Corellia. Lyana en a des souvenirs plus que vagues. Dans son enfance, elle a visité la planète une ou deux fois avec sa famille afin de vendre des objets en tout genre. Parfois, quand elle y repense, cette vie itinérante lui manque. En dehors de l’incident de Coruscant, la vie était des plus simples et parfois même trépidante. Voyager dans tous les coins et recoins de la galaxie, c’était une vie plutôt amusante et excitante. Malgré tout, les images de Corellia dans l’esprit de la résistantes demeurent floues. Une seule et unique image lui est véritablement restée, à vrai dire. Si lorsqu’on évoque la planète, beaucoup parleraient sans réfléchir de son whisky, Lyana pense avant tout aux plages d’or. Cette couleur dorée du sable a marqué l’esprit de la jeune femme. Elle se souvient de l’image de sa famille, heureuse. Elliara était encore là, à l’époque, sa mère également. A vrai dire, elle ne sait plus vraiment si ces souvenirs sont réels ou si elle les a imaginés, lui donnant le sentiment d’avoir eu une famille tout à fait normale un jour.

Ce matin-là, elle avait décidé de se lever tôt. Quitte à être coincée sur cette planète, autant en profiter et retourner sur les plages d’Or faisait partie des plans de la commandante. Elle voulait voir si tout était comme dans ses souvenirs, si le sable était toujours aussi doré, si l’eau était toujours aussi agréable. Etait-ce simplement son imagination ? Elle voulait en être sûre. Plus que jamais elle avait besoin de se raccrocher à ses souvenirs car plus le temps passe, plus elle a le sentiment que tout est faux. Elle avait également prévu d’aller courir sur la plage. Sa jambe commence petit à petit à aller mieux mais ce n’est pas encore tout à fait ça. Le médecin sur Fenves lui avait recommandé de bien l’entretenir et de faire de l’exercice si elle comptait rester une Steel digne de ce nom.

Le soleil était encore bas lorsqu’elle arriva sur la plage. Un rare sourire se dessina sur son visage. Tout était si beau, si réel. C’était exactement comme dans ses vieux souvenirs et en l’espace de quelques secondes elle s’imagina jouer avec sa sœur et ses parents. Elle tenta de chasser ces images de son esprit, elle n’était pas revenue là pour cette raison. Elle voulait justement passer à autre chose, se créer de nouveaux souvenirs en ces lieux. Elle était là, en haut d’une dune surplombant la plage à admirer le paysage. C’était désert, sûrement parce que tout le monde dormait encore. Elle aimait ce calme, cette solitude, l’impression que tout cela n’appartenait qu’à elle et elle seule. Elle se baissa un instant pour bien lasser ses chaussures et une fois en bas de la dune, elle se mit à trottiner doucement. Elle ne pouvait pas encore faire un footing comme avant sa blessure mais elle devait essayer de faire bouger cette jambe douloureuse. Elle tentait de rester forte, le visage de marbre et pourtant à chaque fois que sa jambe injuriée foulait le sol, elle ressentait comme une décharge électrique. Le médecin avait réussi à la guérir au mieux, mais elle avait l’impression qu’elle ne retrouverait jamais sa jambe comme avant et si tel était le cas, pourrait-elle toujours assumer son rôle de leader ? A quoi bon diriger un commando si elle ne peut leur montrer la voie ?

Petit à petit, elle essayait d’accélérer le pas légèrement. Elle ne devait pas trop forcer ou le médecin de la résistance la tuerait. Certes, elle devait faire de l’exercice, mais trop forcer sur sa blessure pourrait aggraver les choses et c’est de loin la dernière chose à faire en ce moment. Elle ignorait ce qui pouvait se passer sur Corellia, la discussion avec les autres résistants n’avait pas été des plus fructueuses. Si le Premier Ordre se mettait à les attaquer soudainement, elle ne serait probablement pas prête à leur faire face. Elle a pourtant affirmé le contraire lors de la réunion, mais de quoi aurait-elle eu l’air si elle avait affirmé ne pas être valide dans une telle situation ? Les rogues sont déjà en effectifs réduits et ceux même si c’est pour une bonne cause. Lyana ne peut se permettre d’être une plaie pour son groupe, elle ne veut pas encore les décevoir, surtout certains d’entre eux, comme Ulfric par exemple. Il a beau être le genre de recrues qui lui donne du fil à retordre, mais elle l’apprécie malgré tout et il est comme un repère pour elle, un des seuls qui est là depuis le début. Après plusieurs centaine de mètres à courir, la jeune femme d’Onderon décida de faire une pause. Des douleurs inhabituelles commençaient à se faire ressentir au niveau de sa cuisse.

