Just business, nothing personal.

La chaleur était particulièrement étouffante. Comme tous les jours passés sur Tatooine, en fait. Ca plus le sable qui se glissait partout, ça avait tendance à rendre les gens irritables au possible. Sa fille en particulier. C'est quand il entendit les éclats de voix un peu plus loin qu'il leva le nez de l'holopad qu'il était en train de consulter. Yen agitait les bras en faisant les cent pas devant l'employé du spatioport.

- "Comment ça la prochaine navette est encore retardée ?!" tonna-t-elle en frappant du poing sur le bureau du twi'lek qui roula des yeux en s'enfonçant un peu plus dans son siège, visiblement peu enclin à donner plus de précisions. Bien malgré lui, Adan ne put s'empêcher d'émettre un grognement mécontent alors qu'il se levait pour rejoindre les deux autres.

- "Babatpiuh whobauen, fa baa tee mah piuma. Nan bata du dopa yay."¹ fit l'alien en esquissant un vague geste de main pour envoyer la Mandalorienne au loin.
- "Non mais deux heures ?! Vous croyez que j'ai que ça à faire ?!"

- "Ateema yatuka, mo jee naa bu banbonzahag."² finit-il par conclure en se curant très élégamment le nez, prenant même un instant pour lâcher un rot sonore suivi d'un ricanement gras. Alors que Yen levait le bras pour mettre un coup dans la face du twi'lek, Adan posa une main sur son épaule et lui fit un signe négatif de la tête. La jeune fille serra le poing avant de grogner un "Di'kut..." et de s'éloigner en donnant un coup de pied rageur dans une poubelle qui se trouvait à proximité.

Adan regarda sa fille partir comme une furibonde avant de lui-même tourner les talons pour la suivre. Ils n'avaient pas besoin de se mettre les autorités du spatioport à dos, surtout s'ils voulaient monter à bord de la prochaine navette en partance pour Mos Espa. Deux heures de retard pour le prochain trajet, ça risquait d'être long, surtout avec une Yen qui faisait sa tête des mauvais jours. Avec un peu de chance, leur calvaire sur Tatooine arrivait bientôt à son terme. Il leur manquait une dernière pièce pour terminer de réparer le moteur du Covenant, endommagé lors de leur dernier contrat et ils savaient vers quel vendeur se tourner pour cette pièce en particulier. Seul bémol, il se trouvaient actuellement à Mos Espa. Enfin réparer... C'était un bien grand mot. Bricoler serait un terme plus exact. Juste de quoi faire redécoller l'épave, quoi. Dans tous les cas, la machine aurait besoin d'une gros révision par la suite.

Yen s'était posée sur un banc et avait retiré son casque pour respirer un peu. Bras croisés, mâchoire serrée et yeux assassins, la jeune fille regardait son vieux père s'approcher. "Allez, garde tes forces pour négocier avec les jawas." railla Adan en s'installant à ses côtés. Elle ricana et secoua la tête.

- "Avec de la chance, on réussira à négocier une pièce pas trop chère et on pourra se tirer de ce caillou avant ce soir." 

S'étirant au passage, le Mandalorien regarda les quelques voyageurs qui transitaient par le grand hall du spatioport. Rien de bien folichon. Dans un lieu comme celui-ci, ils avaient tous la même gueule renfrognée et la démarche méfiante au possible. Dans le lot, une personne en particulier attira le regard d'Adan. Il s'agissait d'une jeune femme d'une petite trentaine d'années environ et il jurerait l'avoir déjà vue quelque part. Sous son casque, il ne la lâcha pas un instant des yeux, réfléchissant à la raison pour laquelle elle lui semblait familière. Il sursauta légèrement lorsque Yen lui enfonça un doigt dans les côtes. D'un geste de main, il chassa celle de sa fille et ralluma son holopad.

- "Tu m'écoutes même pas !" s'indigna-t-elle en lui lançant un regard outré.

Adan se leva, ignorant les protestations de sa fille, ayant retrouvé l'avis de recherche qu'il avait vu quelques minutes plus tôt. C'était la femme qu'il venait de voir passer, il en était certain. La somme offerte pour la prime était à peine intéressante, mais ce n'était pas comme si il avait mieux à faire.

