always two they are

Feren, à moitié avachis sur une banquette de la cantina de l’Académie, faisait tourner dans sa main son verre presque vide qu’il contemplait d’un œil sec et morne. Autour de lui, d’autres Sith, n’osant sans doutes pas l’accoster car rien sur son visage vermeil où ondulaient les féroces tatouages noirs ne permettait de déterminer s’il était d’humeur noire, prêt à exploser au moindre dérangement, ou s’il désirait simplement être seul pour le moment. A vrai dire, lui-même ignorait s’il devait osciller entre le désespoir ou la satisfaction, entre le sentiment de se sentir honoré ou d’être horrifié. Parce qu’il n’avait jamais demandé cela, lui. Il n’avait même jamais imaginé qu’on lui confierait un apprenti. Sans doutes que cela devait arriver, au bout d’un moment… c’était peut-être quelque chose d’inéluctable, par laquelle tout Sith devait passer. Mais tout de même… qu’allait-il bien pouvoir en faire ? Et pourquoi diable lui soumettre ainsi cette décision alors qu’il était certain que des tas de Darth se bousculaient au portillon pour avoir un larbin de service, prêt à exécuter la moindre tâche sous leurs ordres ? Quoique, il ne pouvait pas en être aussi assuré, à vrai dire…

Lorsque le seigneur Zeon l’avait convoqué pour lui faire part de sa décision, le zabrak avait eu grand mal à masquer le désarroi et la perplexité qui l’avaient alors gagné. Il n’avait toutefois rien dit, rien contesté, sentant bien dans le ton du seigneur Sith que c’était un ordre et non une proposition. Et Feren n’étant pas assez stupide pour s’attirer les foudres de son patron, il était finalement resté coi, silencieux, s’étant juste contenté de hocher la tête en guise d’assentiment, tout en écoutant avec attention ses instructions. Misère… qu’allait-il donc bien pouvoir faire de cet apprenti ? Il avait beau réfléchir en regardant le fond de son verre d’alcool, Feren n’en avait strictement aucune idée. Cela faisait des années qu’il opérait seul, uniquement assisté par son droïde qui s’occupait principalement de l’intendance, des négociations, des prises de contacts, des réservations à droite et à gauche… Il s’était durant toute son existence globalement bien débrouillé tout seul et, dans les rares fois où il avait eu besoin d’un coup de main, avait toujours su s’adresser aux personnes adéquates.

Il abandonna sa membrosie sur le bord de la table pour croiser les bras contre son torse, commençant à trouver le temps long alors que dans un couloir, il avait accosté un acolyte pour faire chercher son nouvel apprenti et le convoquer à la cantina. Sans doutes pas le lieu le plus formel pour une telle rencontre mais ses quartiers étaient investis par la présence d’Aava… Et puis, cela l’obligerait à garder tout son sang-froid en faisant connaissance avec ce Ralkorb Sunfor, dont il avait glâné quelques informations, fort partielles et incomplètes, sur le chemin. Un cursus assez intéressant, un apprenti qui avait dû, pour s’élever, tuer son propre père. Tuer le père pour s’émanciper. Tuer le passé, c’était détruire ses premières chaines, c’était pouvoir faire un bond vers l’avenir. Il en était ainsi chez les Sith. Dans tous les cas, Feren se ferait sa propre idée lui-même, il n’en avait de toute manière pas le choix. Il avait été juste étonné de constater qu’on lui avait confié un apprenti qu’il ne connaissait probablement que de vue, au vu du peu de fois où il foulait le sol de l’Académie en faisant attention aux acolytes… alors qu’il en connaissait déjà quelques-uns, justement.

