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Resto-Basket [Abigail]

Dune Onoria
Dune Onoria
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I know not if fate would have us live as one
Or if by love's blind chance we've been bound
The wish I whispered, when it all began
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S'occuper des autres, une bêtise: ça vous ralentissait, ça vous affaiblissait, ça pouvait même vous tuer en fait. Quelle connerie...
Dune soupira, on voyait peu de choses de son corps couturé de cicatrices sous les tissus, les vêtements. Des vieilles, des moins vieilles, des marques de coups aussi ou bien des marques de bleus, dans tous les cas ça décorait. Le plus souvent, elle les cachait: c'était des marques de victime, pas de chasseuse de primes capable de survivre à tout. La prueve que Dune n'était pas ce pour quoi elle se faisait passer, la preuve qu'elle n'était pas forte, qu'elle n'était rien.
Et tant de choses arrivaient, la jeune femme n'avait pas encore pris le temps de pleurer certaines.
Elle tourna la tête finalement, enlevant son profil loin de la foule qui allait et venait pour simplement faire face du regard à l'autre femme assise avec elle.
S'occuper des autres, au fond, Dune pouvait pas s'en empêcher. C'était faire un gros doigt à la vie, à tous ces monstres et ces animaux qui la préféraient elle, seule, parce qu'elle ne correspondait à rien.
Elle voulait imposer des choses et des cruautés aux autres, ne s'en cachait pas, mais elle ne voulait pas imposer ça. Devenir meilleur qu'eux d'une certaine façon, plus humaine que les humains normaux. Est-ce que ça marchait? La brune n'en avait aucune idée.
Sur la table qui la séparait d'Abigail, des assiettes vides, beaucoup d'assiettes. Elles s'en étaient données à coeur joie toutes les deux, avec le buffet du restaurant. Une idée de Dune, et elle l'avait proposé à l'espèce de petite souris là, devant elle, juste parce que. Dune ne savait pas comment l'autre femme mangeait, ni même si elle mangeait, et silencieuse et discrète comme elle l'était, elle doutait que d'autres prennent la peine de reconnaître sa présence pour le lui demander.
Elle, elle l'avait fait.
Et puis, Abigail n'était pas de mauvaise compagnie, elle possédait même un humour assez attendrissant, qui savait fare mal au bon moment. La jeune fille savait observer et surtout, quoi faire de ce qu'elle observait.
Une contrebandière sur laquelle ses clients pouvaient compter, certainement.

”Echauffe un peu tes pieds, tes jambes et ton bassin discrètement, dès que tu es prête je donne le signal du départ.”

C'était pas le restaurant le plus coûteux de Tyrena, mais il se situait malgré tout bien au delà de la bourse de la chasseuse. Quand elle en possédait une.
Abigail aurait-elle été de mauvaise compagnie que Dune se serait arrangée pour que la jeune fille termine en faisant la plonge pour toutes les deux pendant qu'elle même se barrait, mais Abigail était plutôt sympa alors non. Elles allaient simplement courir et se perdre dans les rues, jusqu'au vaisseau d'Abigail.
A partir de là, la fuite serait simple. Enfin, si on oubliait la bouteille d'excellent whisky que les deux femmes avaient descendu, sur les conseils de Dune.

”Ca va, t'es bourrée? Si t'as peur on se reboit une bouteille jusqu'à ce que t'aies pas peur, gamine.”

Elle ne plaisantait pas : on combattait la peur et les barrières comme on pouvait. Restait à espérer qu'Abigail ne les conduirait pas tout droit dans un astéroïde en prenant les contrôles du vaisseau, mais bon Dune avait confiance.

”Souviens-toi, les remords ça vaut pas le coup d'en avoir, pas quand leur buffet est de deux-cent crédits trop cher. Sur une autre planète le prix serait totalement différent.... Un resto gratuit comme ça, c'est de la justice sociale et puis c'est tout.”

Et puis elle souriait, calme, parce que les sourires ça apaisait alors autant que ça marche un peu sur Abigail. Chacune avait encore un fond de whisky dans son verre, Dune prit le sien, trinqua une dernière fois et but cul sec. L'alcool lui brûla la gorge, amenant des larmes à ses yeux. Depuis quand elle avait pas aussi bien mangé que ça, hein?
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Le temps était clément à Tyrena, cette station balnéaire qu’il était agréable de côtoyer, assis à la terrasse d’un buffet-restaurant. Oui, lorsque l’on pouvait se le permettre, cette vie était des plus plaisantes. Mais ce n’était pas le cas des deux jeunes femmes assises à cette table chargée d’assiettes vides. Enfin, techniquement, Abigail aurait pu payer. Au moins, sa part. Enfin, si elle avait pris une part raisonnable… Bon, en fait, elle ne pouvait pas vraiment payer pour tout ça. Mais passons, l’important, c’était qu’elles s’en étaient donné à coeur joie, et qu’elles avaient toutes deux la panse remplie - ce qui pour Abi, était exceptionnel, elle qui oubliait souvent de manger, l’esprit bien souvent trop occupé pour penser à faire une pause.
Elles avaient bien mangé, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais bien bu, également. Il est vrai que les femmes dans le milieu du crime sont bien souvent des dures à cuir, habituées à la boisson. Mais là, il fallait avouer qu’Abi y était allé un peu fort. Une chose en entrainant une autre, elle n’avait pas hésite à se servir verre après verre, au fil du repas. A présent, elle se sentait lourde, mais également légèrement étourdie par la boisson. Et cette sensation de satiété totale, qu’elle n’avait absolument pas l’habitude de ressentir, l’enivrait encore d’avantage. Autant dire donc, qu’elle était d’une humeur particulièrement joviale.

