Dans le vaisseau qui le ramenait sur Korriban, Darth Zeon se fit soigner par l’un de ses hommes, avant de rejoindre sa cabine pour le restant du voyage. L’ambiance n’avait jamais été des plus joyeuses autour de lui mais cette fois-ci, il était évident que laisser pour morte sa fille sur Stoga ne lui avait pas vraiment réussi. Bien sûr, il avait beau y réfléchir encore et encore, c’était à ses yeux la seule façon de lui garantir une petite chance de survie mais bon, ses doutes et ses sentiments devaient s’effacer devant l’importance de sa tâche au sein de l’Ordre Sith et des projets de son Maître. Si elle était une battante comme sa mère et lui-même, elle survivrait à tout cela et reviendrait plus puissante pour l’affronter à nouveau. Il n’y avait donc pas à s’inquiéter pour elle et il fallait désormais chasser toutes ces pensées de son esprit. Toutefois, il lui restait un point à éclaircir et c’était ce pendentif que Meetra lui avait donné pour Darth Cerberus. Si le jeune sith s’éveillait aux sentiments amoureux, il convenait de lui apporter la douleur qui va automatiquement avec.

Une fois sur Korriban, il ordonna à ses hommes de convoquer Cerberus et se dirigea vers son bureau de recherche caché dans les ruines de l’ancienne académie sith. Le cas de sa fille ne devant pas être ébruité, ni l’implication du jeune sith dans cette histoire, il ordonna à ses hommes de s’assurer qu’aucune oreille indiscrète n’approche de son bureau pendant leur entrevue. Il s’installa à son bureau, scrutant les rapports des instructeurs de l’Académie et les résultats obtenus par les jeunes recrues. Il allait devoir augmenter l’intensité des entraînements s’il voulait offrir à l’Ordre une génération plus puissante que l’ancienne. De plus, son histoire avec Meetra lui avait fait prendre conscience que la partie psychologique devait être approfondie lors des formations car en tant que disciples du côté obscur, la colère et la souffrance étaient des moteurs essentiels. Malheureusement, certains élèves n’avaient jamais vraiment ressenti ce genre de sentiment, comme par exemple ces fils de riches dont l’histoire était proche des racines de l’Empire Sith. Peut-être que leur faire ressentir de la colère contre lui uniquement n’était pas suffisant pour leur insuffler le désir de puissance. C’était une chose à prendre en compte prochainement.

Quoiqu’il en soit, Darth Cerberus finit par entrer dans son bureau, après avoir franchi les gardes qui surveillaient le couloir. Zeon resta assis et prit un air plus grave qu’habituellement, bien qu’il ne se soit jamais montré joyeux auparavant non plus.

« Cerberus, merci de m’accorder un peu de ton temps. J’ai ouïe dire que tu t’étais rapprochée de la Jedi Meetra Thek lors des missions que je t’ai confié. Visiblement, bien loin de la haïr pour ce qu’elle t’avait fait, un sentiment d’affection a fait son apparition … »

Bien qu’il n’avait finalement que très peu d’éléments pouvant confirmer cette supposition, Zeon savait que l’histoire du pendentif et surtout les propos de sa progéniture ne laissaient que peu de place au doute sur le sujet. Il voulait donc que le jeune sith reconnaisse cela avant de détruire son cœur et ce sentiment d’affection qu’il pouvait éprouver. Bien loin d’une sorte de sanction, il s’agissait plus de profiter de cela pour le rendre plus puissant et donc, plus utile à l’Ordre. Il se leva donc et s’approcha de Ralkorb, s’arrêtant à ses côtés en fixant la porte derrière ce dernier.

« Tu comprends mon étonnement lorsque j’ai appris cela ? N’essaierais-tu pas de trahir l’Ordre Sith ? Dis-moi la vérité Cerberus … »

Il ne restait plus qu’à voir si Cerberus allait admettre ses sentiments, même si de toute façon, le Seigneur Sith ne manquerait pas de lui annoncer la nouvelle pour sa fille, une fois qu’il aura cerné un peu mieux la situation qui semblait exister entre eux deux. Il y avait à parier que le pauvre garçon prendrait assez mal la nouvelle mais bon, cela serait parfait pour le faire évoluer en tant que Sith. La faiblesse du cœur était sans doute la plus dure à comprendre et lui-même avait du s’y résoudre face aux ordres de Darth Millenial.