Il aperçut finalement la silhouette massive de l’apprenti apparaître à l’entrée de la cantina. Ah, quand même. Le zabrak grommela sans rien dire d’intelligible, tandis que le jeune homme l’avait repéré. Il n’était pas très difficile à trouver, de toute façon, le Darth Sanguis. Une face rouge et noire, des cornes, l’œil orangé rongé par le côté obscur, les zabraks ne couraient pas les rues sur Korriban. Il attendit que Ralkorb arrive à sa table pour l’inviter à s’asseoir en face de lui, d’un signe de la main, et l’étudia du regard en silence pendant plusieurs secondes. « Je suppose que tu es au courant, le seigneur Zeon a décidé de confier la suite de ta formation à un Darth. Il paraît donc que je suis ton maître. » Ses doigts pianotèrent une mélodie inconnue sur la table, pendant qu’une serveuse remplissait son verre et demandait à l’apprenti ce qu’il souhaitait. « … Même si je ne sais pas encore ce que je vais bien pouvoir faire de toi. », ajouta Feren lorsqu’elle fut partie.

Comme à son habitude, Ralkorb n’était pas dans ses appartements. Il préférait bien plus la présence des mannequins d’entraînement que celle de son bureau. Ralkorb était un homme d'action qui n'aimait pas perdre son temps pour toute choses que les autres pouvaient faire à sa place. Dans tous les cas il venait d’êtres interpellé par un acolyte. Celui ci bien qu’étant techniquement au même rang que Ralkorb, paraissait intimidé par la carrure imposante de son interlocuteur.
« Euh … C'est Darth Sanguis qui m’envoie. Il vous attend. »
Après ces mots, l'acolyte fit un pas en arrière en attendant la réponse du futur apprenti de Sanguis. Ralkorb s’arrêta un moment poussa un long soupir et fit un léger signe de tête l'acolyte qui partit sans plus de cérémonie.

Ralkorb avait complètement oublié qu'il devait rencontrer son futur maître aujourd'hui. Pourtant il avait bien reçu du Seigneur Zéon en personne. Comment avait-il pu oublier ? Ce n'est pas la première fois qu'il est tant captivé par son entraînement qu'il en vient à oublier un rendez-vous mais là. Il fila à toute vitesse vers ses appartements pour se changer. Une simple tunique noire fera l'affaire se dit-il tout en enfilant à toute hâte ses habits. Une fois prêt, il s’avança lentement vers la cantina ou l'attendait son maître. Comme souvent, Ralkorb semblait sûr de lui il avançait d'un pas décidé vers la cantina.

Finalement il arriva devant l'entrée de son point de rendez-vous. Il vit le zabrak, assis sur une banquette. Son maître l'invita à s'asseoir. Après que son maître lui ait parlé pour la première fois, Ralkorb fit mine de ne pas avoir entendu les mots de Sanguis. Il était partagé entre de la peur et de l’excitation. Il finit finalement par dire d'un air hautin :  « J'aurais imaginé que vous m'auriez au moin invité dans vos appartements ».

De ce que le zabrak put observer au premier abord, son apprenti était du genre sûr de lui. Ou du moins, avec sa carrure et son pas assuré, c’était l’air qu’il donnait. Ou voulait donner. Il ne semblait pas être du genre à se laisser marcher sur les pieds, mais qui sans doutes aimait casser les pieds des autres apprentis, plus faibles, moins charismatiques. De cela, Feren s’en foutait complètement, après tout, c’était la jungle de Korriban, la loi du plus fort, c’était l’évolution qui les forçait à s’adapter pour survivre. En revanche, le Darth ne tolérait aucunement les écarts envers la hiérarchie, qu’on tente d’outrager sciemment et en face un supérieur. Qu’un Darth ou un Seigneur soit critiqué dans son dos, bah, qu’importe… mais qu’un apprenti s’amuse à défier son maître ! Les yeux de Feren se plissèrent à la remarque de Ralkorb, ne laissant apercevoir que deux billes incandescentes qui transperçaient le jeune homme d’une intense froideur désapprobatrice. C’étaient à peine les premiers mots que son apprenti lui adressait, et déjà le zabrak sentait qu’il était sur le point de lui en coller une. Ça s’annonçait fort bien…