En face d’elle, Dune, une connaissance récente mais qu’Abi trouvait tout à fait agréable a côtoyer, semblait se préparer à déguerpir. Elle conseilla à Abi de commencer à s’échauffer, et à prendre la poudre d’escampette. Elle aimait beaucoup cela chez elle. Son petit côté sournois, qu’elle ne cachait pas, cet instinct de survie surdéveloppé qui faisait de Dune quelqu’un que l’on préférait avoir comme allié plutôt que comme ennemie.

« Ca va, t'es bourrée ? » Un peu, ouais. Juste un peu. Disons qu’il ne fallait pas un verre de plus.
« Si t'as peur on se reboit une bouteille jusqu'à ce que t'aies pas peur, gamine. »

Abi esquissa un sourire. Gamine. C’aurait pu être offensant, mais dans la bouche de Dune, cela sortait plutôt comme un surnom presque affectueux. 

« Euh, non. Si tu veux que j’arrive a faire décoller mon tas de ferraille, 'vaut mieux que je garde un minimum de lucidité. »

Avant de partir, Dune semblait vouloir rassurer Abi sur ce qu’elles étaient sur le point de faire. Qui était, en gros du vol. Alors, pour ça, Abigail n’en avait strictement rien à faire. Le vol, c’était son quotidien. D’habitude, c’était plutôt du vol destiné à la revente. Mais aujourd’hui, en cette si belle journée et en si bonne compagnie, elle pouvait bien faire une petite exception, tout en pimentant son quotidien. Car à vrai dire, elle trouvait la perspective de la fuite exaltante.
Lorsque Dune trinqua une dernière fois, Abigail suivit le mouvement, en prenant une dernière petite gorgée de courage liquide. Juste pour la route, se dit-elle.

Elles reposèrent leurs verres, et Dune souriait calmement, mais de ce calme qui cachait une tempête. Les deux jeunes femmes étaient tels des chats, en apparence détendues, mais prêtes à bondir.
Puis, Dune donna le signal. C’était maintenant. Sans hésiter, Abigail sauta de sa chaise, et fit volte face pour s’élancer tout droit dans la direction indiquée par Dune. Elles allaient prendre un léger détour pour retourner à leur vaisseau afin de semer d’éventuels poursuivants.
Si courir n’était pas un exploit qui demandait des efforts particuliers, éviter la foule et les autres tables se dressant devant elles était une affaire de dextérité.


[ DÉ NORMAL « DEXTÉRITÉ » - PETIT ECHEC ]
Abigail se cogne contre plusieurs passants, attirant l'attention. Elle réussit néanmoins à se dégager et à fuir.

Ce n'était pas chose aisée, et la jeune contrebandière vint heurter un passant, puis deux. Elle n'avait pas le temps de répondre a leurs protestations, et continua son chemin sans se retourner, accélérant d'avantage le pas. Elle parvint, non sans causer un certain remue-ménage, à se dégager de la foule, et put se mettre à courir à toute vitesse en direction de leur échappatoire. Dans sa course, elle jeta un coup d'oeil en arrière, souhaitant s'assurer que Dune n'avait pas été affectée par le grabuge qu'elle avait causé, et avait pu suivre la cadence...

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Le membre 'Abigail Riley' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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”Bah, pour chercher à faire voler ton vaisseau vaut peut-être mieux manquer de lucidité au contraire?”

Le sourire de la jeune femme était celui d'un fauve, rien d'innocent ne se cachait derrière, seulement le danger. Danger pour les autres, danger pour elle aussi, et Dune était aussi acérée qu'un couteau dégainé. Elle blessait tout autant qu'elle tuait, si elle se laissait utiliser, une personne imprudente pouvait se retrouver tout autant écorchée que la victime désignée...
Devant elle, l'autre femme possédait une autre forme d'intelligence, et Dune sentit toute la compassion du monde à son égard.
Parce qu'Abigail allait s'en sortir, parce que son esprit vif la sauvait tout autant qu'il la condamnait : on avait pas pitié des gens intelligents, on cherchait pas forcément à les aider, à leur offrir affection ou humanité....
Et la brune ne méritait pas ça.

