Aux grands maux les grands remèdes. À force d’être bloqué sur ce système planétaire, contenant une partie de frustration et bien trop d’interrogations face à la situation actuelle, Revan décide de prendre les choses en main, de son côté, pour tenter d’en apprendre davantage. Elle sait qu’en matière d’informations, au sein du Premier Ordre, il n’existe qu’une personne parfaitement incontournable et particulièrement efficace. Aisha Gregorya, plus connu sous le surnom de « La Directrice » ayant justement une antenne sur Corellia. Elle sait que la jeune femme est passée maîtresse dans l’art des renseignements et plus largement, qu’elle se tient au courant d’absolument tout, même lorsque les communiqués officiels se clament d’être transparents. Revan la première sait que la transparence totale n’existe pas, qu’elle n’est qu’une utopie en laquelle personne ne croit. C’est justement pour cela qu’elle rend visite, d’un pas décidé à Aisha. Les deux femmes se connaissent depuis plusieurs années maintenant. Sans pouvoir se targuer d’être proche d’elle, Revan sait qu’elle est dans les petits papiers de la Directrice. Si bien qu’elle n’aura aucun mal à obtenir une entrevue, bien au contraire. Qui plus est, les Ren ont toujours un accueil respectueux, au sein du Premier Ordre et beaucoup se garde bien de leur barrer la route. Revan n’est, en plus de ça, pas réputée pour être douce et patiente. Plus connue pour ses prouesses en interrogatoire et ses capacités au combat, que pour ses aptitudes sociales ou politique. Le dialogue n’a jamais été son fort, mais elle sait, pourtant, se faire comprendre et entendre.

Capuche sombre rabattue sur son visage, lui permettant de voir sans être vu, sa tenue n’est pas entièrement d’un noir habituel. Tirant plutôt vers le gris et le marine. Comme si rajouter quelques couleurs l’empêche d’avoir cette aura mauvaise et sombre. Le côté obscur semblant pourtant émaner de toute sa personne. Ses longs cheveux bruns tombent en cascade sur ses épaules, alors qu’à sa ceinture, sa double-lame trône fièrement, ne la quittant jamais. Même lorsqu’elle dort, Revan ne laisse jamais son arme très loin d’elle. Loin d’être paranoïaque, elle est simplement prudente. Méfiante.
Parvenant à hauteur du bâtiment, à l’apparence tout à fait ordinaire, elle s’y engouffre rapidement, se dirigeant vers l’ascenseur sans ne soulever aucune question des réceptionnistes présents. À croire qu’ils savent. Ce qui est certainement le cas, s’ils travaillent véritablement pour Aisha. Les Ren ne sont en rien un secret pour la galaxie. Prenant la direction du dernier étage, elle retire enfin sa capuche, dévoilant son visage, un air fermé et décidé. Bien décidée à obtenir des réponses. Qu’importe si elle doit se montrer légèrement abrupte. Joignant les mains devant elle, elle suit du regard son cheminement jusqu’à la sonnerie, tintement cristallin, lui annonçant enfin sa destination. Les portes s’ouvrent sur un petit hall, contenant le bureau de l'assistante de celle qu'elle vient voir aujourd'hui, qui semble particulièrement concentrée. S’avançant vers elle, Revan s’immobilise jusqu’à ce que la jeune femme lève le regard vers elle, reconnaissant sans mal le type d’interlocuteur à qui elle a affaire. Sourire intérieur, alors qu’elle peut lire la peur dans le regard de l’innocente qui lui fait face. Intimidante qu’elle est. Effrayante, pour d’autres. Bien plus crainte, qu’aimé. « Est-elle ici aujourd’hui ? » Nul besoin de prononcer le sacré saint nom, ou encore pseudo. Inutile de se complaindre en manière alors que, pour venir jusqu’ici, il faut déjà savoir pourquoi. « Oui, bien… Bien sur ! Allez-y » Inutile d’en demander davantage.