Il n’entreprit toutefois rien pour tordre ce petit air supérieur qui ornait les traits de son apprenti ; il en faudrait davantage pour le mettre totalement hors de lui mais apparemment les instructeurs avaient oublié d’inculquer la notion de respect au jeune homme, ou bien elle avait été vite soufflée par l’arrogance octroyée par sa victoire sur son père. Ceci n’étaient que suppositions là encore, dans tous les cas, Feren n’avait pas l’intention de laisser passer, pour l’instant, la moindre incartade. Un apprenti était là pour apprendre, pas pour commenter les décisions de ses maitres. « Je ne crois pas que nous soyons suffisamment intimes pour ça. », rétorqua donc le Sith avec un sourire mauvais plaqué aux lèvres. Il n’allait en rien justifier ses décisions, surtout que ça ne regardait que lui. La prochaine fois, il serait plus original, il le ferait d’abord crapahuter dans quelques canyons sur Korriban pour rejoindre un tombeau complètement paumé… « D’autant plus que tu n’as pas été invité… mais convoqué. », ajouta-t-il en soulignant le dernier mot. L’apprenti n’allait pas lui demander des fleurs pour être accueilli, tout de même !

Feren songea à nouveau que se faire à l’idée d’avoir maintenant un apprenti à guider et à garder auprès de soi pendant la plupart du temps allait être difficile. Tout comme allait se faire la cohabitation entre ce qu’il percevait comme un fort caractère, et le sien. Peut-être que Darth Zeon était doté d’un certain sens de l’humour, finalement. Le zabrak s’empara à nouveau de son verre, avala une gorgée puis considéra à nouveau Ralkorb. « Et sinon, à part jouer aux insolents, qu’est-ce que tu sais faire ? »

Ralkorb voyait bien que sa remarque n'avait pas forcément plu à son maître.  Pendant un moment, il fut satisfait de sa réaction, mais il finit par se dire que ce n’était pas avec ce genre de comportement qu'il allait tisser des liens avec son maître, de plus celui-ci était bien plus puissant que lui et nombreuses sont les histoires de Siths se débarrassant de leurs apprentis. Il avala son air supérieur et dit : « Excusez moi pour ce que je viens de dire, c'est que c'est la première fois que j'adresse directement la parole à un véritable Sith. » Il venait de se rendre compte qu'à première vue, son maître n’était pas le genre de personne à se laisser marcher sur les pieds. Exactement comme lui.

Quant à la question que Sanguis venait de lui poser, Ralkorb pensa que cette première question de son maître était déterminante et que la réponse allait laisser Sanguis décider de si il allait etre un apprenti utile ou si il allait être un boulé à traîner. Alors, Ralkorb choisit la sincérité. Il déglutit et dit d'un air bien plus sérieux : « Hum … Eh bien je vais être franc avec vous. Je suis plutôt un homme d'action, et je préféré agir plutôt que d'observer. Cependant je peut m’avérer être plutôt bon négociateur. Et je suis assez capable de manipuler les foules. » Il se tut un moment et rajouta : «  Et bien-sur je pense que vos enseignement me permetront de me rendre bien plus patient et observateur. ».  

La sourde colère qui commençait à gronder dans chaque cellule du zabrak, qui commençait à poindre le long de ses vaisseaux sanguins, parvint à s’apaiser alors que le jeune apprenti présentait platement ses excuses. Feren le toisa pendant un instant, l’œil brillant alors d’une lueur dédaigneuse. La première fois qu’il s’adressait à un Darth ? Et que s’était-il alors imaginé… qu’en tant qu’apprenti on pouvait parler à un maître comme si on était face à un moins que rien ? Décidément, les valeurs se perdaient parfois dans cette Académie. Heureusement qu’il n’était pas de méchante humeur ou les employés de la cantina auraient eu du travail pour nettoyer et débarrasser les restes de l’apprenti. Les narines du zabrak frémirent alors qu’il expirait les restes brûlants de son agacement trop vite monté. Au moins Ralkorb se reprit-il pour tenter de mettre ses qualités en avant tout en avouant qu’il n’était que peu à l’aise avec l’observation et l’analyse. Un homme d’action… on lui avait donné une tête brûlée. Que la Force lui vienne en aide…