Ralkorb était toujours sur Korriban, il n'avait pas de missions en cours actuellement. Alors, il préférait profiter de cette accalmie pour s’entraîner, et comme lui avait conseillé Darth Zeon, pour méditer. Au départ, ce ne fut pas un exercice facile, Ralkorb était un homme d'action, il préférait largement combattre plutôt que méditer. Mais avec le temps, et la pratique, la médiation se montrait effectivement utile. Et Ralkorb s'était habitué à la pratiquer plus ou moins régulièrement. Alors, ses séjours sur Korriban sont désormais composés de méditation, en plus des entraînements que le sith s'impose tout les jours.

A cet instant, Ralkorb médite, seul dans ses appartements. Ses séances de méditation lui permettent de faire le point dans son esprit, faire un résumé des récents événements. Mais certaines choses l'obsèdent. A vrai dire, une seule chose l'obsède : Meetra. Il ne l'avait pas revue depuis Onderon. Mais il y avait eu cette vision, et ce rêve. Ce rêve plus vrai que nature, cela ne pouvait être qu'un simple rêve. C'était trop précis, trop vrai pour ça. C'était certainement  autre chose. Mais quoi ? Une mise en garde ? Une vision ? Rakorb ne pouvait répondre à ces questions, mais elles l’obsédaient. Il ne pouvait pas s'être attaché à Meetra, pas après ce qu'elle lui avait fait. Mais pourtant, les faits étaient là. Ralkorb l'avait finalement accepté, il ressentait de l'affection pour elle. Mais il ne savait toujours pas la définir.

Ralkorb fut sortit de ses pensées. On frappait à la porte. Le sith se leva pour ouvrir. Un apprenti se trouvait face à lui. « Darth Cerberus, excusez moi de vous déranger,mais Darth Zeon veut vous voir. ». Darth Zeon, il voulait le voir. Le père de Meetra voulait le voir. « Je vais le rejoindre. » Dit-il. Puis l'apprenti partit sans plus de cérémonies. Ralkorb s'habilla rapidement. Sa tunique noire enfilée il quitta ses appartements pour prendre la direction du lieu de rendez vous.  

Ralkorb ne marcha pas longtemps. Il se retrouva rapidement devant le seigneur sith. « Darth Zeon. » Dit-il en inclinant légèrement la tête.

Le souffle de Ralkorb se coupa un instant. Zeon voulait lui parler de Meetra. Il avait ressenti que Ralkorb s'était attaché à elle. Mais comment ? Comment pouvait-il le savoir ? « Mon seigneur je... Je ne sais pas quoi vous dire. A vrai dire, je ne sais pas quoi penser moi même. Je ne peut pas décrire ce que je ressens, c'est comme... Comme si même après ce qu'elle m'a fait, je l'avais pardonné, et je m'étais attaché à elle. » Dit-il sans mentir. « Trahir les sith ? Jamais je ne ferais une chose pareille. Ils sont ma famille. ». Quelque-chose n'allait pas, Ralkorb le sentait. Quelque-chose s'était passé. « Pourquoi ces questions ? Il s'est passé quelque-chose avec Meetra ? » Demanda-t-il finalement, une pointe d’inquiétude dans la voix.

La discussion ne tarda pas à prendre le chemin que Zeon l’imaginait. La réaction de Cerberus à l’évocation de sa fille semblait déjà le trahir et ses bredouillages n’arrangèrent rien. Il était évident que le jeune sith était sous l’emprise d’un sentiment particulièrement destructeur, l’amour. Heureusement que la nouvelle qu’il allait lui donner dans quelques instants allait transformer cela en haine et colère, sentiments nettement plus utiles à l’Ordre Sith et au côté obscur de la Force. Le Seigneur Sith observa sa gestuelle dans les moindres détails alors qu’il cherchait à se justifier, affirmant que jamais il ne trahirait l’Ordre et les Siths. Dans son fond intérieur, il devait se douter que sa volonté n’était pas suffisante pour combattre cette attirance et la déraciner avant qu’elle ne fleurisse. Il n’était pas encore entièrement dévolu au côté obscur et Zeon le savait très bien. Jamais Ralkorb n’aurait su suivre ses traces actuellement. Il n’aurait pas transpercé la femme qu’il aime de son sabre laser et il n’aurait jamais blessé mortellement la progéniture de celle-ci. Cerberus était encore influençable et il devait donc l’endurcir dès aujourd’hui.