Revan prend donc la destination de l’imposant bureau dans lequel elle pénètre silencieusement, refermant la porte derrière elle. Son manteau toujours sur ses épaules, elle s’approche. « Bonjour Aisha » Dit-elle simplement, d’un ton parfaitement neutre, alors qu’elle fait quelques pas en direction du bureau, tandis que la brune se redresse, affichant un sourire qui ne sonne pas faux. Peut être juste intrigué, intéressé. Beaucoup de suppositions et peu d’affirmations, lorsqu’il s’agit d’Aisha. Revan a bien compris qu’elle n’est pas de ces proies facilement intimidées ou manipulables. Bien au contraire. Bien plus chasseur que proie. « J’imagine que vous vous doutez du pourquoi je suis ici aujourd'hui » Affirme t-elle simplement, restant debout non loin du bureau, joignant de nouveau les mains devant elle, machinalement. Le calme empli Revan qui ne se sent ni menacée, ni nerveuse. Au contraire. Elle sait, cependant, qu’elle est là pour affaire. Pour des informations, pour des réponses, pour un but bien précis. Elle ne laissera pas à Aisha le loisir de tenter de la manipuler allègrement pour ne rien lui révéler. Certainement pas.

Il était amusant de se dire que l’on pouvait se sentir confiné, enfermé sur une planète sans espoir de pouvoir s’en échapper pour le moment. Mais une planète… C’est immense, avec toutes ces choses à découvrir. J’avais toujours apprécié Corellia pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait de la planète qui m’avait vu naître et grandir. Cependant, ne pas pouvoir voyager au travers de la Galaxie était handicapant. J’avais simplement l’avantage de connaître par cœur l’endroit où je me trouvais, contrairement à certaines personnes qui étaient présentes ici pour affaires ou pour simple tourisme. Je n’osais pas imaginer la frustration qui devait habiter les personnes qui étaient venues ici pour quelques jours, tout au plus, espérant pouvoir retourner chez eux, revoir leur famille. Ils étaient bloqués pour un petit temps… Enfin… Peut-être même plus grand que ce qu’on pouvait l’imaginer, à vrai dire. Car oui, ce qui enveloppait le système Corellien était très particulier et malgré toutes les informations que je pouvais recevoir, je n’avais malheureusement pas de réponses sur la véritable origine de tout ceci, ni le moyen de s’en débarrasser. Mais en un sens, cette situation pouvait être une aubaine pour pouvoir capturer des résistants et les faire parler en toute impunité et en toute discrétion. J’avais mes méthodes, pour cela.

Je me trouvais à mon bureau, pianotant sur un terminal alors que ma secrétaire m’interrompit via le système de communication, me précisant qu’une membre des Chevaliers de Ren était présente. Je n’avais même pas besoin de réfléchir pour savoir qui était derrière cette porte qui venait de s’ouvrir à l’instant. Je lui fis un petit sourire, ravie simplement de la voir. Revan était une personne qui pouvait faire trembler n’importe qui, elle inspirait plus de crainte que d’amitié, mais moi, j’y voyais tout à fait autre chose. « Bonjour Revan. » Dis-je en lui répondant d’une douce voix, chassant une mèche de cheveux derrière mon oreille, cheveux qui tombaient en dessous de mes épaules. J’avais toujours apprécié les cheveux longs et je n’avais pas souvenir les avoir eu court, un jour. Revan prit la parole et j’eus un nouveau sourire en coin.

« Directe, comme toujours. C’est ce qui fait votre charme, je suppose. » Ajoutais-je dans un ton plutôt léger, mais pas dénué de sens pour autant. Revan avait du charme, un charme qu’elle n’exploitait pas, étant plutôt du genre à être froide et à utiliser son arme au lieu de sourire à quelqu’un. Une personnalité bien différente de la mienne. Elle semblait être fonceuse alors que j’étais plus calculatrice, plus patiente. Je lui désignai le siège en face de moi pour qu’elle puisse s’installer, fermant le dossier qui était ouvert sur mon écran afin de pouvoir me concentrer pleinement sur mon interlocutrice.

« Vous savez, avec un peu de plus de patience et de subtilité, vous pourriez faire des miracles et être davantage redoutable. Sortir son arme est une chose, mais se fondre dans la masse en est une autre. » Dis-je avec un léger sourire. Je ne doutais pas des capacités guerrières de Revan, c’était le reste surtout.

« Je me doute de ce qui vous amène ici. Nous sommes tous prisonniers. Mais si vous êtes venus pour savoir clairement ce qui nous arrive, j’ai bien peur de vous décevoir. Les informations ne circulent pas aussi bien lorsque le réseau est autant confiné. » Dis-je en posant mes yeux bleus sur elle.  
 