Le Sith parut réfléchir pendant plusieurs secondes, tout en continuant à le fixer, avec plus d’attention et d’intérêt cette fois. Oui, finalement, il allait peut-être lui trouver une certaine utilité dans ses missions et sans doutes que les voyages qu’ils feraient ensemble auraient de quoi remplir sa caboche. « Intéressant… », lâcha le zabrak d’un ton ironique, avant d’adopter une voix à la fois mielleuse et acérée par la froideur afin d’ajouter : « Si tu comptes apprendre quoi que ce soit, tu peux déjà commencer par le respect qu’un apprenti doit à son maître et à tout autre Darth qu’il aura à croiser avant d’en devenir un lui-même. » Première chose. D’autre part, il lui semblait déjà positif, même s’il ne l’avouerait aucunement, que ce jeune homme soit au moins conscient de certaines de ses faiblesses. C’était déjà pas mal, s’il comptait progresser. Tous les Sith n’étaient pas seulement de la chair à canon qu’on envoyait en première ligne pour faire le ménage et si Zeon avait confié Ralkorb à Feren, c’était qu’il pouvait éventuellement avoir son utilité pour la branche du savoir. Le savoir commençait malheureusement par l’observation et l’analyse, donc il y aurait du travail.

« Manipuler les foules… » Le zabrak avait parlé avec un haussement de sourcils, le regard rêveur et narquois. C’était une chose qui aurait déjà pu lui servir pour simplifier certaines missions. Oui, ça pouvait être utile quand on avait les autorités locales aux trousses. Il convenait donc d’expliquer au jeune homme le principe de son travail. « Que les choses soient claires. Mon travail consiste à grossir les archives Sith sur l’histoire de notre Ordre mais aussi de compléter le savoir actuel sur le côté obscur en retrouvant ou en découvrant des documents perdus depuis longtemps. Il ne s’agit pas de se rendre à un point A pour éliminer quelques insectes, ni de recevoir l’ordre d’aller au point B pour ouvrir un vieux tombeau. » Le Darth prit une pause en sirotant une gorgée, laissant quelques secondes à Ralkorb pour digérer ces premières informations. « Avant le moindre passage à l’acte, la moindre action, il y a de l’observation. De l’investigation, pour trouver des informations, les recouper puis les analyser pour savoir si on est dans le vrai. Et quand il s’agit de s’introduire dans la collection privée d’un Hutt au sommet de la pègre de Nar Shaddaa pour reprendre ce qui appartient de droit aux Sith, on ne fonce pas chez lui tête baissée. » Oh non, en effet, c’était la pire idée du monde que de tenter un braquage sans plusieurs plans de replis. C’était facile d’entrer, toujours difficile de ressortir. « J’espère donc pour toi que tu sais apprendre rapidement. », conclut le zabrak en guettant la moindre réaction de l’apprenti.

Ralkorb se demanda un moment comment un Sith ayant passé les épreuves de Korriban pouvait dire se genre de chose, j'espère que tu apprend vite. Ralkorb se répéta plusieurs fois cette phrases dans sa tête avant d'ajouter ; « Sauf votre respect, si je n'apprenais pas vite, je serais probablement mort à l'heure qu'il est. Vous connaissez bien les épreuves de l'académie. ». Ralkorb déglutit juste après avoir dix cela. Il ne savait pas comment allait réagir son nouveau maître. Alors il se contenta de fixer les yeux incandescent du zabrak. Un silence assez pesant s'installa entre maître et apprenti. Alors pour mettre fin au silence, il commanda un verre. Il continua en disant : «  Bien que je sois comme je l'ai dit tout à l'heure un homme d'action, J'ai été éduqué à notre histoire, et celle-ci me passionne, j'ai toujours voulu en connaître plus sur notre nous. Et si il y a bien une chose que mon père m'a apporté, c'est cette connaissance. ». C’était la première fois qu'il parlait de son père à une autre personne. Au souvenir de son père et de son enfance, Ralkorb ne put s’empêcher de d’émettre un grognement de colère.