Un dernier verre, et Dune lança le signal, laissant Abigail partir en premier. Comme à chaque fois, une langueur étrange semblait coller à la rapidité des mouvements de la chasseuse, un mélange qui ne devait pas être mais qui existait malgré tout. Sa manière d'être, sa manière de bouger, où chaque geste était effort. Par moment, alors qu'elle courrait -et même courir lui semblait difficile- Dune oscillait dangereusement avec un équilibre instable.
Elle ne s'arrêtait pas pour autant, se stopper c'était perdre. La jeune femme détestait perdre...
Devant elle, malgré les bousculades, Abigail semblait tellement gracieuse. Dune ne put s'empêcher de l'envier, ce n'était pas la première fois cependant jamais elle ne pourrait être comme la contrebandière, le savait. Un pincement au coeur, un simple pincement au coeur....

Très vite, les filles purent s'engouffrer dans un dédale de ruelles, plus d'une fois Dune se cogna au miur. Elle prenait garde à ne pas crier, sifflait simplement de douleur et se félicitait d'avoir repris trois fois du dessert. Quoi qu'on en dise, le sucre ça aidait à se concentrer....

”A droite! Euh non c'est la gauce, euh...merde bref, tu tournes !”

Déconcentrée, elle faillit trébucher, se rattrapa à temps par miracle ou peut-être par autre chose. Elle respirait par à coups, économisait son souffle. Derrière elles, les cris de leurs poursuivants qui gaspillaient une énergie précieuse par leur colère. Bien....

Finalement, Dune passa devant Abigail jusqu'à débouler dans une large avenue bondée. Elle resta devant, ne perdant pas de temps à esquiver les passants mais au contraire, bras levés pour protéger son visage, les bousculant jusqu'à leur créer un passage.
Passage qui se refermait tout de suite derrière eux, quand on savait l'utiliser, la foule était un allié.

”Tu suis?!”

Et puis enfin, elles quittèrent les limites de la ville, leurs foulées devinrent plus souples jusqu'à ce qu'elles aillent s'affaler dans un buisson assez grand pour les cacher.

”Tu vois, j't'avais dit qu'on pouvait se permettre d'en reprendre, là on a brûlé toutes nos calories....”

Une large estafilade lui courait sur la joue, saignait un peu. Dune n'avait cependant aucun souvenir de comment cela était arrivé....
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Le dédale de ruelles qui se dessinait devant Abigail lui paraissait labyrinthique, mais elle parvenait à tourner à chaque angle avec fluidité et aisance. Dune, qui l’avait bien vite rattrapée, semblait suivre la cadence sans mal, bien qu’Abi l’entende à plusieurs reprise se cogner et se rattraper de justesse.

« A droite! Euh non c'est la gauche, euh...merde bref, tu tournes ! »
« Merci de la précision ! »

Sans réfléchir, Abigail tourna à la première ruelle qui se présentait sur sa gauche. Dune ne tarda pas à remonter à son niveau, puis à la dépasser. Elle était haletante, mais semblait déterminée à semer leurs poursuivants. Après un second virage à angle droit prit à toute vitesse, les deux jeunes femmes débouchèrent sur une grande avenue. La foule était dense, mais elle leur permit de semer leurs poursuivants une bonne fois pour toute ; englouties par les allers et retours de tous ces passants, les deux fugitives étaient redevenues invisibles, aussi anonymes que ceux qui composaient la foule parmi laquelle elles se cachaient.
Pour progresser sans créer de mouvement de foule trop important, Abi suivait Dune de très près ; celle-ci lui ouvrait un chemin dans cette marée humaine. Assez brutalement, comme si ce n’était pas des corps qu’elle poussait devant elle, mais de simples sacs de paille. Ou plutôt, comme si personne ne se trouvait devant elle. Elle avançait bras levés, tout simplement, qu’importe si quelqu’un se trouvait sur son chemin ou non. A un moment de la traversée, Dune lui demanda si elle suivait. En guise de réponse, Abi posa quelques secondes sa main sur l’épaule de sa comparse tout en continuant sa course, afin de lui signaler qu’elle suivait le guide, et qu’elle ne la lâchait pas d’une semelle.

