“@keth astar.” & Le nez tacheté d’huile de moteur et les cheveux en bataille, Shahana marmonnait contre ce fichu compresseur résistant à ses habiles manipulations. Il est mort ce truc, merde… Excédée la jeune femme en vient à balancer un de ses outils à travers l’atelier improvisé qui trônait au milieu de son appartement. Du moins ce qui ressemblait à une espèce de zone de vie hybride, entre le garage d’un mécano et la chambre a couchée logée près de la fenêtre offrant une vue imprenable sur la station. La jeune femme ne faisait pas partie des mieux lotis néanmoins, l’attention que lui portait la communauté de l’éveil lui offrait un train de vie confortable. Allongée sur le dos, la jeune femme se dégagea de la carcasse d’un module de course qu’elle comptait revendre au marché noir. Son comlink attira rapidement son attention. Il indiquait que les services de renseignement de l’Eveil requéraient son aide et qu’un homme de main serait là dans quelques minutes pour venir la chercher.

Keth Astar… se murmura-t-elle avant de se relever un peu trop vide, sa blouse s’accrochant à bout de métal et la déchirant tout entière. Merde ! Il fallait faire vite le type arriverait d’ici quelques minutes et elle ressemblait à une fourmi ouvrière. En peu de temps qu’il n’en fallut, Shahana se lava et s’habilla, revêtant des habits plus dignes de sa fonction aux renseignements que sa blouse de mécano. A peine eu le temps de parfaire un léger maquillage qu’on frappa à la porte. Après une grande respiration et un dernier coup d’œil à son reflet dans le miroir, la kiffar alla à la rencontre du jeune homme. Elle le reconnu, croisé à plusieurs reprises dans les couloirs de l’éveil, il n’était qu’un subordonné du chef des renseignements.

« Mademoiselle Anvoss, monsieur Astar requiert votre présence immédiate. » Rapidement il dégagea le passage, et dans un silence qui n’appartenait qu’à elle, un masque dont elle se parait lorsqu’elle sortait de sa zone de confort, la jeune femme quitta son appartement. Un vaisseau avait été affrétée pour la transporter jusqu’à son nouveau boss…

Comme un mélange d’excitation et d’inquiétude se forme au creux de son estomac. Que veut-il… Incapable de répondre à ses questions, son regard se posa dans le vide, laissant défilé le paysage de la station de l’autre coté de la vitre de son transporteur. Le voyage paru durer des heures, mais en seulement quelques minutes la jeune femme atteignit les bureaux de l’Eveil. Le stress s’accaparant un peu plus encore chaque fibre de son corps, Shahana resta froide comme de la glace tandis qu’elle suivait le subordonné qui avançait d’un pas pressé. En sortant de l’ascenseur, la jeune femme vit la silhouette élancée du maitre des renseignement, se dessiner au fond d’un couloir faiblement éclairé. Mais qu’elle heure est-il ? à croire qu’elle n’avait pas encore vu le jour, la jeune Anvoss lutta de toute ses forces contre ce stress qui immobilisait peu à peu sa gorge. Arrivée à son niveau, elle inclina légèrement la tête en signe de respect et réussis finalement à délier ses cordes vocales : « Vous m’avez fait demandée monsieur Astar ? » demanda-t-elle poliment.

D’un coup d’œil furtif elle chercha à identifier le lieu dans lequel elle se trouvait. Ce n’était pas un étage dans lequel elle avait déjà mit les pieds. Et la respiration sourde d’un homme au-delà de la porte à sa droite semblait indiqué, que des gens subissaient des interrogatoires… La jeune femme n’ignorait pas les agissements de l’Eveil, du moins elle en devinait les contours, sans pour autant en cerner le fond. Mais l’adrénaline guidait ses gestes, ses pas, jusqu’à lui. Son regard semblait avoir comme un pouvoir rassurant, pourtant elle ignorait tout de lui. De qui il était vraiment et de tous ses agissements passés ou présent. Elle ignorait absolument tout… et pourtant elle s’y sentait lié comme un aimant attire le plus insignifiant morceau de métal. Aussi insignifiante pouvait elle être à cette instant, c’est de Shahana dont il avait besoin et personne d’autre…

 

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“@keth astar.” &  Stressé mais réunissant peu à peu ses moyens, Sha' vient à la rencontre de l'homme qui la fait quérir. Très vite, comme d'un revers de main, Keth balaye les amabilités protocolaires qui s'installent entre eux par la voix de sa subordonnée. Le supérieur insiste : pas de vouvoiement entre eux, même si ce dernier semble quand même s'y attacher malgré tout, ce qui fait faiblement sourire la jeune femme... Finalement, le calme s'empare de ses chaires, apaise le myocarde en déroute. La boule eu ventre se résorbe et laisse place à une excitation nouvelle. « C'est noté. » Lui répond-elle simplement avant que celui-ci ne s'étende un peu plus en longues explications.