Directe, allant droit au but, c’est ce qu’Aisha souligne. La vérité, en tout temps. Que cela soit lors de ses missions, comme avec ses proches, ou simplement collaborateurs, puisque Revan n’a guère de proches. La plupart du temps, elle ne s’encombre pas de fioritures ou d’élocutions diverses. Elle n’a jamais réellement apprit autre chose qu’une simple politesse protocolaire. Les banalités d’usages, dont usent la plupart des gens, peuvent souvent représenter une énigme pour elle. Elle ne sera jamais la femme qui demandera des nouvelles des enfants, du compagnon ou plus largement de la forme physique. Elle estime que chacun doit faire avec ses propres problèmes et qu’elle n’est pas là pour absorber et compatir aux péripéties des uns et des autres. Elle n’en a que faire.
Son respect est bien plus important. Et le respect de Revan va naturellement à Aisha dont elle reconnaît le professionnalisme et l’efficacité. Et ce depuis pratiquement le début de leur collaboration. La chevalier de Ren se fait rapidement une opinion de ses interlocuteurs, qui se renforce ou non avec le temps. Mais sans déclarer un réel jugement, disons qu’elle a une certaine appréhension, comme un pressentiment qui s’éveille doucement en elle lors des premiers regards ou des premières paroles.

Droite, devant le bureau de la directrice des renseignements, elle l’observe sans broncher. Aucune réelle émotion ne passe sur son visage, bien trop souvent stoïque et fermée aux ressentis extérieurs. Mais Aisha, elle, est bien plus abordable, souriante, chaleureuse. Revan n’a jamais su s’il s’agit là d’une façon de se faire bien voir des êtres de son espèce ou si cela est son véritable caractère. Cependant, elle a bien conscience que la brune en face d’elle est une adepte des masques, des jeux d’actrice parfaitement maîtrisés et des informations tenues secrètes. Même si, jusqu’à présent, Revan n’a jamais eu à lui faire du mal pour obtenir quoi que ce soit. À vrai dire, étonnement, Aisha a toujours été très coopérative, à croire qu’elle l’apprécie, ce qui laisse perplexe la Chevalier de Ren, ayant plus l’habitude d’être crainte, voir haït, que réellement appréciée.
Prenant place sur le siège désigné par Aisha, Revan croise machinalement les jambes, gardant joignant ses mains sur sa cuisse supérieure, dans une attitude parfaitement calme. Disons en pleine possession de ses moyens. « Vous savez que je n’aime pas m’embarrasser de formes » Déclare t-elle simplement à la suite de la première réplique de son interlocutrice. Cette dernière entame donc une banale explication la concernant, qui laisse Revan perplexe. « Je ne vois pas réellement où vous voulez en venir. On ne m’a jamais demandé de faire de la politique ou de longues phrases » Repond t-elle simplement. Revan n’est pas une bavarde, elle ne l’a jamais été et ne le sera probablement jamais. Aussi, les jeux qu’insinue Aisha lui paraissent particulièrement abstraits. La subtilité n’a jamais été son fort, bien que Revan soit réfléchie et observatrice.

« Vous ne me cacheriez pas une information importante, Aisha ? N’est-ce pas ? » Probabilité que la brune lui mente délibérément. Même si Revan en doute, elle ne peut réprimer un élan légèrement intimidant, bien que la directrice du renseignement ne soit pas femme à se laisser déstabiliser par un rapport de force. Simplement pour appuyer sur le fait qu’elle ne voudrait pas être trahi par elle. Jamais. Elle place une certaine confiance, bien que doublée de méfiance, envers Aisha et bafouer la chose serait une honteuse trahison pour la jeune Chevalier. « Ne me dites pas que vous n’avez réellement rien ? Qu'en est-il des traîtres, alors ? Avez-vous débusqué quelques groupuscules hostiles ? Ou des rebelles, peut être ? » Une envie, soudain, de se faire la main sur quelques rebelles. Les annihiler, jusqu’aux derniers. Bien que loin du sadisme pur, Revan aime le travail bien fait et la rébellion est une épine dans le pied du Premier Ordre. Une épine à retirer.