Ce n’était qu’un repas ; ce n’était qu’une fuite anodine. Mais malgré tout, cette petite aventure, cette course poursuite à travers la ville, était un des moments les plus enivrants qu’Abigail ait vécu depuis très longtemps. Et la jeune femme qui l’accompagnait rendait, en un sens, le moment encore meilleur. Elle ne la connaissait pas très bien, mais c’est comme si quelque chose les liait. Comme si elles se comprenaient, sans avoir à dire mot.
Finalement, elles arrivèrent aux limites de la ville. Elles ralentirent progressivement le pas jusqu’à s’écrouler derrière un buisson.
« Tu vois, j't'avais dit qu'on pouvait se permettre d'en reprendre, là on a brûlé toutes nos calories… »
Surprise et amusée, Abigail rétorqua sur un ton offusqué :
« Me dit pas que t’as encore faim ?! »
Elle éclata ensuite d’un rire clair, vraiment joyeux, animé par l’adrénaline qui parcourait son corps. Elle était à bout de souffle et pourtant, les mains en appui sur les genoux, pliée en deux, elle riait à gorge déployée. Elle avait tant mangé qu’elle se sentait plus lourde que jamais, et cette course n’avait pas vraiment aidé à la digestion. Et Dune pensait encore à manger ?! Son estomac était-il un gouffre sans fond ?
En jetant un coup d’oeil en direction de Dune, elle remarqua que celle-ci s’était entaillée la joue. Elle saignait. Abi fouilla ses poches, et en sorti une serviette de table pliée en 6, qu’elle se souvenait avoir glissé là au cours du repas. Mettre des trucs dans ses poches, c’était devenu un réflexe. Elle le tendit à sa camarade.
« Tiens, tu saignes. »

A présent, c’était bien beau de reprendre son souffle, mais elles allaient devoir déguerpir avant que l’agitation qu’elles avaient créées durant leur fuite ne leur retombe dessus. Elles n’étaient pas encore à l’abri de tomber sur quelconques agents de sécurité…
« Allez viens, on a encore du chemin jusqu’à mon brave destrier. »
Brave destrier, c’était une expression plutôt ironique… Le tas de ferraille volait encore, mais Abigail avait du fournir de nombreuses heures de travail pour le remettre en état de marche. Aujourd’hui, dans les grandes lignes, il fonctionnait. Il ne payait pas de mine, mais avait quand même la fière allure d’un cargo Corellien, ce qui n’était pas rien. Et il avait le mérite d’être plus propre qu’un sous neuf, ayant une propriétaire maniaque avec ses biens les plus précieux.
Elles se hâtèrent en direction du cargo d’Abigail, garé non loin des plages, sur une falaise surplombant la mer. A priori, plus personne ne les suivait. Abigail déverrouilla la rampe d’accès, qui s’abaissa non sans émettre quelques grincements. Abi allait devoir huiler tout ça…
Alors que les jeunes femmes embarquaient, des voix se firent entendre dans leurs dos. Avaient-elle finalement été suivies jusque là ? Les bruits étaient encore lointains, mais elles devaient déguerpir en vitesse afin d’éviter les ennuis.
A toute vitesse, Abi s’engouffra dans le cockpit afin d’allumer la machinerie. Heureusement, les moteurs avaient été récemment réparés, et ne mirent pas longtemps à se mettre en route. Tout en s'affairant, elle s'adressa à Dune :

« Tu vas pouvoir faire la co-pilote ? »

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Elle ne savait pas la droite, pas plus qu'elle ne savait la gauche. L'environnement était pour Dune un monstre dévoreur bien plus qu'un monde ou plusieurs mondes, quelque chose en elle manquait pour lire tout cela, quelque chose manquerait toujours. Cela voulait dire plein de choses, à cet instant T cela voulait dire plus précisément que non, elle ne pouvait être plus précise.
La jeune femme savait juste qu'il fallait tourner à un moment, et pour elle capable de se perdre dans une ligne droite, c'était déjà beaucoup. Heureusement, Abigail possédait elle-même de la ressource et une certaine suite dans les idées, il suffisait à Dune de la suivre, alors Dune suivait.
La course brûlait énormément de force en elle, d'énergie. Des efforts, toujours des efforts, encore des efforts, encore plus. Comme d'habitude.
Mais un ventre plein, ça valait bien tout ça, non? Pour la jeune femme en tout cas, oui. Elle ne regrettait pas, n'avait pas le temps, concentrée.
Et même alors que Dune restait finalement immobile aux côtés d'Abi, la respiration contenue, elle ne lâchait rien. Penser à ses mouvements, à chacun de ses mouvements pour être capable de les faire sans tomber, être capable de s'élancer au besoin encore à nouveau, de courir.
Près d'elle, Abigail voulu lui donner un bout de tissu, quelque chose pour la coupure à sa joue. Dune étira simplement le coin de ses lèvres en un mouvement imperceptible (car l'énergie mise à sourire, ce serait ça de moins hélas pour des gestes bien plus vitaux), mais ne fit rien d'autre.
Elle était la corde d'un arc trop tendu, elle était un animal toujours sur le qui vive, le moment du repos n'était pas encore venu....

Enfin le vaisseau, la poubelle, le destrier, peu importe. Et le sourire de Dune changea, moins de douleur dedans, moins de douleur physique tout du moins, mais un secret différent. Elle posa la main sur les parois du vaisseau, alors même qu'Abi se dépêchait de prendre le fauteuil de pilotage.
Pour un instant, la chasseuse sembla vivre en un temps différent de la contrebandière, en un univers parallèle presque qui touchait celui de l'autre pour quelques pauvres secondes à peine.

