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One moment in time

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I need someone to take me home.

One moment in time ARGgo0g

La situation ? Quelle situation ? Elle s’enlisait. Jusqu’au plot twist avec les siths – et finalement, Jill avait eu raison, non pas que ça emmerdait Kane de le reconnaître, c’est juste que tout cette galaxie était finalement très prévisible. Trop peut-être. -, qui lui avait fait pousser un dernier soupir de résignation. Parfois, elle se rendait aux hangars pour regarder son aile-X prendre la poussière. Elle promenait sa main sur la carlingue, parfois nettoyait le cockpit. Elle s’asseyait souvent sur une caisse de matériaux et contemplait son vaisseau déchu, murmurant à quel point elle était désolée. Elle n’y était pour rien dans cette affaire, mais son impuissance commençait sérieusement à la ronger. Au fond, elle était responsable de ce vaisseau et qu’y a-t-il de plus triste qu’un pilote qui ne peut voler ? Elle avait l’impression d’être juste une imposture avec un blaster qui ressemblait plus à un postiche en plastique plus qu’à autre chose, l’ombre de ce qu’elle avait été.

Cette situation étouffante l’avait confrontée à ses propres convictions, ses croyances, de la pertinence de ses agissements. La mission qu’elle s’était donnée depuis la mort de ses parents et son départ de l’équipe de Limmie.

Elle qui avait voulu donner un sens à son existence était en pleine cale sèche. Elle qui voulait sauver la galaxie en était à regarder les gens mourir à petit feu, affamés et laissés pour compte, pendant que les chefs restaient en discussion. Elle savait que cela faisait partie de l’uniforme avec des barrettes, mais bon sang, elle était excédée, impatiente et impuissance.

Mais que faire ? Rien, elle n’allait pas prendre son X-Wing pour aller éclater la tour, ce serait stupide. Elle n’allait pas se mettre à gueuler chez les chefs. Et pour l’instant, elle était un peu isolée, puisque pas officiellement intégrée dans son escadron. Du coup, elle avait pris un abonnement hebdomadaire – si ce n’est quotidien, en fait – au bar. Elle finissait régulièrement dans des états d’ébriété avancé, restant en tête-à-tête avec le barman ou son droïde jusqu’à ce qu’on la mette à la porte.

Elle ne cherchait pas de noises. Enfin, pas souvent. Mais ce soir-là, elle avait le diable au corps. Ou le côté obscur qui la démangeait. Elle était prête à se battre, à aller chercher le premier qui avait une raison valable de se prendre une tarte. Ou qui lui servirait d’alibi pour déchaîner sa colère et sa frustration.

- J’vous mets quoi, m’sieur Riyher ? Comme d’hab ?

Elle opina du chef et s’accouda au bar. Elle promena son regard sur la foule et essaya de repérer les quelques malfrats qu’elle pourrait éventuellement remettre sur le droit chemin. Mais il n’y avait que d’autres âmes abattues.

Kane vida d’une traite son verre et le frappa sur le bar, en faisant signe au barman de la resservir.

- Ca va pas fort, Riyher.
- Donnez-moi une journée où c’est sensé aller bien, j’vous dirais quelle merde m’est arrivée.


Elle renifla et reprit une gorgée. Son regard vairon se fixa sur le liquide ambré comme l’abysse et elle s’y plongea.


Diarmuid Uw
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One moment in Time


