This is the end

Ariane & Lyana & Ulfric

La vie n'est pas un long fleuve tranquille. En vérité il s'agit plutôt de rapides dans lesquels on aurait placé des rochers aux arrêtes tranchantes comme si on voulait persécuter la pauvre âme qui s'y serait aventuré. De temps en temps les cailloux ne sont plus coupant, simplement lisse comme des savonnettes et recouverts d'algues ou de mousse rendant toutes prises impossible, si une force supérieur s'est amusée à jalonnée le trajet de ces obstacles elle est probablement en train de sauter à pied joint sur l'espoir de sa victime à cet instant présent. L'espoir renaît lorsque des racines apparaissent, sortant des rives. Elles semblent solides, assez pour supporter un poids adulte. Mais force est de constater que les rives sont bien trop hautes pour pouvoir se mettre en lieu sur, en plus la terre s'effrite et le pauvre être en peine se retrouve avec de la terre dans la bouche et les yeux. Le courant se rit de lui, et dans un fracas monstrueux, il lui fait lâcher prise. C'est malheureux parce qu'il se retrouve au fond de l'eau, l'occasion parfaite pour quelques sangsues bien tenaces de se planter dans sa chaire. Mais alors qu'il commence à lâcher prise, maltraité de toutes part, le flot le fait remonter à la surface, l'incitant à prendre une bouffée d'air comme un nouveau né. Juste de quoi le garder en vie avant de le replonger dans l'ombre.

En voilà une intense réflexion. Pour Ulfric il s'agissait d'ailleurs d'un beau rassemblement de conneries. S'il se retrouvait sur un front qui durait un peu trop il pourrait toujours utiliser les pages de ce livre pour s'essuyer les fesses, ce n'aurait pas été une grande perte. Il fallait dire que le soldat crachait allègrement sur la plus part des formes d'art qu'il n'appréciait pas. Il fallait le comprendre, en homme de science particulièrement terre à terre qu'il était, il avait un peu de mal à établir une certaine sensibilité artistique. D'ailleurs il faisait tout son possible pour éduquer le moins possible cette dernière. Le mieux restait encore de se concentrer sur la réalité, sur le tangible, le logique. La décision de la Résistance ? Il n'en avait que faire, après tout, il n'était qu'un soldat, il n'avait absolument aucun pouvoir décisionnel. S'il s'était invité à la réunion c'était parce qu'il prenait ses aises et qu'il appartenait aux Steels. Au final son avis n'était pas très intéressant et c'était simplement une manière d'avoir les informations avant le reste de la chair à canons. Alors un peu avant que la sentence soit officiellement rendue, il s'était éclipsé pour s'adonner à l'un de ses petits plaisirs personnels. Fumer la pipe en se baladant, en rêvassant. Pendant quelques minutes il s'était arrêté le temps de finir ce gâchis d'encre d'imprimerie.

Une fois ce dernier finis il prit la direction de la tente des Steels. Il tenait à dire personnellement à Lyana ce qu'il avait pensé de son bouquin, si on pouvait vraiment appeler ça une pensée philosophique, à quel point elle avait des goûts de chiotte en matière de littérature et ce qu'il comptait en faire. C'était toujours aussi drôle de la faire enrager. Avec ce poste de commandante, elle était tenue de faire bonne impression. Théoriquement Ulfric devait d'ailleurs lui témoigner un certain respect, mais il n'en avait clairement rien à carrer, alors il continuait à s'amuser d'elle. Écartant l'entrée sans ménagement il s'adressa à voix haute à sa supérieur hiérarchique tout en jetant un dernier regard sur l'immondice de papier. "Si j'avais dû faire la peinture de la naïveté de l'ignorance et de la futilité j'aurai certainement pris tes goûts littéraires comme modèle Lyana, j'ai jamais lu un daube par.." Juste avant la fin de sa phrase il avait relevé la tête d'un air triomphant pour observer la mine désespérée de la jeune femme. Du moins ce fut le cas jusqu'à ce qu'il remarque qu'elle n'était pas seule. Lyana. Ariane. Ariane. Lyana. Ulfric.


Redémarrage système.
Quel étrange situation. Si c'était une évidence qu'elle était censé arriver un jour, il ne s'attendait cependant pas à ce que ce soit aussi vite. Il était pris de cours, ce n'était pas un problème en soit, il avait toujours su se débrouiller en improvisant. Si. Toujours. Seulement là les enjeux étaient un peu différent de ceux avec lesquels il avait l'habitude de jouer. Il allait devoir se débrouiller finement s'il voulait éviter de se mettre dans de beau drap. Le plus important était de faire un point sur la situation. Les deux femmes étaient tendus, crispées cela se sentait à des kilomètres à la ronde, Ulfric était une véritable éponge à émotion. Il aspirait toutes celles des autres pour ne rien laisser transparaître. De toutes évidences la conversation qu'elles avaient eu jusqu'à présent ne les avait pas mis de la meilleur des humeurs, en était-il le sujet principal ? Si c'était le cas sa position n'en serait que moins confortable. Ses yeux se baissèrent sur la tablette éclatée au sol. Un geste énervé ? Une menace ? Un réflexe ? Cela ressemblait peu à Lyana de péter un câble au point de frapper une sénatrice. Même lui ne s'était jamais fais frappé, ou que très rarement, alors avec toute la retenue qu'elle avait c'était difficilement envisageable. Portant sa pipe à sa bouche, Ulfric tira une longue bouffée contemplative. Dans un calme quasi-majestueux il se décida à prononcer de sage parole. "C'est quoi c'bazar ?" Après tout, autant aller droit au but non ? Elles étaient sans doutes les mieux placer pour lui expliquer quelle était la raison de ce remue-ménage. Furtivement, il s'autorisa un regard interrogateur à l'égard de la belle sénatrice, il ne pouvait évidemment pas lui sauter dans les bras dans un moment pareil et encore moins devant sa supérieur directe.