”Non, je ne peux pas t'aider.”

Quelque chose d'effroyable dans le ton, dans la phrase, car Dune ne mentait pas. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était saisir une de ses mines fumigènes et la jeter sans direction particulière alors que le sas d'embarquement terminait de se refermer. Un demi instant de plus et la mine serait restée coincée, les enfumant, elles.
Dune avait de bons instincts autant que des instincts dangereux. A vrai dire, la jeune femme ne les différenciait pas l'un de l'autre.
Languide, elle se laissa tomber dans le fauteuil de co pilote, les yeux à demi fermés.
Piloter, elle n'avait jamais su, elle n'avait jamais pu, peu importe combien vous pouviez essayer certaines choses restaient innaccessibles.
Bon sang, elle parvenait à peine à bien marcher en réalité....

”J'aime bien ton vaisseau.”

Un murmure, une tristesse. Dune ne pilotait pas, mais elle avait reconnu le modèle: le même que le Gambler.
Un peu plus propre malgré tout, il ne fallait pas exagérer.
Elle aurait voulu ne pas penser à Ian, pas maintenant, mais il était là, présent en elle et elle pensait à lui. La réciproque n'était pas vraie, n'était plus vraie, et où était-il maintenant? St-ce qu'il avait mal, est-ce qu'il souffrait?
Est-ce que quelqu'un pouvait être avec lui, lui sourire avec gentillesse car malgré son orgueil, il le méritait?
Il le méritait énormément...
Allons bon, elle pleurait. Alors finalement, la serviette qu'Abigail lui avait donné ne servait pas pour sa coupure au visage, elle servait à ses larmes.
Conneries....
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Dune, en embarquant dans la navette, sembla également embarquer dans un monde parallèle. Son regard changea, se fit lointain. Abi, affairée à faire chauffer les moteurs en vue du décollage, ne remarqua rien. Elle ne regardait même pas Dune lorsqu'elle lui demanda de jouer la co-pilote. Aussi fut-elle réellement surprise lorsque la jeune femme lui répondit avec tout le sérieux du monde qu'elle était dans l'incapacité de l'aider. La jeune contrebandière stoppa alors le cheminement de ses mains sur le tableau de commandes, pour se tourner vers son interlocutrice, et tenter de sonder son expression afin d'en savoir plus, car la gravité qu'elle avait pressenti dans le ton de sa voix l'inquiétait légèrement.
À ce moment, et comme un écho à sa réponse négative, Dune pris l'initiative d'assurer leurs arrières en envoyant un fumigène, dans un lancé plutôt approximatif. Heureusement pour les deux jeunes femmes, Dune avait visé juste et la mine trouva le chemin vers la sortie tandis que la soute se refermait. Abigail poussa un léger soupir. Était-elle soulagée pour elle et sa camarade, ou pour son vaisseau ? Impossible à dire. Elle-même n'était pas vraiment certaine de tenir à la vie plus qu'à son vaisseau. Il faisait sa fierté, même s'il n'était encore qu'une ébauche de ce en quoi elle avait l'intention de le transformer.

Finalement, tandis que les préparatifs du décollage touchaient à leur fin, Dune se laissa tomber dans le fauteuil du co-pilote, a côté d'Abigail.
« J'aime bien ton vaisseau. »
Elle n'avait prononcé que cette simple phrase, à la connotation à priori positive, et pourtant, des larmes se mirent à couler le long de ses joues, venant se mélanger au sang de son entaille.
Bien sûr, Abi ne comprenait pas. Elle ne pouvait pas. Elle ne connaissait pas les raisons de cette soudaine émotivité. À vrai dire, elle ne connaissait même pas vraiment la jeune femme à ses côtés. Elle ne savait rien d'elle, hormis qu'elle était une chasseuse de primes, dangereusement maladroite et terriblement attachante. Hormis cela, elle n'avait connaissance ni de son vécu, ni de son handicap, rien de tout cela. Pas évident, alors, de comprendre.
Pourtant, comme Dune l'avait fait avec elle jusqu'ici, Abigail fit preuve d'une compassion qu'elle réservait d'habitude à ses proches. De toute façon, des proches, elle n'en avait plus vraiment.

« Dune… ? Est-ce que ça va ? »

La question était maladroite, mal formulée, plutôt idiote. Bien sûr que non, ça n’allait pas. Ses larmes en témoignaient. Mais cela faisait un sacré moment qu’Abigail n’avait pas posé ce genre de question. Elle ne savait plus y faire lorsqu’il s’agissait de s’enquérir du sort des autres. Elle avait appris, ces dernières années, à ne plus se soucier de qui que ce soit, sinon d’elle-même. Elle s’était recroquevillée dans sa coquille de solitude, n’y laissait entrer personne.