You will be okay, Kiddo

One moment in time ARGgo0g

Aucune de ses nuits ne pouvaient contenir assez d'heures pour le sauver désormais. Elles n'apportaient plus de refuge, simplement la promesse d'un destin à suivre à nouveau peu importe sa finalité. Vivre, mourir, se battre, des actions insignifiantes malgré les jeux de pouvoir des puissants, il voulait respirer encore, retenir son souffle pour une seule raison: embrasser Moira.
Pas pour mourir.
La jeune femme était devenue l'ombre de la croix qu'il portait, à cette ombre Diarmuid savait trouver le repos sans rien oublier de ses fautes. Oublier n'était pas une solution, jamais, continuer à vivre si...
Le général tendait à retrouver un équilibre qu'il n'avait plus possédé depuis bien trop d'années. Il réapprenait la volonté de combattre sans se détruire, faisait la paix avec ses fantômes. Les cauchemars restaient, mais Diarmuid n'était qu'un homme, l'acceptait.
Depuis qu'il avait accepter de combattre le jour venu à Centerpoint, les recrues venaient de moins en moins lui demander conseil. Il leur devenait inaccessible, déjà condamné pour certaines, mais la plupart le laissaient simplement à ses préparations.
Corellia était comme un exil, tous y portaient leur douleur, leur amertume. On s'empoisonnait l'âme, comme cela, on s'empoisonnait le coeur aussi...
Et par delà ses propres doutes, Diarmuid tâchait de veiller sur tout un chacun. Vérifier que Gwen prenait bien tous ses repas par exemple, de même que Moira, rester avec Dashel pour revoir les bases à deux des attaques et défenses possibles, demander un bras de fer à Senua pour se détendre....
Essayer de chopper Kane avant qu'elle ne s'éclipse.
Aujourd'hui encore, elle lui avait échappé. Cela durait depuis un peu trop longtemps au goût du général, aussi résolut-il simplement d'aller la chercher.
Par la peau du fondement.
Une cantina, de l'alcool, des gens.
Des gens qui l'intéressaient peu, alors que Diarmuid se battrait en leurs noms dans quelques jours, ironie de la vie de soldat.

Le barman leva les yeux vers lui, nota les poils gris dans sa barbe, les quelques rides qu'il portait au front et au coin des yeux également. Un visage de parent, songea-t-il, quelqu'un venu récupérer ici son enfant.

”Tout ceux qui boivent ici ont l'âge légal, m'sieur....un verre?”

”-Whisky, merci. Je m'inquiète de l'âge mental bien plus que de l'âge légal en vérité”, répondit le général, prenant place sur l'un des tabourets.
Il ne regarda pas Kane, n'avait pas besoin de cela pour appuyer ses propos, prenait également le temps de sentir la souffrance de la jeune femme.
Il y en avait beaucoup, quelque chose d'insidieux et de non exprimé, de toutes manières comment pouvait-on être capable de mettre des mots sur tout?

”Si tu attends simplement ici que les journées où tout se passe bien arrivent, tu n'as pas fini.”

On lui apporta son verre, le barman leur coula un regard curieux.

”Vous êtes quoi, son père?”

”-On se ressemble si peu que ça?”

”-Maintenant que vous l'dites, il y a comme un air.”

Être un parent, nettement moins suspect qu'être un général. Et puis Diarmuid veillait sur eux, tous à la manière d'un père, leur donnant autant de conseils et d'ordres que d'affection, cherchant à chaque fois en eux les blessures les plus profondes pour les soigner de sa présence et de sa tendresse, et en faire de meilleurs soldats.
D'une certaine manière, cela faisait de lui un salopard. Il l'acceptait, il l'acceptait car savait que ses affections étaient également des choses parmi les plus sincères, et eux tous le savaient tout autant...
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One moment in time ARGgo0g


D’ordinaire, elle aurait senti Diarmuid entrer dans la pièce. Un truc avec son aura, ou que savait-elle. Il aurait transpercé la fange et elle aurait trouvé du réconfort dans son énergie, dans sa force et sa détermination. Dans ses blessures aussi, dans ses silences. Parfois, les mots étaient superflus.

Elle admirait Diarmuid, peu importe ce qui pouvait se dire sur son dos, sur son autorité ou sa légitimité en tant que haut gradé de la Résistance : non seulement elle le respectait pour les barrettes qui s’étalaient sur son poitrail mais aussi parce qu’elle avait l’impression de le comprendre. Mais aujourd’hui, elle avait l’impression d’être à des années lumières de chacune des âmes présentes ici, y compris le général.

Envoûtée par l’alcool, elle y sombrait petit à petit, son index jouant avec le rond humide laissé par son verre. Ses sens s’engourdissaient et elle ne parvenait pas à déterminer si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Au moins pour ce soir. S’abandonner. Elle échappait au temps, au conflit, à l’attente et la résignation, dans un désespoir qui sentait l’alcool.

