presque trop beau pour y croire. Diarmuid se souvenait du visage pensif de Leia Organa chaque fois qu'elle se faisait promettre une nouvelle rentrée d'argent pour la Résistance. Eviter les crédits sales, les dettes auprès de gens que l'on ne pourrait repayer, tout un art.
Un art que Leia Organa maîtrisait, cela était sans doutes nécessaire pour épouser un contrebandier comme Han Solo. Et lui-même, Diarmuid Uw, possédait-il un peu de cette sagesse? Il l'espérait.

Plutôt que de recevoir l'agent tout de suite, plutôt que de se jeter dessus comme la misère sur la Galaxie entière, Diarmuid avait exigé un rendez-vous.
A Hanna, la capitale, plusieurs cantina étaient réputées et considérées comme bien fréquentées. Chandrila possédait l'aura d'une planète calme, attractive, un paradis perdu dans la normalité du monde. Même ses tavernes se revêtaient de ce même vernis. Une entrevue d'une heure dans l'une d'entre elles, pas plus.

Sauf que...

Sauf que il y a toujours un grain de sable pour se glisser dans l'engrenage, n'est-ce pas? Cela commença par un enfant malade en plein cours, l'un des orphelins de guerre dont on lui avait confié la responsabilité. Le gamin avait une poussée de fièvre, on l'isola des autres pour éviter la contagion. Dans l'infirmerie, Diarmuid resta à ses côtés quelques instants. Le gamin ne possédait personne, aussi le veilla-t-il tandis que l'horloge tournait. On ne vint le relever qu'une fois les cours de la matiné passés. L'enfant se réveilla un peu avant, déjà de la couleur lui revenait au visage. Un accès de fatigue sans doutes, ou un trop plein dans la tête que le corps n'avait pu supporter. Diarmuid échangea quelques mots aimables avec le garçon impressionné, ébahi que le directeur puisse se souvenir de son prénom. Un bon gamin, un peu effacé, ayant encore sur lui le poids de sa propre ombre. Les droïdes médicaux sauraient lui préparer un cocktail de vitamines...

Il quitta l'Académie en retard, rejoignant la capitale l'humeur sombre et avec un fort sentiment de défaite aux épaules. Sans doutes ses mystérieux mécènes étaient-ils partis depuis longtemps... Diarmuid entra dans la cantina malgré tout. Quelques éclats de voix et de rires lui parvinrent d'une table. Une table où étaient posés quelques sacs lourds de crédits, une table où étaient assis les deux enfoirés de mécènes qu'il n'espérait plus.

Eux, et puis quelqu'un d'autre.

Ce que l'on savait de Diarmuid c'était son physique encor eune fois : grand, bien bâti, les cheveux sombres, le teint clair, les yeux bleus.
Un homme répondant à cette description était assis avec eux. Un homme qui n'était pas lui.

Etouffant un juron capable de faire rougir le plus endurci des pilotes, Diarmuid s'avança jusqu'à poser une main qui aurait presque pu passer pour amicale (presque...) sur l'épaule d'Adriel.

”Je devrais être heureux, être ainsi confondu avec un homme plus jeune que moi. Messieurs, je suis Diarmuid Uw, je vous remercie de m'avoir ainsi attendu et j'espère que mon jeune employé n'aura pas été trop ennuyant...”
Adriel Ferek
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Il avait fallu s'y résoudre, après des semaines à tourner et retourner le problème dans tous les sens, Adriel avait dû jeter l'éponge. Non sans regret, non sans mal, mais avec suffisamment de recul pour accepter que ses jours de bienheureuse errance touchaient à leur fin. Se procurer du carburant était devenu de plus en plus difficile, sans guère d'espoir à court terme d'une amélioration. Adriel aurait pu attendre, se résoudre à rester sur une planète isolée, mais un doute l'avait pris... et si la situation finissait par ne jamais s'améliorer ? Mieux valait ne pas risquer.

Alors, le cœur un peu gros, Adriel avait pris la difficile décision de revenir, pour la première fois depuis bien longtemps, vers le centre de la galaxie. Un nouveau chapitre semblait s'ouvrir, et il devait l'admettre, résonnait avec des pensées qui avaient fini par se frayer un chemin dans son esprit. Peut-être était-il temps de revenir parmi les siens. Il avait pendant longtemps refusé de se mêler aux autres jedi, pour de bien nombreuses raisons. Mais les choses avaient changé. L'Ordre avait changé. Et il avait changé. Une étrange lassitude alors que sa solitude semblait ne plus autant qu'avant le combler. Cela ne voulait pas dire changer définitivement de vie, mais peut-être était-ce le signe qu'il fallait qu'il saisisse cette opportunité plutôt que d'aller à l'encontre de ce vers quoi la Force semblait le pousser. Après tout, il s'était entièrement reposé sur ce qui lui avait été présenté jusqu'ici, alors pourquoi tenter d'aller contre ce flot-là ?