- "J'te retrouve à la navette tout à l'heure."

Sans plus d'explications, il se dirigea vers la sortie du spatioport pour rattraper la fugitive qui avait pris un peu d'avance. Derrière lui, il entendit comme l'écho d'un fracas. Intérieurement, il savait qu'une nouvelle poubelle venait de faire les frais de la terrible colère de Yen.

A l'extérieur, la chaleur était encore plus étouffante. Quelle planète de merde décidément, vivement qu'ils se tirent d'ici. Scannant les environs, il mis quelques instants à retrouver la personne qu'il cherchait et lui emboîta le pas. Zigzagant entre les badauds, il la suivait à une distance correcte, s'arrangeant toujours pour garder un visuel sur sa cible. Il lui faudra attendre d'être dans une rue moins fréquentée avant d'agir.


¹ "Ecoute jeune fille, c'est pas ma faute. Reviens dans deux heures."
² "Maintenant dégage, ou j'appelle la sécurité."

Just business, nothing personal.

Dune n'avait jamais appris à se retourner, sur sa vie comme sur son ombre. Quant à Errol, il semblait comprendre que de temps en temps, la jeune femme avait besoin de s'enfuir. Il lui demandait simplement de revenir.
Pour le moment.
Un jour, ce ne serait plus le cas, toute patience, même une parmi les plus vertueuses, avait ses limites. Et Dune n'était pas assez exceptionnelle pour que l'on repousse pour elle ces dites limites, bien au contraire.
Par le biais des hasards, des navettes, d'un billet volé aussi, la jeune femme se retrouvait sur Tatooine. L'odeur de sable brûlant et de pierres surchauffées  la ramena un instant à Lothal, sa propre enfance, et la solitude qui ne la quittait plus désormais. Elle avait essayé pourtant, Dune, elle avait essayé.
A son cou, pendait de nouveau un collier, hélas pas celui qu'un homme lui avait offert un jour. Parfois, cela était sans douleur de se souvenir, parfois...
La nuit, les yeux ouverts, Dune songeait à la mort, regrettait presque d'y avoir échappé. Maintenant, cela ne servirait à rien, pas pour toutes ses souffrances et ses colères, mais avant...
Quand elle croyait encore que Ian se souvenait encore d'elle, l'aimait.
Elle serait morte heureuse au moins de cela.
Le collier qu'il lui avait donné, qu'avant il s'amusait à lui voler parfois, comme une promesse de se rencontrer à nouveau, eux qui adoraient s'enfuir, s'échapper. Se retrouver. Ce n'était qu'un simple bijou, désormais, il le possédait encore mais jamais plus ne le lui rendrait.
Un vent de désert soufflait dans les rues. Elle portait un tissu ample, Dune, cachant tout d'elle, la dévorant presque, elle, sa silhouette nerveuse, toujours prête à fuir, et à sa démarche, malgré l'étrangeté qui se dégageait d'elle, on la devinait native du désert. D'un désert...
Native mais sans foyer.
La jeune femme se figea soudain, alors que le flot de personnes en mouvance portait la vie et les mouvements de toute cette partie de la planète. Il y avait des cris, des invectives, des insultes, des rires et des silences.
Il y avait un choix aussi, quitter le soleil pour l'ombre des ruelles où rien ne l'attendait, ou continuer sur ce qui servait d'avenue à Mos Eisley. Dune le pressentait, aucun de ces choix ne serait le bon. Elle avait deviné la silhouette un peu plus loin qui semblait comme la suivre, savait ce que cela signifiait. Que quelqu'un avait désespérément besoin d'un petit bas de laine.
Mourir maintenant ce serait quoi, toucher le fond de la solitude? La jeune femme grimaça, s'éloigna. Avait-elle peur? Oui.
Elle s'adossa au mur d'une maison, attendit, prête à bondir. En l'absence de couteau ou de blaster, son arme favorite se trouvait être le coup de boule et...et...
Ah merde, l'homme qui s'avançait vers elle face à face portait un casque. Un mandalorien. Bah, il y avait  toujours une solution de secours, aussi Dune prépara-t-elle son pieds, prit de l'élan et...

