Pourquoi avait-il accepté cette mission ? Oh oui, c’est vrai ! Il n’avait pas eu le choix. C’était un ordre et tout comme moi vous savez ce que le Premier Ordre faisait des soldats manquant de discipline. Cependant il ignorait complétement pourquoi on l’avait choisi lui pour cette mission, et surtout pourquoi le reste de son commando n’avait pas pu l’accompagner. Sa première question resta sans réponse, cependant on l’informa que la totalité de son commando n’était pas utile pour ce genre de mission. De plus, certains membres de l’équipe étaient jugés trop instables pour les hautes instances pour que l’on leur fasse confiance pour mener à bien l’objectif. En effet la mission, qu’on lui avait confié, demandait un minimum de finesse et de discrétion. Ce que la majorité des membres de son escouade était incapable de réaliser, ils étaient bien trop brutaux et instables, ne souhaitant que semer la mort et la désolation. La terreur était une arme idéale pour lutter contre leurs ennemis, ils voulaient implanter la terreur dans leur cœur pour saper leur moral, pour leur couper l’envie de se battre.

Son objectif était de mettre la main sur une femme accusée pour meurtre, sa tête était mise à prix. Selon les informations que l’on lui avait transmis, elle a tué le fils d’un politicien ayant énormément de relations, notamment au sein du Premier Ordre. Elle avait pris la fuite et demeurait introuvable pour le moment, pourtant de nombreux chasseurs de primes s’étaient lancés à sa poursuite. Il était temps de lui mettre la main dessus, histoire qu’elle comprenne qu’on ne défie par le Premier Ordre impunément, elle paierait pour ce meurtre ! Les services de renseignement lui avaient bien mâchés le travail, ils avaient créé le piège de toute pièce. Ils possédaient pas mal de contacts, et il était facile de diffuser un certain nombre de rumeurs. Les agents firent donc en sorte de diffuser une annonce comme quoi ils recherchaient un chasseur de primes n’ayant pas peur de se salir les mains, il fallait que le travail ne soit pas fait dans la finesse, les discrets devaient s’abstenir. La brutalité du meurtre commis servirait à faire passer un message selon l’annonce. Le Premier Ordre possédait quelques informations sur la cible et l’annonce pourrait peut-être l’intéresser.

Grant continuait à réfléchir du pourquoi il avait été choisi, peut-être que la jeune femme repérait à un kilomètre la rigidité des membres des services secrets. Le médecin paraîtrait un peu moins suspect, puis quand le moment serait venu, il aurait les capacités d’interpeller la suspecte. Les entretiens avaient lieux sur Javin, un monde neutre, dans un entrepôt désaffecté d’une ville peu urbanisée. Une équipe d’intervention était également présente, mais elle était assez éloignée, les services de renseignement ne voulaient pas que la criminelle découvre les agents en fouillant un peu les environs. Ils mettraient donc du temps à agir lorsqu’ils recevraient le signal par le récepteur planqué dans l’entrepôt, il n’y avait plus qu’à espérer que Grant saurait capable de gérer la situation pendant que les renforts arrivent. Le capitaine s’était habillé en tenue décontracté pour paraître pour un civil propre armé, il était tout de même armé, un pistolet blaster et deux couteaux. Après tout, tous les rendez-vous ne se passeraient pas forcément pour le mieux, il devait pouvoir se défendre.

Voilà maintenant trois jours qu’il passait presque toute la journée dans l’entrepôt désert, il avait déjà eu quelques entretiens, ces derniers se concluaient par le refus du candidat ou par un « On vous recontactera », ce qui en revenait au même au final. Il n’arrêterait pas tant que la cible ne  montrait pas le bout de son nez. Aujourd’hui, il n’avait reçu qu’une seule personne, autant dire qu’il s’ennuyait pas mal. Le cul mal installé sur une chaise, les deux pieds posés sur la table et une bière à la main, il regardait le petit holo-écran qui diffusait une course de pods. Le signal passait très mal par ici et tout d’un coup, l’image trembla, il ne pouvait suivre la course que par intermittence. Il soupira, but une gorgée de sa bière et se redressa pour frapper frénétiquement l’unité de réception : Bordel ! Prochaine fois je penserais à prendre mon propre récepteur. Connerie ! » s’énerva-t-il.