Mais à présent, Dune y avait formé une légère fissure. Et Abi laissait cette coquille se craqueler, sans broncher. Parce qu’en un sens, cela faisait du bien de se sentir concerné par quelqu’un, d’être un peu plus proche de ses semblables. C’était régénérateur. Abigail se sentait à nouveau… humaine. Munie d’un coeur. En cet instant, la voleuse se permettait enfin de laisser s’exprimer cette sensibilité à fleur de peau qu’elle tâchait de mettre de côté. L’empathie, notamment, était un sentiment qu’elle s’empêchait de ressentir pour quiconque, en particulier les inconnus, de peur de s’attirer d’avantage d’ennuis. Mais avec Dune, c’était étrangement différent. Sans même la connaître vraiment, elle se sentait trop proche d’elle pour la laisser pleurer sans broncher sur le siège d’à côté.
Son instinct lui rappela alors immédiatement qu’en cas de bourdon, le meilleur des remparts était l’humour. Enfin, la plupart du temps. N’ayant de toute façon aucune meilleure idée, elle fit une tentative.

« C’est parce que je ne t’ai pas fait de visite guidée, c’est ça ? »
Un ton léger, un sourire malicieux, une lueur d’espoir dans le regard. L’espoir que cette réplique désespérément humoristique suffise à effacer les larmes de Dune.

« Bon, on déguerpit, et ensuite promis j’te fais visiter chaque recoin ! La salle des machines rouillées, les cabines miteuses, les latrines de fortune, j’peux même te faire une visite précise du couloir, avec l’historique de chaque panneau des parois ! J’en ai remplacé plusieurs, ils viennent tous d’une planète différente ! »
Combler le silence. Ne pas laisser de place au chagrin. Tâcher de faire oublier les tourmentes et les pensées trop pénibles. Et surtout, ne pas poser de question. Ne pas se montrer indiscrète. Si Dune désirait lui parler des causes de son chagrin, elle le ferait sûrement naturellement, lorsqu’elle serait prête, si elle le souhaitait. Abigail ne voulait pas la brusquer. Dune pouvait parfois paraître dure, ou insensible, mais ces larmes témoignaient du contraire.

Sans accroc, dans un mouvement de légèreté malgré la masse imposante du cargo, celui-ci amorça son ascension vers le ciel. Abigail n’était pas une pilote d’élite, mais elle avait assez d’expérience pour piloter son vaisseau comme elle se mouvait ; avec douceur et fluidité.
Abigail lança un petit regard à Dune, ne sachant si c’était le bon moment pour lui demander son avis sur la direction qu’elles devaient prendre.

« Une destination ? J’ai rien de prévu aujourd’hui, je peux te déposer où tu veux. »


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Il n'y avait plus d'endroit où aller, un court instant Dune prit conscience de tout cela. Quelque chose dans l'espace leur était fermé, ce n'était plus la peur du vide mais la peur d'espaces infinis, trop remplis de cris et de silences.
Un instant, son expression devint dure, presque cruelle par delà les larmes, comme si elle se révélait soudain reine d'une planète en exil, une planète liberté.
Et puis la jeune femme ferma les yeux, rabattit la main contre son cou, comme à la recherche d'un collier qui n'y pendait pas.
Ian avait gardé le cristal. Ian, incapable de la reconnaître... Et où était-il à cet instant? Plus loin d'elle qu'il ne l'avait jamais été, à sa manière....
Elle aurait pu être faible, demander à ce qu'Abigail l'emmène à lui bien que Dune ne sache où il pouvait se trouver. Réclamer, simplement réclamer...mais la chasseuse ne se le permettait pas. Rien ne devait montrer une faiblesse quelconque chez elle, jamais, peu importe les fissures et les craquelures, car Dune les nourrissait de sa propre férocité.
Des émotions violentes se voilaient dans son regard, un feu couvant qui dépassait la douleur. Quelque chose de différent, comme si la nature de la jeune femme se révélait soudain plus éthérée qu'humaine.
Elle n'avait pas de place en ce monde après tout, elle trop imparfaite pour y vivre.
Alors la jeune femme se contentait de survivre...

Dune sentait le regard d'Abigail, peut-être même une partie de sa panique. Tout cela était confus, autant que des larmes diluées à du sang... Elle leva la main, et celle-ci trembla un peu, presque de manière indécelable comme si un flou étrange entourait toujours la chasseuse. Parce qu'elle ne pouvait arrêter aucun de ses mouvements sous peine de s'effondrer, parce qu'en même temps, elle ne pouvait les effectuer correctement.
Tendre la main, rassurer Abigail, du moins faire comme ci. Ecken, tout ça c'est ta faute, connard... Voilà, le penser bien fort là dans sa tête pour plus avoir envie de pleurer, une solution comme une autre, la haine.
Sauf qu'au fond, Dune le haïssait pas, cela reviendrait à haïr son propre coeur à elle...

”J'accepte la proposition de visite, ça m'empêchera pas de te demander vingt fois où sont les toilettes quand même.”