Chandrila fut son premier arrêt, de quoi commencer à rejoindre le coeur de la galaxie, ses planètes riches, développées, peut-être aller à la rencontre des autres Jedis. Chandrila plus particulièrement paraissait l'appeler. Il y avait quelques connaissances, certaines sauraient lui donner des nouvelles sur la galaxie et des informations qui lui seraient utiles sur les rapports de force et ce à quoi il fallait qu'il s'attende. S'il y avait bien une chose qu'Adriel n'aimait guère, c'était mettre les pieds sans savoir ce qui se tramait, au risque de se retrouver pris entre deux feux sans avoir rien à voir.

Après avoir fait le tour de ses contacts, vidé ses cales de ce qui pourrait lui rapporter suffisamment d'argent pour couvrir ses déplacements suivants, et qu'il ne voulait pas que l'on inspecte de trop près, il était temps de se mettre à la recherche de quelqu'un de bien précis. Leurs derniers échanges lui avaient laissé assez de détails pour le trouver sans trop de mal, et après quelques questions, Adriel s'installa tranquillement dans une taverne. Si Diarmuid ne se montrait pas ce soir, il savait désormais où le trouver, cela n'avait pas été très compliqué. Le général s'était fait directeur d'un orphelinat. Cela en aurait peut-être étonné certains, mais pas particulièrement Adriel.

Il n'eut qu'à attendre quelques minutes avant d'être abordé par deux hommes, bien sur eux, sentant l'argent et les remords. " Diarmuid Uw ? " Ils avaient l'air peu à l'aise dans cette taverne bien en dessous de leur standing, facilement effarouchés.  Réfléchir, rapidement, observer les petits détails, ceux que les autres ne voyaient pas, être attentif à ce que ses interlocuteurs dégageaient. Clairement, il avait été pris pour Diarmuid, et il comprenait pourquoi, même s'ils ne s'étaient que peu vu en personne. Deux humains à la peau claire, bruns, des yeux particulièrement clairs, dégageant cette assurance de ceux qui savent qu'elle ouvre bien des portes. Il en aurait ri, si ce n'était leurs poches gonflées. Étaient-ils des mécènes ? Diarmuid avait-il rendez-vous ? Clairement, s'il n'était pas là, ils partiraient. Et Adriel doutait que ce soit une bonne chose. Avec un peu de chances, dans quelques minutes, Diarmuid arriverait, reprendrait le contrôle de la situation, et serait suffisamment malin pour s'en tirer d'une pirouette. Une petite faveur qui pouvait en faire beaucoup, Adriel était bien partant. S'amuser un peu et possiblement rendre service, autant allier les deux. Il fit signe au serveur, avant de se retourner vers ses interlocuteurs mystérieux, désignant la banquette face à lui. " Asseyez-vous donc, je vous en prie, nous avons des choses à nous dire. Si vous voulez bien commencer par me parler un peu de vous et de votre organisation...".

C'était bien trop facile, ces gens-là n'avaient guère l'habitude d'être menés en bateau, et ils n'auraient pas fait de vieux os dans la bordure extérieure, et les capacités d'Adriel étaient suffisantes pour orienter d'une pichenette la discussion, allant parfois chercher l'information que les deux hommes possédaient d'un effleurement de leur esprit ou en observant leur langage corporel. Comprenant ce dont il s'agissait, rien de moins que le financement de l'Académie de Diarmuid, un très beau projet il devait l'avouer même s'il émettrait des réserves plus tard, Adriel n'hésita pas à déployer des trésors d'ingéniosité et de charmes pour les mettre à l'aise et gonfler la dotation. Jusqu'à ce qu'une main se pose sur son épaule, lui tirant un sourire qu'il peina à réprimer. Pourtant, il ne fallait pas se méprendre, et la poigne ferme de Diarmuid voulait tout dire. Néanmoins, lorsqu'il verrait à quel point il avait préparé le terrain pour lui, nul doute qu'il changerait d'avis...