« L’attachement est une arme à double tranchant, tu peux aimer et haïr en même temps. Cependant, seule la haine te hissera vers la puissance. L’amour mène à la trahison, à la faiblesse s’il n’est pas exploité comme il le faut. L’être aimé prendra plus d’importance que ta famille car elle deviendra ta famille, c’est une fatalité. »

Bien sûr, le jeune sith commençait à se douter que quelque chose n’allait pas avec la fille de Darth Zeon et vu qu’il avait certainement eu l’information de Darth Millenial sur la présence d’un Jedi sur Korriban, il devait commencer à se douter que les choses n’avaient pas dû se passer comme prévu. Calmement, Zeon s’approcha de son bureau et s’empara du pendentif que Meetra lui avait remis. Il tendit sa main face à Ralkorb et le lâcha devant lui, suspendu entre ses doigts pour que le Sith puisse bien voir de quoi il s’agissait.

« Ma fille m’a lancé ce pendentif au visage en me disant de te le donner. Il semblerait qu’elle se soit jouée de toi et qu’elle ait profité de la faiblesse de ton cœur. Tout comme elle l’a fait avec moi, elle t’a utilisé pour avoir des renseignements sur l’Ordre Sith à transmettre aux Jedi. Comme tu le sais, Darth Millenial a ressenti sa présence et cela à cause de ma propre faiblesse qui me l’a fait amener ici après qu’elle ait été blessée. Nous nous sommes faits berner tous les deux. Les Jedi pensent que l’amour les conduits vers le côté obscur, ils ne s’en approchent donc pas. »

Bien que tout cela soit faux et que Meetra avait certainement été la plus honnête de ce trio, Zeon se devait de canaliser les sentiments de Cerberus pour qu’il s’en serve efficacement.

« Je ne connais pas les détails de votre relation, ni même ce que tu as pu lui dire … »

Le ton prenait un air plus grave et pour cause, chaque parole de Ralkorb pourrait être finalement un indice donné aux Jedi sur l’Ordre Sith. Le jeune sith devait avoir conscience des risques que ce qu’il avait pu dire à Meetra, lui soit reproché de façon plus violente. Zeon enchaîna donc en lui annonçant la terrible nouvelle, n’exprimant ni pitié, ni tristesse, juste la froideur qu’il avait toujours exposé durant toutes ces années.

« Mais ne t’inquiètes pas. Je l’ai exécuté en personne voici quelques heures. Elle s’est défendue vaillamment avant d’être vaincue. Aucune information que tu as pu laisser échapper ne parviendra aux Jedi. Si cela peut te réconforter, elle a souffert autant que toi après votre combat. Je n’ai eu aucune pitié comme tu dois en avoir aucune dès aujourd’hui. Comme tu l’as dit, ta famille est l’Ordre Sith, il n’y a de place pour personne d’autre. Elimines tes faiblesses en gagnant en puissance ! Transforme cet amour naissant en rage sans limite ! »

Le charismatique Grand Instructeur donnait ici un cours magistral sur l’art de motiver ses troupes. Il avait tué la femme que Cerberus commençait à aimer mais pourtant, il tentait de le convaincre qu’il avait fait cela pour le rendre plus puissant et dans l’intérêt de son avenir chez les Siths. Au final, il fallait surtout se demander s’il ne cherchait pas simplement à se convaincre lui-même.

Le rythme cardiaque de Ralkorb commençait peu à peu à s’accélérer. Quelque-chose s'était passé, quelque-chose de grave. Ça avait un lien avec Meetra, mais... Mais le sith n'en savait pas plus, elle ne pouvait être morte, pas de la main de Zeon, pas de la main de son père. C'était autre chose, ça devait être autre chose. Mais, il avait un mauvais pressentiment, une intuition. Non, ce n'était pas le cas, Meetra allait bien, et ils allaient se revoir, et elle lui rendrait son pendentif et... Et après, ils verraient. Ils verraient bien si ils se reverraient ou pas. Mais au fond de lui, Ralkorb était convaincu  qu'ils continueraient de se voir. C'était sans doute dangereux, mais que valait la vie sans un peu de danger, un peu d'appréhension, de peur.