Et puis, elle ne partirait pas non plus. A l’assaut de la tour. Au début, elle s’était montée seule. Il y avait cette rage qui sourdait dans son coeur. Et aussi cette réalité. Contrairement à beaucoup de ses équipiers et supérieurs, elle n’avait rien d’autre à perdre que son nom. Pas de parents, pas d’enfants. Pas de moitié. Ce qui pouvait sembler être une pauvreté sociale de prime abord pour la jeune femme était aussi une grande source de force. Au final, elle pouvait tout aussi bien être assimilée à de la chair à canon. Une chair à canon consciente, mais remplaçable. C’était ainsi qu’elle s’apprêtait à présenter sa candidature pour reconquérir la tour et mettre fin à tout ce bullshit. Mais elle s’était ravisée.

Et la raison pour laquelle elle s’était retenue était la même qui la guidait tous les soirs dans son ivresse neutre, qui avait ni le goût des réjouissances, ni le goût de la passion, encore moins le goût de la tristesse. Son ivresse, elle était, jetée dans cet univers, comme Kane elle-même. Une existence creuse, sans écho, avec des émotions aussi intenses que futiles, s’évanouissant dans les limbes aussi rapidement qu’elles étaient suscitées. Posée là. Sans autre but que celui d’exister. Si elle ne s’était pas lancée à coeur perdu à la conquête de la tour, c’est parce qu’elle avait compris qu’elle n’aurait aucun héritage. Personne n’irait pleurer sur sa tombe. Personne ne se souviendrait de son histoire ou la défendrait si on salissait sa mémoire. Et quelle mémoire, dans tous les cas. Il n’y avait aucun honneur à mourir seul. L’espace d’un instant, la pensée même d’avoir voulu se sacrifier pour rien lui donna la nausée.

Une nouvelle rasade. Elle gardait la tête baissée, son visage à moitié masqué par ses cheveux. La voix de Diarmuid transperça avec peine le brouillard des pensées de Kane et elle se retint de secouer la tête pour essayer de mieux l’entendre.

”Si tu attends simplement ici que les journées où tout se passe bien arrivent, tu n'as pas fini.”

Elle esquissa un léger sourire.

“Pourtant ça serait pas mal non ? On attend là, tranquille, un verre à la main. Et quelque chose de bien arrive pour nous.”

Elle s’envoya la fin de son verre et fit signe au barman de lui remettre la même chose. Elle se tourna vers Diarmuid.

“C’est peut-être ce que ferait la masse, pas vrai ? Nous, on n’est pas comme ça. Nous, on agit.”

Le barman tenta de s’immiscer dans la conversation. Kane grimaça un instant. Elle avait de moins en moins de facilité pour filtrer ses réactions, notamment lorsqu’elle était ennuyée. Et avoir un parfait inconnu essayer de gratter des informations sur sa vie, ça la saoulait plus vite que le cocktail qu’elle s’enfilait depuis tout à l’heure. Alors qu’elle allait sortir un sarcasme, Diarmuid lui-même répondit. Elle était à deux doigts d’éclater de rire jusqu’à ce que ses paroles la frappent.

Se ressembler si peu que ça.

Le barman hocha la tête et retourna à ses autres clients. Kane reposa son verre et étudia pendant un instant le visage de son supérieur.

“Qu’est-ce qui vous amène, mon général ? Certainement pas l’alcool de mauvaise qualité qui fait loi ici.”

Elle eut un léger rictus, pour elle-même, avant de se rappeler qu’elle était quand même en présence d’un général de la Résistance. Elle se renfrogna. Braver l’autorité et être arrogante n’étaient pas dans ses habitudes.

“J’espère que je ne suis pas la cause de votre déplacement. Si c’est le cas, veuillez accepter mes excuses. J’vous promet, pas d’grabuge.”

Elle renâcla vers la plèbe autour et replongea son regard impair dans le fond de son verre.




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