C'est la concentration alors qui mobilise la jeune femme, mêlée à une certaine excitation, elle n'en ressentait pas moins de stress, mais sa curiosité grandissante l'empêchait de manquer un seul mot des explications de l'homme. La communauté a visiblement mit la main sur un spécimen de choix. Un homme capable de résister aux assauts de Force mené contre lui... Mais par qui ? Keth ? Shahana ne serait guère étonnée de savoir l'homme maitrisant la Force. Il pourrait devenir petit à petit le maitre auquel la jeune femme souhaiterait prétendre... Keth se confonds en palabres bienveillantes et avant tout rassurante, ce qui ne semble pas produire l'effet escompter sur elle. Pourquoi adopter ce ton ? Produire des rassurements constants ? Que veut-il de moi ? Confusion et incompréhension bercent les traits de la kiffar, jusqu'à ce que Keth entre dans la pièce suivit de près par elle.

Elle ignore si elle saurait être à la hauteur de ses attentes, ni même si elle est vraiment capable de quelque chose. Car ignore finalement tous de ses attentes... A part lui livrer tout ce que l'homme refuse de leur livrer. Oui mais comment ? La force et tout ses rouages représente encore un monde bourré de mystères et d’énigmes que la jeune femme ne parvient pas toutes à résoudre. C'est un univers auquel elle s'ouvre jour après jours sous les conseils de ses maitres en la matière (même si elle estime ne pas être suffisamment bien formée). Elle en attend tellement de l'éveil, même si le discours semble à priori la séduire, elle ne saurait pour autant s'éloigner des objectifs qu'elle s'est fixée en venant ici. Shahana suppose très vite qu'en la faisant venir ici, c'est à ses dons de psychométrie que Keth fait probablement appel. Jetant un œil à la silhouette plaquée contre le mur de la salle d'interrogatoire, la jeune s'approche à pas de loup de la cible qui éructe des insanités. Cherchant à l'intimidé, voix et regards braqués sur elle, l'homme cherche toujours à la déstabilisé : « Qu'est-ce que tu crois pouvoir faire sale petite trainée !? »

Mais la jeune femme, affable, semble totalement hermétique à toute attaque. Les iris aux contraire analyse la carrure de l'ancien impérial, et cherche à déceler la faille. La brèche dans laquelle elle pourra entrer, s'engouffrer pour mieux le cerner. Le deviner puis l'étudier plus en détails pour mieux le coincer, le piéger. La force est pernicieuse et cet homme est doté d'une certaine sensibilité qu'il semble savoir quelque peu maitriser. Alors ce n'est pas sur ce terrain là qu'il faille l'affronter, au contraire... Son esprit ne saurait rien dévoiler que Keth n'aurait obtenu lui même, une vérité de sa bouche, de ses songes... Non sans mal, la kiffar devine sa férocité, sa hargne et sa capacité à tenter contre elle quelques assauts psychologiques. Attaques auxquelles elle résiste non sans difficulté, il est vrai. La trogne grimace légèrement, et l'hésitation gagne du terrain. Tournant lentement autour de lui, elle ne relâche néanmoins pas la pression et cherche comment elle pourrait s'y prendre pour lui faire cracher la vérité.

Les iris s'attardent à nouveau sur Astar qui semble comme attendre, alors finalement sous la pression de la situation la jeune femme trouve une manière de s'exécuter. Elle s'approche du prisonnier et du main ferme lui attrape le col tandis que son visage s'approche du sien. Tout d'abord confus l'homme remue sur sa chaise, mais pieds et poings liés, il ne peut rien faire. Cherchant à activer ses dons de psychométrie, la jeune femme cherche à estimer la potentialité de son vêtement. Mais l'infâme lui crache au visage, la kiffar détourne alors la tête, dégoutée, mais surtout glacée de rage. « Dégage de là ! » Fulmine-t-il de la voir s'attaquer à lui. Mais la psychométrie a cette fâcheuse tendance, à passer exclusivement par les objets. Et la jeune femme n’a guère le choix. Cependant la chemise de l'impérial n'est pas franchement un objet saisissant d'informations à exploiter. Alors elle se relève et s'essuie le visage d'un revers de manche avant de lui asséner un bon coup de coude dans la trogne, lui cassant au passage le nez. L’hémoglobine raille la naissance de ses narines, laissant l'homme affable quelques instants.