« Quand est-ce que cette fichue blessure va se décider à guérir ? »

Elle se parlait seule, ignorant que quelqu’un était présent non loin d’elle. Elle remit en place le bandage qui était apparent. Elle n’avait pas l’habitude de porter des shorts en dehors de la base, mais elle n’aurait juste pas pu imaginer aller à la plage dans sa tenue intégrale. Lorsqu’elle se redressa, légèrement essoufflée par l’effort, même si elle était capable de courir bien plus que ça, elle aperçut une personne. Elle se demanda s’il l’avait entendue parler seule.

« Bonjour. »

Elle tenta de faire comme toute personne normale et saluer l’homme qui était présent. On sentait dans sa voix que son bonjour était maladroit et loin d’être des plus chaleureux. Ce n’était pas son fort lorsqu’elle d’être agréable lorsqu’elle se trouve face à des inconnus.

 
La commandante ne s’était pas attendue à rencontrer quelqu’un sur la plage aussi tôt. Elle tentait d’être avenante pour ne pas éveiller de soupçon. La méfiance pourrait la desservir. Malgré tout, Lyana est Lyana, elle a toujours été maladroite dans ses approches et même un mot gentil peu parfois avoir l’air froid, distant. Ne sachant pas vraiment comment se comporter avec les gens normaux, elle avait pensé que l’homme la saluerait simplement et passerait son chemin. A son plus grand regret, l’étranger avait remarqué sa blessure. Evidemment, à parler seule, elle avait fini par cracher le morceau à un inconnu sans le vouloir. Cependant, sa réflexion fut assez étrange. Etait-ce parce qu’elle était encore mal réveillée, elle n’était pas certaine.

« Ma jambe ? Hmm, je pensais que c’était celle de mon voisin, vous êtes sûr ? »

Le sarcasme de la commandante était à son comble. L’homme demandait s’il s’agissait de sa jambe et à vrai dire elle n’avait pas vraiment saisi la subtilité de sa phrase. Pour la jeune femme qui n’avait pas envie de réfléchir, elle ne chercha pas plus loin : question bête, réponse bête.

« Vous êtes aimable, mais ne vous en faites pas, je vais bien. Elle commence juste à être un peu rouillée, c’est l’âge qui veut ça je suppose. »

Elle est encore pourtant si jeune, il s’agirait plutôt de l’expérience et de la non-prudence lors de sa dernière mission. Elle était encore chanceuse de n’avoir que ce problème à la jambe, elle aurait pu également y passer lorsque ce fichu pirate avait pris d’assaut un vaisseau sur lequel elle était pour une mission importante.

L’homme était toujours là, elle ne savait pas ce qu’il voulait vu qu’elle n’avait pas besoin d’aide à vrai dire. Qu’est-ce qu’elle était censée lui dire de plus ? Communiquer avec ses amis, avec ses collègues et ses camarades, ça semble toujours plus simple. Et encore… Donner des ordres, parler stratégie,  ce sont des choses qui sortent plus aisément de sa bouche mais ce n’était certainement pas avec un civil lambda qu’elle allait discuter de ce genre de choses.

« Les gens normaux ne sont pas censés être encore en train de dormir à une heure pareille ? Je pensais être la seule assez stupide pour aller courir sur la plage à cette heure-ci. Vous êtes un sportif vous aussi ? »

Voilà, la carte du sportif. Elle n’aurait pas à démontrer ses vraies capacités puisqu’elle est blessée, mais ça pouvait être une bonne excuse pour justifier son mal de jambe. Il n’avait pas demandé jusqu’à présent, mais les hommes sont souvent un peu trop curieux.

 
La maladresse sociale de Lyana lui fait cracher ces mots que les autres peuvent prendre pour des mots déplacés. Elle ne cherche pas systématiquement à faire fuir les gens mais elle a beaucoup de mal à leur dire de rester. Elle ne sait pas qui est cet homme qu’elle a salué et qui soudainement s’est mis à poser des questions étranges à propos de la jambe de la commandante. Bon, certes, elle l’avait un peu titillé en faisant celle qui ne comprenait pas les paroles de son interlocuteur, mais c’était ainsi qu’elle était. Il ne le prenait pas mal, c’était une première.

