L'enfermement, voilà bien un sentiment que je n'appréciais que très peu. Mon père avait voulu m'enfermer dans la tradition familiale et grand mal lui en avait pris, je n'avais pas tardé à fuir finalement cette vie agricole. Je n'aimais pas trop les petits espaces sans en devenir malade pour autant comme certains. Disons que si je peux éviter un ascenseur je l'éviterai autant que possible, en plus de ça les marches c'est bon pour s'entretenir et avoir la forme. Sur Corellia, les choses sont très différentes, l'enfermement n'a pas cet horrible sentiment d'oppression, après tout c'est tout une planète qui est enfermée, pas une petite pièce exiguë. Ca n'en demeure pas moins agréable d'être ainsi piégée sans savoir par qui ou pour quoi. Après ce qui était arrivé sur Naboo, il était facile d'imaginer le pire pour Corellia. Les autorités faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour maintenir un semblant d'assurance, pour garantir à tout le monde que la sécurité était assurée mais comment les croire quand toute leur planète est emprisonnée ? Je n'aimerai pas être à leur place, entre l'inquiétude qui monte et la grogne qu'elle génère, voilà les élus à la tête d'une poudrière. Alors quand les seuls mots ne suffisent plus à apaiser les citoyens, la distraction peut y parvenir au moins un petit peu. Ca ne serait pas une solution miracle mais comme personne ne semble vraiment savoir ce qu'est cette sphère ou qui en a la responsabilité, gagner du temps était la meilleure chose à faire pour les dirigeants.

Voilà comment je me retrouvais sur une place de Coronet City en compagnie de deux autres bretteurs du tournoi auquel nous étions venus participer. Les organisateurs du tournoi, contactés par les autorités, s'étaient vus proposés d'animer un peu les places par des démonstrations et cours gratuits. Sur la trentaine de participants nous n'étions que trois et pas franchement les meilleurs. L'un des deux était un jeune, pas plus de quinze ans, son premier tournoi, il participait dans la catégorie junior mais était très nouveau dans le monde de l'escrime. L'autre était un homme aux abords de la cinquantaine, il avait connu bien peu de victoires dans sa carrière de bretteur mais il persévérait en véritable passionné. Hélas pour lui son manque de grâce et de légèreté n'était pas compensé par une force surprenante ou une technique irréprochable. Il était l'archétype du passionné qui faisait cela uniquement par bonheur mais sans jamais chercher à briller. Des trois j'étais sans doute la seule vraie compétitrice mais cela importait peu, je n'étais pas là pour les affronter ou remporter un prix. Mon entraineur n'avait pas été emballé à l'idée de donner quelques cours gratuits sur une place de Coronet City mais ça m'avait semblé une bonne idée. Je passais presque tout mon temps à m'entrainer depuis l'annonce de ce tournoi, cela me ferait du bien, me permettrait de partager ma passion un petit peu et puis … je m'étais rendue compte d'une relative célébrité à laquelle je n'avais jamais prêté attention. Loin de m'en enorgueillir, je laissais aux deux autres, respectivement à l'ado de s'occuper des adultes et au cinquantenaire des adolescents pour me consacrer aux plus jeunes.

Le contact des enfants était amusant, voir les petits sabres d'entrainement dans leurs petites mains me faisait sourire. Les mouvements les plus simples que je faisais et qu'ils tentaient de répéter avec toute l'adresse dont ils étaient capables ne manquaient pas de donner un spectacle touchant. Chacun avait droit à ses petits conseils et ses encouragements ce qui ne manquait pas de provoquer un regain de motivation à chaque fois. Ils ne sont pas bien nombreux et tout se passe sous l'oeil très attentif de leurs parents et de quelques passants curieux. Le café face à la place voit sa terrasse accueillir des observateurs curieux et des parents inquiets mais aussi des amoureux regardant leur moitié un sabre d'entrainement en main. Avec mes deux compères nous avons placé sur une petite table un sabre d'entrainement avec un petit mot : Challenge us. Jusque là aucun téméraire n'avait osé s'y risquer même si certains s'y étaient fait défier par des amis. Je dois bien l'avouer, je me sens bien cet instant. Je n'avais jamais songé à un après carrière, pourquoi le ferai-je à mon âge ? Pourtant à conseiller et reprendre mes bretteurs en herbe, je me sens vraiment bien. C'est rassurant de savoir que je pourrai toujours devenir découvreuse de talent dans le futur.