Astoria se demandait souvent si parfois le destin mettait sur sa route des êtres incompétents ou alors malchanceux, elle ne saurait le dire. Parce que perdre trois agents, en trois jours pour la capture d’une seule et même cible… Cela avait le don de commencer à l’agacer fortement. La Sith ruminait depuis plusieurs heures maintenant, enfoncé dans son fauteuil au sein de l’appartement qui lui était réservé sur Korriban. Elle pensait que c’était simple : venir, capturer la cible, la ramener ici. Elle se demandait ce qu’il pouvait bien avoir de sorcier dans cette histoire. Alors certes la cible était un individu chevronné dans les arts du combat mais quand même ! Si elle avait estimé qu’ils étaient prêts, c’était qu’elle avait bien estimé. Rageuse, elle envoya valser le verre qui se tenait sur l’accoudoir de son fauteuil. Tout cela retardait ses plans. Elle avait besoin des informations que détenaient cet homme. C’était là le plus important. Sauf que tout était contrarié. Et bien puisque c’était comme cela, elle décida de s’en charger elle-même. Terminé ce petit jeu. Sans plus attendre, elle affréta une navette afin de partir sur Tatooine.

Durant le voyage interstellaire, Astoria passa en revue la mort des trois agents qu’elle avait envoyé. Ces derniers avaient été pourtant des individus accomplis. Sauf que cette fois-là, ils semblaient tous les trois tombés sur un os. Comme si à chaque fois que cela allait marcher, quelque chose venait mettre des bâtons dans ses roues. Sauf que l’empêcheuse de tourner en rond, c’était elle ! Elle et personne d’autres. Aux dernières nouvelles, l’homme devait quitter Tatooine et à partir de là, retrouver sa trace… ne serait pas impossible mais ardue. La fenêtre s’était ouverte, hors de question de la laisser se refermer.

A peine arrivée sur cette planète qu’elle ne connaissait que trop bien, elle revêtit sa combinaison avant de se draper dans un manteau pour se mêler plus aisément à la foule. C’était préférable de se faire discret en ces temps de tension. Aussi Sith soit-elle, elle était loin d’être invincible. Inutile d’ameuter les fous de la gâchette sur sa présence. Elle savait qu’elle était recherchée en tant que courtière en informations. Son visage était inconnu. Alors inutile qu’il le devienne à cause d’une situation qui aurait mal tourné.

Quittant le hangar où avait atterri la navette, elle se faufila discrètement pour rejoindre le flux de personnes qui se trouvaient dans le spatioport. Il devait quitter cet endroit à partir d’une navette qui se trouvait dans l’un des hangars non loin d’ici. A l’affût, elle quitta dès qu’elle fut arrivée, cette immense file pour entrer. Les lieux étaient presque déserts, seuls quelques individus se trouvaient là. Au fur et à mesure qu’elle s’enfonçait, la vie se faisait plus rare. Avançant toujours avec précaution, elle repéra finalement l’homme non loin d’elle.

Sauf que lorsqu’elle allait s’avancer davantage, elle vit une silhouette venir dans la direction de l’homme. Elle décida alors de se cacher contre un mur tout en ayant un angle suffisant pour voir ce qu’il se passait. Fronçant les sourcils, elle essayait de déterminer qui était le ou la nouvelle venue, elle n’en était pas encore sûre. Néanmoins une chose était certaine, il était préférable qu’il ou elle trace sa route rapidement sinon elle serait obligée de se montrer fortement dissuasive et elle n’était pas d’humeur à converser très longtemps…

Parmi les sables de Tatooine, Dune retrouvait la démarche élastique de son enfance, celle des gens des déserts et des vents brûlants. Cela était tout un paradoxe au fond, cette femme handicapée pour qui chaque geste se définissait comme une épreuve et une douleur, et qui savait cependant courir au milieu des sables en affrontant les danges de ce type d'environnement...
Dune, qui ne se considérait que peu belle ou attirante, ne le savait pas, mais dans un désert elle possédait alors tout d'une vipère, jusqu'au poison.
Sa proie se savait suivie, intérieurement la jeune femme en riait : le manque de discrétion pouvait devenir une arme lorsque l'idée de peur venait avec. Dune effrayait, rien ne la différenciait d'une autre personne à première vue, on ne remarquait pas ses problèmes, ses difficultés, juste une détermination farouche qui lui permettait d'avancer encore et encore tout en portant le masque de la normalité. Cétait cela qui terrifiait, car comment pouvait-on comprendre ce feu intérieur alors, en plus de l'étincelle minuscule qui brûlait en elle, non point le handicap, juste autre chose, quelque chose en plus pour remplacer quelque chose en moins lorsqu'elle n'était ni sith ni jedi à la fois.
La Force.
La jeune femme y était sensible, ne le savait pas, ou alors le savait sans le comprendre, par des intuitions plus que des mots. On pouvait rien faire vraiment d'une intuition.
A ses hanches battait l'étui d'un blaster. Parce qu'aujourd'hui, Dune tuerait un homme, et l'idée ne la choquait pas. C'était son métier, elle y récupérerait assez d'argent pour profiter pendant quelques jours jusqu'à ce qu'une nouvelle combine se profile. Et puis il y avait l'excitation de la chasse, sa propre peur à elle, de ne pas tenir son rôle de femme forte (elle ne l'était pas, jouait le jeu, n'avait pas le choix avec le corps qu'était le sien), de rater, de tout rater.
Comme aurait dit son mentor : pour rater une chose, il faut au moins commencer par la faire. Julen pensait que la pousser à tout exécuter malgré ses difficultés, était une bonne idée. Il révisa néanmoins son jugement lorsque Dune faillit les tuer avec son incapacité à piloter un vaisseau. Pauvre Julen, il était mort maintenant, pas en raison du pilotage de la brune, c'était déjà ça.

Au Spatioport, la foule était dense. Du coin de l'esprit, Dune accepta que le retour en arrière n'était plus possible, pas pour cette mission-ci. Déjà, elle marchait d'un pas alerte, les yeux légèrement plissés à la manière d'un grand fauve étrange à la recherche de sa proie. Une proie qu'elle trouva bien vite, l'avis de recherche étant encore frais dans son esprit. Des gens se bousculaient un peu en avançant, il ne fallait pas céder à la peur, pas maintenant. Avec ses problèmes, le moindre choc pouvait en effet faire perdre tout repère à la jeune femme, la rendant inefficace à...tout.
Elle ne se ferait pas bousculer, elle bousculerait les autres avant. Concentre-toi, Dune....

Sans grâce aucune, parce que ce n'était pas cela le plus important, Dune agrippa l'épaule de sa proie, et, d'un coup de hanche bien senti (les mauvaises langues diraient que les fesses étaient plus impliquées que les hanches cependant), dirigea l'homme avec elle dans un coin sombre, à l'écart.
Un coin parfait pour un assassinat discret avant de partir par la première navette venue.

Le blaster contre la jugulaire de l'homme paniqué, incapable de parler, Dune sentit soudain comme un regard. Un regard dangereux. S'attarder sur ce genre de détail pouvait vous coûter votre proie, vous coûter la vie aussi....

”Qui que tu sois, il est ma proie et mon fric, okay?”