Finalement c'est une insigne, un bout de métal épinglé sur le col de sa chemise qui attire son regard. Elle arrache alors l'ouvrage et l'analyse quelques instants entre ses doigts. La jeune femme jusqu'alors totalement silencieuse depuis son entrée dans la pièce, s'attarde auprès de Keth : « C'est un insigne du Premier Ordre. » Monsieur semble encore très attaché à ses anciens maitres. Comme l'esclave d'un régime pourtant disparu, l'homme est néanmoins toujours fidèle au Premier Ordre. Observant l'insigne dubitative dans un premier temps, la jeune femme est prise subitement d'une vision mémorielle saisissante...

L'objet naviguant dans une boite, est saisit par un officiel du Premier Ordre pour être apposé sur la poitrine de l'homme interrogé, au cours d'une cérémonie sous les bannières de la junte militaire.

 

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“@keth astar.” &  Le poids des responsabilités s’abattit soudainement sur les épaules de Shahana. Le poids des mots également. La jeune femme perdue dans ses pensées, ne savait plus ce qu’on attendait d’elle. Mais Keth se fit bien plus clair : La vie d’un grand nombre est entre vos mains… Rien que ça. Rien de plus, rien de moins, il avait besoin d’elle. Il comptait sur elle, et elle le devinait dans son regard. Doux comme un agneau en apparence, elle comprenait sans mal que l’homme pouvait être bien plus dangereux pour elle. Oui, elle redoutait Keth d’une certaine manière, son ton incisif et ses manières un peu trop douces, créaient un cocktail détonnant qui lui fit un effet étrange. Son apparence, ses manières, le timbre de sa voix, le contrôle qu’il exerçait sur les autres, étaient au =tant de chose qui pouvait nourrir à la fois l’admiration que la méfiance. Elle ne savait comment évoluer à ses côtés, comment se comporter. L’homme la poussait sans cesse dans ses retranchements, sans cesse elle devait sortir de sa zone de confort. Et d’une certaine manière, la jeune femme était irrémédiablement attirée par l’aura salvatrice de l’homme. Elle sentait qu’à ses côtés elle évoluerait malgré tout, et deviendrait meilleure. Les instructeurs de l’éveil lui apprenaient à maitriser son don, mais cela ne lui suffisait guère, elle en voulait plus, elle en réclamait toujours davantage. Et ça Keth en avait parfaitement cerné les contours.

–  Je vais faire tout mon possible pour vous aider…

Mais comment pourrait-elle être cette personne qui arrache les réponses à ce voyou ? Pourquoi devrait-elle être cette personne ? Elle n’imaginait pas devoir s’engager dans une affaire aussi complexe, mais bizarrement elle n’avait plus le choix. La parole donnée vaut pour un engagement sans limite. Keth comptait sur elle pour obtenir des informations utiles. Et arracher des évidences, comme elle venait de le faire, ne lui convenait absolument pas. La kiffar, dont les traits étouffèrent bien rapidement une grimace, s’en retourna vers l’homme au nez cassé. Quelle conne… décidément elle se demandait ce qui lui avait pris de le cogner… Pourquoi était-elle sorti de ses gonds ? Pourquoi n’avait-elle pu retenir ses poings ? Les réminiscences d’un passé par si lointain, mais terriblement douloureux, probablement. Un souffle las s’échappa de ses poumons, le regard figé vers le sol. Par quoi commencer ? Où aller ? Le coriace n’était pas prêt à s’épandre en confidence. Bien au contraire. D’un geste abrupt, elle balança l’insigne au sol, qui rebondit jusqu’aux pieds de l’ex militaire. Sa tête pivota légèrement vers Keth, mais pas assez pour un échange de regard, elle sentait malgré tout le sien sur elle. Comprenant ses attentes, mais ignorant comment procéder, elle resta silencieuse face au prévenu.