Et puis un sourire fugace, comme si tout cela, les larmes, la tristesse, ça n'avait été qu'un mirage, une illusion. Car les yeux noirs de la jeune femme semblaient à nouveau briller de leur lueur étrange et sauvage, un peu folle, un peu fantasque, car elle était de nouveau cette créature insaisissable que l'on retrouvait toujours dans les pires situations qui soit.
Les différentes lumières du tableau de bord clignotaient un peu, en un langage que Dune ne pourrait jamais comprendre. Elle se recroquevilla un peu plus dans le fauteuil, comme pour laisser à Abigail et son vaisseau un peu plus d'intimité. Pudiquement, ses yeux se voilèrent, cherchèrent ailleurs autre chose à regarder.
Comme si elle était celle qui venait d'espionner un événement étrange, touchant trop au personnel pour être appréhendé.
Comme si elle n'était pas celle qui quelques secondes encore, avait pleuré.

”J'ai connu quelqu'un avec le même type de vaisseau. Tu sais ce qu'il y a d'énervant avec les souvenirs? C'est vraiment quand ils sont passés qu'on s'aperçoit qu'ils ont été bons...”

Des sentiments jamais vraiment attrapés, jamais vraiment avoués. Il y avait une tragédie aussi, et cela était juste une histoire, une bien drôle d'histoire qui ne pouvait peut-être pas se terminer bien.

”Dépose-moi où ça t'arrange, j'me laisse porter....”
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Si son changement soudain d'humeur pouvait être déroutant, cela n'affecta en rien le sentiment qu'Abi avait de Dune ; elle était plus fragile qu'elle ne le laissait voir. Ces quelques larmes avaient suffit à la trahir, mais d'une certaine façon, Abigail l'avait pressenti. Et bien que la chasseuse de primes affichait maintenant un sourire qui effaçait toute trace de son chagrin, les larmes avaient été bien réelles et Abi ne pouvait faire comme si elle ne les avait pas vues.
Quoi qu'il en soit, Dune paraissait vouloir passer à autre chose, oublier son émoi passager, en répondant à la pique humoristique de la pilote. Puis, elle s'isola sur son siège, laissant à Abigail tout le loisir de programmer le pilote automatique. C'était un langage bien précis de chiffres et de lettres, de boutons à pousser et de commandes à entrer, que Dune ne comprenait pas. Et ceci donnait à Abigail l'impression d'échanger des messes-basses avec son vaisseau tandis que Dune les laissait entre eux. En un sens, la jeune contrebandière trouva cette situation légèrement comique, plutôt que gênante. De toute façon, elle avait toujours eu cette tendance à voir le verre à moitié plein, à trouver le comique dans chaque situation. C'était ce qui lui permettait de garder le moral dans ce monde trop violent pour elle.

Et puis, de la bouche de Dune sortirent des mots qui sonnèrent comme une confidence. Abigail comprit que cela devait être, au moins en partie, la raison de ses larmes. Et ces mêmes mots emplirent Abi d'une mélancolie qu'elle tâchait pourtant d'enfouir au plus profond d'elle-même.

« Tu sais ce qu'il y a d'énervant avec les souvenirs ? C'est vraiment quand ils sont passés qu'on s'aperçoit qu'ils ont été bons... »

Et pourtant... Des souvenirs, c'était tout ce qu'il lui restait. À travers eux, elle existait. Sa vie actuelle n'était plus qu'une simple situation de survie. Tout ce qui avait été agréable à ses yeux, tous ceux qu'elle aimait... Tout ça n'était plus. Cela ne persistait plus que dans sa mémoire, à présent. Alors oui, elle comprenait que cela puisse être énervant, de se dire que le passé était tel, et qu'il ne sera plus jamais. Et qu'on en a peut-être pas profité comme on l'aurait voulu, sur le moment. Mais rien n'avait le pouvoir de nous y ramener. Il n'y avait rien d'autre à faire que l'accepter, aussi douloureux que cela puisse être.
Le visage d'Abigail s'était assombri à présent, son sourire s'était éteint et sa bonne humeur coutumière laissa place à des sentiments plus sombres, qu'elle ne s'autorisait jamais à ressentir en présence de quelqu'un d'autre.

Alors, elle secoua la tête, comme si cela était suffisant pour chasser la négativité. Elle adressa à Dune un simple sourire compréhensif en guise de réponse, sourire légèrement déformé par la douleur qui lui pinçait à présent le coeur, mais qu'elle tâchait d'ignorer. Pour faire bonne figure. Elles n'allaient quand même pas se mettre à chialer à tour de rôle, voyons...

« Dépose-moi où ça t'arrange, j'me laisse porter.... »

Il fallait donc trouver une destination à entrer dans l'ordinateur de bord, avant d'effectuer la visite guidée. Abi passa en revu ses options, sa liste mentale de de choses à faire. Rien de prioritaire. Alors elle allait aller au plus simple.