”MAIS PUTAIN POURQUOI TU PORTES UNE COQUILLE, JE FAIS COMMENT POUR M ENFUIR HEIN?!”

Non parce que niveau survie, Dune se trouvait à faire un peu trop d'efforts sans aide de l'univers, là. Elle grogna, serra les poings, regarda l'homme, simple silhouette, à nouveau. Mourir pour une poignée de crédits, il crevait tant la dalle que ça?

”C'est quoi ta méthode pour tuer alors, j'dois m'attendre à quoi?”

Ce n'était pas ça, les mots qu'elle voulait dire, les phrases... Elle portait ses suppliques au coeur, Dune, voulait la pitié, ne savait comment la demander. Chasseuse de primes elle-même, la jeune femme savait également. Savait jusqu'à quel était quelqu'un pouvait se mettre pour avoir la vie sauve, généralement elle ne le tuait qu'avec plus de rage pour couper court à tout cela. Elle n'était pas le chasseur ici, elle était la proie. Sous sa robe du désert, ses jambes tremblaient. Il y avait le mur contre son dos pour l'empêcher de tomber, les pierres blanches, un instant elle imagina le rouge de son sang dessus, ne le voulait pas.

Alors, dans un effort surhumain, elle sourit. Parce que ce n'était pas là ce qu'on attendait d'elle, voilà tout. Dune, fugace, imprévisible...

Just business, nothing personal.

C'est plus ou moins à coups d'épaule qu'Adan se frayait un passage parmi la foule, s'attirant quelques œillades de travers ainsi que des jurons en plusieurs langages. Dans ce genre d'endroit, il fallait se méfier de ce genre de comportement. Après tout, il en avait vu plus d'un se retrouver avec une lame dans le dos ou un coup de blaster entre les deux yeux juste pour avoir frôlé la mauvaise personne d'un peu trop près. Enfin dans son cas, disons simplement que dans son cas, sa carrure massive et son attirail de Mandalorien forçaient les gâchettes faciles à réfléchir à deux fois avant de dégainer.

Enfin dans d'autres conditions, c'était un peu moins pratique. Surtout quand il s'agissait de filer quelqu'un. Au bout de plusieurs minutes à suivre sa cible, il était certain d'avoir été repéré. Il le voyait dans sa démarche, un empressement nouveau qu'elle n'avait pas au début. Typique des fuyards. C'était là qu'il fallait se méfier, qu'ils devenaient le plus dangereux. De deux choses l'une. Soit elle lui tendait une embuscade pour tenter de sauver sa vie, soit elle confrontait son sort en face à face.

La cible disparu derrière une ruelle. Au moins, cela évitera les éventuels gêneurs qui risqueraient de tout faire foirer de par leur simple présence. Roulant des épaules, il pris quelques secondes supplémentaires pour observer la zone. Avouez qu'il serait idiot de se retrouver piégé et pris pour cible aussi bêtement. Main à la ceinture, il bifurqua à la suite de son objectif, prêt à se défendre en cas de besoin.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Adan fut surpris.

Il s'attendait à beaucoup de choses en s'engageant dans cette ruelle.

Beaucoup de choses, mais pas ça. Des tirs de blasters, peut-être. Une bousculade, éventuellement. La morsure d'une dague dans les côtes, qui sait. Mais non. A la place, il eut droit à un coup de pied dans l'entrejambe. L'impact, bien que désagréable, n'était rien en comparaison à l'attitude de la jeune femme. Non seulement elle venait probablement de se faire particulièrement mal aux orteils, mais en plus, elle osait demander pourquoi il portait une protection à cet endroit si stratégique ? La réponse paraissait pourtant évidente, surtout après une tentative comme celle-là.


- "... Tu poses vraiment la question ?"

Vraiment ? La situation était assez drôle, il fallait l’avouer. Du côté d'Adan, en tout cas. La hors-la-loi de son côté, devait probablement rire un peu moins.

- "A vrai dire... J'pensais plutôt que t'allais me suivre tranquillement jusqu'au courtier du coin. T'sais on fait ça vite. J'te livre, j'récupère la prime et ensuite... Qui sait."

