« On qualifie d'impossible les choses que l'on n'a pas vraiment envie de faire. »

Vivre : voilà ce que chaque être désirait plus que tout au moment de sa naissance. Cela pour une raison qui semblait floue, insaisissable. Surtout lorsque l'on voyait l'univers dans lequel on était amener à lutter pour sa vie, pour celle de sa famille et parfois plus encore. Alors pourquoi s'infliger des problèmes supplémentaires ? Difficile de trouver des réponses.

Comme beaucoup d'autres, Fauve s'était rendue à la réunion de Tyrena. Comme beaucoup d'autres, la cheffe avait été impactée par cette nouvelle affaire. Après l'histoire de la 119 qui avait compromis ses affaires, aujourd'hui elle se voyait d'une humeur plus qu'indescriptible. Alors, comme beaucoup d'autres, elle prêtait oreille attentive à ce qui pouvait se dire. Loin d'elle l'idée de vouloir céder à la panique, au chaos. La corellienne était bien trop pragmatique pour se laisser aller à des comportements primaires et instinctifs. A ses côtés, légèrement en retrait, Sky et Hjalmar tenaient lieu d'escorte discrète. Ils surveillaient, par habitude, la foule déjà présente. Il fallait se préparer à toutes éventualités en cas de débordement ou de mécontentement de la part de certains. Pour l'heure, il n'y avait aucune raison de présager le pire. Mais… c'était difficile de ne pas y penser.

Une voix s'éleva, attirant le regard de la rousse qui se tenait un peu en hauteur pour avoir une meilleure vue sur le centre ville et sur les représentants de Corellia. Cette armure… Elle la reconnaîtrait entre mille. Fauve esquissa un léger sourire avant de reporter son attention sur les conversations et notamment sur les origines du bouclier qui isolait la planète du reste de la galaxie. Même sans être ingénieur, elle supposait qu'il pouvait y avoir deux origines à ce phénomène, soit c'était externe, soit c'était interne. A n'en pas douter, c'était une technologie intéressante d'un point de vu défensif, un peu moins d'un point de vue offensif en matière de siège. Or pour l'heure, cela posait plus de problèmes que de solutions.

S’il y a bien une chose que Naiya déteste par-dessus tout, c’est être purement et simplement victime des évènements, sans n’avoir aucune emprise sur eux. C’est exactement ce qu’il se passe, alors que cherchant à quitter Corellia après sa réunion d’affaires, on lui annonce qu’une sphère étrange entoure la planète, empêchant quiconque d’entrer ou de sortir. Froncement de sourcil agacé, alors qu’elle essaye de contacter Hapès, sa mère, le gouvernement, qu’importe. Colère, qui prend rapidement part d’elle alors que dans sa luxueuse suite d’un hôtel de Tyrena, elle brise un objet ou deux, en constatant qu’elle n’a aucun pouvoir en ce moment précis. Livrée aux évènements inconnus et totalement imprévisibles. Elle fait les cent pas, ce soir là, en s’interrogeant sur ce qu’elle va bien pouvoir faire. L’inaction est impossible pour la jeune femme qui compte bien, d’une façon ou d’une autre, quitter cette planète pour prouver qu’elle n’a besoin de personne. Ou qu’elle peut tirer son épingle du jeu, quel qu’en soit le prix.

La nuit se veut agiter, et c’est avec un évident manque de sommeil qu’elle se réveille, bien trop tôt, le lendemain matin. La nouvelle de la réunion de crise lui parvient rapidement, à peine diffusée. « Enfin ! » S’exclame-t-elle en se redressant dans son lit, son masque de sommeil sur le front, tandis qu’elle lit avec empressement le communiqué expliquant le but de cette petite réunion. Le flou du message ne laisse rien présager de bon, mais ce qui est certains, c’est que Naiya doit s’y rendre. Chercher à obtenir des réponses et peut être, à se placer de façon à pouvoir se dégager de cette emprise forcée la retenant en otage.
Une fois lavée, vêtu d’une longue robe sombre, agrémentée d’une veste aux broderies florales complexes et aux quelques pierres précieuses, ses cheveux blonds en cascade dans son dos, elle ne se pare que de peu de bijoux. Pourtant, elle affiche sans mal la richesse d’Hapès et donc plus largement, la puissance de son Consortium. Sans en être dédaigneuse et snob, disons que Naiya aime attirer les regards se faire remarquer et aujourd’hui plus que jamais. Si quelques ressortissants étrangers peuvent quitter la planète aujourd’hui, elle fera partie de ceux là. Un but toujours, bien défini.

Pénétrant enfin dans la salle de réunion, ses gardes se répartissant non loin d’elle, juste au cas où. Elle s’avance un peu, observant autour d’elle. Quelques visages vaguement familiers, d’autres non. Quelques membres du gouvernement de Corellia, certainement là pour donner enfin des réponses, du moins, elle l’espère. Une première personne prend la parole, posant une question que tous doivent se poser en cet instant, Naiya compris. L’origine de cette sphère, de cette bulle. N’ayant jamais réellement quitté le Consortium avant ces derniers mois, la princesse ne peut dire si la chose est déjà arrivée à sa connaissance. Il faut dire qu’elle n’a jamais accordé beaucoup d’importance au reste de la galaxie, pourtant, aujourd’hui, la chose l’intéresse particulièrement.
S’avançant enfin, après avoir été souligné de quelques regards curieux, certainement admiratifs ou au contraire craintif. Peut être dédaigneux. « En voilà une très bonne question ! » S'exclame-elle enfin, glanant à son tour l’attention pour se faire entendre. « Est-ce une mauvaise blague que de chercher à nous retenir tous en otage, ici ? J’espère que vous avez une très bonne raison, si vous ne souhaitez pas vous mettre tout un Consortium à dos et certainement plusieurs gouvernements. Puisque j’imagine aisément que cette petite nouvelle a déjà fait le tour de la galaxie. Alors oui, je pense que je peux parler, à raison, pour tous ceux présents ici, nous avons besoin de réponses. Et vite ! » L’agacement se lisant dans le timbre de sa voix. Naiya sait être patiente lorsqu’il le faut, mais certainement pas en cet instant.

