Je crois que le Sergent Sisk, mécanicien en chef du Precursor avait vu mon œil briller quand une pilote avait demandé de l'aide pour travailler sur sa Griffe Chiss. Je suis nouvelle à bord du Precursor mais je savais que tôt ou tard je serai amenée à travailler sur ces vaisseaux si particuliers. Je m'y étais intéressée comme mon supérieur m'avait fait entrer dans les informations dont le Premier Ordre disposait et j'avais étudié chaque ligne, chaque schéma jusqu'à les connaître par cœur. J'avais pu voir les Griffes, de loin du moins, mais j'avais envie d'en découvrir une de l'intérieur depuis cette semaine où j'étais arrivée. J'avais déjà pu montrer à mon supérieur que j'étais capable d'un bon travail mais également que je ne cherchais pas qu'à faire du travail "digne de moi". C'était malheureusement un fléau qui se répandait dans la profession, réparer une petite fuite hydraulique et se salir ? Pourquoi je ferai ça ? On n'a qu'a envoyer un des petits nouveaux sortis de son apprentissage ! Ce n'était pas vraiment mon genre et je crois que ça plaisait à mon supérieur qui m'avait même concédé avoir été inquiet à l'idée que mon aventure à bord du Raider ait pu faire de moi une arrogante crétine. Nous prenons le café ensemble depuis deux jours le matin, je pense que c'est un bon signe. En tout cas il semble y avoir un niveau de confiance suffisant pour qu'il me congédie d'un signe de tête quand la pilote avait fait son appel. Il m'autorisait à y aller et un sourire fendit mes lèvres alors que je prenais le chemin du hangar.

En route j'activais mon œil bionique, j'étais encore en train d'apprendre à vivre avec et notre relation terminait parfois en migraine quand je l'utilisais trop longtemps. La médecin m'avait assurée que les migraines passeraient, bientôt je ne le désactiverai et songerai peut-être même à le faire augmenter. Pour l'instant je suivais ce qu'elle m'avait dit, des sessions de quelques heures tout au plus, ne rien vouloir presser, l'apprivoiser et le laisser s'habituer à moi. Je ne l'activais pas en présence de personnes qui me voyaient au quotidien, je l'activais principalement quand une personne qui n'était pas de l'équipe mécanique devait me voir. Cela semblait rassurer les gens que j'ai deux yeux, ce n'était en rien un handicap pour mon travail mais … enfin … personne dans le Premier Ordre ne voudrait d'une twilek pour réparer les propulseurs de son vaisseau. J'imagine que les infirmes ont le droit au même traitement. Le temps d'arriver dans le hangar mon œil est parfaitement fonctionnel, parfaitement similaire à l'autre, quelqu'un qui ignore mon infirmité n'y voit jamais rien. Sauf un expert dans les technologies comme celle de mon œil. Trouvant la pilote qui avait demandé de l'oeil comme Sisk m'avait fait parvenir une photo, je me présente à elle. Mon statut civil m'épargne le salut militaire que je lui accorde quand même. Mon salut n'est pas négligé, il est militaire dans ma position et ma rigueur. Trois années sans avoir grand chose à faire dans un vaisseau pratiquement à la dérive, j'avais appris un peu du monde martial avec les quelques survivants du Raider. Tirer par exemple. Saluer. Le vocabulaire. J'adresse donc un respectueux salut militaire à la jeune femme.

« Shiveria Varot au rapport, Lieutenant-Major. Je suis la mécanicienne que vous avez demandé. »

Mon regard glisse légèrement au-dessus de l'épaule de la jeune femme pour se poser sur la Griffe, un magnifique appareil. C'est facile de se sentir petite à côté mais je m'imagine déjà me contorsionner pour en découvrir chaque soudure, en apprendre la place de chaque rivet. Un léger sourire ne peut se dissimuler sur mes lèvres. Je ramène mon regard sur la Lieutenant-Major.

« Quel est le problème ? »