Il haussa les épaules d'un air de dire 'y peut s'passer plein de choses après'. Une exécution sommaire, une évasion inattendue... Les possibilités étaient nombreuses après tout. Et puis, une fois la prime en poche, c'était bien le dernier de ses soucis ce qu'il se passait. Dans tous les cas, il passerait par l'intermédiaire d'un courtier en primes et pas directement par l'employeur qui était probablement bien loin d'ici. Vu la somme offerte, il était même probable qu'il ne se souvienne même plus avoir placé ce contrat sur la pauvre fille ici présente.

- "Sauf si tu veux me compliquer la tâche et vraiment mourir."

La tuer ici et maintenant, c'était comme qui dirait pas très honorable comme attitude. Il n'était pas du genre à exécuter froidement une cible, surtout si celle-ci était désarmée. Étrangement, il doutait qu'elle soit sans défense. Après tout, elle avait tout de même essayé d'affronter un Mandalorien en armure sans arme, c'était une preuve de courage. Ou d'une inconscience certaine, difficile à dire. L'instinct de survie faisait parfois faire de drôles de choses.

Just business, nothing personal.

”Sérieusement, vu la prime, t'aurais plus intérêt à me prendre mon porte-feuille que de perdre du temps comme ça.”

Elle semblait ennuyée, Dune, hautaine un peu, calme surtout. En elle, une envie de crier, de hurler, l'homme qui la désirait morte appartenait au Premier Ordre, la prime n'était juste que le reflet de son côté radin, pas de sa haine. De la haine, il en avait beaucoup: Dune était accusé d'avoir tué son fils après tout et le défiait avec cette manie de rester vivante.

”Et toi, t'en as envie?”

Crever, pas forcément la bouche ouverte, mais crever. Parce que Dune savait rendre les choses difficiles, y compris pour les autres, alors elle le défia du regard un peu, bien qu'il fut difficile d'avoir peur d'une fille comme elle. Cependant, la brune n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort, pas pour que son coeur batte encore jusqu'aux heures et jours à venir.

”Mando pas vrai? Enlève ton armure et affronte-moi sans, un vrai mandalorien aurait trop d'honneur et de sens du challenge pour m'attaquer, lui.”

Gagner du temps, mais combien? Pas assez, jamais assez. La voix rauque, les yeux mauvais, la jeune femme serra les poings. Elle ne semblait se tenir que sur une jambe désormais, le coup de pied lui ayant fait perdre le peu d'équilibre qu'elle possédait. Où était sa droite, où était sa gauche? Il y avait un couteau quelque part sur elle, impossible pour la brune de l'atteindre, impossible pour la brune de bouger.
S'en rendant compte, elle étouffa un cri de rage, un juron coincé entre les dents, un juron envers elle-même. Bientôt, des spasmes prirent son corps, elle ne savait plus en rétablir correctement le centre de gravité.
Elle trébucha, ne leva pas les bras tout de suite, ne leva les bras qu'après. Parce qu'elle ne possédait aucun réflexe, foutus problèmes à la con.
A présent, Dune se trouvait à moitié à terre, fulminait toujours. Elle ne pleurait pas, c'était tout, trop fière pour cela.
Pourquoi une chasseuse de primes incapable de se débrouiller, incapable surtout d'avoir un corps capable d'obéir, d'être efficace, s'accrochait à la vie comme cela?
Alors même qu'elle était seule.

”Vas-y, bute-moi...J'me rappelle de toi au spatioport, t'es avec une gamine pas vrai? Elle a l'air démerdade, elle l'est sûrement...J'espère juste que quand tu seras plus là et que des loups lui colleront au cul, elle tombera pas sur un connard de ton genre capable de la vendre pour presque rien.”

Lorsque Dune, elle, pour se débrouiller, vendait autrui pour moins que rien.

”M'amène pas chez ton courtier, il a de mauvais souvenirs de moi...”

Une main  bougea, la sienne, oui bien sûr que c'était la sienne, alors Dune décida de jouer le tout pour le tout, d'au moins essayer un dernier geste. Sa main agrippa soudain l'une des dreads du chasseur de primes, elle tira.

Dé Difficile – force petit échec

Le membre 'Dune Onoria' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Capacité Difficile' :