Tant de vies, d'histoires toutes plus différentes et similaires à la fois. Toutes les personnes présentes à la réunion étaient un paradoxe tantôt touchant et tantôt révoltant. Certes, chacun était venu chercher une réponse pour éclairer égoïstement sa propre situation, quand que la solution ce devait d'être collective. Fauve observait la scène avec recule et objectivité, telle était son habitude et son caractère. Une nouvelle voix s'était élevée pour succéder à celle de Jill. Un visage qui ne lui disait rien et ne lui inspirait rien. La rousse l'écouta sans ciller mais à la fin de sa tirade, la native de Corellia ne pu s'empêcher de hausser un sourcil désapprobateur. Suite à quoi la mandalorienne répondit avec intelligence.

- Je ne sais pas qui vous êtes madame, mais je vous priais de ne pas parler en mon nom, dit Fauve à voix haute et de façon intelligible pour être entendu par tous, cela de façon à succéder aux propos de Jill. Pour ma part je me joins aux proposition d'entraides qui sont faites en offrant mes services pour ce qui est de l'organisation des ressources, poursuivit-elle à l'adresse des dirigeants. Corellia possède de nombreuses terres cultivables et je connais beaucoup de ces hommes et ces femmes qui les travaillent. Il faudra néanmoins faire face aux pillages des ressources qui ont déjà certainement eu lieu après l'apparition du champ de force autour de la planète. Si le gouvernement peut fournir une protection, je m'assurerait que chacun d'entre nous ait de quoi se nourrir tout le temps que durera cet événement.

Sur ses mots, Fauve reporta son attention sur la jeune femme à la chevelure blonde, n'adressant qu'une expression parfaitement neutre et intransigeante. Face à cette situation inédite, chacun allait avoir besoin d'être entendu, soutenu et motivé pour faire en sorte que l'effort qui allait leur être demandé soit un réconfort et non une peine. Là, elle porta son regard sur l'assemblée présente.

- Et je tiens à rappeler à tous ici présent, que nous ne sommes pas seuls à devoir faire face quelque chose qui échappe à notre contrôle, ajouta-t-elle d'un ton plus doux. Nous avons tous le pouvoir de faire en sorte que cela se passe au mieux. Ce qui demandera un petit effort pour mettre son ego de côté, mais en travaillant main dans la main nous prouverons que les peuples de cette galaxie ne sont pas que des victimes collatérales dans des conflits qui durent depuis des milliers d'années.

Restait à voir qui allait jouer le jeu, quels informations n'étaient pas encore entre le main et ce que le gouvernement pouvait mettre en place pour que les choses se passent au mieux. On pouvait bien crier après les dirigeants de Corellia, mais ils n'étaient que des créatures faillibles comme tout un chacun, il fallait leur pardonner les erreurs commises et à venir face à un cas que personne n'avait connu et géré par le passé.

Fauve était lasse. Elle contemplait cette foule qui n'avait pas grand sens. A dire vrai, c'était la preuve de plus que les citoyens n'étaient que des dommages collatéraux, des pertes négligeable. Malgré l'élan positif qu'elle et Jill étaient parvenu à lancer, c'était comme entendre l'espoir s'écraser contre l'épaisse muraille politique de cette société. Bras croisés, la cheffe arquait un sourcil réprobateur et écoutant la réponse des responsables politiques. Ces derniers n'étaient pas bien zélés. Ce n'était que des mots, rien de concret dans la bouche de celui qui avait pris la parole pour répondre à leurs interrogations. C'était toujours cela de pris, mais les institutions étaient toujours bien trop lente à se mouvoir quand le chaos venait frapper à la porte des civils.

Fauve entendit de nouveau la voix de Jill s'élever sous son casque de Mandalorienne. Mais bientôt quelque chose au dehors venait agiter ce qui devait être une réunion d'information. Est-ce que la corellienne était surprise ? Non pas vraiment, à dire vrai il lui en fallait beaucoup plus. Néanmoins elle vit Jill qui fendait la foule pour aller voir ce qu'il en était. Hjalmar et Sky avaient flairé quelque chose mais difficile de dire quoi. Méfiante, la rousse préférait battre en retrait pour le moment. Fauve, sans un regard pour ses hommes de main, se retira dans le flot des gens présents. Elle était redevenue une anonyme dans la foule des victimes. Sky, sur le qui vive, ne tarda pas à suivre la mandalorienne de loin pour prêter main forte au besoin.

Hjalmar suivait sa patronne de près, scrutant chaque visage croisé pour s'assurer qu'il ne fallait pas lui fendre le crâne à la moindre occasion. Plus petite, la rousse se faufilait rapidement pour sortir du bâtiment sans emprunter les grandes portes. Peut-être s'agissait-il d'une fausse impression, mais elle ne prendrait pas le risque de faire parti du spectacle navrant qui se donnait déjà dans cette réunion. Son esprit filait déjà, se tenant prêt au besoin, parce qu'il fallait réagir vite, c'était comme le coup de feu dans la cuisine d'un restaurant, être rapide, efficace et faire en sorte que le client ne sache jamais qu'il y a un problème. Et surtout... Elle ne voulait pas voir une nouvelle histoire comme cela avait été le cas pour la Station 119. Fauve ne le permettrait pas.