Il se ressaisit rapidement pour rajouter : « Et quand vous dites grossir les archives des Siths, cela veut-il aussi dire trouver les secrets des pouvoirs de certains Seigneurs Siths ? Je veux dire il y a forcément des écrits, des holocrons transmettant ce pouvoir aux autres Siths ? » Ralkorb se mit à nouveau à rêver de pouvoirs, de vie éternelle et d’absorption de la force. Il imaginait toutes les grandes choses qu'il pourrait faire avec de tels pouvoirs. Il était peut- être un homme d'action mais il était ambitieux.

Le zabrak ricana d’un petit rire moqueur à la remarque de son apprenti. Oh, oui, évidemment qu’il connaissait les épreuves. Il avait même contribué à en organiser, parfois. Mais avant sa vie de Sith, il avait eu une vie d’inquisiteur, qui faisait passer Korriban pour une partie de plaisir. Enfin, du moins, avait-il déjà eu l’habitude de devoir composer avec le pire, de voir la mort de près, de supporte l’insupportable et de commettre l’irréparable. De toute manière, la vie était une chienne, un monstre sans pitié qui n’avait aucun sens de la mesure ni de la justice. Une chose dont les épreuves s’inspiraient. « Alors dis-toi que tu devras savoir apprendre encore plus vite avec moi, parce que les épreuves de la galaxie peuvent être infiniment pires. », rétorqua le Darth d’un ton venimeux. Infiniment pires mais tellement plus passionnantes à réussir.

Il y eut une chose intéressante que lui révéla le jeune homme, c’était que celui-ci était ouvert à la connaissance, à l’histoire. Un détail qui prenait de l’importance et du sens car les gens comme ça étaient plutôt rares. Mais pourquoi une telle sensibilité au passé ? Outre un lien avec le père… mais Feren, en observant Ralkorb, ne put que deviner la colère qui sourdait en lui à l’évocation de son géniteur. La réponse, en tout cas, ne tarda pas à arriver, sans être parfaitement dévoilée. Le zabrak se cala un peu plus confortablement sur sa banquette et son regard s’étrécit. Le pouvoir. Evidemment. Comme toujours. Même pas encore sorti du doux cocon de Korriban qu’il voulait déjà percer les plus noirs secrets de la Force, pas vrai ? « Les Sith qui ont du pouvoir ne le partagent pas. » Sa réplique claqua comme un coup de fouet. Cela était vrai pour énormément de grands seigneurs noirs. Pour d’autres, ils n’avaient tout simplement pas eu l’occasion de révéler leurs derniers secrets, terrassés dans un moment de faiblesse par leurs apprentis. Quant aux holocrons… « Les archives comptent déjà quelques holocrons mais ils ne sont pas en libre accès. C’est à se demander pourquoi. », ajouta-t-il en toisant le jeune homme un peu trop ambitieux pour son bien. « La majorité de ceux qui sont connus étaient détenus par l’empereur et conservés dans l’ancien temple Jedi sur Coruscant. Avec la fin de l’empire, il y en a qui ont disparu. Peut-être que les Jedi et le Premier Ordre ont leur responsabilité là-dedans. Et même les holocrons Sith n’aiment pas partager avec le premier venu. »

Feren n’allait en aucun cas lancer son apprenti tête baissée à la recherche d’un artéfact de grande valeur. Il avait déjà quelques idées en tête quant à la question de ce qu’il pouvait bien lui donner comme travail. Pour l’heure, il était un peu pris de court, puisqu’il avait prévu de se rendre dans la bordure intermédiaire pour chercher le vaisseau qu’il avait fait rénover. Mais les projets et le boulot ne manquaient pas. « Avant de vouloir devenir immortel, tu pourras déjà fouiller les archives de l’Académie pour piocher la moindre information historique des relations entre les Sith et les Wookies. Surtout la période des guerres de Kashyyyk il y a plus de mille ans. »