« Direction Coronet alors ? J'ai du shopping à faire au Secteur Bleu, pour ce satané tas de ferraille dans lequel on se trouve. Je te dépose au passage, dans ce cas. » Elle marqua une légère pause, pour réfléchir. « Tu connais un peu ce coin ? J'y ai une piaule pas loin, donc j'connais un peu le genre de personnages qu'on peut y croiser. Et j'te déconseille de faire comme ce midi ; les conséquences sont pas les mêmes, la-bas. »

Un simple avertissement, car elle voulait s'assurer que Dune ne tenterait rien de stupide. Avec un clin d'oeil, elle ajouta :

« De toute façon, c'est pas très grand chez moi, mais t'es la bienvenue si tu veux, et quand tu veux. »

Sur ces mots, elle entra les coordonnées de leur destination, se leva sans dire un mot, invita Dune à la suivre d'un simple geste, et commença sa visite guidée par les toilettes.

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I know not if fate would have us live as one
Or if by love's blind chance we've been bound
The wish I whispered, when it all began
Did it forge a love you might never have found?
You flee my dream come the morning
Your scent - berries tart, lilac sweet
To dream of raven locks entwisted, stormy
Of hazel eyes, glistening as you weep

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SIl y avait en Dune un chaos ne demandant qu'à être nourri, symbole du peu de connaissances que la jeune femme pouvait avoir d'elle-même, du fait de chacune de ses différences. Elle avait appris à accepter ce chaos, et si parfois Dune se rebellait encore un peu, elle prenait garde à ne pas se blesser elle-même, se tromper d'ennemis.
Des vérités pouvaient l'attendre par delà la galaxie, elle serait prête à les écouter ou non, par pour ne pas mourir de son propre chaos la jeune femme acceptait une chose : connaître les règles du jeu par coeur afin de les défaire.
Les avertissements d'Abigail la firent simplement sourire: oui elle connaissait Coronet, savait ce qui était interdit là bas et ce que de fait elle pouvait faire ou non.
Si elle y transgressait les règles, Dune veillait à ce que ce soit pour un but précis, nécessaire. Parfois, une nécessité pouvait paraître absurde aux yeux des autres, cela ne l'empêchait pas d'être importante pour vous, vitale.
Tout comme le festin d'aujourd'hui, cela n'avait pas été un coup d'épée dans l'eau et Dune semblait y avoir gagné une certaine loyauté de la part de l'autre femme.
Abigail lui proposait même de résider chez elle au besoin. Elles faisaient parties du même “gang”, pouvaient se le permettre.
Bien sûr, se regrouper feraient d'elles des cibles peut-être un peu plus faciles d'accès pour les autres, néanmoins chaque action possédait des conséquences, le risque zéro n'existait nulle part.

Peut-être qu'un jour, Dune raconterait à l'autre femme quelques unes de ses péripéties : comment elle avait aimé un homme qui pensait n'être qu'un moins que rien mais lui avait offert tout l'amour de la galaxie avant qu'une malédiction ne vienne à lui, comment elle était rentrée dans l'appartement d'une vieille aveugle pour simplement se servir dans le frigo, comment elle avait sympathisé avec un hutt également pour demander à ses danseuses de lui apprendre certains mouvements de danse du ventre? En échange, Dune avait effectué quelques contrats pour lui, finalement peu cher payés, mais ces actions lui avaient permis d'accepter un peu plus son corps à elle.
Ce même corps qui n'était que muscles fins et douleurs, au delà même d'une simple idée de maladresse. La maladresse, ça se soignait, ça s'évitait, pas le mal dont souffrait la jeune femme...

”Bah, je peux bien t'accompagner pour tes emplettes, je trouverai un mauvais coup en chemin si j'ai besoin. “

Elle était gracieuse, Abigail, le genre de grâce un peu brusque d'une biche aux abois. Dune lui souhaitait de toujours rester ainsi, que la noirceur du monde ne transforme pas la biche en vieux prédateur fatigué soudain.
Comme promis, la visite commença par les toilettes que Dune se fit une joie d'honorer de sa présence (le vent corellien était aussi bon que diurétique après tout), le reste des pièces s'enchaîna sans que la jeune femme n'y retrouve le fantôme d'un autre vaisseau.
Sur celui d'Abi, il n'y avait pas de posters tirés de pages centrales, de femmes à poil après tout. Tout de suite, ça aidait à moins se sentir chez Ian....
Un instant, Dune se demanda s'il avait trouvé l'holophoto décorative d'homme dans le plus simple appareil (mais un appareil grand et fier, disons le...), qu'elle avait planqué dans un coin en guise de mauvaise farce.

”Tu l'aimes quand même, ton tas de ferraille.... “

Une constatation, une constatation qui la fit sourire un peu d'ailleurs et Dune se fichait bien de comprendre l'affection d'un pilote pour son vaisseau. Elle savait juste que cela existait et l'acceptait....

”T'as pas peur d'être attirée par les déchets humains tout autant, du coup?”

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