”Je devrais être heureux, être ainsi confondu avec un homme plus jeune que moi. Messieurs, je suis Diarmuid Uw, je vous remercie de m'avoir ainsi attendu et j'espère que mon jeune employé n'aura pas été trop ennuyant...”

Adriel inclina la tête, acceptant gracieusement le rôle, l'incarnant sans mal en restant à la table, et laissant Diarmuid reprendre la main. Il l'observa, l'écoutant décrire l'Académie, et le projet qu'il avait en tête. C'était un beau projet, il fallait le reconnaître, et Diarmuid était un excellent orateur, même s'il ne semblait pas se rendre compte qu'avec son charme, c'était un crime que de ne pas plus s'en servir... Adriel réprima un sourire à cette pensée. Bientôt, les deux désormais mécènes de l'Académie, enchantés, les laissèrent avec des remerciements, une promesse de venir très vite visiter l'Académie, et selon l'issue de leur visite, de financer au plus long terme. Adriel empocha la carte de visite que le plus jeune lui glissa avant de partir, souriant largement et aggravant encore plus le rouge qui montait aux oreilles du jeune homme qui rattrapa son aîné avant d'être lui-même rattrapé par son embarras.

" Eh bien, voilà une affaire rondement menée. Je pense qu'on a bien mérité un verre après cette négociation réussie ! "

Adriel souriait, plutôt fier de lui et clairement taquin. Il avait complètement abusé, et s'il s'attendait à recevoir une gifle plutôt que des remerciements, il ne pouvait s'empêcher de trouver la situation absolument désopilante. Et il soupçonnait que Diarmuid réalisait parfaitement que s'il ne les avait pas retenus, ils seraient partis sans demander leur reste. Sans compter que clairement, Adriel leur avait plu. Beaucoup plu, s'il fallait croire la carte de visite bien au chaud dans sa poche. Probablement assez pour y avoir glissé quelques crédits de plus... Ce que Diarmuid nierait probablement.

Diarmuid Uw
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Parce qu'il espérait s'en sortir ainsi, le saligaud? Désormais muet, Diarmuid posa ses mains à plat sur le bois noueux de la table. Un bois de mauvaise qualité, quelques échardes menaçaient de lui picoter la peau. Difficile cependant de demander de l'argent tout en recevant dans un établissement de luxe.
”Petit con” Simple, direct et efficace, Uw partageait parfois ses réflexions ainsi. Il voyait la fierté d'Adriel, songea à un gamin malade à l'infirmerie qu'il avait fallu veiller, aux mille et uns imprévus qui parsemaient son quotidien.
A cette figure qu'il devait garder, celle de l'homme maître de la situation.
Etrangement, vivre en temps de paix mettait sur votre route bien plus d'obstacles qu'une guerre. La paix vous prenait par surprise, en guerre vous restiez toujours à l'affut.

Pour autant, Diarmuid ne sous estimait pas l'homme en face de lui. Un arnaqueur, un beau parleur peut-être, mais aussi quelqu'un de se sortir de bien des situations car il avait vécu. Pas de bol pour toi, songea le général, mais moi aussi j'ai vécu. Ils ne se prenaient pas au piège l'un de l'autre.

Une serveuse passa, curieuse de ce qu'ils voulaient boire désormais. [color=green]”Pour moi, votre meilleur whisky, et pour lui le contenu d'un crachoir”, ricana Uw. Sa voix était froide, il avait effrayé bien des recrues ainsi avant.
Bien des élèves maintenant.
Le whisky lui rappelait toujours son père, officier de l'Empire, et un verre partagé avant qu'il n'envoie au loin le garçon pour le protéger. A présent, Diarmuid était père lui aussi, il ne voyait pas sa fille unique aussi souvent qu'il le voulait et le regrettait amèrement.
La vie était ainsi, amère.

”Toujours vivant donc, Ferek?” Une question qui n'en était pas une. ”Les gamins ont besoin de l'argent, je ne peux pas débourser un centime pour te payer.”
Il ne mentait pas. Des temps rudes, des temps de paix. Parfois, il était bien moins simple d'y naviguer...
On pouvait reprocher beaucoup de choses à Diarmuid, beaucoup trop même. Pas son sens de l'honneur, pas l'énergie qu'il dépensait pour ses protégés. Une académie sans gloire, sans renom. La galaxie parfois aimait à former ses jedi (ses siths aussi en vérité), mais les autres, quand y pensait-on?
Lorsqu'une tyrannie s'installait et qu'il fallait éduquer sur la meilleure manière de mourir en soldat?
Pas de tyrannie aujourd'hui (plus?), mais Diarmuid voulait y penser, faire autre chose au delà même d''y penser.
Agir.
Tant pis s'il fallait supplier d'autres, tant pis s'il fallait se montrer politique. Les gosses avaient un toit sur la tête, des assiettes pleines aussi.
On leur amena deux verres, du whisky dans chacun. La serveuse savait lire les colères du général et reconnaître les mots qu'ils ne prononçaient pas.