Ralkorb venait tout juste de recevoir sa toute première mission en tant qu'apprenti mais il fut plutôt déçu. Il se sentait plus comme une secrétaire que comme un apprenti Sith. Mais bon pensait, il faut bien commencer quelque part et pour apprendre la patience, rechercher des informations dans une vielle bibliothèque, il n'y avait pas mieux. Alors il avala sa déception et dit : «  Ce sera fais ». Mais il ne se faisait guère d'illusion, il était quasiment sûr que les woolkies haïssaient les Siths. Vu comment l'Empire les avaient persécuté … Il but une gorgée dans son verre et continua : «  Mais cependant je ne pense pas que les Siths soit bien vus su Kashyyk après les tortures que l'Empire leurs avaient infligés. » Il but une autre gorgée.

Evidemment que le jeune homme allait être déçu face à la formulation de cette première mission. Enfin, ce n’était pas véritablement une mission, juste une mise en bouche qui l’occuperait assez le temps de préparer leur véritable tâche. Plusieurs semaines avaient passé depuis la mésaventure de Feren sur Kashyyyk, son crash sur la planète des Wookies en compagnie d’une jeune femme dont la mission sentait l’Ordre Jedi à plein nez. Et le zabrak n’avait en rien oublié l’acerbe sensation de défaite en laissant sauf le document qu’elle avait remis aux créatures poilues, nourrissant ainsi un brasier de malveillance et de ressentiment à l’égard des Wookies qui faisait lentement mais sûrement bouillonner son sang. Il ne laisserait pas passer cet affront, ni le vieux document en leur possession, qui en plus concernait directement les Sith. Une vieille histoire de plus d’un millénaire et qui rendrait la mémoire aux Wookies pouvait avoir des conséquences catastrophiques.

La remarque de Ralkorb sortit le Darth de ses sombres pensées. La joue du zabrak tiqua légèrement quand l’apprenti mêla les Sith à l’empire. Il avait raison d’une certaine manière, mais le nouvel Ordre duquel ils faisaient partie n’avaient plus grand chose à voir avec Darth Sidious. Rien que la règle des Deux avait disparu… Feren songeait qu’ils s’apparentaient plutôt à ce que furent les Sith pendant les premiers empires qu’ils avaient créés plus de trois mille ans auparavant. « Les Sith ne sont pas bien vus de grand monde dans cette galaxie. », rétorqua le zabrak en bougonnant. Il fallait rester pragmatique, après tout. Le passé à leur actif n’était sans doutes pas très sympathique pour leurs vieux ennemis. « C’est à nous de démontrer que nous ne sommes pas l’Empire et qu’on ne s’en réclame pas les héritiers, contrairement au Premier Ordre. » Après tout, c’étaient eux qui avait des stormtroopers, par les Sith. Et puis, c’étaient des stormtroopers, sous les ordres de leurs officiers, qui avaient réduit les Wookies en esclavage, pas les Sith… officiellement. « L’important n’est pas que les Wookies deviennent nos amis, mais qu’ils ne se réclament pas comme nos ennemis. » La neutralité avait parfois du bon dans les conflits.

Ralkorb reconnu que son maître avait raison, il faillait surtout ne pas se faire plus l’ennemis que ceux que nous avions déjà. Et après tout, c'est vrai que nous ne somment en aucun cas les héritiers de l'Empire, il y a beaucoup trop de différences entre nous. Il se contenta d’acquiescer et rajouta «  Très bien, je pense que nous nous somme tout dit pour l'instant » Il but une autre gorgée de son verre et continua « Je vais aller me mettre au travail tout de suite. ». Alors Ralkorb se leva de sa banquette, salua son maître et parti.

C'est bon, cette fois il n’était plus un acolyte mais un apprenti. Certes il lui restait beaucoup de chemin à parcourir avant de devenir un véritable Sith mais cela sonnait comme un grande victoire pour Ralkorb. Continuant sa route vers ses appartements il jubilait. Puis, une fois arrivé sur son lit il s'endormit aussitôt.