Son cœur accélérait de plus en plus, voilà que Zeon lui faisait la morale sur ce que représentait l'attachement. La haine n'était qu'une arme, une arme que Ralkorb savait utiliser. Mais l'attachement, c'était ce qui rendait les sith plus humains que n'importe quels jedi. Par la passion, j'ai la puissance. L'attachement est directement lié à la passion. L'amour, est l'étape finale de l'attachement, l'amour est une chose incroyablement puissante, plus puissante que n'importe quelle colère. Ralkorb restait silencieux, que pouvait-il dire. Rien, exposer le fond de sa pensée ne ferait que faire croître les soupçons infondés que Zeon à sur Ralkorb. « Oui, seigneur. » Dit-il simplement, alors que la peur continuait de croître en lui.

Son cœur manquait un battement quand Zeon lui tendit le pendentif qu'il avait donné à Meetra. Son cœur battait maintenant à toute vitesse. Comment, comment avait-il eu ceci, quelque-chose de grave, de très grave s'était passé. C'était impossible, pas possible. Meetra n'avait pas pu se servir de lui comme ça. Ce n'était pas possible. Elle était trop émotive pour qu'elle n'ai en tête que d'utiliser Ralkorb pour obtenir un quelconque renseignement sur les sith. Et aux dernières nouvelles, ce n'était pas Ralkorb qui avait emmené Meetra sur Korriban. Ce n'était pas Ralkorb qui avait ordonné à un apprenti de partir à sa recherche. Il arracha le pendentif des mains de Zeon. « Qu'avait vous fait ? » Demanda-t-il alors que la colère commençait à monter dans son cœur.

Non... C'était impossible. Pas maintenant, pas comme ça ! Ralkorb restait là immobile. Une larme coulait sur sa joue, sans qu'aucune expression ne se dessine sur la visage su sith. Cela ne pouvait pas être vrai. Le rythme cardiaque du sith s'était ralentit, presque coupé. Il restait là, sans dire un mot. « Vous mentez... » Dit-il sans vraiment y croire. Finalement, ses jambes ne supportèrent plus son poids. Il tomba lourdement à genoux. Il observait d'un œil absent le pendentif. Avant de serrer de toute ses forces sa poigne sur le bijoux. « Votre fille... » Parvint-il a articuler, la gorge serré. « Vous avez tué... Votre fille. » La colère continuait de monter dans le cœur du sith, toujours plus. Il était prêt à sauter à la gorge de Zeon, prêt à l'égorger sur place, le couper en morceaux. Levant ses yeux rouges de rages vers le seigneur sith, il hurla enfin. « Votre fille ! N'avez vous donc aucun cœur !? Vous obsessive aux ordres sans réfléchir, comme un bon chien à qui on apprit à donner la patte ! Le code sith à pour objectif de nous libérer ! Pas de faire de nous des esclaves ! ». Serrant toujours plus sa poigne sur le bijoux, ses ongles vinrent se planter dans la chaire de sa main, laissant couler un fin ruissellement de sang au sol. « Je vous hais ! » Hurla-t-il de toute ses forces avant tomber lourdement au sol et de laisser couler les larmes qui attendaient de se déverser.

Il n’y avait nul besoin de percevoir les perturbations dans la Force pour comprendre qu’au fur et à mesure de la discussion, Ralkorb exposait ses sentiments pour Meetra et dévoilait sa faiblesse au Seigneur Sith. Alors que le jeune homme arracha le pendentif de la main de Zeon, il lui demanda ce qu’il avait fait, exposant la soif de vengeance qui montait en lui comme l’éruption d’un volcan. Si ce malheureux était à ce point exposé à ce sentiment qu’est l’amour, il ferait sans doute mieux de mourir ici même des mains de celui qui lui avait accordé son rang. La discussion continua et les paroles du Grand Instructeur de l’Ordre ne semblèrent pas convaincre Cerberus du danger que représentait la Jedi dont il s’était entiché. La faiblesse qu’il exposait face au plus intransigeant membre du Conseil Sombre ne jouait pas en sa faveur et il risquait très gros en montrant une telle sensibilité. Zeon le laissa donc dévoiler sa pensée dans un hurlement, écoutant avec attention chaque mot dont les conséquences pourraient bien être funeste pour le pauvre homme dévasté par le chagrin.