Sur les remarques concernant son âge qui étaient clairement de l’ironie venant de la commandante, encore une fois l’inconnu semblait bien réagir. Lyana fut plutôt intriguée par cet homme qui ne semblait pas fuir à ses mots pinçant, il était même plutôt du genre à rentrer dans le jeu. Alors forcément, lorsqu’il répondit qu’il était un déchet du haut de sa trentaine bien entamée, il arracha un léger rire de Lyana. Chose rare, il devrait se sentir privilégié, mais l’inconnu ne semblait pas savoir à qui il avait à faire. Il suggéra également à la jeune femme de voir un médecin, tout en restant sur le ton de l’humour mais malgré tout il lui proposa de s’asseoir dans le sable. Elle hésita un long moment, alternant son regard entre l’homme et l’horizon. Elle devait s’entraîner, par perdre son temps à parler avec quelqu’un dont elle ignorait tout. Et s’il savait son identité et qu’il cherchait à la piéger.

« Je ne suis pas sûre que ça m’aide, de m’asseoir aussi bas. Je préfère rester debout, ne m’en voulez pas surtout. »

C’était une question d’être plus alerte en cas de problème. Assise sur le sol avec une jambe en sale état, ça ne ferait que la mener à sa perte. Elle serait probablement incapable de se relever avec cette douleur. La curiosité avait malgré tout frappé la commandante qui lui demandait ce qu’il venait faire par ici et il répondit qu’il venait simplement chercher le calme. Lorsqu’il évoqua les familles et leurs enfants, Lyana eut un petit pincement au cœur, repensant à ce qui l’avait motivée à revenir dans ce coin particulier de Corellia. Il se présenta. Han.

« Moi c’est Nebula. »

Son manque de confiance était palpable. N’importe qui la connaissant bien saurait qu’elle ne se sentait pas à l’aise rien qu’en entendant la jeune femme évoquer son nom de code. Le nom que son père lui donnait.

« Vous êtes du coin ou juste là pour les vacances ? Non, je sais, vos vacances ont été prolongées à cause de ce qui nous empêche de quitter le système, c’est ça ? »

Peut-être savait-il des choses concernant le dôme, en cela, cette rencontre pouvait s’avérer plus intéressante que prévue.

 
La commandante était toujours debout, sur ses gardes malgré elle. L’inconnu – qui répondait donc au nom de Han – semblait un peu trop avenant. Il s’assurait jusqu’au bout que Lyana allait bien, il précisa même qu’il n’habitait pas loin. Même si c’était probablement pour se montrer sympathique, il était hors de question qu’elle aille chez qui que ce soit et encore moins chez quelqu’un qu’elle venait juste de rencontrer sans même savoir qui il était. Un prénom, ça n’en dit pas long sur l’interlocuteur, de plus, elle partait du principe que si elle ne donnait pas sa véritable identité, il était tout à fait probable que ce soit le cas de cet homme.

« Ne vous inquiétez pas, je vais bien. C’est en bonne voie de guérison. »

C’est faux mais il n’a pas besoin de savoir la vérité. S’il commence à trop s’inquiéter de l’état de santé de la jambe de la commandante, il pourrait devenir un problème – à moins qu’elle ne soit juste trop parano. Il y a de quoi avec tout ce qu’il se passe sur cette planète depuis qu’elle y a mis les pieds. Apparemment, Lyana avait vu juste. Elle essayait de savoir ce qui amenait l’homme jusqu’ici et visiblement comme elle l’avait prédit, ses vacances avaient été prolongées grâce à ce dôme. Elle aimerait pouvoir dire comme lui, que ça lui permettait de ne pas pouvoir se rendre au travail. Il demanda à son tour ce que la jeune femme faisait là.

« Je ne vis pas ici, non. Je voyage pour le travail. Je suis marchande itinérante, je travaille avec ma famille, mais aujourd’hui j’ai préféré prendre une journée de repos. »

Ce n’est pas totalement un mensonge puisqu’elle est effectivement là pour le travail. Elle préfère préciser un métier qui n’est pas le sien afin d’éviter toute question qui pourrait dévoiler son identité.

« Comme vous, je suis coincée ici. Cependant, ça ne m’empêche pas de faire mon boulot… On continue à vendre jusqu’à épuisement ou jusqu’à ce que le dôme nous permette de changer de système. »

La vérité n’était pas loin puisque la première fois que Lyana était venue ici c’était avec sa famille, en tant que marchande. Déjà à l’époque, elle n’était plus une princesse.

Un silence s’installa alors, elle n’osait pas lui poser de question d’une part parce qu’elle n’était pas spécialement intéressée par la vie de son interlocuteur mais surtout qu’elle ne voulait pas poser une question qui lui serait retournée et à laquelle elle n’aimerait pas répondre. Finalement, elle repris la parole.

« A votre avis, qui est à l’origine du dôme ? Même les dirigeants des planètes du système ne semblent pas savoir ce qu’il se passe, c’est inquiétant, on ne nous dit rien… »