L’homme finit par perdre patience, grognant, se raclant la gorge, il cracha du sang de plus belle. Regard ténébreux dirigé contre elle, il ne prononça pas un mot. Alors brisant ce silence assourdissant, elle prit la parole, sans trop savoir vers quoi elle se dirigeait :
–  Vous n’êtes qu’un pion… Vous n’avez jamais été plus que ça pour eux…
Sans prononcer les noms de ceux qui n’ont eu de cesse de lui marteler des ordres, n’espérant qu’une chose : son obéissance aveugle. Un pion, parmi tant d’autres, sur le grand échiquier du Premier Ordre. Pourquoi continuer e combat au nom de ceux qui ont tout perdu ? N’estimant la vie d’aucun d’entre eux.
–  Votre maitre vous a trahit, et vous espérez toujours continuer à vous battre pour eux… Mais pourquoi ? Pourquoi massacrer autant d’innocents ? Au nom de qui ? Au nom de quoi ?
La gorge nouée, serrée, la déglutition se fit particulièrement difficile. Oppressée, paralysée par les souvenirs de la guerre, la jeune femme ne pu s’empêcher de revivre son passé. Les yeux presque, commencèrent à se noyer de larme, mais elle retint, difficilement, les émotions qui l’envahirent. Les iris soutiennent fermement celles du soldat déchu, fauché, ramassé.
–  Je n’ai de compte à rendre à personne ! cracha l’homme au regard noir. Surtout pas à vous ! Allez crever en enfer.

Shahana se mordit l’intérieur de la joue. Déterminé, engoncé dans son fauteuil, pieds et mains liés, l’homme se refusait à parler. Paupières closes quelques secondes, la jeune femme comprit qu’il était peine perdu, de simplement discuter avec l’homme et d’espérer un échange cordial d’informations. Mais après tout si cela suffisait, Keth se serait déjà chargé lui-même de cet abruti. A nouveau elle rouvrit les yeux, et les laissèrent s’égarer à nouveau sur l’insigne. Cet objet pourrait être la clé, il pourrait être ce dont elle a besoin, il était forcément la seule chose qui pourrait parler à la place du prévenu. Alors s’accroupissant, Shahana ramassa l’objet, et fit ce pourquoi elle était appelée ici. Elle avait un don… Pas n’importe lequel. Celui de faire parler les souvenirs enfermés dans de simples objets. Et celui là semblait avoir compter pour l’homme qui grimaçait à nouveau de la voir avec.

Se concentrant plus profondément, se laissait immerger dans les souvenirs portés par l’insigne elle recroisa à nouveau l’homme, mais dans un autre contexte cette fois ci… Les contours d’une bâtissent se dessinèrent avec une précision grandissante, elle ne reconnaissait pas la planète, cette architecture lui était totalement étrangère. Mais il s’agissait sans nul doute de son foyer. Il y avait une aura bienveillante autour de cette maison, la simplicité contrastait avec le faste de la cérémonie commandé par la Premier Ordre. Le militaire marchait d’un pas détendu le long d’une allée qui le menait jusqu’au seuil de cette modeste maison. Il n’était pas seul. Accentuant sa concentration, Shahana devina un peu les visages, les sourires qui les illuminaient à la vue de l’homme qui s’approchait…
–  Vous avez une famille… chuchota-t-elle doucement, ce qui fit réagir le prisonnier. Les sourcils arqués, il semblait soudainement captivé par les paroles prononcées par la kiffar. Une femme, une fille, et…

Les souvenirs s’embrument, l’objet la guidant vers un autre épisode de la vie du soldat. Un épisode plus personnel, plus douloureux. La mort. Son épouse, éteinte, les paupières closes elle semblait avoir rendu son dernier souffle. Du sang, des larmes, l’homme était là, semblait retenir celui qui devait être…
–  Votre fils.
Sur son fauteuil, l’homme se raidit totalement et hurla sans appel :
–  Arrêtez cela !
Mais Shahana ne se laissa pas intimidée, un faible sourire marquant la commissure de ses lèvres, la jeune femme parvenait enfin à toucher là où cela faisait mal. Elle ressentait sans mal la douleur de l’homme dans les souvenirs qu’elle explorait. Ce voyeurisme ne le dérangeait pas. Au contraire elle sentait que si elle continuait d’aller plus loin, l’homme finirait par cracher ce que Keth attendait de lui. Mais l’objet semblait avoir livré tous ses secrets. Alors la jeune femme décida de se servir de ce qu’elle avait déjà obtenu de lui.
–  Je sais où est-ce qu’ils se trouvent… Elle mentait, mais avec un aplomb total, elle cherchait à le piquer au vif. Votre fille… Mais aussi votre fils. C’est pour eux que vous faites tout cela ?
L’homme bouillonnant de colère, commençait à s’agiter dans tous les sens, et s’il avait pu se défaire de ses liens, il n’aurait pas hésité une seule seconde à se jeter à sa gorge. Alors, Shahana fit mine de venir en toucher un mot à son supérieur, mais l’homme l’arrêta net dans son mouvement :
–  Je vous interdis de leur faire du mal !
–  Alors dites-nous ce que nous voulons savoir ! lui ordonna-t-elle sans ménagement.



 

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