Sans un mot, il observa Ralkorb se laisser aller à la rage et à la tristesse, tombant au sol dans un hurlement. Les larmes affichées par le sith étaient des plus consternantes et un tel sentimentalisme ne risquait pas d’être sans conséquence tôt ou tard. Sans la moindre émotion dans ses mots, Zeon reprit la parole afin de voir s’il y avait encore quelque chose à sauver chez lui ou si une exécution sommaire était préférable.

« Cerberus, votre sentimentalisme est affligeant. N’avez-vous pas montré votre détermination auprès de l’Ordre Sith en tuant votre père ? Si mes informations sont exactes, vous avez même tué votre frère. Vous pensiez sans doute qu’un fils peut tuer son père pour prouver sa valeur et son allégeance mais qu’il est inconcevable que l’inverse n’arrive ? Vous n’êtes pas naïf à ce point, n’est-ce pas ? Meetra Thek était une menace pour l’Ordre Sith. Après son enlèvement par le Jedi Galen Kale, il l’a manipulé pour profiter de ma faiblesse et cela a presque réussi. Si ton objectif est de trahir l’Ordre Sith et de ne pas le protéger lorsque cela est nécessaire pour assouvir un sentiment d’affection ridicule, tu as tué ton frère et ton père pour rien du tout. »

Calmement, il s’écarta du pitoyable jeune Darth au sol qui pleurait comme un gamin. Il continua à développer sa pensée qui était en soi une chose que Ralkorb avait apprise à la dure durant de longues années.

« Chez les Siths, le sentimentalisme n’est pas une voie à choisir et on fait le choix de s’en détourner dès qu’on s’engage dans l’Ordre. Tes sentiments pour Meetra ont été utilisés contre l’Ordre, tout comme les miens. Tu pensais sincèrement qu’une Jedi et un Sith allaient tranquillement vivre leur petite vie remplie d’amour et de joie ? La naïveté est un luxe qu’on ne peut pas se permettre dans notre vie. J’ai corrigé notre erreur à tous les deux. Tu peux me haïr pour cela, je n’en ai cure cependant, n’oublies pas une chose très importante, si tu détournes de l’Ordre et de Darth Millenial, tu en payeras les lourdes conséquences. »

C’était toujours le problème de ces gamins bourgeois venant d’une ancienne famille sith et qui se croyait tout permis. Au final, ils ne sont jamais assez endurcis que pour supporter une vie où l’Ordre Sith représente tout. Depuis toujours, Darth Zeon avait un doute à chaque intégration d’un sith sur base d’un antécédent familial et une affinité à la Force. Cela avait été plusieurs fois la cause de discussions acharnées et même de réflexion auprès de son Maître car selon lui, il fallait briser ces jeunes aristocrates siths afin de pouvoir en faire de vrais guerriers. C’était d’ailleurs une des raisons pour laquelle il se montrait particulièrement dur envers les recrues exposant leurs ancêtres comme une prostituée montre ses seins.

« A force de faire dans le sentimentalisme, tu ne parviendras jamais à devenir puissant. Un Sith se libère de son passé en éliminant ce qui le retient dans la faiblesse. J’ai tué mes parents, tu as tué ton père et ton frère, penses-tu sincèrement que ma fille nous aurait rendu fort ? »

Ralkorb, comme l'enfant qu'il n'avait jamais pu être était effondré, perdu dans les flots incessants de larmes qui coulaient de manière ininterrompue. Mais même en pleurant, il restait silencieux, muet comme une tombe. Puis, à nouveau sa tristesse se transforma en haine, il finit par se relever pour faire face à Zeon, ses yeux étaient injectés de sang et cerclés de rouge, ils fixaient Zeon avec une intensité malsaine, un regard mauvais. Toute la violence et l'animosité qui animait Ralkorb était visible dans son regard. Il ne savait pas ce qui le retenait de se jeter sur Zeon, sortir son sabre et le trancher en deux, ses ongles toujours enfoncés dans la paume de sa main continuaient de laisser se déverser un filet de sang au sol. Son sabre laser l’appelait, il avait soif de sang, soif du sang de Zeon. Un jour, il l'aurait, un jour il boirait son sang, et s'en délecterait.