L'offre, elle semblait trop belle pour être honnête, et tout en elle lui hurlait de se méfier : la navette par exemple. Dune l'avait emprunté pour en retrouver le commanditaire, mais de nombreuses pannes et avaries, comme une série de coups du sort, en avait retardé l'arrivée. La logique aurait voulu que lorsque Dune pose les pieds sur cette foutue planète, le contrat ait été pris par quelqu'un d'autre...
Ce n'était pas le cas.
Un contrat juteux, bien payé d'après l'annonce, et surtout pas trop compliqué. Un contrat fait pour elle quoi, y compris ses instants de sauvagerie qu'elle ne maîtrisait pas.
Trouver les entrepôts... Pour se rassurer, Dune voulu y aller à l'instinct, mais son instinct préféra la conduire à l'autre bout de la ville, à l’extrémité même du point de rendez-vous.
Bien...
Finalement, la jeune femme perdit patience : elle n'avait pas d'autres choses en vue que ce contrat et croyait trop en sa propre chance pour en avoir peur. C'était ça ou bien s'effondrer après tout, mais s'il y a bien une chose que l'on déteste quand l'on est handicapé, c'est d'être obligé de se foutre à terre.
Elle irait jusqu'au bout.
Un taxi la ramena à l'endroit où elle devait être -ou ne pas être, d'après ses tripes-. Pour le payer, Dune utilisa ses derniers crédits. Une bonne excuse pour ne plus reculer à présent...
Elle ne reculerait pas.
Un pas, deux pas, tr..non pas trois, elle s'empêtra dans ses propres jambes avant, tomba dans la poussière. De mieux en mieux...
Elle se releva bien sûr, désormais ses vêtements étaient sales. Parfait pour une première impression quoi, comme dirait l'être le plus ironique du monde à défaut du plus drôle.
Enfin, la porte fut poussée.
Dans l'entrepôt, une impression de chaleur, une odeur de poussière. Un homme tempêta après quelque chose, Dune n'entendit que le dernier mot de sa phrase : un juron.
Elle avait la gorge nouée, comme une mauvaise élève envoyée au tableau. Pourquoi? Impossible de savoir, juste...Non, impossible.

“ Bonjour?”

L'homme était jeune, elle en avait peu des clients dans cette tranche d'âge; normalement on pensait encore être assez finaud et musclé pour s'occuper de nos ennemis soi-même....

“C'est pour le contrat...”

Et lui, que devait-il penser d'elle? Une femme fluette, maigrelette même, avec des cheveux plus épais que le corps presque. Et puis des yeux comme trop grands pour lui bouffer le visage aussi, on pouvait vraiment tuer quand on avait des yeux désespérés comme ça? Oui on pouvait...

“ Dune Onoria, j'ai amené le compte rendu des dernières missions attestées réussies que j'ai mené. Tenez...”

Oui, même un chasseur de primes devait prouver sa valeur, et vu que l'administration était quelque chose de merveilleux...

“Bon allez, donnez-moi les détails, on peut se passer de tout ce cirque de 'merci je vous rappellerai' ou 'je dois réfléchir'. Je suis là, vous avez une emmerde, l'arranger c'est mon job, autant pas chercher midi à quatorze heure”

Le culot, la jeune femme régissait sa vie par cela. Ne pas laisser aux autres le temps de réfléchir, d'hésiter. Prendre de force presque, pour ne pas dire arracher. Elle avait besoin d'argent, de manger aussi , et cet homme semblait vouloir se débarrasser de quelques crédits qur lesquels elle ne cracherait pas.