”A présent dis moi quel événement funeste fait que tu es sur mon chemin.” Deux survivants face à face. ”Si tu veux une chambre pour la nuit, tu peux venir. Inutile de rêver, ce ne sera pas la mienne.”
Détestait-il Adriel, Diarmuid ? Non. En vérité il respectait l'autre. Le mal existait dans bien des coeurs, mais Diarmuid n'avait pas besoin de la Force pour comprendre que celui d'Adriel en était dénué.

"Tu as l'air en forme"

Adriel Ferek
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 Adriel reçu l'insulte les yeux brillants de malice, se délestant de sa posture droite pour prendre ses aises. Diarmuid pouvait dire ce qu'il voulait, Adriel était capable de voir un peu plus loin que cette façade. Il ne l'en blâmait pas, pas dans cet univers, pas dans ce genre de vie où il fallait cultiver cette façade. Comment blâmer le général qui avait survécu à la guerre pour tenter de trouver un sens à sa vie d'après auprès de la génération que ses actions avaient préservée. Enfin... Cela n'avait pas changé grand chose aux yeux d'Adriel. Il n'avait vu aucun changement dans les marges, dans les bidonvilles, dans les carrières. Mais il voulait bien croire que pour beaucoup, à peine mieux était mieux que bien pire.

" Oh, tu me connais. Les mauvaises herbes n'ont pas besoin de grand chose...  " Et il fallait avouer qu'il y avait du vrai là-dedans. " Rassure-toi, c'est pas mon genre d'être payé. Par pour ce genre de services." Adriel leva son verre, souriant en coin, fier de son sous-entendu. Il aimait vraiment chercher Diarmuid, et le faire tourner en bourrique. Il gouta son verre sans une hésitation, pleinement tranquille sur son contenu. L'homme était trop honorable pour s'abaisser à ce genre de choses, et il se doutait qu'il était suffisamment habitué des lieux pour que les serveuses n'en soient pas à leur tour d'essai. Lorsque le général repris la parole, Adriel feignit la déception à la mention de sa chambre. Il n'aurait peut-être pas dit non, l'homme était plus que séduisant, et il y avait toujours eu cette étincelle entre eux, entre le respect et l'exaspération. Le genre de tension qui ne naissait qu'entre deux êtres profondément alignés, mais que tant de choses séparaient de manière irréconciliable.

" Pour tout te dire c'est ce que je suis venu voir... Avec la pénurie actuelle, je suis obligé de relocaliser pour ne pas risquer de me retrouver perdu en plein milieu de l'espace, même si je ne doute pas que ça te réjouirait de me savoir comme un con. Du coup, j'avais des choses à régler dans le coin, et ton projet m'intriguait... "

Bien sûr, il n'avouerait pas qu'au-delà de cette très bonne raison qui était tout à fait vraie il y avait... Ce sentiment qu'il n'arrivait pas tout à fait à secouer. Une vie complètement l'attendait probablement et il embrassait ce changement autant qu'il le redoutait. Parce que cela réveillait de vieilles questions qu'il avait préféré fuir plutôt qu'affronter. Parce qu'il fallait qu'il définisse et trouve sa place dans un monde qui avait changé. Et parce qu'il avait changé, et changerait, lui-aussi. Peut-être que c'était son âge qui le rattrapait. Il n'avait jamais pris de padawan, et quelque chose le démangeait, un besoin de transmission qui faisait son chemin, avançant dissimulé, prenant racine dans ses moments de doutes. Il admirait ce que faisait Diarmuid, réellement. Il ne savait pas s'il était prêt à prendre le même genre de chemin, ou la voie jedi qui voulait qu'il forme à son tour. Mais, cela ne faisait pas de mal de rendre un peu de ce qu'il avait eu la chance d'avoir auprès de Lanel. Peut-être retrouver ce sens de la communauté qui lui manquait, parfois... de plus en plus souvent.
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