Et voilà que maintenant, Zeon faisait référence à son père et son frère, les deux hommes qu'il avait le plus haït dans sa vie, son frère n'avait jamais eu la moindre affection pour lui, il ne prenait que du plaisir à le torturer, alors Ralkorb s'en ai débarrassé, son père aussi n'était qu'un déchet un faible ne recherchant qu'à torturer son fils. « Je n'ai pas tué mon frère pour les sith. Je l'ai tué car je le détestait, j'ai tué mon père pour la même raison. Même si on m'a ordonné de le faire, je l'ai fais avec plaisir. Rappelez vous, je me débarrasse toujours de ceux que je déteste... Toujours » cracha-t-il à Zeon, ses yeux toujours animés par la même animosité.

Il serra les dents, si fort que sa mâchoire s'en retrouva engourdie. « Alors nous ne valons guère mieux que les jedi... »Lacha-t-il avant de se détourner de Zeon. « Les jedi se brident en bannissant leurs émotions... Et vous voulez que me bride aussi... Vous voulez que je ne me serve pas de toute les émotions que je peux ressentir... Alors vous n'avez rien compris... » Il fit une pause. L'un des vases qui décorait la pièce éclata. « La passion... » Puis un autre fracas. « La haine ». Un autre « L'attachement... » rien ne se passa, jusqu'à ce que tous les vases encore en état n'éclatent en même temps. « Tous ces sentiments sont étroitement liés au coté obscur... Se détourner de l'un d'entre eux c'est renoncer à se qui fait de nous des hommes libres, des sith. »

Ralkorb ria d'un air mauvais. « Fort ? Fort ? » Il secoua la tête avec mépris avant de se diriger vers la porte. « La force ne suffit pas... Le plus puissant des sith ne vaut rien face au plus malin. Meetra... Meetra ne m'aurait pas rendu plus fort, mais pas plus faible. Simplement... Plus vivant... » Dit-il alors qu'il allait quitter la pièce, il se ravisa avant de prendre une nouvelles fois la parole. « Je ne trahirais pas les sith, je lui suis fidèle... Mais je ne suis pas votre toutou. »

Le jeune Ralkorb semblait particulièrement touché par la mort de Meetra et c’était une bonne chose car cela allait attiser sa puissance mais bon, il fallait encore qu’il parvienne à l’utiliser de la bonne façon. Bien sûr, ses sentiments allaient poser quelques problèmes, surtout vis-à-vis de sa loyauté à l’Ordre et Darth Millenial. Il détourna la mort de son père et de son frère comme n’étant pas un abandon au côté obscur, mais comme la concrétisation de sa rancœur envers eux. Tout cela commençait à devenir inquiétant pour la suite et si son instinct avait voulu pousser Cerberus dans ses retranchements pour améliorer son lien avec la Force et le côté obscur, il lui disait maintenant que les convictions du jeune Darth n’étaient plus en accord avec l’Ordre et qu’il devenait potentiellement dangereux.

« C’est toujours le problème avec ceux croyant avoir une quelconque légitimité à cause de leur lignée … »

Laissant le reste de sa pensée en suspens, le Seigneur Sith écouta avec attention la suite des pensées de Ralkorb. Il ne semblait pas avoir compris les mots et les intentions du Grand Instructeur et pourtant, il n’était pas loin de la vérité. Le souci principal était de ne pas confondre les sentiments avec les états d’âme. On peut être amoureux sans être mielleux ou niais, on peut être en colère sans perdre la raison et devenir enragé. Tout cela relevait du contrôle de soi et de ses émotions. C’est en les utilisant au bon moment qu’un sith décuple sa puissance et non pas seulement en les éprouvant comme une personne lambda. Il laissa donc le Sith faire ce qu’il voulait, le regardant s’énerver sur les vases avec une certaine indifférence. Il était évident que l’amour l’avait aveuglé et qu’il avait perdu tout sens de la réalité. Il n’était certainement pas du genre à pouvoir choisir l’Ordre Sith à la place de cette émotion, et c’était le danger de la situation. Si Meetra avait par miracle survécu à leur affrontement sur Stoga, Cerberus pourrait certainement les trahir un jour.

« Un Sith utilise ses émotions aux moments où il en a besoin. Pourtant, il ne se complait pas dans la chaleur de cet amour que tu sembles désirer. Un événement, un souvenir, une sensation, tout cela n’est que le déclencheur. Il te faut donc un panel d’expériences et savoir te les remémorer lorsque tu as besoin de cette émotion pour en utiliser la puissance. Actuellement, ta colère envers moi est palpable, mais ce qui te différenciera des autres et te rendra plus puissant, c’est de parvenir à te remémorer ce sentiment lorsque tu en auras besoin, que cela soit face à moi, ou même un Jedi. Que crois-tu que les Jedis craignent par rapport aux sentiments ? A l’amour par exemple ? C’est simple. L’amour crée l’attachement et la perte de la personne à qui tu tiens, fait basculer vers le côté obscur. Ce n’est donc pas l’amour qui rend puissant, mais bien la perte de cet amour. »

Avec un peu de chance, Ralkorb allait ouvrir les yeux avant de commettre une erreur mais bon, pour cela il lui fallait réfléchir aux mots de Zeon et ce n’était pas gagné. En effet, la colère venait de la perte d’un sentiment positif car aucun doux sentiment ne rendait fort tant qu’on le possédait toujours. Bien sûr, cela voulait dire que chaque sith puissant devait expérimenter la souffrance de la perte de son bien-être pour atteindre une autre étape mais bon, sans cela, il était impossible de se démarquer des autres. Annonçant qu’il ne trahirait jamais l’Ordre Sith magré tout, Cerberus se prépara à quitter la pièce. Darth Zeon lui lança tout de même une dernière mise en garde.

« Mon action m’a été ordonnée par Darth Millenial en personne. Rien que ta réaction est déjà une trahison de l’Ordre Sith auquel tu appartiens. Réfléchis à mes paroles et regarde en toi ce que tu veux devenir. Dans ton état actuel, emprisonner par un sentimentalisme inutile qui place le souvenir d’un doux sentiment au-dessus du nouveau résultant de sa perte, tu resteras faible. »

Voilà que maintenant Zeon mettait en cause la lignée de Ralkorb. Cela sonnait presque comme une insulte aux oreilles du jeune darth. Il avait toujours voulu s'éloigner le plus possible de son père, il l'avait haït de toute son âme. De plus, il n'avait aucune légitimité auprès de lui, il était devenu un traître, c'est pour cela que sa mort a été souhaitée, c'est pour cela que Ralkorb l'a tué. Cette époque maintenant révolue représente beaucoup pour Ralkorb, c'est à ce moment là qu'il avait senti véritablement toute la puissance du coté obscur couler dans ses veines, même lorsqu'il avait accédé au rang de darth, il n'avait pas ressenti une telle puissance, un tel enthousiasme, depuis un moment,  les choses ne bougeaient plus réellement. Depuis que son ancien maître, Feren avait disparu sans laisser de traces, depuis cet événement, Ralkorb n'avancait plus. Il avait bien accédé au rang de darth mais... Ouais, c'était pas pareil. « Je ne crois avoir aucune légitimité. M'avez vous déjà entendu me venter de mes origines ? »

Ralkorb ne voulait plus entendre Zeon, il ne voulait plus entendre sa voix, il ne voulait plus le voir. Il avait entendu les conseils de son ancien mentor, mais il ne les avait qu'à moitié écouté. Il était trop fou de rage pour penser de manière rationnelle, il donna un coup de pied rageur contre le sol. « Ca c'est ce que tout les sith font, mais aucun n'a tenté autre chose... » dit-il, se tenant dans l'encadrement de la porte.

Non, il ne trahirait pas les sith, du moins pas pour l'instant, il leurs étaient toujours fidèle, même si sa confiance en eux avait bel et bien baissée. Il ne répondit pas, il se contenta de quitter la pièce, il en supportait soudainement plus l'air de Korriban, il se précipita dans son vaisseau, le plis rapidement possible, il quitta la surface de la planète et régla sa trajectoire vers Onderon... Une fois le saut dans l'hyperespace fait, Ralkorb éclata à nouveau en sanglots.